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du ciel, etc., etc. Moïse, dans ses ordonnances et ses sanctions, suit précisément la même marche : ja mais un mot propre à effrayer l'Hébreu sur son avenir audelà de la tombe. Nous y reviendrons.

Concluons, pour le moment, que la seule croyance positive des Hébreux était celle du scheol ou séjour commun des morts, tel que nous l'avons décrit dans ce paragraphe; et qu'en particulier rien dans le Pentateuque n'indique qu'ils eussent foi à une rétribution future.

III. Mélanges et Nouvelles.

I. Le Comité unitaire de Gibraltar* a résolu d'ouvrir une souscription pour réaliser, quand les circonstances le permettront, l'érection d'un monument à Michel Servet, martyr de l'Unitarianisme. Il serait question de placer ce monument sur le lieu de l'exécution, puis d'en construire un second à Caspe, patrie de Servet, et un troisième dans l'université de Sarragosse. Les membres du Comité désireraient qu'on leur envoyât un dessin du lieu où Servet fut brûlé, afin d'en faire faire une lithographie. — La tra dition paraît avoir désigné le lieu dit Champ du bourreau, audessous de Champel, comme celui où ce cruel supplice fut accom pli, et rien ne serait plus facile que de fournir aux Unitaires le dessin désiré; mais en vérité nous ne saurions voir aucune utilité dans le projet de monument qu'ils ont conçu : que dans la

* Un grand nombre de réfugiés espagnols ont embrassé l'unitarianisme à Londres.

patrie d'un homme justement célèbre et iniquement persécuté, on s'efforce de conserver le souvenir de ses travaux et celui de ses traits, nous le comprenons parfaitement, et nous sympathisons à un tel sentiment; mais qu'on affecte de réveiller en même temps la mémoire de persécutions religieuses, et de citer un siècle passé au ban du siècle actuel, c'est ce que nous ne pourrions nous empêcher de blâmer; et c'est pourtant précisément ce qu'on ferait en choisissant, pour élever un monument à Servet, le lieu même où l'intolérance éleva son bûcher: bien loin de chercher à raviver les traces sanglantes de la haine théologique, nous voudrions au contraire pouvoir les effacer complètement. 2. La paroisse protestante de Carouge vient de perdre son pasteur, M. Perey. Après avoir été consacré à Lausanne en 1803, M. Perey fut immédiatement appelé à desservir les cures de Carouge et de Ferney; il s'acquitta pendant 12 ans de cette double tâche avec un zèle infatigable. Lorsque en 1816, la ville de Carouge fut réunie au canton de Genève, son église passa sous la direction de la Compagnie; M. Perey renonça alors aux fonctions qu'il remplissait à Ferney, et il fut admis à siéger dans nos Corps ecclésiastiques. On sait que sous son ministère et par ses soins, la communauté protestante de Carouge obtint l'érection d'un temple; on sait aussi avec quel zèle et quelle intelligente activité il réussit toujours à secourir les pauvres familles qui se trouvaient en grand nombre dans sa paroisse; enfin nous pouvons affirmer que le tact et la prudence de M. Perey ne se démentirent jamais dans les relations constantes et délicates qu'il eut à soutenir avec les habitans qui appartenaient à la communion catholique. Les dernières années et surtout les derniers mois de sa vie ont été pour M. Perey des temps d'épreuve; quelques-unes des idées qui le préoccupaient ont pris d'une manière toujours croissante le caractère d'idées fixes, et ont fini par engendrer en lui un état de monomanie des plus alarmans; des accès d'une fièvre délirante le tourmentaient souvent; des soulagemens et du repos lui furent immédiatement accordés, et

TOM. IV.

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il venait d'obtenir de la Compagnie et du Conseil un suffragant pour le terme de trois mois, lorsque le 20 avril dernier, ayant échappé à la surveillance de sa famille, il se rendit à Genève dans un établissement de bains, fut saisi d'un accès de fièvre violente, et se porta avec un instrument tranchant des blessures qui causèrent sa mort. La Compagnie s'est réunie le même jour, suivant l'usage, et tous les collègues de M. Perey ont rendu hommage à ses heureuses qualités; chacun a déploré le funeste accident qui a terminé ses jours. Les funérailles de M. Perey ont été célébrées à Carouge le 22 avril, et ont attiré un concours nombreux de personnes appartenant aux deux communions.

La vacance de la place de Carouge a donné lieu à d'intéressantes manifestations de vœux religieux de la part de cette pa roisse et de celle qui lui est en partie annexée, savoir Plainpalais : nos lecteurs nous sauront gré de leur donner quelques détails sur les désirs manifestés par ces deux paroisses.

Plainpalais, après avoir long-temps été considéré comme une simple annexe et avoir appartenu pour les soins pastoraux au pasteur de Genthod a été érigé en paroisse distincte seulement depuis quelques années; mais le changement n'a pas été complet; le pasteur n'a pas été astreint à la résidence; il n'est pas chargé de fonctions régulières de prédication; ses honoraires sont beaucoup moindres que ceux des autres pasteurs de la campagne: cependant la population de Plainpalais atteint aujourd'hui près de 2,000 âmes, indépendamment de la population d'été, et ce nombre est depuis quelques années en progression toujours croissante; le pasteur a dû instituer pour satisfaire aux besoins religieux de ses ouailles des services spéciaux qui ne sont nullement obligatoires, et qui sont pour lui une charge nouvelle; enfin les catéchismes qu'il fait à Carouge chaque dimanche ne sont pas toujours assidument fréquentés par les enfans de Plainpalais qui redoutent l'éloignement. Toutes ces circonstances réunies ont engagé les habitans de la paroisse à soumettre au Conseil et aux Corps ecclésiastiques une pétition dans laquelle ils demandent un pasteur à résidence, chargé de fonctions ordi

naires et régulières ; la Compagnie s'est chaudement associée à ce vœu, et nous apprenons que le Conseil a favorablement accueilli les motifs qui l'ont dicté.

Les Protestans de Carouge ont aussi adressé au Conseil une requête importante; ils y font la demande d'un second pasteur; leurs motifs sont principalement puisés dans la surcharge d'occupations qui résulte pour le pasteur titulaire de la dissémination d'un grand nombre de Protestans dans les communes catholiques voisines de Carouge, ainsi que de la quantité considérable de pauvres qui habitent cette dernière paroisse; la Compagnie, ayant été informée que cette demande était soumise à l'autorité civile, a ajourné l'élection d'un pasteur, et a décidé qu'elle n'aurait pas lieu avant le 17 mai.

Nous voyons avec une vraie joie les habitans de nos paroisses faire des démarches pour l'amélioration de leur état religieux; ce zèle est de bon augure pour notre Eglise; il s'y trouve, quoiqu'on en dise en certain lieu, une vie religieuse que des résistances ou d'inévitables délais ne décourageront point.

3. M. Alègre, pasteur du Hâvre, vient d'être forcé par l'état

de sa santé de donner sa démission.

4. Les préjugés que la France nourrit contre le clergé et dont nous avons plus d'une fois manifesté notre étonnement sont loin sans doute d'avoir disparu; mais il semble qu'ils commencent à s'affaiblir; on ose prendre publiquement, officiellement, la défense d'une classe de citoyens que bien des gens voudraient réduire à l'ilotisme au nom de la liberté; on ose attaquer de face ces préventions absurdes qui irritent l'Eglise sans aucun profit pour l'Etat: nous avons une preuve de ce retour à des sentimens plus équitables dans la discussion qui vient d'avoir lieu à la Chambre des députés sur les comités locaux chargés de surveiller l'instruction primaire dans chaque commune; le gouvernement a hautement manifesté le désir que chaque curé ou pasteur fit de droit partie de ces comités; il a représenté avec force que l'autorité morale des ecclésiastiques était le meilleur garant du succès dans les écoles rurales; il a montré que si par excep

tion cette autorité devait être hostile, l'hostilité serait beaucoup moins fâcheuse en dedans qu'en dehors du comité: ces argumens ont été écoutés avec attention et sans surprise; malheureusement ils n'ont pu être entièrement victorieux, et on a partagé le différend entre le préjugé et la raison; on a rendu facultative l'introduction que le gouvernement voulait rendre obligatoire, et on a remis aux conseils municipaux d'élire ou de ne pas élire leur pasteur comme membre du comité local: ce fatal amendement qui place à cet égard les curés dans la dépendance de leurs paroissiens, risque de les rendre entièrement hostiles à la nouvelle loi et peut-être d'en paralyser l'exécution dans grand nombre de localités : nous espérons que la Chambre des pairs le fera disparaître, et que le ministère ne se laissera effrayer ni par les déclamations de journalistes, ni par le gros mot de doctrinaires qu'on lui a de plus fortement lancé à la tête pour le punir de l'appui qu'il a donné au clergé.

Ce sujet nous intéresse d'autant plus, qu'avant peu il se présentera aux délibérations de notre Conseil législatif quand on lui soumettra le projet de loi sur la direction de l'instruction publique la surveillance des écoles rurales protestantes a jusqu'ici appartenu à la Compagnie des pasteurs, et nous devons dire que ces écoles cheminent très-bien: sous cette surveillance le succès de l'instruction primaire a toujours été croissant; il n'en est pas moins question d'enlever cette inspection à la Compagnie, et, pour obéir à des vues de théorie ou de principes, on va substituer l'incertain au certain; mais au moins nous savons que, dans le projet de la commission préparatoire, le pasteur et le curé appartiendront nécessairement aux comités locaux; on y conserve l'influence ecclésiastique qui dans toute l'Allemagne, a produit ces fruits admirables dont M. Cousin nous a montré l'excellence: que fera le Conseil représentatif? en vérité nous redoutons de le prévoir; nos lois sont empreintes du préjugé anti-ecclésiastique plus fortement encore que les lois françaises; et depuis bien des années nos législateurs, sans en adoucir les dispositions, ont au contraire successivement dé,

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