Images de page
PDF
ePub

science, d'un immense travail, et d'une plume «< exercée, le Discours sur les révolutions du globe, « placé par le célèbre Cuvier en tête de ses Recherches « sur les ossemens fossiles, démontre réellement ce que «<nous avons affirmé. L'auteur, en effet, quoique occupé « à dévoiler la nature et non à défendre la religion, << prouve sans réplique et la nouveauté de l'espèce hu<< maine et celle de nos continens. >>

L'on regrette que M. Cellerier n'ait pas essayé de crayonner dans cet endroit une esquisse rapide de l'ouvrage immortel auquel il a mieux aimé renvoyer ses lecteurs, et personne n'aurait su la faire mieux que lui, en vue de la grande thèse qu'il défend. Mais il nous dédommage de cette omission, en nous fesant assister avec le monde savant au triomphe tout récent, et d'un autre genre, que la chronologie mosaïque vient de rapporter. Ici encore laissons-le parler lui-même :

« Parmi les attaques que la science a essayées con<«<tre l'autorité du Pentateuque *, il en est peu de << plus modernes et de plus connues que celles dont les « antiquités égyptiennes ont été l'occasion. Associés à << une expédition célèbre dont ils partageaient tous les «< périls, des hommes distingués, qui étudiaient avec au<< tant de courage que de persévérance les merveilles. jusque là mal observées de la vieille Egypte, épris <«< d'un enthousiasme un peu partial, mais assez na<«<turel, pour les monumens, objets de leurs travaux «<et gage de leur gloire, se sont fait quelques illu<«<sions sur leur importance et leur ancienneté. Les fa

"

Les cinq livres de Moïse.

((

<< meux zodiaques*, entr'autres d'Esné et de Dendéra, << leur ont paru offrir la preuve d'une incalculable antiquité. Aussitôt cette prétendue découverte fut pu« bliée comme ayant décidé la question, et reculant << la civilisation égyptienne, bien au-delà de Moïse ou « même du déluge. Mais depuis quelques années, en << particulier depuis que l'un de ces zodiaques apporté « en Europe, a été exposé aux regards; depuis que les <<< recherches accumulées des voyageurs ont permis à « d'autres savans encore d'étudier un grand nombre « de monumens égyptiens, papyrus, momies, temples << et tombeaux, avec leurs hiéroglyphes et leurs ins<«<criptions, les choses ont bien changé, et c'est en fa<< veur de la Genèse que la question s'est trouvée résolue. << D'abord l'examen de ces monumens divers, fait avec plus de sang-froid, a réellement assez diminué l'idée << que l'on se formait de leur grandeur et de leur impor<< tance, comme des sciences et de l'état de civilisation << dont ils étaient le gage**. Le prestige une fois évanoui, << et les premières exagérations écartées, on a discuté la <«< question avec une critique plus impartiale. On s'est «< surtout attaché aux zodiaques; on les a comparés avec « les explications de leurs savans admirateurs; les dou<<< tes n'ont pas tardé à naître et à s'accroître. On a refait << les calculs, et ils n'étaient pas exacts ***; on a éprouvé « les hypothèses, et elles menaçaient ruine. Plusieurs << autres hypothèses nouvelles, toutes différentes des

[ocr errors]

Peintures représentant le zodiaque céleste.

** Voyez le Journal des Savans, février 1823, p. 94 et suiv.; mars 1823, p. 155 et suiv.

*** Voyez Biot, Recherches sur plusieurs points de l'astronomie égyp

tienne.

" premières et diverses entre elles, ont été essayées avec « peu de succès. Une seule chose a été prouvée dans ce «< conflit, c'est que l'on ne pouvait plus croire à l'ex<< trême antiquité de ces zodiaques; tous les nouveaux «< systèmes étaient d'accord en ce point*. Bientôt de <<< nouvelles ressources se sont présentées, et on a pu << aller plus loin encore.

«< Deux savans, entourés l'un et l'autre, quoique à di«<vers titres, d'une célébrité méritée, puissamment se«< condés sans doute par la masse de richesses dont les «< musées européens se sont enrichis depuis quelques << temps, ont enfin soulevé le voile qui cachait à nos yeux <«<l'histoire de ces merveilles du monde ancien. Certes << personne ne s'attendait que sur le front de ces temples << ruinés, construits, disait-on, trois mille ans avant Jé<< sus-Christ, sous ces peintures mystérieuses, qui de«< vaient, disait-on, renfermer les premières connais«< sances du monde, encore enfant, ils découvriraient à « tous les regards les noms des Ptolémée, de Cléopâtre << ou de Trajan. C'est pourtant ce qu'ils ont fait. M. Le<< tronne, en discutant à la fois la construction de ces <<< monumens et les inscriptions grecques qui se retrou<< vent sur quelques-uns**; M. Champollion le jeune, en «< saisissant enfin la valeur des trois classes d'hiéroglyphes dont ces monumens sont chargés ***, sont arrivés <«< au même résultat. Chose remarquable! au même mo

* Voyez le même ouvrage de Biot; la Notice sur le zodiaque de Denderah, par M. de St.-Martin; la Revue encyclopédique, tom. xv, p. 232 et suiv.; le Journal des Savans, avril et juillet 1824, p. 236 et suivantes, 402 et suiv.

** Recherches pour servir à l'histoire de l'Egypte pendant la domination des Grecs et des Romains.

*** Précis du système hieroglyphique des anciens Egyptiens.

<«<ment, des savans anglais parvenaient à lire de même « les mêmes noms par des efforts tout-à-fait isolés, et << par des méthodes différentes *; méthodes très-im<< parfaites sans doute et mêlées d'erreurs, mais suffisan<< tes cependant pour ce premier et singulier succès. Au << même moment encore, des artistes y parvenaient par «< l'étude de la sculpture et de l'architecture des monu<<< mens en question **. Des voyageurs confirmaient ces

découvertes, sans s'en douter, par les manuscrits et les <<< momies qu'ils rapportaient à l'Europe ***, et il a été dé« montré de la manière la plus irréfragable que ces trop << fameux zodiaques, peu dignes de tant de renommée, << étaient postérieurs à Jésus-Christ, ainsi que les édifices «< sur les plafonds desquels ils étaient peints ****. Si « M. Champollion, en réussissant à lire les hiéroglyphes « des temples, a rabaissé plusieurs de ces monumens jusqu'au siècle des Antonins (deuxième de l'ère chré«< tienne), d'autres, il est vrai, ont trouvé dans ses tra<< vaux une date antique et certaine. Mais, confirmation << nouvelle et digne d'attention! aucun monument ne << s'est encore trouvé plus ancien que les Pharaons de « l'Exode et de la Genèse.

<< Maintenant le procès est jugé, les adversaires de

*Voyez Essai on Dr Young's and M. Champollion's phonetic system of hieroglyphic, etc., by H. Salt. Londres, 1826. Voyez aussi la réponse de M. Champollion, dans le Bulletin de Férussac (sciences historiques), de janvier 1826, et le Journal des Savans, de mai 1826.

** MM. Huyot et Gaw. Voyez Letroune, Recherches pour servir, etc. Introduction, p. 25.

*** Voyez Letronne, Recherches critiques et archéologiques des représentations zodiacales qui nous restent de l'antiquité. — Voyez encore le Journal des Savans, juillet 1824, p. 398.

**** Ce qui paraît maintenant le plus probable, c'est que ces peintures zodiacales étaient des thèmes astrologiques, dont l'usage s'introduisit en Egypte sous les empereurs.

<< Moïse ont laissé sans réponse les assertions positives de «< ses défenseurs et les faits constatés sur lesquels elles re<< posent; ils ont avoué, par leur silence, la précipitation << de leurs jugemens et l'incorrection de leurs calculs. << Une pareille victoire n'apprendrait-elle pas enfin aux << hommes qui croient en la Parole de Dieu, ce qu'ils doi<«< vent craindre des attaques analogues qui pourraient << encore survenir? »

Après une courte digression, où l'auteur convient avec candeur des sources de légère inexactitude qui se trouvent dans la chronologie de Moïse, et détermine les bornes dans lesquelles cette chronologie triomphe de toutes les objections et reçoit une confirmation nouvelle de chaque découverte scientifique, il exploite les travaux de M. Champollion sous un autre point de vue. Sur les traces de MM. A. Coquerel et Greppo *, et profitant des ouvrages que les amis éclairés de la Bible doivent à ces habiles écrivains, il fait ressortir quelques-unes des frappantes coïncidences de noms, de mœurs et d'événemens, que la narration mosaïque présente avec l'histoire de la vieille Egypte déchiffrée par Champollion.

Voici comment M. Coquerel s'exprime quant aux coïncidences de mœurs : « La 18me dynastie de Manéthon <<< et le règne de Sésostris, qui ouvre la 19me, paraissent «< avoir été l'époque où les arts en Egypte ont atteint << leur perfection. Toutes les découvertes de M. Cham<< pollion tendent à confirmer ce fait; alors de grandes

*Lettre à M. C. Coquerel sur le système hieroglyphique de M. Champollion, considéré dans ses rapports avec l'Ecriture Sainte, par A.-L.-C. Coquerel, pasteur à Amsterdam (actuellement à Paris). Amsterdam,

1825.

Essai sur le système hiéroglyphique, appliqué à la critique sacrée, par M, Greppo, vicaire général de Belley. Paris, 1829.

« PrécédentContinuer »