Images de page
PDF
ePub

les pères et mères, sans méconnaitre le droit que la nature donne aux parents sur leurs enfants. D'ailleurs, il serait dangereux de baptiser les enfants des infidèles, parce qu'ils seraient exposés à abjurer la foi à la persuasion de leurs parents, à raison de l'affection naturelle qu'ils ont pour eux (1). Pour les mêmes raisons, nous pensons qu'on ne doit point baptiser les enfants des apostats et des impies, sans le consentement exprès ou présumé des parents (2).

ARTICLE III.

Du oaptême des adultes

652. Tous ceux qui ont suffisamment l'usage de raison sont obligés de recevoir le baptême: négliger de le recevoir, ce serait aller contre l'institution de ce sacrement, contre la volonté de Dieu, qui l'a institué comme moyen de salut pour tous les hommes. Mais on ne doit l'administrer qu'à ceux qui s'y sont préparés convenablement. La première disposition dans les adultes, disposition nécessaire pour la validité du baptême, c'est qu'ils demandent ou du moins qu'ils consentent à être baptisés. La seconde disposition, requise non pour la validité du sacrement, mais pour le recevoir avec fruit, c'est qu'ils connaissent suffisamment les principales vérités de la religion, et qu'ils soient animés des sentiments de foi, d'espérance, de contrition, et d'un commencement d'amour de Dieu, comme source de toute justice (3).

653. Dans les premiers siècles de l'Église, les adultes n'étaient admis au baptême qu'après y avoir été préparés comme catéchumènes. On les appelait ainsi, parce qu'on leur enseignait, par forme de catéchisme, les premiers éléments de la religion de Jésus-Christ. Celui qui demandait à devenir chrétien devait d'abord renoncer à son ancien genre de vie; puis il était fait catéchumène par l'imposition des mains de l'évêque ou du prêtre commis de sa part, qui le marquait au front du signe de la croix. Les catéchumènes assistaient aux instructions publiques; ils avaient d'ailleurs des catéchistes qui étaient chargés de les instruire en particulier, et de les préparer au baptême. Le catéchuménat était ordinairement de deux ans ; mais il se prolongeait ou s'abrégeait, suivant les pro

(1) Saint Thomas, Som., part. 11, quest. 68, art. 10. — (2) Voyez ce que nous avons dit dans la Théologie morale, tom. 11, no 81. (3) Voyez, cidessus, le no 544, etc

grès et les dispositions des catéchumènes. On distinguait parmi eux les auditeurs, les priants ou prosternés, et les compétents. Sous le nom d'auditeurs on comprenait tous ceux à qui on enseignait la doctrine chrétienne. Ils pouvaient être admis à l'Église pour y entendre les catéchèses, mais ils étaient obligés d'en sortir immédiatement après la lecture de l'Évangile; il était défendu, par la loi du secret, de les admettre à la célébration des saints mystères. Les prosternés ou priants restaient à l'Église après le sermon; mais on les tenait éloignés du sanctuaire, et on leur faisait l'imposition des mains avec certaines prières, tandis qu'ils étaient à genoux. Venaient ensuite les compétents, c'est-àdire ceux qui, étant plus instruits et paraissant sincèrement convertis, se préparaient prochainement au baptême. On les appelait aussi élus, parce qu'après plusieurs examens, connus sous le nom de scrutins, ils étaient choisis, en présence des fidèles, par l'évêque ou par celui qui le remplaçait. En attendant la cérémonie du baptême, qui ne se faisait régulièrement que la veille de Pâques ou la veille de la Pentecôte, on faisait sur eux les exorcismes, et on pratiquait certains rites qui s'observent encore aujourd'hui dans l'administration solennelle de ce sacrement.

654. Le catéchuménat était, comme on le voit, non-seulement une préparation au baptême, mais encore une épreuve jugée nécessaire pour ne point admettre dans la société chrétienne des sujets indignes, des néophytes mal affermis, capables d'abandonner la foi, de la renier au moindre péril, et de trahir le secret des mystères qui s'observait dans les premiers siècles de l'Église.

655. Aujourd'hui, comme autrefois, si le catéchumène ou l'adulte qu'on instruit tombe dangereusement malade, on se contente du désir qu'il a témoigné de recevoir le baptême, joint à la foi implicite aux dogmes révélés; et on le baptise sans délai, dans la crainte qu'il ne soit privé de la grâce du sacrement (1).

1) Voyez la Théologie morale, tom. u, no 91

CHAPITRE VI.

Des ceremonies du baptême.

656. Comme nous avons donné, dans la Théologie morale, l'explication des cérémonies du baptême, il suffira de montrer ici, contre Luther et Calvin, qu'elles sont de la plus haute antiquité. Les principales cérémonies qui précèdent, accompagnent et suivent l'administration de ce sacrement, remontent au temps des apôtres. En effet, elles se pratiquent en Orient et en Occident, chez les Grecs et chez les Latins, chez les schismatiques et les hérétiques, comme chez les catholiques. Or, comment auraient-elles pu être si universellement adoptées, si elles n'avaient eu pour auteurs les premiers disciples de Jésus-Christ? D'ailleurs les Constitutions apostoliques, qui ont été mises par écrit au troisième ou quatrième siècle, les anciens Sacramentaires, les Pères de l'Église primitive, en font mention comme d'usages établis et observés partout.

657. Des parrains et marraines. Il en est parlé dans Tertullien (1), dans saint Basile (2), dans les Constitutions apostoliques (3), dans saint Chrysostome (4) et dans saint Augustin (5).

658. De la benédiction de l'eau baptismale. C'est l'usage, dans l'Eglise, de bénir, la veille de Pâques et la veille de la Pentecôte, l'eau qui doit servir au baptême; et cet usage est fort ancien. Il faut, dit saint Cyprien, que l'eau soit purifiée et sanctifiée par le prêtre, avant de laver par le baptême les péchés de celui qui est baptisé (6). Du temps de saint Basile, on bénissait l'eau du baptême et l'huile de l'onction: Benedicimus aquam baptismatis et oleum unctionis (7). Tertullien (8), saint Cyrille de Jérusalem (9), saint Épiphane (10), saint Grégoire de Nysse (11), saint Ambroise (12) et saint Augustin (13), parlent de cette bénédiction comme d'une cé

(1) Liv. du Baptême, c. xviii. (2) Lettre CXXVIII. — - (3) Liv. m, c. XVI. — (4) Homélie x11, sur la Ire épître aux Corinthiens. tre LXX. – (7) Liv. du Saint-Esprit, c. xxx. (9) Catéchèse m.

(10) Hérésie xxx.

· (5) Sermon CXVI. — (6) Let(8) Liv. du Baptême, c. IV. — (11) Discours sur le baptême.

(12) Liv. 1, des Sacrements, c. V. — — (13) Liv. 1, du Baptême, c. xv.

[ocr errors]

"

[ocr errors]

rémonie usitée de leur temps, c'est-à-dire, dès les premiers siècles du christianisme.

659. Des exorcismes. L'usage des exorcismes est également fort ancien. Saint Cyrille de Jérusalem, exhortant les catéchumènes à recevoir les exorcismes avec respect, s'exprime ainsi : Recevez avec soin les exorcismes : seit qu'on souffle sur vous, soit qu'on vous exorcise, songez que tout cela a votre salut pour objet. Sans les exorcismes votre âme ne pourra être purifiée, car « ils sont divins. Leur usage est fondé sur divers témoignages de « l'Écriture sainte (1). » Saint Augustin invoque l'usage des exorcismes pour prouver le péché originel contre les pélagiens. « Pélage, dit-il, accuse l'Église qui est répandue dans tout l'univers; « car partout on souffle sur les petits enfants qu'on doit baptiser, « afin d'éloigner d'eux le prince de ce moude (2). » A ces autorités on peut ajouter les témoignages de Tertullien (3), de saint Grégoire de Nazianze (4), de saint Cyprien (5), de saint Optat de Milève (6), de saint Jean Chrysostome (7) et du pape saint Célestin (8). Aussi Genuade, auteur du cinquième siècle, atteste que de son temps la cérémonie des exorcismes se pratiquait dans tout l'univers. « Nous ne regardons point avec des yeux indiffé"rents, disait-il, ce que l'Église pratique uniformement dans tout « le monde à l'égard de ceux qui doivent bientôt être baptisés. << Jeunes ou encore enfants, quand ils se présentent pour le sacre« ment de régénération, on ne les fait point descendre dans la « fontaine de la vie, qu'on n'ait chassé d'eux l'esprit immonde par << les exorcismes et le souffle des clercs (9). » Et ce qui se pratiquait partout, au temps de Gennade et de saint Augustin, s'est pratiqué dans les siècles suivants, et se pratique encore aujɔurd'hui, dans toute l'Église, à l'égard de ceux qui reçoivent le baptême.

660. Il est même prescrit, contrairement à l'usage de quelques diocèses, de faire les exorcismes à ceux qui ont été baptisés sans

(1) Procatéchèse.

--

(2) Liv. 11, des Noces et de la concupiscence, c. XVIII. — (3) Liv. du Baptême, c iv; et liv. de la Couronne, c. xi. — (4) Discours sur le baptême. — (5) Lettre LXVi – (6) Liv. 1, du Schisme des donatistes. — (7) Homélie ad illuminandos. — (8) Lettre aux évêques des Gaules. — (9) Quod circa baptizandos in universo mundo sancta Ecclesia uniformiter agit, non otioso contemplamur intuitu; cum sive parvuli, sive juvenes, ad regenerationis veniunt sacramentum, non prius fontem vitæ adeant, quam exorcismis ac exsufslationibus clericorum immundus ab eis spiritus abigatur. Des Dogmes ecclésiastiques, c. XXXI.

les cérémonies de l'Église, comme on le voit par le rituel romain, qui est le rituel de plus des deux tiers de l'Église latine, par les rituels de Reims, de Lyon, de Paris, de Rouen, de Bordeaux, de Châlons-sur-Marne, de Beauvais, d'Amiens, de Meaux, de Chartres, d'Évreux, de Séez, d'Agen, de Metz, de Strasbourg, de Mayence, de Worms, de Wurtzbourg, et par la plupart même des rituels qui ne sont pas en tout conformes au rituel romain. La même pratique est sanctionnée par les conciles de Reims, de l'an 1583; de Bourges, de l'an 1584; d'Aix en Provence, de l'an 1585; et par les synodes de Paris, de l'an 1557; de Chartres, de l'an 1526; de Sens, de l'an 1524, et de Langres, de l'au 1404 (1).

་་

661. De la renonciation au démon. Comme on ne peut servir deux maîtres, l'Église veut que le chrétien renonce à Satan pour ètre entièrement à Jésus-Christ. « Celui qui va recevoir le bap« tême, dit l'auteur des Constitutions apostoliques, renonce au « démon, en disant: Je renonce à Satan, et à ses œuvres, et à « ses pompes, et à son culte, et à ses inventions (2). » Tertullien : « Avant d'entrer dans l'eau, nous avons pris l'engagement, entre « les mains de l'évêque, de renoncer au démon, et à ses pompes, et « à ses anges (3). » Suivant saint Basile, la cérémonie par laquelle nous renonçons à Salan et a ses anges nous vient d'une tradition apostolique (4). Ecoutez aussi saint Cyrille de Jérusalem: « Vous êtes entrés dans le portique de la maison du baptistère, et, « tournés vers l'occident, ayant la main levée contre le démon ⚫ comme s'il eût été présent, vous avez dit Je renonce à toi, Satan, et à toutes les œuvres, et à toutes les pompes, el à ton culte (5). » Il est fait mention de la même formule dans les écrits de saint Grégoire de Nazianze (6), de saint Ambroise (7), de saint Augustin (8), de saint Jérôme (9), de Salvien (10), de saint Jean Chrysostome (11), et d'autres anciens auteurs ecclésiastiques qui ont parlé des cérémonies du baptême. On voit, par le passage de saint Cyrille, qu'on se tournait vers l'occident pour renoncer à Satan. En voici la raison : Comme l'occident est le lieu où se couche le soleil, il représente les ténèbres du péché, auquel nous

[ocr errors]

(1) Voyez saint Thomas, Tournely, Collet, les Conférences d'Angers, et Duguet, sur les exorcismes. − (2) Liv. VII, C. XLII. — (3) Liv. de la Couronne, c. m. (4) Liv. du Saint-Esprit, c. xxvII. (5) Catéchèse 11. —'6) Discours XL. (7) Liv. des Mystères, c. 11. — - (8) Sur le Symbole, aux catéchumènes.

[ocr errors]

(9) Sur

Mattbien, c. xxv. — (10) Liv. vi, de la Providence.—(11) Homélie xxı, au

peuple d'Antioche, et ailleurs.

« PrécédentContinuer »