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Jésus-Christ dit aux Juifs : « Mon Père et moi nous sommes une « même chose (1). Croyez à mes œuvres, afin que vous connaissiez « et que vous croyiez que le Père est en moi, et que je suis dans le « Père (2). Ne croyez-vous pas que le Père est en moi, et que je suis << dans le Père? Ce que je vous dis, je ne vous le dis pas de moi« même; mais le Père, qui demeure en moi, fait lui-même les « œuvres que je fais. Ne croyez-vous pas que je suis dans le Père, « et que le Père est en moi (3)? Tout ce qu'a le Père est à moi (4). · S'adressant au Père: « Maintenant donc, mon Père, glorifiez-moi « en vous-même de cette gloire que j'ai eue en vous avant que « le monde fút (5). Tout ce qui est à moi est à vous; et tout ce qui est à vous est à moi (6). » Ailleurs : « Tout ce que le Père « fait, le Fils le fait pareillement (7). Comme le Père a la vie en lui-même, il a aussi donné au Fils d'avoir la vie en lui-même (8). » Ces différents passages expriment la divinité de Jésus-Christ, l'union du Père et du Fils dans une même substance, la consubstantialité de ces deux personnes, qui ne sont qu'un seul et même être Ego et Pater UNUM sumus. Les Juifs l'avaient compris : aussi accusaient-ils Notre-Seigneur d'avoir blasphémé, parce qu'il avait dit que Dieu était son Père, et qu'il se faisait égal à Dieu : Quia Patrem suum dicebat Deum, æqualem se faciens Deo (9). Reconnaissons donc que le Verbe est Fils de Dieu, le vrai Fils de Dieu, Dieu et vrai Dieu. Nous savons, dit saint Jean, que le Fils « de Dieu est venu, et qu'il nous a donné l'intelligence, afin que « nous connaissions le vrai Dieu, et que nous soyons en son vrai « Fils. Celui-ci est (comme son Père) le vrai Dieu et la vie éter« nelle : Hic est verus Deus et vita æterna (10). »

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enarravit. Saint Jean, c. 1, v. 18. — (1) Ego et Pater unum sumus. Ibidem, c. x, v. 30. — (2) Operibus credite, ut cognoscatis et credatis, quia Pater in me est, et ego in Patre. Ibidem, v. 38. - (3) Non creditis, quia ego in Patre, et Pater in me est ? Verba, quæ ego loquor vobis, a me ipso uon loquor. Pater autem in me manens, ipse facit opera. Non creditis, quia ego in Patre, et Pater in me est? Ibidem, c. xiv, v. 10 et 11. (4) Omnia quæcumque habet Pater, mea sunt. Ibidem, c. xvi, v. 15. — (5) Et nunc clarifica me tu, Pater, apud temetipsum, claritate, quam habui prius quam mundus esset, apud te. Ibidem, c. xvu, v. 5. — (6) Et mea omnia tua sunt, et tua mea sunt. Ibidem, v. 10. — (7) Pater meus usque modo operatur, et ego operor. Ibidem, c. v, v. 17. (8) Sicut enim Pater habet vitam in semetipso: sic dedit et Filio habere vitam in semetipso. Ibidem, v. 26. (9) Ibidem, v. 18. — (10) Et scimus quoniam Filius Dei venit, et dedit nobis sensum ut cognoscamus verum Deum, et simus in vero Filio ejus. Hic est verus Deus et vita æterna. I épitre de saint Jean, c. V, v. 20.

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300. Voici ce que dit l'apôtre saint Paul : « Jésus-Christ ayant a la forme de Dieu, n'a pas cru que ce fût une usurpation d'être ⚫ égal à Dieu; mais il s'est abaissé jusqu'à prendre la forme de ser« viteur, en se rendant semblable aux hommes, et étant reconnu « pour homme par tout ce qui a paru de lui au dehors... C'est pour• quoi Dieu l'a élevé, et lui a donné un nom qui est au-dessus de << tout nom; afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans le ciel, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue confesse que le Seigneur Jésus-Christ est dans la gloire de Dieu le Père (1). D'après ce texte, Jésus-Christ, le Verbe fait chair, a tout à la fois la forme de Dieu et la forme de l'homme, c'est-à-dire, la nature divine et la nature humaine. Le mot forme a le même sens dans la première que dans la seconde partie du texte; or, dans la seconde partie, ce mot signifie la nature de l'homme, de l'aveu de tous; il signifie donc aussi, dans la première, la nature de Dieu. « C'est • Dieu lui-même, dit Clément d'Alexandrie, qui, dans sa miséri« corde, s'est comme anéanti pour le salut des hommes (2). » Et c'est parce que Jésus-Christ a vraiment la nature divine, qu'il s'est cru, sans usurpation, l'égal de Dieu; et qu'à son nom tout genou fléchit dans le ciel, sur la terre et dans les enfers; et que nous confessons qu'il est dans la gloire de Dieu le Père. Ce qui s'accorde parfaitement avec ce que dit le même apôtre, que toute plénitude de la Divinité habite corporellement, c'est-à-dire vraiment et substantiellement, en Jésus-Christ, le chef de toute principauté et de toute puissance (3).

301. C'est ainsi qu'on a toujours entendu les Écritures touchant le Verbe de Dieu. Les Pères grecs et latins, ceux qui ont paru avant comme ceux qui ont paru depuis le premier concile de Nicée, enseignent tous, d'après les livres saints, que Jésus-Christ est Fils de Dieu, Fils unique de Dieu; qu'il est né de Dieu de toute éternité, égal au Père, ayant une seule et même substance avec le

(1) Qui cum in forma Dei esset, non rapinam arbitratus est esse se æqualem Deo: sed semetipsum exinanivit formam servi accipiens, in similitudinem hominum factus, et habita inventus ut homo.... Deus exaltavit illum, et donavit illi nomen, quod est super omne nomen; ut in nomine Jesu omne genu flectatur cœlestium, terrestrium, et infernorum; et omnis lingua confiteatur, quia Dominus Jesus Christus in gloria est Dei Patris. Épitre aux Philippiens, c. n, v. 6, etc. — (2) Semetipsum exinanivit misericors Deus, ut humanum genus servaret. Exhortation aux Grecs, tom. 1, pag. 8, édit. de Venise, 1757. — (3) In ipso inhabitat omnis plenitudo divinitatis corporaliter. Et estis in illo repleti, qui est caput omnis principatus et potestatis. Épître aux Colossiens, . 11, v. 9 et 10.

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Père; qu'il est Dieu, vrai Dieu; qu'il est adoré conjointement avec le Père, et que toute gloire lui appartient avec le Père et le Saint-Esprit, dans les siècles des siècles (1). Aussi, dès le troisième siècle, les Pères du concile d'Antioche écrivaient à Paul de Samosate : « Nous avons résolu de rédiger et d'exposer par écrit << notre foi, telle que nous l'avons reçue dès le commencement, << telle qu'elle nous a été conservée dans la sainte Église catholique jusqu'à ce jour, par les bienheureux apôtres qui ont vu les choses « et ont été les ministres du Verbe; cette foi prédite par la loi et les « prophètes, et fondée sur le Nouveau Testament: savoir, qu'il y « a un seul Dieu, non engendré, sans principe, indivisible, im« muable, qu'aucun homme n'a vu et ne peut voir; dont la nature humaine ne peut comprendre ou expliquer la gloire, la « grandeur, la dignité; dont la connaissance, encore imparfaite, « nous vient de son Fils, qui a dit: Personne ne connait le Père, • si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils l'a révélé. Nous con⚫fessons et nous enseignons que le Fils est engendré de Dieu; qu'il « est le Fils unique de Dieu, né avant toute créature, l'image de « Dieu invisible, la Sagesse, le Verbe de Dieu, Dieu lui-même en * personne et de toute éternité, ainsi que nous l'avons appris par << les livres sacrés. Celui, au contraire, qui dit que le Fils de Dieu « n'existait pas avant la création du monde ; que croire et confesser « qu'il est Dieu, ce n'est pas autre chose que reconnaître deux « Dieux, celui-là s'éloigne de la règle ecclésiastique, et toutes les Églises catholiques sont d'accord avec nous sur ce point (2).

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(1) Voyez, ci-dessus, le n° 269, etc.-(2) Decrevimus fidem scripto edere et exponere, quam a principio accepimus, et habemus traditam et servatam in catholica et sancta Ecclesia usque in hodiernum diem,`a beatis apostolis, qui viderunt ipsi et ministri fuerunt Verbi (Luc. 1), prædicatam ex lege et prophetis ac Novo Testamento: esse unum Deum ingenitum, sine principio, invisibilem, immutabilem, quem nullus hominum vidit neque videre potest, cnjus gloriam vel amplitudinem intelligere aut enarrare pro dignitate, ut in re et veritate est, humana natura non potest; notionem vero ejus, utcumque mediocrem, si habemus, revelante Filio ejus, sicut ait : Nemo novit Patrem, nisi Filius, et cui Filius revelaverit, contenti esse debemus. Hunc autem Filium genitum, unigenitum, imaginem Dei invisibilis, primogenitum omnis creaturæ, sapientiam, et Verbum, ac virtutem Dei ante sæcula, non præcognitione, sed substantia et hypostasi Deum, Dei Filium, cum in Veteri et Novo Testamento cognoverimus, confitemur et prædicamus. Qui autem contradicit Filium Dei non esse ante constitutiouem mundi, dicitque credere et confiteri esse Deum, non esse aliud quam duos Deos prædicare, qui Filium Dei non esse Deum prædicat; bunc alienum esse ab ecclesiastica regula arbitramur, et omnes Ecclesiæ catholicæ nobiscum consentiunt. Labbe, Concil., tom. 1, col. 843.

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302. Nous trouvons la même profession et la même règle de foi dans une lettre de saint Denys d'Alexandrie, mort en 264. « Le Christ, dit-il, est la forme de Dieu, le Verbe de Dieu; la Sagesse, ⚫ le Fils de Dieu, et Dieu lui-même, Deus ipse; le Verbe du Père << et Dieu avec le Père, subsistant par lui-même, quod per se est. « Et c'est ainsi que l'ont confessé les saints Pères; c'est ce qu'ils « nous ont transmis, afin que nous confessions et que nous croyions « comme eux (1). » On peut en effet citer, parmi les Pères antérieurs au quatrième siècle, saint Denys, pape, saint Grégoire Thaumaturge, Minutius Félix, Origène, saint Hippolyte de Porto, Tertullien, Clément d'Alexandrie, saint Irénée, saint Théophile d'Antioche, Athénagore, saint Justin, saint Polycarpe, saint Ignace martyr, saint Hermas, saint Barnabé, ou l'auteur de la lettre qui porte son nom. Telle était d'ailleurs la foi que professaient les premiers chrétiens, lorsqu'on voulait les forcer de sacrifier aux idoles (2); telle est enfin la croyance que nous trouvons dans nos symboles, dans les hymnes que chante l'Église universelle, dans la liturgie sacrée, qui est aussi ancienne que le christianisme.

303. On objecte, il est vrai, certains passages de l'Écriture, où le Fils de Dieu est représenté comme inférieur au Père, comme soumis au Père et faisant la volonté du Père. Mais il suffit de faire remarquer que dans ces passages il ne s'agit pas du Verbe considéré simplement comme Verbe, du Fils de Dieu considéré comme Dieu; mais du Verbe fait chair, du Fils de Dieu fait homme, de Jésus-Christ, qui a deux natures, la nature divine, qui lui est commune avec le Père et le Saint-Esprit, et la nature humaine, qui lui est commune avec nous. Or, quoique inférieur au Père selon l'humanité, Jésus-Christ lui est égal selon la Divinité: Æqualis Patri secundum Divinitatem, minor Patre secundum humanilalem (3). Comme Fils de Dieu, il n'est qu'un et même Dieu avec le Père: Ego et Pater UNUM sumus (4).

304. Quant aux objections tirées de la philosophie, elles ne sont point nouvelles, elles ont été faites par les anciens hérétiques ; mais la foi des Pères de Nicée, la foi catholique qui a triomphé des

(1) Forma Dei, Verbum ejus; et Sapientia Filius Dei, et Deus ipse, semper existens una persona, et una hypostasis persona........ Forma autem Dci et Verbum cum ipso Deus, et Filius Dei Verbum Patris est, quod per se est. Et sic confessi sunt eum sancti Patres, et ut confiteremur ac crederemus, nobis tradide(3) Symrunt. Ibidem, col. 854. —(2) Voyez, ci-dessus, les n° 271 et 281.bole de saint Athanase.

(4) Saint Jean, c. x, v. 30.

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sophismes, de l'astuce, de la perfidie et de la violence des ariens, saura toujours confondre toute hauteur qui s'élève contre la science de Dieu. La philosophie peut faire des difficultés; mais elle ne prouvera jamais que Dieu n'est pas en lui-même tel qu'il est réellement. Toutes les fois qu'elle a entrepris, en dehors de la religion, de sonder les secrets de la Divinité, ses efforts n'ont point eu d'autre résultat que de constater son impuissance, et la nécessité, pour l'homme, de reconnaître qu'il est une raison au-dessus de la sienne, et qu'il n'a pas droit de l'assujettir à ses exigences. Il nous conviendrait bien, en effet, de vouloir comprendre la nature divine, à nous qui ne pouvons comprendre ce qui tient à la nature humaine, et d'entreprendre d'expliquer la génération du Verbe de Dieu, tandis que nous ne pouvons ni expliquer la génération de l'homme, ni la génération de notre intelligence: Generationem ejus quis enarrabit (1) ?

CHAPITRE IV.

De la divinité du Saint-Esprit.

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305. Le Saint-Esprit est la troisième personne de la sainte Trinité ; il est Dieu comme le Père et le Fils, et avec le Père et le Fils; coéternel, coégal et consubstantiel au Père et au Fils. Il y a trois personnes en Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit ; et ces trois personnes ne sont qu'un seul Dieu et hi tres UNUM sunt (2). Nous l'avons prouvé plus haut (3) par l'Écriture, par les anciens Pères de l'Église, par les décisions des conciles, les symboles et la croyance générale et constante du monde chrétien. Partout, en Orient comme en Occident, on croit et on a toujours cru en un seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, et en Jésus-Christ, son Fils unique, Dieu de Dieu, vrai Dieu, consubstantiel au Père; et « au Saint-Esprit, qui est aussi notre Seigneur, et qui donne la vie; qui procède du Père et du Fils; qui est adoré et glorifié conjointement avec le Père et le Fils; «< qui a parlé par les prophètes (4). » Il ne nous reste donc qu'à

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(1) Isaïe, c. LIII, v. 8. — (2) 1o épître de saint Jean, c. v, v. 7.— (3) Voyez, cidessus, le n° 264, etc. (4) Credimus in Spiritum Sanctum Dominum et vivificantem, qui ex Patre (Filioque) procedit; qui cum Patre et Filio simul adoratur

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