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nous aident par leurs prières : Quis dubitat quod sancti orationibus nos juvent (1); qu'ils intercèdent auprès de Dieu pour nous, ainsi qu'il est écrit dans les livres des Machabées : C'est là le prophète Jérémie, qui prie constamment pour le peuple de Dieu (2). Saint Irénée, évêque de Lyon dès 177, nous montre dans la sainte Vierge l'avocate du genre humain, en nous enseignant comme elle est devenue celle de la mère de tous les hommes; il oppose la désobéissance d'Ève à l'obéissance de Marie : ▾ La pré«mière, séduite par le démon, s'est éloignée de Dieu en désobéis◄ sant à son ordre; la seconde s'est laissé humblement persuader, « au discours de l'ange, qu'elle enfanterait le Fils de Dieu; et, par « son obéissance à la volonté divine, la Vierge Marie est devenue « l'avocate d'Ève vierge et prévaricatrice (3). » Il est donc vrai de dire que l'usage où est l'Église d'invoquer les saints remonte au delà du quatrième siècle, et qu'il n'a pu venir que des apôtres et de Jésus-Christ.

448. Quoique la tradition suffise pour établir un dogme catholi que, nous avons dit que la croyance de l'Église était fondée sur l'Écriture. Jacob demande à l'ange contre lequel il avait lutté, sa bénédiction, ajoutant qu'il ne le quittera point qu'il ne l'ait béni : Non demittam te, nisi benedixeris mihi (4). Le même patriarche bénissant les enfants de Joseph : « Que l'ange qui m'a délivré de tous <«< mes maux, dit-il, bénisse ces enfants: Angelus qui eruit me de « cunctis malis, benedicat pueris istis (5).» Un ange disait à Tobie: « Quand tu priais avec larmes, j'offrais ta prière au Seigneur : Quan« do orabas cum lacrymis, obtuli orationem tuam Domino (6). » Nous lisons aussi dans l'Apocalypse: Il vint un ange qui se tint << debout devant l'autel, ayant un encensoir d'or; et on lui donna << une grande quantité de parfums composés des prières de tous les saints, pour les offrir sur l'autel d'or qui est devant le trône de « Dieu. Et la fumée des parfums composés des prières des saints, « s'élevant de la main de l'ange, monta devant Dieu (7). » Or, si les

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(1) Homélie xxvi, sur le ch. xxxi du livre des Nombres. — (2) Homélie п, sur le Cantique des cantiques. — (3) Quemadmodum enim illa per angeli sermonem seducta est, ut effugeret Deum, prævaricata verbum ejus; ita et hæc per angelicum sermonem evangelizata, ut portaret Deum, obediens verbo ejus. Et si ea inobedierat Deo, sed hæc suasa est obedire Deo, uti virginis Evæ virgo Maria feret advocata. Liv. v, contre les hérésies, ch. xix. (4) Genèse, c. XXXI, V. 26. - (5) Ibidem, e. XLVIII, V. 16. — (6) Livre de Tobie, c. xi, v. 12. — (7) Et alius angelus venit, et stetit ante altare, habens thuribulum aureum; et data sunt illi incensa multa, ut daret de orationibus sanctorum omnium super altare aureum, quod est ante thronum Dei Et ascendit fumus incensorum de

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anges intercèdent pour nous, pourquoi n'en serait-il pas de même de tous les saints? Notre-Seigneur n'a-t-il pas dit que les saints sont comme les anges dans le ciel, sicut angeli in cœlis (1)?

449. Concluons donc qu'il est permis, qu'il est bon et utile d'invoquer les anges et les saints, comme le fait l'Église : Bonum atque utile esse suppliciter eos invocare (2); ce qui n'empêche pas qu'il n'y ait qu'un seul médiateur entre Dieu et les hommes, les saints n'ayant accès auprès de Dieu que par Jésus-Christ, et ne nous obtenant rien de Dieu qu'en vertu des mérites de Jésus-Christ. Les prières des saints que nous réclamons ne sont pas plus injurieuses à notre divin Sauveur que ne l'étaient les prières des apôtres pour es fidèles, et celles des fidèles pour les apôtres; pas plus que ne le sont les prières que nous faisons, et que, de l'aveu des protestants, nous pouvons faire les uns pour les autres. En effet, il y a une grande différence entre l'invocation de Dieu et l'invocation des saints, entre la prière qui se fait à Jésus-Christ et la prière qui se fait aux bienheureux. Nous ne prions pas Dieu et les saints de la « même manière, dit le catéchisme du concile de Trente. Nous de« mandons à Dieu qu'il nous donne lui-même les biens, ou qu'il • nous délivre des maux; et nous demandons aux saints, parce « qu'ils jouissent de l'amitié de Dieu, de nous prendre sous leur • protection, et de nous obtenir de Dieu les choses dont nous avons « besoin. Ainsi, nous avons deux formes de prières très-différentes: « à Dieu nous disons proprement: Ayez pitié de nous; exaucez« nous; aux saints: Priez pour nous. Cependant nous pourrions, « en quelque sorte, demander aux saints d'avoir pitié de nous, car « ils sont très-miséricordieux ; c'est-à-dire que nous pouvons leur • demander de prendre compassion de notre misère, et de nous ai◄ der auprès de Dieu de leur crédit et de leurs prières (3). » C'est en ce sens qu'on doit entendre certaines formules de prières dont nous nous servons quelquefois pour invoquer la sainte Vierge, les anges et les saints.

450. Qu'on ne dise pas que les saints n'entendent point nos prières, et qu'ils ne peuvent connaître nos besoins. La croyance de l'Église, l'enseignement des Pères, l'Écriture elle-même, en divers endroits, supposent que les anges et les saints connaissent nos prières et les graces dont nous avons besoin; ils les connais

orationibus sanctorum de manu angeli coram Deo. Apocalypse, c. viii, v. 3 et 4. —(1) Saint Marc, c. xii, v. 25. - (2) Concile de Trente. Voyez, ci-dessus, le no 440. — (3) Catéchisme du concile de Trente, De la Prière, § vi.

sent, soit par la vision intuitive dont ils jouissent dans le ciel, soit par une révélation spéciale qui se rattache à l'ordre établi de Dieu, d'après lequel l'Église triomphante se trouve en rapport avec l'Église militante et avec l'Église souffrante. Ils connaissent nos prières, puisque, comme le dit l'apôtre saint Jen, ils les portent devant le trône de l'Éternel (1).

CHAPITRE XI.

Du culte des images.

451. Il s'agit des images de Jésus-Christ, de la sainte Vierge et des saints, et des images qui représentent certains mystères de la religion. Or le culte des images est permis; il n'a rien de commun avec l'idolâtrie, rien qui ne soit conforme à l'esprit de la religion. Ce culte est un culte relatif et non absolu, il se rapporte aux originaux: honorer les images en peinture ou en sculpture, c'est honorer les saints ou les mystères qui en sont l'objet. Voici sur ce point le dogme catholique: suivant le concile de Trente, « on doit avoir et conserver, principalement dans les églises, les « images de Jésus-Christ, de la Vierge mère de Dieu, et des autres saints, et leur rendre l'honneur et la vénération qui leur sont << dus: non que l'on croie qu'il y ait en elles quelque divinité ou quelque vertu pour laquelle on doive les honorer, ni qu'on puisse arrêter sa confiance en elles, comme faisaient autrefois les « gentils, qui mettaient leur espérance dans les idoles; mais parce « que l'honneur qu'on leur rend se rapporte aux originaux qu'elles représentent; de sorte qu'en baisant les images, en nous dé« couvrant et nous prosternant devant elles, nous adorons Jésus• Christ et nous honorons les saints, dont elles portent la ressemblance. C'est ce qui a été défini par les décrets des conciles, et • particulièrement du second concile de Nicée, contre ceux qui " attaquaient le culte des images (2). »

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(1) Et ascendit fumus incensorum de orationibus sanctorum de manu angeli coram Deo. Apocal., c. vin, v. 4. (2) Imagines Christi, Deiparæ Virginis, et aliorum sanctorum, in templis præsertim habendas et retinendas, eisque debitum honorem et venerationem impertiendam: non quod credatur inesse aliqua in iis divinitas, vel virtus, propter quam sint colendæ ; vel quod ab éis sit aliquid petendum; vel quod fiducia in imaginibus sit a, veluti olim fiebat a gen

452. En effet, le concile œcuménique de Nicée, de l'an 787, a rendu le décret suivant : « Ayant employé tout le soin et toute

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« l'exactitude possibles, nous décidons que les saintes images, soit « de couleur, soit de pièces de rapport ou de quelque autre ma«tière convenable, sèront exposées, comme la figure de la croix, « tant dans les églises, sur les vases et les habits sacrés, sur les mu« railles et les planches, que dans les maisons et les chemins; c'est « à savoir: l'image de Notre-Seigneur Jésus Christ, de la sainte Vierge, des anges et de tous les saints; car plus on le voit souvent dans les images, plus ceux qui les regardent sont excités au « souvenir et à l'affection des originaux. On doit rendre à ces ⚫ images le salut et la vénération d'honneur, non la véritable la«trie ou le culte suprême que demande notre foi, et qui ne convient • qu'à la nature divine; mais on approchera de ces images l'encens

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« et le luminaire, comme on en use à l'égard de la croix, des . Évangiles et des autres choses sacrées; le tout suivant la pieuse « coutume des ancêtres. Car l'honneur de l'image passe à l'origi⚫nal; celui qui révère l'image, révère le sujet qu'elle représente. Telle est la doctrine des saints Pères et la tradition de l'Église catholique, qui s'étend d'une extrémité de la terre à l'autre. Nous

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« suivons ainsi le précepte de saint Paul, en retenant les traditions « que nous avons reçues. Ceux donc qui osent penser ou enseigner • autrement; qui abolissent, comme les hérétiques, les traditions de l'Église; qui introduisent des nouveautés; qui ôtent quelque « chose de ce qu'on conserve dans l'Église, l'Evangile, la croix, les « images ou les reliques des saints martyrs; qui profanent les vases sacrés ou les vénérables monastères, nous ordonnons qu'ils soient déposés, s'ils sont évêques ou clercs, et excommuniés, s'ils sont « moines ou laïques (1). »

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tibus, quæ in idolis spem suam collocabant; sed quoniam honos, qui eis exibe tur, refertur ad prototypa, quæ illæ repræsentant : ita ut per imagines, quas osculamur et coram quibus caput aperimus et procumbimus, Christum adoremus; et sanctos, quorum illæ similitudinem gerunt, veneremur. Sess. xxv, De l'invocation des saints, etc. — (1) Definimus in omni certitudine ac diligentia, sicut figuram pretiosæ ac vivificæ crucis, ita venerabiles ac sanctas imagines proponendas, tam quæ de coloribus et tessellis, quæ ex alia materia congruenter in sanctis Dei ecclesiis, et sacris vasis, et vestibus, et in parietibus ac tabulis, domibus et viis; tam videlicet imaginem Domini Dei et Salvatoris nostri Jesu Christi, quam intemeratæ Dominæ nostræ sanctæ Dei genitricis, honorabiliumque angelorum, et ómnium sanctorum simul et almorum virorum. Quanto enim frequentius per imaginalem formationem videntur, tanto qui has contemplantur, alacrius eriguntur ad primitivorum earum memoriam et desiderium, et ad os

453. On remarque, dans ce décret, la distinction entre l'adoration proprement dite, qui ne s'adresse qu'à Dieu, et le culte inférieur et relatif qu'on rend aux images. A la vérité, le concile se sert du mot grec proskynein, en latin adorare; mais il l'explique lui-même dans la lettre à l'empereur Constantin, où il montre, par son étymologie et par des exemples tirés de l'Écriture, que ce mot est synonyme de saluer, de baiser, de révérer, et qu'ainsi il peut s'appliquer même aux hommes; tandis que les mots latrevein, latreia, emportent l'idée du culte suprême, et ne s'appliquent qu'à Dieu seul. « Il y a, disent les Pères de Nicée, une adoration mêlée d'honneur, d'amour et de crainte, comme quand nous adorons

: votre majesté. Il y en a une de crainte seule, comme quand Ja« cob adora Ésaü. Il y en a une d'action de grâces, comme quand « Abraham adora les enfants de Heth, à l'occasion de la sépulture « de Sara. C'est pourquoi l'Écriture, voulant nous instruire, dit : « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu ne serviras que lui « seul. Elle emploie le terme adorer indéfiniment, comme un « terme qui a différentes significations, parce qu'elle ne dit pas, « Tu adoreras Dieu seul; mais elle restreint cette adoration au « culte de latrie, en ajoutant: Tu ne serviras que lui seul (1). C'est donc ignorance ou mauvaise foi de la part des protestants, de reprocher aux catholiques de rendre aux images le même culte qu'à Dieu. A prendre les mots adorer, adoration, dans le sens qu'on leur donne généralement aujourd'hui, ou en tant qu'ils ex

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culum, et ad honorariam his adorationem tribuendam : non tamen ad veram latriam, quæ secundum fidem est, quæque solam divinam naturam decet, impertiendam; ita ut istis, sicut figuræ pretiosæ ac vivitica crucis et sanctis Evangeliis, et reliquis sacris monumentis, incensorum et luminum oblatio ad harum honorem efficiendum exhibeatur, quemadmodum et antiquis piæ consuetudinis erat. Imaginis enim honor ad primitivum transit : et qui adorat imaginem, adorat in ea depicti subsistentiam. Sic enim robur obtinet sanctorum Patrum nostrorum doctrina, id est traditio sanctæ catholicæ Ecclesiæ, quæ a finibus usque ad fines terræ suscepit Evangelium. Act. vi°. Labbe, tom. vii, col. 555. — (1) Cum vox (adoratio) multa significet, una tamen significatione........ manifestat adorationem quæ est secundum latriam. Adhuc autem adoratio est, et ea quæ per honorem et per amorem ac timorem fit; sicut nos adoramus et gloriosissimum et mansuetissimum imperium vestrum. Est et alia per timorem tantum, sicut Jacob adoravit Esau. Et est per gratiam, sicut Abraham adoravit filios Heth pro agro quem accepit ab eis in sepulturam Saræ uxoris suæ... Hinc enim divina Scriptura docens nos, Dominum Deum tuum adorabis, et illi soli servies, adorationem sine prohibitione dixit, tanquam diversas quidem significationes, sed homonymam vocem habentem, et non soli addidit. Porro servies ili soli dixit : etenim soli Deo servitutem nostram referimus. Ibidem, col. 583.

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