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aux perfonnes un peu intelligentes. Mais au lieu de les citer dans le texte, on met à la marge leurs noms, & le lieu d'où ce que l'on en raporte eft pris.

Quand on cite plufieurs auteurs enfemble fur un mesme fait, on n'a pas pretendu que tout ce qu'on dit de ce fait fe trouvaft dans tous ces auteurs. Il eft ordinairement dans celui qui eft cité le premier, & les autres en difent differentes circonstances.Mais quelquefois aussi on tire seulement une partie de l'un, & une partie de l'autre; en forte que le fait entier eft juftifié par la citation entiere. Les perfonnes equitables jugeront fans doute que cela fuffit: Et affurément une plus grande exactitude à marquer diftinctement ce qui eft de chaque auteur, n'euft souvent fervi qu'à embarasser la compofition & les citations, qu'il euft falu quelquefois changer à chaque mot. On a cru estre assez exact en ne difant rien qui ne fuft prouvé par les auteurs qu'on allegue.

On affoiblit auffi quelquefois ce que porte le texte des auteurs qu'on cite, & on n'en met qu'une partie, parcequ'on ne fe croit pas obligé de dire tout ce qu'ils ont dit, en quoy on pourroit aller audelà de la verité;mais de ne rien dire qui ne foit autorisé par eux.

Que fi l'on eft obligé ou de tirer des conclufions de leurs paroles, ou d'y faire quelque reflexion, ou d'en éclaircir quelque difficulté, ou d'y ajouter quelque chofe prouvée ailleurs,on le renferme dans des crochets. Et on en rencontrera plus fouvent que l'auteur n'auroit voulu, parcequ'il auroit bien fouhaité de pouvoir tout prendre des anciens, & ne rien dire du tout de luy mefme.

On raporte rarement les textes des auteurs, mefme dans les notes, & on fe contente d'en prendre le fens, afin d'abreger.Cela fuffit pour ceuxqui ne voudrontque favoir l'histoire:pour les autres qui voudront l'étudier à fond,dans la vue de compofer une veritable hiftoire, ou de prouver des chofes

plus importantes, il eft bon de ne les pas difpenfer d'aller chercher eux mefmes dans les fources;fans quoy le travail qu'ils feroient ne pourroit pas eftre folide. Car il y a une grande difference, fouvent pour le fens, & bien plus fouvent pour les confequences, entre voir un paffage deta ché, & le voir dans la fuite de fon auteur.

Lorfque les difficultez de l'histoire fe peuvent éclaircir en peu de mots,on le fait tantoft dans le corps de la narration, tantoft par de petites notes ou bas de la page. Mais quand il faut un plus long difcours,on les reserve pour les mettre à la fin du tome. On trouvera auffi dans ces notes quelques faits moins importans ou moins averez,dont on n'a pas cru devoir charger l'histoire, & qu'on n'a pas auffi voulu oublier. Diverfes personnes auroient defiré qu'on eust mis toutes les notes au bas des pages, afin qu'on cuft plus de facilité à les trouver, & à les lire avec le texte.Mais il y en a de filongues, qu'elles auroient tenu plufieurs pages de fuite; ce qui auroit interrompu tout à fait la narration.

On donne autant qu'il fe peut, une terminaison françoise aux noms propres. Mais il a fallu excepter de cette regle ceux dont le nom latin est tout à fait usité parmi nous,, comme Dolabella, Sylla, & prefque tous les autres qui finiffent de mefme; comme Antiochus, Caius, Domitius, Marius, Drufus, & d'autres femblables. Il a fallu auffi laiffer en latin ceux qui auroient quelque chofe de desagreable en noftre langue, comme Craffus, Gallus, & quelques autres.

On fçait que les Romains avoient tous plufieurs noms, qu'il eft bon de favoir pour diftinguer les perfonnes. Lors donc qu'il a falu exprimer ensemble ces divers noms, on a cru les devoir laiffer tous en latin, non feulement lorfque: l'un des deux ne fe pouvoit pas aifément mettre en françois, comme affurément on auroit peine à fouffrir Cnée ou Cnæus Pompée,mais encore lorfque chaque nom en parti

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culier n'ayant rien qui nous bleffe, les deux ensemble font un effet qui nous choque. Car nous dirons fans peine Publie, Corneille, & Scipion; mais Publie Corneille Scipion feroit approuvé de peu de perfonnes. Cela ne manque guere de fe rencontrer quand deux noms font joints enfemble: & auffi on les a toujours laiffez en latin, à moins qu'ils ne foient tout à fait ufitez en noftre langue, comme TiteLive, Valere Maxime, Marc Aurele, & fort peu d'autres. Et parceque les Confuls font prefque toujours marquez avec tous leurs noms, on s'eft fait une regle de les mettre tojours felon la terminaison latine à la tefte de leur année.

On a cru auffi devoir écrire comme les Latins les noms qu'on laiffoit en cette langue, comme Archelaüs, Nævius. C'est pourquoi on a mis Cafar lorsqu'estant joint à Caius ou Lucius if devoit passer pour latin.

On a d'ordinaire marqué les prenoms par une feule lettre, comme dans le latin: & il y a peu de perfonnes qui ne fachent ce que ces lettres veulent dire.Ceux qui ne le fauront pas, en feront bientoft inftruits par une liste qu'on en donnera à la fin de la table des titres.

Quelques uns trouveront peuteftre qu'il n'eftoit pas fort neceffaire de marquer ici ces petites obfervations, puisque ce font des choses que la pluspart devineront bien par eux mefme. Neanmoins il y en aura qui en pourront avoir befoin: & il vaut mieux eftre trop clair pour les premiers, que trop obfcur pour les autres. On ne se croit pas de mefme obligé de rendre aucune raifon particuliere de l'ortographe qu'on a fuivie.Comme c'eft une chofe qui n'a point encore deregle parmi nous,chacun a la liberté de choisir celle qu'il luy plaift.L'auteur a cru pouvoir ufer de cette liberté, & fuivre en cela ou le confeil des autres, ou les raifons qui luy ont paru les meilleures, ou quelquefois le hazard & les fautes mefmes des correcteurs, qui en ces fortes de choses si indifferentes ne font pas des fautes. Comme

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Comme cette histoire des Empereurs n'est faite que éclaircir celle de l'Eglife, on auroit pu ne la commencer qu'à Neron, qui a pris le premier une part confiderable aux affaires des Chrétiens par la perfécution qu'il leur a faite. Mais Tibere même y a part à cause de Pilate fon officier, & de la relation que ce gouverneur luy envoya de la mort de JESUS-CHRIST, & par la propofition qu'il fit au Senat de recevoir comme Dieu celui qui n'avoit nul befoin de luy pour l'être. Augufte y en a auffi quelqu'une par l'édit qui fit aller la fainte Vierge à Bethleem : & c'eft luy d'ailleurs qui a établi la monarchie Romaine en l'état qu'elle entre dans l'histoire de l'Eglife. Il a donc falu parler de ce changement, & marquer autant qu'on a pu l'origine des chofes qui fe doivent voir dans la fuite. Et après avoir parlé d'Augufte & de Tibere, on ne pouvoit pas fe difpenfer d'y joindre Caius & Claude. Cela fait ainfi une fuite complete des Empereurs. On n'a pas cru neanmoins fe devoir engager à faire une hiftoire entiere & exacte d'un regne auffi long & auffi rempli qu'eft celui d'Augufte. Ce deffein eût demandé beaucoup de temps, & un grand travail, fans pouvoir rien servir au dessein principal qu'on a cu de travailler à éclaircir toute l'hiftoire depuis JESUS-CHRIST jufques au VII. fiecle..

Hors donc ce qui regarde Auguste, nous esperons qu'on trouvera ici une hiftoire affez ample de tous les autres Princes des fix premiers fiecles, pour fatisfaire ceux qui veulent en avoir une connoiffance mediocre. Ceux qui en voudront favoir davantage, y trouveront les citations de tous les endroits de l'antiquité qui les en pourront inftruire. C'est à quoy l'auteur a tafché furtout d'eftre exact, à la referve peuteftre de ces infamies abominables des Tiberes, des Nerons, des Helioga-

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bales, & des autres monftres de ce genre. Souvent on ne parle point du tout de ces fortes de crimes : & lors qu'on ne peut pas fe difpenfer d'en dire quelque chofe, on tasche de le faire d'une maniere qui ne puiffe bleffer les perfonnes qui aiment, comme elles le doivent, le facre thresor de l'honnefteté & de la pudeur. Si donc on n'a peuteftre pas cité fur ce point tous les endroits des auteurs, c'est une faute qu'on pardonnera aisément à un Chrétien, qui écrit pour l'utilité des Chrétiens.

On a cru qu'en faifant l'hiftoire des Princes, il falloir donner quelque connoiffance des hommes celebres qui ont paru de leur temps, & furtout de ceux qui ont laiffé quelques écrits.Ils fe trouverontà la fin de chaque titre, quand il n'y aura pas eu occasion d'en traiter suffisamment dans la fuite de l'hiftoire. Mais comme il y a eu trop de chofes à dire fur Apollone de Tyanes pour en faire une fimple addition à l'histoire de Domitien,on en a fait un titre particulier dans le second tome. C'est peuteftre le feul qui fe trouvera de ce genre.

L'histoire des guerres & de la ruine des Juifs doit neceffairement entrer dans celle de l'Eglife,& elle eft vifiblement liée à celle de Neron & de Vefpafien. On n'a donc puse dispenser de la mettre : & quoique ce ne foit prefque qu'un abregé de Jofeph, on y verra peuteftre avec plaifir l'accompliffement de tant de prédictions des anciens Prophetes & de JESUS-CHRIST mesme, la vengeance du fang du Sauveur & des autres justes, & la preuve que le Meffie étoit venu, puifque le fceptre étoit abfolument ofté de la maison de Juda, & l'obfervation de la loy impoffible.

On verra par la lecture de cet ouvrage, que fi l'auteur a fait fa principale étude des hiftoires anciennes & originales, il n'a pas negligé les écrivains modernes lors

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