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grès du christianisme est précisément ce qui a servi les progrès du christianisme. Ceux qui l'ont combattu, où sont-ils ? ils ne faisaient que courir à leur perte. Cette guerre opiniâtre qu'ils faisaient à un nom, à quoi a-t-elle abouti? A leur propre ruine. Tous leurs efforts ont été impuissants. La croix s'est élevée plus brillante du sein même des persécutions; et la conjuration de tout ce qu'il y avait de vivant contre un mort n'a pu le vaincre. (SAINT JEAN-CHRYSOSTOME.)

21. Et moi, quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai tout à moi.Le mystère de la Rédemption est le centre où viennent aboutir toutes les parties de la religion. Du haut de sa croix, Jésus-Christ embrasse tous les temps et les rapproche. Il réunit les oracles des prophètes et la prédication des apôtres, les vœux des patriarches et les actions de grâces de nos saints, les cérémonies de la synagogue et les sacrements de l'Église, les antiques holocaustes et le sacrifice de nos autels. Sur la croix viennent se manifester et se rejoindre tous les attributs divins. La sainteté offensée y trouve une réparation proportionnée, la justice suprême y reçoit une satisfaction suffisante, la miséricorde infinie y épuise ses trésors, et la sagesse éternelle concilie tous ces grands intérêts par d'ineffables moyens que déploie la toute-puissance.

(DE LA LUZERNE.)

21. Et moi, quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai tout à moi. — Certes, on ne dira pas que Jésus-Christ parlait ainsi sur des apparences humaines. Qu'au milieu du sénat romain, sous Auguste, un prophète eût raconté les changements qui se préparaient : qu'eussent pensé ces graves magistrats? Ils auraient pris en pitié le prophète, et ils se seraient amusés entre eux de ses extravagantes rêveries. Quand on réfléchit à ce qu'était alors la société païenne, à l'esprit d'incrédulité et à toutes les erreurs introduites par une philosophie qui avait érigé en système l'impiété, le doute, et le vice même; et qu'à ce désordre de l'intelligence, à cette profonde corruption du cœur, on voit succéder tout à coup une foi docile et simple, les mœurs les plus sévères, les plus pures vertus, on conçoit clairement que cette étonnante régéné ration de la nature humaine n'a pu être l'ouvrage de l'homme : puisque tous les efforts de sa raison dans les siècles les plus éclairés, toute sa science, toutes ses découvertes, ses arts, ses institutions, ses lois n'avaient servi qu'à le plonger dans une dépravation sans exemple. Il a fallu qu'il fût tout ensemble aidé surnaturellement, pour sortir de cet abîme de dissolution et de misère. Et afin qu'il ne pût en aucun

cas s'attribuer son propre salut, Dieu voulut que les instruments de sa miséricorde, dénués de tout ce qui contribue au succès des desseins de l'homme, fussent évidemment par cela même les ministres d'une puissance au-dessus de la sienne. Il a choisi, dit saint Paul, ce qui était insensé selon le monde pour confondre les sages; ce qui était faible selon le monde pour confondre les forts; ce qui était bas et méprisable selon le monde, et ce qui n'était point, pour détruire ce qui était, afin que nulle chair ne se glorifie en sa présence. (DE LAMENNAIS.)

21. Et moi, quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai tout à moi. Arrêtons-nous ici pour faire une réflexion. Nous voyons, depuis le commencement des siècles, les rois, les héros, les hommes éclatants devenir les dieux des nations. Mais voici que le fils d'un charpentier, dans un petit coin de la Judée, est un modèle de douleurs et de misères. Il est flétri publiquement par un supplice; il choisit ses disciples dans les rangs les moins élevés de la société; il ne prêche que sacrifices, que renoncement aux pompes du monde, au plaisir, au pouvoir; il préfère l'esclave au maître, le pauvre au riche, le lépreux à l'homme sain; tout ce qui pleure, tout ce qui a des plaies, tout ce qui est abandonné du monde fait ses délices; la puissance, la fortune et le bonheur sont au contraire menacés par lui. Il renverse les notions communes de la morale; il établit des relations nouvelles entre les hommes, un nouveau droit des gens, une nouvelle foi publique. Il élève ainsi sa divinité, triomphe de la religion des césars, s'assied sur leur trône et parvient à subjuguer la terre. Non, quand la voix du monde entier s'élèverait contre Jésus-Christ, quand toutes les lumiéres de la philosophic se réuniraient contre ses dogmes, jamais on ne nous persuadera qu'une religion fondée sur une pareille base soit une religion humaine. Celui qui a pu faire adorer une croix, celui qui a offert pour objet de culte aux hommes l'humanité souffrante, la vertu persécutée, celui-là, nous le jurons, ne saurait être qu'un Dieu. (CHATEAUBRIAND.)

24. Marchez, tandis que vous avez la lumière. - Voilà, homme du monde, voilà, pécheur qui m'écoutez, ce que je puis bien vous appliquer à vous-même. La foi est languissante dans votre cœur, et même elle y paraît absolument éteinte, il est vrai; mais après tout, jusque dans votre infidélité, si vous voulez bien sonder le fond de votre conscience, et prêter l'oreille à sa voix, vous trouverez qu'il y a toujours certains remords intérieurs que vous sentez au moins de temps en temps, et qui font naître malgré vous mille objets dont vos yeux sont frappés.

Vous trouverez qu'il y a toujours certains retours qui vous piquent, certains doutes qui vous troublent, certaines inquiétudes que vous portez dans le secret de l'âme, et que la dissipation du monde ne peut tellement assoupir, qu'elles ne se réveillent quelquefois, et lorsque vous vous y attendez le moins; vous trouverez qu'il y a toujours certaines vues qui vous surprennent à certains moments et qui vous saisissent tout à coup; certaines frayeurs subites qui vous alarment au milieu même ou de vos affaires humaines ou de vos divertissements les plus profanes; c'est ce que vous avez éprouvé et que vous éprouvez encore, et là-dessus je ne veux point d'autre témoin que vous. Or, qu'est-ce que tout cela, que des principes de foi, quoique éloignés, dont il ne tient qu'à vous de profiter?... Il ne faut rien davantage, avec la grâce qui ne vous manquera point, pour rendre à ces premières racines toute leur vertu elles s'étendront, elles croîtront, elles pousseront peu à peu de nouveaux fruits; la foi revivra dans vous, et vous revivrez avec la foi. (BOURDALOUE.)

24. Celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va. — - Étrange état que celui où l'on se trouve quand le bandeau de l'erreur ou le nuage de la convoitise empêche de voir la lumière divine! On va : car il faut aller, et notre âme ne peut pas demeurer sans mouvement. On va donc, et on ne sait où l'on va. On croit aller à la gloire, aux plaisirs, à la vie, au bonheur: on va à la perdition et à la mort. On ne sait où l'on va, ni que l'on s'éloigne jusqu'à l'infini de la droite voie ; et on ne voit plus la moindre trace ni la moindre route par où l'on y puisse être ramené. Aveugle, où allez-vous?... Quel abîme lui est réservé ? Quel précipice l'attend? De quelle bête sera-t-il la proie? Sans secours, sans guide, que deviendra-t-il? Hélas! hélas ! (BOSSUET.)

24. Celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va. - Aveugles donc tous ceux qui se croient sages, et qui ne le sont pas de la sagesse de Jésus-Christ, seule digne du nom de sagesse ! Ils courent, dans une profonde nuit, après des fantômes. Ils sont comme ceux qui, dans un songe, pensent être éveillés, et qui s'imaginent que tous les objets du songe sont réels. Ainsi sont abusés tous les grands de la terre, tous les sages du siècle, tous les hommes enchantés par les faux plaisirs. Il n'y a que les enfants de Dieu qui marchent au rayon de la pure vérité. Qu'est-ce qu'ont devant eux les hommes pleins de leurs pensées vaines et ambitieuses? Souvent la disgrâce, toujours la mort, le jugement de

Dieu et l'éternité. Voilà les grands objets qui s'avancent et qui viennent au-devant de ces hommes profanes; cependant ils ne les voient pas; leur politique prévoit tout, excepté la chute et l'anéantissement inévitable de tout ce qu'ils cherchent. O insensés! quand ouvrirez-vous les yeux à la lumière de Jésus-Christ, qui vous découvrirait le néant de toutes les grandeurs d'ici-bas? (FÉNELON.)

ÉLÉVATION.

Mon Sauveur, si vous étiez aujourd'hui sur la terre comme aux jours de votre humanité sainte, ne pourrions-nous pas craindre de voir se renouveler l'indignation qui vous fit chasser du temple ceux qui le déshonoraient par un trafic profane? Bien plus heureux qu'Israël, puisque nos temples sont vraiment le sanctuaire de la Divinité, la véritable maison de Dieu, la porte du ciel, nous en approchons-nous toujours avec le respect, le recueillement qu'un lieu si auguste doit nous inspirer? Avant d'en franchir le seuil, avons-nous soin de laisser au dehors toutes nos préoccupations terrestres, et d'apporter au pied de l'autel un cœur simple, droit, adorant en esprit et en vérité le Dieu qui sonde les cœurs, et que l'hommage des lèvres seul ne peut satisfaire? Mon Dieu, rendez-nous vos véritables adorateurs; du fond de ce modeste tabernacle auquel les plus brillants trônes de la terre ne sauraient être comparés, attirez-nous à vous, élevez nos esprits et nos cœurs vers vous; c'est de là que nous vient la lumière qui doit nous éclairer de peur que nous ne soyons surpris par les ténèbres. Bon Sauveur! portez vos regards sur nous, mais ne nous quiltez point; sans vous où porterions-nous nos pas incertains? Inspirez-nous le goût des choses du ciel, afin de nous détacher des biens et des jouissances qui ne sont point dignes d'occuper des cœurs faits pour l'éternité.

CHAPITRE LXXXV.

1-4. Figuier maudit.5-7. Vendeurs chassés du lieu saint. - 8-15. Jésus enseigne dans le Temple

et se rend ensuite à la montagne des Oliviers. - 16-25. Incrédulité des Juifs, dont les chefs cherchent toujours à mettre Jésus à mort (lundi saint, quatrième année de la vie publique du Sauveur).

MATH., XXI, 18-19; MARC, XI, 12-19; Luc, XIX, 47-48; JEAN, XII, 37-50.

Manè autem rever

tens à Bethaniâ in ciritatem, esuriit.

Cùmque vidisset longe

secus viam bficum habentem folia, venit si quid fortè inveniret in eå et cùm venisset ad eam, nihil invenit præter folia: non enim eral tempus ficorum.

El respondens dixit ei: Jam non ampliùs in æter num ex te fructum quisquam manducet. Et Nunquàm ex te fructus nascatur in sempiter

Dum.

b Et audiebant discipuli ejus; et arefacta est continuò ficulnea.

b Et veniunt Jerosolymam. Et cùm introisset in templum, cœpit ejicere vendentes et ementes in templo: et mensas nummulariorum, et cathedras vendentium columbas evertit,

Et non sinebat ut quisquam transferret vas per templum:

1. Le lendemain1, comme Jésus sortait de Béthanie, il eut faim.

2. Apercevant sur le chemin un figuier en feuilles, il y alla, pour voir s'il n'y trouverait point quelque fruit 2; mais, s'en étant approché, il n'y trouva que des feuilles, car ce n'était pas le temps des figues. 3. Et il dit au figuier: Que jamais personne ne mange de ton fruit, et que jamais tu n'en produises aucun.

4. Et les disciples entendirent ces paroles; et le figuier commença à se dessécher. 5. Et ils viennent à Jérusalem. Et, étant entré dans le temple, il se mit encore à chasser ceux qui vendaient et achetaient dans le lieu saint 3, et il renversa les tables des banquiers et les siéges de ceux qui vendaient des colombes.

6. Et il ne souffrait pas que l'on portât quoi que ce fût le temple.

par

11. Le lundi, quatre jours avant la Passion.

2

2. Il savait bien qu'il n'y en trouverait aucun; mais il voulait prendre de là occasion d'instruire ses disciples.

3 5. Les vendeurs, chassés la veille, y étaient revenus le lendemain, sans doute à l'instigation des Princes des prêtres et des Pharisiens.

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