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» nécessaire pour en faciliter l'étude et fixer la mé>> moire. Ainsi aucun système botanique n'est véri>> tablement naturel. Le meilleur est celui qui se >> trouve fondé sur les caractères les plus fixes et les >> plus aisés à connoître. »

Quant aux notes qu'on trouve presque sur chaque feuille du Recueil en question, elles prouvent une profonde connoissance de la matière, et sont quelquefois rédigées d'une maniere piquante. En voici deux prises au hasard.

Sur la grande capucine, no 128.

<«< Madame de Linnée a remarqué que ses fleurs » rayonnent et jettent une sorte de lueur avant le crépuscule. Ce que je vois de plus sûr dans cette >> observation, c'est que les dames dans ce pays-là se » lèvent plus matin que

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dans celui-ci. >>

Sur la mélisse ou citronelle, no 214.

Chaque auteur la gratifie d'une vertu. C'est » comme les fées marraines, dont chacune douoit la >> filleule de quelque beauté ou qualité particulière. »

FRAGMENS

POUR

UN DICTIONNAIRE

DES TERMES

D'USAGE EN BOTANIQUE,

AVEC DES ARTICLES SUPPLÉMENTAIRES. (Voyez la note au verso de cette page.)

N. B.. On a senti qu'il faudroit ajouter peu de chose à ces Fragmens pour en former, sinon un Dictionnaire, au moins un Vocabulaire encore fort abrégé sans doute, mais assez complet dans son ensemble pour suffire aux personnes qui ne font de l'étude de la botanique qu'un objet de distraction et d'amusement. Dans cette vue, on a, dans une petite collection publiée en 1802 sous le titre de Botanique de J. J. Rousseau, ajouté par forme de supplément aux Fragmens une suite de petits articles pour lesquels on a annoncé s'être servi en grande partie du Dictionnaire de Bulliard, revu et augmenté par Richard.

Nous avons pensé que tous ces articles insérés dans leur ordre et incorporés aux Fragmens eux-mêmes rendroient ceux-ci d'un usage plus général, et conviendroient à la plus grande partie des lecteurs. Ces articles imprimés en petit texte, se distingueront facilement de ceux de Rousseau.

INTRODUCTION.

LE

E premier malheur de la botanique est d'avoir été regardée dès sa naissance comme une partie de la médecine. Cela fit qu'on ne s'attacha qu'à trouver ou supposer des vertus aux plantes, et qu'on négligea la connoissance des plantes mêmes; car comment se livrer aux courses immenses et continuelles qu'exige cette recherche, et en même temps aux travaux sédentaires du laboratoire, et aux traitemens des malades, par lesquels on parvient à s'assurer de la nature des substances végétales, et de leurs effets dans le corps humain? Cette fausse manière d'envisager la botanique en a long-temps rétréci l'étude, au point de la borner presque aux plantes usuelles, et de réduire la chaîne végétale à un petit nombre de chaînons interrompus; encore ces chaînons mêmes ont-ils été très-mal étudiés, parce qu'on y regardoit seulement la matière, et non pas l'organisation. Comment se seroit-on beaucoup occupé de la structure organique d'une substance, ou plutôt d'une masse ramifiée, qu'on ne songeoit qu'à piler dans un mortier? On ne cherchoit des plantes que pour trouver des remèdes; on ne cherchoit pas des plantes, mais des simples. C'étoit fort bien fait, dirat-on; soit : mais il n'en a pas moins résulté que, noissoit fort bien les remèdes, on ne laissoit pas de connoître fort mal les plantes; et c'est tout ce que j'avance ici.

si l'on con

La botanique n'étoit rien; il n'y avoit point d'étude de la botanique, et ceux qui se piquoient le plus de connoître les plantes n'avoient aucune idée, ni de leur structure, ni de l'économie végétale. Chacun connoissoit de vue cinq ou six plantes de son canton, auxquelles il donnoit des noms au hasard, enrichis de vertus merveilleuses qu'il lui plaisoit

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