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« traire à nos pensées, à nos yeux, à nos sens. C'est lui-même . qui sanctifie les choses offertes, et les change en son corps et en « son sang.» Saint Gaudence, évêque de Brescia : « Jésus-Christ, ayant changé autrefois l'eau en vin, change maintenant le vin en son propre sang (1). »

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768. Saint Augustin: Le pain, étant consacré par la parole de Dieu, est le corps de Jésus-Christ. Si c'est le corps de NotreSeigneur, ce n'est donc pas du pain. Saint Isidore de Péluse: « L'Esprit-Saint, étant invoqué, fait d'un pain commun le pro« pre corps du Christ. » Évidemment, il ne fait du pain le corps de Jésus-Christ que par la transsubstantiation. Saint Proclus, archevêque de Constantinople: « Par l'invocation du Saint-Esprit, le « pain et le vin sont faits le corps et le sang de Jésus-Christ. » Saint Césaire d'Arles : « On doit juger du mystère de l'eucharistie, non par les sens, mais par la foi. C'est le Seigneur lui« même qui, par la vertu de sa divine parole, change les créatures « visibles en la substance de son corps et de son sang. Les subs« tances du pain et du vin sont changées en la substance même de Jésus-Christ. Avant la consécration, la substance du pain et « du vin est encore sur l'autel ; mais après la consécration, c'est le « corps et le sang de Jésus-Christ. » Cassiodore : « L'oblation a été faite la propre substance du Verbe incarné. » Saint Germain, évêque de Paris : « Le pain est transformé au corps, et le vin au « sang du Christ. » Saint Grégoire le Grand : « Le sacrement du « corps et du sang de Jésus-Christ s'opère par un changement. Le Créateur, qui a fait de rien toutes choses, a converti le pain et le << vin en son corps et en son sang, de sorte qu'il ne reste que les ‹ espèces du pain et du vin (2).

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769. Saint Isidore de Séville : « Les choses visibles, étant sanca tifiées, deviennent, dans le sacrement, le corps divin. » Le vénérable Bède : « Par l'opération du Saint-Esprit, le pain et le vin sont ⚫ changés au corps et au sang de Notre-Seigneur.» Les Pères du concile de Nicée, de l'an 787 : « Avant la consécration, les dons « eucharistiques sont appelés figures; mais après la consécration, « ils sont proprement corps et sang. » Ils ne sont donc plus ni pain ni vin. Théodulphe d'Orléans : « Par la consécration, le pain « et le vin passent en la dignité du corps et du sang. » Saint Nicéphore, patriarche de Constantinople : « Le pain et le vin sont changés surnaturellement au corps et au sang de Jésus-Christ. »

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(1) Voyez, ci-dessus, le no 709, etc.

(2) Voyez, ci-dessus, le n° 733, etc.

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Raban Maur: « Le pain et le vin sont changés au corps et au
<< sang du Sauveur; ils paraissent toujours à nos yeux; mais
« étant sanctifiés, ils passent en sacrement du divin corps. » Hinc-
mar, archevêque de Reims : « Par la sanctification du Saint-Esprit,
« la substance du pain et du vin passe en sacrement de la chair
de Jésus-Christ. Le pain est du pain avant la consécration; après
« la consécration, c'est sa chair; il a été changé en ce qu'il n'était
« pas auparavant. » Florus de Lyon : « La nature (creatura) du
pain et du vin est changée au corps et au sang de Notre-Seigneur. »
Paschase Radbert dit que, chez toutes les nations et en toutes les
langues, le prêtre demande à Dieu que le pain et le vin devien-
nent le corps de Jésus-Christ. C'est ce qu'on remarque, en effet,
dans toutes les liturgies. Haimon, évêque d'Halberstadt, et con-
temporain de Paschase : « Nous croyons, nous confessons, nous
« tenons que la substance du pain et du vin se convertit substan-
<< tiellement en la substance du corps et du sang. Le pain parall
« du pain, le vin paraît du vin; mais dans la réalité c'est le corps
« et le sang de Jésus-Christ (1).

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770. Nous nous arrêtons. Les protestants, comme les calvinistes et les anglicans, conviennent qu'à partir du neuvième siècle l'Église catholique a constamment enseigné le dogme de la transsubstantiation, comme on peut en juger, d'ailleurs, par les écrits de ses docteurs et les décisions des papes et des conciles, notamment par les décrets du concile de Rome, tenu par saint Grégoire VII en 1079; du concile œcuménique de Latran, présidé par Innocent III en 1215; et du concile de Florence, de l'an 1439.

771. Troisièmement, à toutes ces autorités nous ajouterons une troisième preuve, tirée de la croyance générale et constante de l'Église. Il est certain qu'au seizième siècle toutes les Églises le l'Orient et de l'Occident admettaient le dogme de la transsubstantiation. Les Grecs schismatiques eux-mêmes, les nestoriens, les eutychiens, les cophtes, les éthiopiens, et autres sectes d'anciens hérétiques, s'accordaient, sur ce point, avec ceux qui sont unis à l'Église romaine (2). Dans toutes les liturgies orientales, même dans celles qui remontent à la plus haute antiquité, on demande à Dieu, pour la célébration des saints mystères, qu'il envoie son esprit, afin qu'il change le pain et le vin au corps et au sang de Jésus-Christ. Or, il en est de cette croyance comme de la croyance à la présence réelle; on ne peut lui assigner d'autre

Voyez, ci-dessus, le n° 742, etc.—(2) Voyez, ci-dessus, le n° 760, etc.

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origine que l'enseignement des apôtres. L'Eglise ne varie point; ce qu'elle enseignait quand Luther parut, elle l'enseigne aujourd'hui, et l'a enseigné dans tous les temps. D'ailleurs, nous pourrions répéter ici tout ce que nous avons dit plus haut pour prouver que la doctrine de l'Église, au sujet de l'eucharistie, n'a jamais éprouvé aucune altération. Il faut donc reconnaître comme divin le dogme de la transsubstantiation, et confesser que la substance du pain et du vin est changée au corps et au sang de Jésus-Christ.

772. Mais, dira-t-on, à en juger par les sens, le pain et le vin sont, après la consécration, ce qu'ils étaient auparavant; ils conservent absolument le même goût, la même couleur, la même figure; en un mot, les mêmes propriétés. Nous en conviendrons mais ces propriétés ou ces qualités extérieures sont inhérentes aux espèces du pain et du vin, et non à la substance, puisque la foi, fondée sur la parole de Dieu, nous apprend que cette substance n'existe plus, qu'elle est changée au corps et au sang de JésusChrist. Et si vous nous demandez comment cela peut se faire, nous vous répondrons que, soit qu'on dise que ces espèces ne sont que des apparences, qui font sur nous les mêmes impressions et produisent le même résultat que la réalité de la substance; soit qu'on les regarde comme des accidents qui subsistent sans leur sujet, le mystère de l'eucharistie ne s'opère qu'en dehors de l'ordre naturel, præter rerum ordinem, comme le chante l'Église. On ne doit en juger ni d'après les conceptions de notre faible intelligence, ni d'après le témoignage de nos sens, qui ne porte que sur les qualités sensibles ou extérieures des corps. Et c'est parce que la présence réelle et la transsubstantiation appartiennent à l'ordre surnaturel, que toutes les objections qu'on tire de l'ordre de la nature tombent à faux, et ne peuvent ébranler notre foi.

773. Qu'on ne nous objecte pas non plus que, dans l'Écriture, le corps de Jésus-Christ est désigné sous le nom de pain: car il n'est pas étonnant qu'on ait conservé le nom de pain à l'eucharistie. La raison de ce fait, c'est que l'eucharistie conserve les apparences du pain et même la propriété naturelle du pain, qui est de nourrir le corps. L'Ecriture a l'usage de nommer les choses d'après leurs apparences extérieures, comme on le voit dans la Genèse, où il est dit que trois hommes apparurent à Abraham; et cependant c'étaient trois anges. De même, nous lisons dans les Actes que deux hommes apparurent aux apôtres lorsque JésusChrist montait au ciel, quoique ce fussent deux anges.

ARTICLE V.

Jésus-Christ est-il tout entier sous chacune des deux espèces, et sous chaque partie de l'une et l'autre espèce ?

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774. Il est de foi que le corps de Jésus-Christ, que Jésus-Christ Ai-même est tout entier sous chacune des deux espèces, et sous chaque partie de l'une et l'autre espèce, quand la séparation en est faite. Le concile de Trente s'exprime en ces termes : « Si quelqu'un « nie que, dans le vénérable sacrement de l'eucharistie, Jésus« Christ soit contenu sous chaque espèce, et sous chaque partie de « l'une et l'autre espèce, la séparation étant faite ; qu'il soit anathème (1). » Et voici comme ce concile explique cette partie du dogme catholique : « Ç'a toujours été la foi de l'Église de Dieu, qu'aussitôt après la consécration, le vrai corps et le vrai sang a de Notre-Seigneur existent, sous les espèces du pain et du vin, conjointement avec son âme et sa divinité; savoir, son corps sous l'espèce du pain, et son sang sous l'espèce du vin, par la force des paroles: mais le corps sous l'espèce du vin, et le sang sous l'espèce du pain, et l'âme sous l'une et l'autre espèce, en vertu de « cette liaison naturelle et concomitante par laquelle les différentes parties de Notre-Seigneur Jésus Christ, qui est ressuscité d'entre les morts pour ne plus mourir, sont unies entre elles et « la divinité, à cause de son admirable union hypostatique avec le corps et l'âme. C'est pourquoi il est très-vrai de dire l'une que << et l'autre espèce contient autant que les deux ensemble: car « Jésus-Christ est tout entier sous l'espèce du pain et sous chaque partie de cette espèce, et tout entier sous l'espèce du vin et sous chaque partie de cette même espèce (2). » Aussi, comme le dit

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(1) Si quis negaverit, in venerabili sacramento eucharistiæ sub unaquaque specie, et sub singulis cujusque speciei partibus, separatione facta, totum Christum contineri; anathema sit. Sess. xi, can. III. - Voyez aussi le décret d'Eugène IV pour les arméniens. — (2) Semper hæc fides in Ecclesia Dei fuit, statim post consecrationem, verum Domini nostri corpus, verumque ejus sanguinem sub panis et vini specie una cum ipsius anima et divinitate existere; sed corpus quidem sub specie panis, et sanguinem sub vini specie, ex vi verborum; ipsum autem corpus sub specie viņi, et sanguinem sub specie panis, animamque sub utraque, vi naturalis illius connexionis et concomitantiæ, qua partes Christi Domini, qui jam ex mortuis resurrexit non amplius moriturus, inter se copulantur; divinitatem porro propter admirabilem illam ejus cum corpore et anima hypostaticam unionem. Quapropter verissimum est, tantumdem sub alterutra

l'Apôtre, « quiconque mangera ce pain ou boira ce calice indignement, sera coupable du corps et du sang de Jésus-Christ (1).. On voit par cette particule ou, dont s'est servi saint Paul, que, pour être coupable et du corps et du sang de Notre-Seigneur, il suffit de communier, ou sous l'espèce du pain, ou sous l'espèce du vin; ce qui suppose évidemment que le corps et le sang de Jésus-Christ sont contenus sous chaque espèce.

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775. « Nous avons d'ailleurs une preuve de cette vérité dans les ⚫ évangélistes. Il n'est pas à croire que Jésus-Christ ait consacré « séparément chacun des morceaux de pain qui devaient être distribués aux apôtres; il paraît, au contraire, qu'il consacra, en « prononçant une seule fois les paroles de la forme, tout le pain « qui était nécessaire, et qu'il le distribua ensuite à chacun. C'est « ce qui eut lieu pour l'espèce du vin, puisqu'il dit lui-même : Prenez, et partagez entre vous (2). Ainsi donc, lorsque les espèces « du pain et du vin sont divisées, chaque partie, pourvu qu'elle soit naturellement sensible, contient encore le corps et le sang de Jésus-Christ. Néanmoins, quoique cette vérité soit incontestable, « il était très-convenable de faire séparément les deux consécrations. D'abord cela exprime mieux la passion de Notre-Seigneur, « dans laquelle le sang fut séparé du corps; et c'est pour cela que « dans la consécration on fait mention de l'effusion du sang. De plus, comme ce sacrement devait être la nourriture de notre âme, il convenait qu'il fût établi sous la forme de nourriture et « de breuvage, puisque ces deux choses complètent l'aliment du corps (3). »

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ARTICLE VI.

Jésus-Christ est-il présent dans l'eucharistie d'une manière permanente?

776. A la différence des autres sacrements, qui passent avec l'action qui les produit, l'eucharistie est un sacrement permanent; il subsiste jusqu'à ce que les espèces soient consommées, ou essentiellement altérées, ou divisées au point de ne pouvoir plus naturellement être distinguées de toute autre chose. Il est de foi que Jésus

specie atque sub utraque contineri. Totus enim et integer Christus sub panis specie, et sub quavis ipsius speciei parte, totus item sub vini specie, et sub ejus partibus existit. Ibidem, ch. 1. —(1) Itaque quicumque manducaverit panem hunc, vel biberit calicem Domini indigne, reus erit corporis et sanguinis Domini. Ire épître aux Corinthiens, c. x1, v. 27.—(2) Catéchisme du concile de Trente, sur l'Eucharistie. -- (3) Catéchisme du concile de Trente, ibidem.

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