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loi serait corrigée. Mais Jésus-Christ, le pontife des biens futurs, « étant venu dans le monde, est entré une seule fois dans le sanc« tuaire par un tabernacle plus grand et plus parfait, qui n'a point été fait de la main des hommes, c'est-à-dire qui n'a point ⚫ été formé par la voie commune et ordinaire. Et il y est entré, ⚫ non avec le sang des boucs et des veaux, mais avec son propre sang, afin de nous acquérir une rédemption éternelle. Car si le « sang des boucs et des taureaux, et l'aspersion de l'eau mêlée « avec la cendre d'une génisse, sanctifie ceux qui ont été souillés en leur donnant une pureté charnelle (extérieure); combien plus le sang de Jésus-Christ, qui par le Saint-Esprit s'est offert lui« même à Dieu comme une victime sans tache, purifiera-t-il la « conscience des œuvres de mort (de nos péchés), pour nous faire rendre un culte plus parfait au Dieu vivant (1)? » Ainsi donc Jésus-Christ est véritablement prêtre, le prêtre par excellence, le pontife saint, sans tache, séparé des pécheurs, et plus élevé que les cieux (2); il s'est offert lui-même comme victime de propitiation pour nos péchés et pour les péchés du monde : son sacrifice est d'un prix infini; il tire sa valeur tout ensemble et de la victime et du sacrificateur de la victime, c'est Jésus-Christ qui est immolé; du sacrificateur, c'est Jésus-Christ qui s'immole lui-même, et qui s'immole par amour pour nous: Christus dilexit nos, et tradidit semetipsum pro nobis oblationem et hostiam Deo in odorem suavitatis (3). Il ne s'est offert qu'une fois; mais parce qu'il demeure éternellement, son sacerdoce est éternel (4). Et il renouvelle sur nos autels, d'une manière non sanglante, le sacrifice qui s'est opéré sur la croix.

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(1) Munera et hostiæ offeruntur, quæ non possunt juxta conscientiam perfectum facere servientem, solummodo in cibis et in potibus, et variis baptismatibus, et justitiis carnis usque ad tempus correctionis impositis. Christus autem assistens pontifex futurorum bonorum, per amplius et perfectius tabernaculum non manufactum, id est, nou hujus creationis. Neque per sanguinem hircorum aut vitulorum, sed per proprium sanguinem, introivit semel in sancta, æterna redemptione inventa. Si enim sanguis hircorum et taurorum, et ciuis vitulæ aspersus, inquinatos sanctificat ad emundationem carnis, quanto magis sanguis Christi, qui per Spiritum Sanctum semetipsum obtulit immaculatum Deo, emundabit conscientiam nostram ab operibus mortuis, ad serviendum Deo viventi. Ibidem, c. ix, v. 9, etc. (2) Talis enim decebat ut nobis esset pontifex, sanctus, innocens, impollutus, segregatus a peccatoribus et excelsior cœlis factus. Ibidem, c. vn, v. 26. — (3) Epître aux Ephésiens, c. v, v. 2. — (4) Hic autem eo quod maneat in æternum, sempiternum habet sacerdotium. Epitre aux Hébreux, c vi, v. 24.

416. Nous reconnaissons aussi Jésus-Christ comme roi, nonseulement en tant qu'il est Dieu, mais encore en tant qu'il est homme et revêtu de notre nature. C'est de lui que l'ange a dit : « Il régnera à jamais dans la maison de Jacob, et son règne n'aura « point de fin (1). » Ce règne est spirituel et éternel; il commence sur la terre pour être consommé dans le ciel; et Jésus-Christ remplit d'une manière admirable envers son Église les devoirs que la royauté lui impose. Il la gouverne; il la défend contre les attaques et les embûches de ses ennemis ; il lui donne non-seulement la justice et la sainteté, mais encore la force nécessaire pour persévérer. Et quoique tous les hommes, bons et mauvais, appartiennent réellement à ce royaume, cependant ceux-là éprouvent d'une manière particulière les effets de la bonté du divin roi, qui suivent ses commandements, et mènent une vie pure et innocente. Il ne faut pas croire, au reste, que ce royaume lui soit échu par droit d'héritage et d'une manière humaine, parce qu'il descendait de rois de Juda. Il est roi, parce que Dieu réunit en lui tout ce que la nature humaine peut posséder de puissance, de grandeur et de dignité. C'est Dieu qui lui a donné l'empire du monde entier; et dès cette vie il exerce son autorite sur toutes choses, quoiqu'elle ne doive obtenir son plein et parfait exercice qu'au jour du jugement (2).

417. Comme Jésus-Christ est notre roi, il est par là même notre Seigneur et comme Dieu et comme homme. « Il s'est abaissé ⚫ lui-même, s'étant fait obéissan! jusqu'à la mort, et à la mort de la croix; c'est pourquoi Dieu l'a élevé, et lui a donné un nom • qui est au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus tout « genou fléchisse au ciel, sur la terre et dans les enfers, et que << toute langue reconnaisse que le Seigneur Jésus-Christ est dans ⚫ la gloire de Dieu le Père (3). » Lui-même a dit, après sa résurrection: « Toute puissance m'a été donnée au ciel et sur la terre (4). » Il est d'ailleurs appelé Notre-Seigneur, parce qu'il réunit en une

(1) Hic (Jesus) erit magnus, et Filius Altissimi vocabitur, et dabit illi Dominus Dens sedem David patris ejus : et regnabit in domo Jacob in æternum, et regni ejus non erit finis. Saint Luc, c. 1, v. 32. — (2) Catéchisme du concile de Trente, sur le symbole. —— (3) Humiliavit semetipsum factus obediens usque ad mortem, mortem autem crucis. Propter quod et Deus éxaltavit illum, et donavit illi nomen, quod est super omne nomen : ut in nomine Jesu omne genu flectatur cœlestium, terrestrium, et infernorum et omnis lingua confiteatur, quia Dominus Jesus Christus in gloria est Dei Patris. Épitre aux Philippiens, c. n, v. 8, elc. - (4) Data est mihi omnis potestas in cœlo et in terra. Saint Matthieu, c. XXVIII, v. 18.

seule personne la nature divine et la nature humaine : union ineffable, qui l'aurait rendu notre maître, lors même qu'il ne serait point mort pour nous; car il est par là même notre maître souverain, le maître de toutes les créatures (1).

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418. Enfin, l'un des principaux titres de Jésus-Christ, c'est le titre de médiateur. Nous étions ennemis de Dieu, séparés de Dieu par le péché; or, le Verbe, en s'incarnant, nous a rapprochés de Dieu; en prenant notre nature sans cesser d'être Dieu, il a réconcilié le ciel avec la terre, le Créateur avec la créature: « Il fallait, « dit saint Augustin, que le médiateur entre Dieu et les hommes « eût quelque chose de commun avec Dieu, et quelque chose de • commun avec les hommes; car s'il avait été semblable aux hommes en tout, il aurait été trop loin de Dieu; et s'il avait été « semblable à Dieu en tout, il aurait été trop loin des hommes, « et il ne serait plus médiateur (2). » Nous dirons donc avec l'Apôtre : « Il y a un Dieu, et un médiateur entre Dieu et les hommes, « Jésus-Christ, homme (et Dieu), qui s'est livré lui-même pour la « rédemption de tous (3). Lorsque nous étions ennemis de Dieu, • nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils (4). Il a plu au Père que toute plénitude résidât en lui, et de récon<< cilier toutes choses par lui et en lui-même, ayant pacifié, par le sang qu'il a répandu sur la croix, et ce qui est en la terre et ce qui est au ciel. Vous étiez autrefois éloignés de Dieu; vous étiez « ses ennemis par le déréglement de votre esprit, abandonné à des « œuvres criminelles; mais maintenant Jésus-Christ vous a récor ciliés par la mort qu'il a soufferte dans son corps mortel, pour « vous rendre saints, purs et irrépréhensibles devant lui (5). C'est * par lui que nous avons accès les uns et les autres auprès du

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(1) Catéchisme du concile de Trente, sur le symbole. — (2) Mediator autem inter Deum et homines oportebat ut haberet aliquid simile Deo, aliquid simile hominibus; ne in utroque hominibus similis longe esset a Deo, aut in utroque Deo similis longe esset ab hominibus; atque ita mediator non esset. Liv. x des Confessions, c. XLII. (3) Unus enim Deus, unus et mediator Dei et hominum homo Christus Jesus: qui dedit redemptionem semetipsum pro omnibus. Ire épître à Timothée, c. 11, v. 5 et 6. — (4) Cum inimici essemus, reconciliati sumus Deo per mortem Filii ejus. Epitre aux Romains, c. v, v. 10. — (5) In ipso complacuit omnem plenitudinem iuhabitare: et per eum reconciliare omnia in ipsum, pacificans per sanguinem crucis ejus, sive quæ in terris, sive quæ in cœlis sunt. Et vos cum essetis aliquando alienati, et inimici sensu in operibus malis. Nunc autem reconciliavit in corpore carnis ejus per mortem, exhibere vos sanctos et immaculatos, et irreprehensibiles coram ipso. Épître aux Colossiens, c. 1, v. 19, elc.

Père (1). Il peut sauver pour toujours ceux qui s'approchent de Dieu par son entremise, étant vivant et en état d'intercéder « pour nous (2). Allons donc avec confiance au trône de sa grâce, ⚫ afin d'y obtenir miséricorde, et d'y trouver le secours de sa grâce « dans nos besoins (3). »

CHAPITRE VII.

De la manière de s'exprimer en parlant du mystère de l'Incarnation de Jésus-Christ.

419. Pour parler exactement du mystère de l'Incarnation et de Jésus-Christ, on doit se conformer au langage de l'Écriture, des Pères, des conciles, des symboles ou professions de foi rédigés ou adoptés par l'Église, sans jamais perdre de vue la distinction de la nature divine et de la nature humaine, tellement unies entre elles qu'il n'y a qu'une seule personne en Jésus-Christ, la personne du Verbe, du Fils de Dieu fait homme. En vertu de cette union hypostatique, la foi catholique rapporte à la personne de Jésus-Christ les attributs et les propriétés de la nature divine et de la nature humaine, sans confondre la divinité avec l'humanité : c'est ce que les théologiens appellent la communication des idiomes ou des propriétés. Ainsi, en Jésus-Christ, Dieu est homme, l'homme est Dieu ce qui ne signifie pas que Jésus-Christ, comme Dieu, soit homme; ni que, comme homme, il soit Dieu; mais bien que le Fils de Dieu, Dieu comme le Père, éternel et consubstantiel au Père, s'est fait homme en s'associant la rature humaine, en la faisant sienne ou la rendant propre à sa personne, qui est la personne du Verbe, la seconde personne divine. De même, et pour la même raison, le Fils de Dieu est devenu le Fils de l'homme, et la Vierge Marie, de laquelle il est né, est devenue mère de Dieu : Deipara; non, encore une fois, que la sainte Vierge ait engendré la divinité, mais parce qu'en concevant et en engendrant le Fils de

(1) Per ipsum habemus accessum ambo in Spiritu ad Patrem. Epitre aux Ephésiens, c. 11, v. 18. — (2) Salvare in perpetuum potest accedentes per semetipsum ad Deum, semper vivens ad interpellandum pro nobis. Epitre aux Hebreux, c. vii, v. 25. (3) Adeamus ergo cum fiducia ad thronum gratiæ, ut misericordiam consequamur, et gratiam inveniamus in auxilio opportuno. Indem, c. iv, v. 16.

Dieu quant à l'humanité, elle n'a pu être mère que du Fils de Dieu; c'est la personne qui naît, c'est de la personne qu'on est mère.

420. Les théologiens nous donnent plusieurs règles sur la manière de s'exprimer en parlant de Jésus-Christ. Ces règles sont: 1o que les termes concrets, c'est-à-dire ceux qui expriment directement la personne ou le sujet, peuvent s'affirmer les uns des autres à l'égard de Jésus-Christ; 2° que les termes abstraits, ou qui expriment directement la forme ou l'attribut, ne peuvent s'affirmer les uns des autres en Jésus-Christ; autrement la communication des propriétés confondrait la nature divine avec la nature humaine; 3o qu'on peut attribuer à la personne de JésusChrist les noms abstraits de la nature divine, mais non pas les noms abstraits de la nature humaine. Mais parce qu'il est difficile de faire comprendre cela au commun des lecteurs, il est nécessaire de rapporter les exemples dont les docteurs se sont servis pour exprimer le dogme catholique.

421. Suivant la première règle, on dit, en parlant de JésusChrist: Dieu est homme, Dieu est né, Dieu a souffert, Dieu est mort, Dieu est ressuscité; ce qui signifie que le Fils de Dieu, qui s'est fait homme en s'incarnant, est né comme homme, a souffert comme homme, est mort comme homme, est ressuscité comme homme. On dit également, toujours en parlant de Jésus-Christ homme-Dieu : L'homme est Dieu, l'homme est immortel. Le sens de cette proposition n'est pas que la divinité ni l'immortalité conviennent à l'humanité de Jésus-Christ, mais bien que la divinité et l'immortalité sont propres au Fils de Dieu fait homme, qui est Dieu comme le Père, éternel et consubstantiel au Père; elles ne se rapportent pas à la nature humaine, mais à la personne de celui qui est Dieu et homme tout ensemble, qui est impassible et immortel quant à la divinité, passible et mortel quant à l'humanité. C'est absolument comme si on disait : Celui qui s'est fait homme est Dieu, est immortel. Cependant, quoiqu'il soit très-vrai de dire que Dieu s'est fait homme, on ne peut dire que l'hommé s'est fait Dieu; car ce n'est point l'homme qui s'est uni à Dieu, mais Dieu qui s'est uni à l'homme. On ne peut dire non plus que l'homme a été fait Dieu : cette proposition serait au moins équivoque, en ce qu'elle donnerait à entendre que la personne humaine subsiste en Jésus-Christ. Enfin, l'on ne pourrait dire que JésusChrist, comme homme, est Dieu; ni que Jésus-Christ, comme Dieu, est homme : ce serait confondre la nature divine avec le 19

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