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« pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie pour la rédemption de plusieurs (1); » pro mullis, c'est-à-dire pour la multitude des hommes, pour l'universalité du genre humain. « Ceci est . mon sang de la nouvelle alliance, qui sera répandu pour plu«sieurs en rémission des péchés (2). »

409. Écoutez aussi ce que dit saint Paul du mystère de notre rédemption : « Dieu a fait éclater son amour pour nous, en ce que,

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lorsque nous étions encore pécheurs, Jésus-Christ est mort pour << nous dans le temps. Étant maintenant justifiés par son sang, nous << serons à plus forte raison délivrés par lui de la colère de Dieu. Car « si lorsque nous étions ennemis de Dieu, nous avons été réconciliés ⚫ avec lui par la mort de son Fils, à plus forte raison, étant maintenant réconciliés avec lui, nous serons sauvés par la vie de ce -même Fils. Et non-seulement nous sommes réconciliés, mais nous « nous glorifions même en Dieu par Jésus-Christ Notre-Seigneur, • par qui nous avons obtenu maintenant cette réconciliation (3). Jésus-Christ est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne ⚫ vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort pour « eux (4). Dieu nous a réconciliés avec lui-même par Jésus-Christ, « et nous a confié le ministère de cette réconciliation (5). C'est par • amour pour nous qu'il a rendu victime pour le péché celui qui • ne connaissait point le péché, afin qu'en lui nous devinssions « justes de la justice de Dieu (6). Jésus-Christ nous a aimés et s'est • livré lui-même pour nous, en s'offrant à Dieu comme une obla⚫tion et une victime d'agréable odeur (7). Il n'y a qu'un Dieu, et

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(1) Filius hominis non venit ministrari, sed ministrare, et dare animam suam, redemptionem pro multis. Saint Matthieu, c. xx, v. 28. - (2) Hic est enim sanguis meus Novi Testamenti, qui pro multis effundetur in remissionem peccatorum. Ibidem, c. xxvi, v. 28. (3) Commendat autem charitatem suam Deus in nobis: quoniam cum adhuc peccatores essemus, secundum tempus, Christus pro nobis mortuus est : multo igitur magis nunc justificati in sanguine ipsins, salvi erimus ab ira per ipsum. Si enim cum inimici essemus, reconciliati sumus Deo per mortem Filii ejus: multo magis reconciliati salvi erimus in vita ipsius. Non solum autem : sed et gloriamur in Deo per Dominum nostrum Jesum Christum, per quem nunc reconciliationem accepimus. Épít. aux Romains, C. v, v. 8, elc. (4) Et pro omnibus mortuus est Christus; ut et qui vivunt jam non sibi vivant, sed ei qui pro ipsis mortuus est. II* épître aux Corinthiens, c. v, v. 15. (5) Qui (Deus) nos reconciliavit sibi per Christum : et dedit nobis ministerium reconciliationis. Ibidem, v. 18. — (6) Eum, qui non noverat peccatum, pro nobis peccatum fecit, ut nos efficeremur justitia Dei in ipso. Ibidem, v. 21. — (7) Christus dilexit nos et tradidit semetipsum pro nobis oblationem et hostiam Deo in odorem suavitatis. Épître aux Éphésions,

c. v, v. 2.

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il n'y a qu'un médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme (et Dieu), qui s'est livré lui-même pour la rédemption de tous (1); il s'est offert pour nous, afin de nous racheter de « toute iniquité (2). »

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410. Suivant saint Pierre, ce n'est point par des choses corruptibles comme de l'or et de l'argent que nous avons été rachetés, mais par le précieux sang de Jésus-Christ, comme de l'agneau sans tache (3). « C'est lui qui a porté nos péchés en son corps sur la croix, afin qu'étant morts au péché, nous vivions pour la jus«tice; c'est par ses meurtrissures que vous avez été guéris (4). « Dieu, dit saint Jean, a envoyé son Fils comme une victime de propitiation pour nos péchés (5); et non-seulement pour nos - péchés, mais encore pour les péchés du monde entier (6). Vous « êtes digne, Seigneur, de prendre le livre et d'en ouvrir les « sceaux, parce que vous avez été mis à mort, et que par votre sang vous nous avez rachetés, pour Dieu, de toute tribu, de « toute langue, de tout peuple et de toute nation (7).

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411. On voit par ces différents passages que Notre-Seigneur s'est chargé de nos iniquités, qu'il s'est rendu notre caution auprès de Dieu; qu'il s'est offert en sacrifice, comme une victime de propitiation pour les péchés du monde ; qu'il est mort pour tous; que, médiateur entre Dieu et les hommes, il nous a rapprochés de Dieu et réconciliés avec Dieu; qu'il nous a rachetés en offrant son sang pour prix de notre rançon, et que la justice divine a eté satisfaite. Aussi les Peres, les conciles et les symboles proclament le dogme de la rédemption, en la faisant consister, non dans la doctrine et les exemples de Jésus-Christ, comme le prétendent les sociniens, mais dans la satisfaction réelle qu'il a offerte à Dieu le

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(1) Unus enim Deus, unus et mediator Dei et hominum homo Christus Jesus: qui dedit redemptionem semetipsum pro omnibus. Ire épître à Timothée, c. 11, v. 5. — (2) Qui (Jesus Christus) dedit semetipsum pro nobis, ut nos redimeret ab omni iniquitate. Épitre à Tile, c. 11, v. 14. — (3) Non corruptibilibus auro vel argento redempti estis.... sed pretioso sanguine quasi agni immaculati Christi et incontaminati. I épitre, c. 1, v. 18 el 19. - (4) Qui (Christus) peccata nostra ipse pertulit in corpore suo super lignum; ut peccatis mortui, justitiæ vivamus: cujus livore sanati estis. Ibidem, c. 11, v. 24. —(5) Misit (Deus) Filium propitiationem pro peccatis nostris. I épître, c. iv, v. 10. (6) Et ipse est propitiatio pro peccatis nostris; non pro nostris autem tantum, sed etiam pro totius mundi. Ibidem, c. 11, v. 2. - (7) Dignus es, Domine, accipere librum, et aperire signacula ejus : quoniam occisus es, et redemisti nos Deo in sanguine tuo ex omni tribu, et lingua, et populo, et natione. Apocalypse, c. v,

Père, en mourant sur la croix en expiation des péchés du monde.

412. Nous reconnaissons done avec toute l'Eglise que JésusChrist a satisfait pour nos péchés : Pro peccatis nostris satisfecit, dit le concile de Trente (1); et que cette satisfaction est une vraie satisfaction, une satisfaction proportionnée à l'injure du péché. Elle est même surabondante, comme l'enseigne l'Apôtre: Ubi abundavit delictum, superabundavit gratia (2); elle est d'un prix infini. En effet, la valeur d'une satisfaction se tire de la dignité de la personne qui satisfait; plus la personne est digne, plus la satisfaction qu'elle offre est méritoire, plus elle a de prix. Or, c'est Jésus-Christ lui-même qui a satisfait, non comme Dieu seulement ni comme homme seulement, mais comme hommeDieu, comme étant le Verbe fait chair, le Fils de Dieu fait homme. dont les actes deviennent propres à la personne divine. Sa satisfaction est donc au-dessus de toute satisfaction, la satisfaction la plus parfaite qu'il soit possible: Integra atque omnibus numeris perfecta satisfactio (3). Néanmoins, quoique la satisfaction de Notre-Seigneur soit d'une valeur infinie, nous ne sommes pas dispensés pour cela de satisfaire nous-mêmes pour nos propres péchés; nous ne serons glorifiés avec Jésus-Christ qu'autant que nous aurons pris part à ses souffrances: Si compatimur ut et conglorificemur (4). Mais notre satisfaction ne peut être agréée de Dieu qu'autant qu'elle se fait au nom et par les mérites de JésusChrist, dont elle tire toute sa valeur (5).

CHAPITRE VI.

Des titres de Jésus-Christ.

413. Jésus-Christ est le sauveur du monde; et c'est ce que signifie le nom de Jésus. Ce n'est point par hasard ni par la volonté des hommes que ce nom lui a été donné, mais bien par l'ordre de Dieu même; car l'ange annonçant à Marie le mystère qui devait s'opérer en elle, lui dit : « Voilà que vous concevrez « dans votre sein, et vous enfanterez un fils, et vous l'appellerez

(1) Session xiv, ch. vi. — (2) Épître aux Romains, c. v, v. 20. — (3) Catéchisme du concile de Trente, sur le symbole. — (4) Epitre aux Romains, c. VIII, v. 17.-(5) Concile de Trente, sess. xiv, ch. viii.

« du nom de Jésus. » Non-seulement l'ange du Seigneur ordonne de nommer ainsi l'enfant de Marie, mais il fait connaitre à Joseph, époux de la sainte Vierge, pourquoi on devait lui donner ce nom. « Joseph, fils de David, lui dit-il, ne craignez pas de prendre Marie « pour votre épouse; car ce qui est né en elle est du Saint-Esprit. Elle enfantera un fils, et vous l'appellerez du nom de Jésus, parce « que c'est lui qui délivrera son peuple de ses péchés (1). » Il est vrai que plusieurs ont porté ce nom dans l'Ecriture. Tel fut Josué, fils de Navé, qui succéda à Moyse pour introduire dans la terre promise le peuple de Dieu; tel fut encore Jésus, fils de Josédech, le grand-prètre. Mais c'est avec infiniment plus de vérité que le fils de Marie, le Verbe fait chair, a reçu le nom de Jésus; car ce n'est pas à un seul peuple en particulier qu'il a donné la lumière, la liberté et le salut, mais à tous les peuples, à tous les hommes, au genre humain tout entier, qu'il a délivré de l'esclavage du péché et qu'il a réconcilié avec Dieu (2).

414. Le nom de Christ, ajouté à celui de Jésus, signifie oint, sacré; c'est un titre d'honneur, qui exprime en même temps un ministère. Nos pères appelaient anciennement christs les prêtres et les rois, parce qu'ils recevaient l'onction sainte à cause de la dignité de leurs fonctions: Dieu l'avait ainsi ordonné. Le prêtre est celui qui recommande le peuple à Dieu et qui offre des sacrifices à Dieu, en qualité de médiateur entre Dieu et les hommes. Les rois sont chargés de gouverner les peuples, d'établir et de faire observer les lois, de protéger la vie des innocents, et de punir les crimes des méchants. Comme ces deux ministères semblent représenter sur la terre la majesté de Dieu, ceux qu'on choisissait pour le sacerdoce ou la royauté étaient sacrés par l'huile sainte. C'était aussi la coutume de donner l'onction aux prophètes, parce qu'ils étaient chargés de faire connaitre aux hommes les secrets et les volontés du ciel. Or, Jésus-Christ, notre Sauveur, en venant au monde, a pris tout à la fois le titre et les fonctions de prêtre, de roi et de prophète. C'est pourquoi il a été appelé Christ; c'est pourquoi il a reçu l'onction, non à la vérité de la main des hommes, mais par la vertu du Père céleste; non l'onction d'une huile terrestre, mais celle d'une huile spirituelle; c'est-à-dire que son âme très-sainte reçut la plénitude du Saint-Esprit, la grâce et

(1) Et vocabis nomen ejus JESUM; ipse enim salvum faciet populum suum a peccatis eorum. Saint Matthieu, c. 1, v, 21; saint Luc, c. 1, v. 31. — (2) Catéchisme du concile de Trente, sur le symbole.

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tous les dons, avec tant d'abondance qu'aucune créature ne scrait capable de les contenir à un si haut degré. C'est ce que le prophète exprime très-bien, lorsque, s'adressant au Sauveur luimême, il lui dit : « Vous avez aimé la justice et détesté l'iniquité; « c'est pourquoi Dieu, votre Dieu, vous a donné une onction de "joie plus excellente qu'à tous ceux qui participeront à votre gloire (1). » C'est ce que nous dit encore plus clairement Isaïe, par ces mots qu'il met dans la bouche du Sauveur : « L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce que le Seigneur m'a donné l'one« tion, et m'a envoyé pour annoncer ses volontés à ceux qui sont « doux (2). » Jésus-Christ a donc été le prophète et le maître souverain qui a fait connaître le Père céleste et sa volonté à tout l'univers (3).

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415. Il a été non-seulement prophète, mais prêtre, non de la tribu de Lévi, mais selon l'ordre de Melchisédech. Écoutez ce que saint Paul écrivait aux Hébreux : « Tout pontife est pris d'entre << les hommes, et est établi pour les hommes en ce qui regarde le culte de Dieu, afin qu'il offre des dons et des sacrifices pour les « péchés (4). Nul ne s'attribue à soi-même cet honneur; mais « il faut y être appelé de Dieu comme Aaron. Ainsi Jésus-Christ « ne s'est point élevé de lui-même à la dignité de pontife, mais il « l'a reçue de celui qui lui a dit: Vous êtes mon Fils, je vous ai engendré aujourd'hui. Comme il lui a dit dans un autre endroit: « Vous êtes prêtre pour toujours, selon l'ordre de Melchisédech (5), L'Apôtre, voulant nous montrer l'excellence du sacerdoce de JésusChrist sur le sacerdoce de l'ancienne loi, continue: Dans la première alliance, «< on offrait des dons et des sacrifices, qui ne pouvaient purifier la conscience de ceux qui rendaient à Dieu ce «< culte, puisqu'ils ne consistaient qu'en des viandes et en des breuvages, en diverses ablutions et en des cérémonies char« nelles, qui n'avaient été établies que jusqu'au temps que cette

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(1) Dilexisti justitiam et odisti iniquitatem : propterea unxit te Deus, Deus tuus, oleo lætitiæ præ consortibus tuis. Psaume XLIV. - (2) Spiritus Domim super me, eo quod unxerit Dominus me: ad annuntiandum mansuetis misit me. Isaïe, c. LXI. — (3) Catéchisme du concile de Trente, sur le symbole. — (4) Omnis pontifex ex hominibus assumptus, pro omnibus constituitur in iis quæ sunt ad Deum, ut offerat dona et sacrificia pro peccatis. Épitre aux Hébreux, c. v, v. 1.—(5) Nec quisquam sumit sibi honorem ; sed qui vocatur a Deo, tanquam Aaron. Sic et Christus non semetipsum clarificavit ut pontifex fieret : sed qui locutus est ad eum: Filius meus es tu; ego hodie genui te: quen:admodum et in alio loco dicit: Tu es sacerdos in æternum, secundum ordinem Melchisedechr Iidem, v. 5, tle.

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