Images de page
PDF
ePub

« Jean (1). » Toutefois, l'omission de l'eau dans le calice n'entraînerait point la nullité du sacrement.

ARTICLE II.

De la forme du sacrement de l'eucharistie.

786. Tous les théologiens s'accordent à regarder comme essentielles à la forme sacramentelle de l'eucharistie, les paroles de Jésus-Christ Ceci est mon corps, ceci est mon sang; et on tient communément que le sacrement s'opère par la seule force de ces paroles, sans qu'il soit nécessaire d'ajouter aucune prière ni avant ni après la consécration. « La forme du sacrement de l'eucharistie, dit le pape Eugène IV, ce sont les paroles du Sauveur, par lesquelles s'opère ce sacrement; et, par la vertu de ces paroles, la « substance du pain est changée au corps, et la substance du vin « au sang de Jésus-Christ (2).

"

787. Or, ces paroles sont celles que nous appelons les paroles de la consécration: Hoc est corpus meum, hic est calix sanguinis mei. Et voilà pourquoi, dans l'Église d'Occident, dès que les paroles du Sauveur sont prononcées, on propose aussitôt l'hostie et le calice, ou le précieux sang, à l'adoration des fidèles. Et en Orient, quand le prêtre a prononcé les mêmes paroles, le peuple répond Amen; comme s'il disait: Il en est ainsi, c'est la vérité. Et le prêtre avec le diacre adore à trois reprises le saint sacrement (3).

788. Tel est d'ailleurs l'enseignement de Tertullien, de saint Ambroise, de saint Augustin, de saint Césaire d'Arles, et généralement des anciens docteurs, qui attribuent aux paroles mêmes de Jésus-Christ la vertu de changer le pain et le vin en son corps et en son sang, sans parler des prières qui précèdent ou suivent la consécration.

789. Toutefois, lorsqu'un prêtre célèbre les saints mystères, il est strictement obligé de prononcer, pour la consécration du pain, les paroles suivantes : « Qui pridie quam pateretur, accepit panem « in sanctas ac venerabiles manus suas, et elevatis oculis in cœ

(1) Concile de Trente, sess. XXII, ch. VII. — - (2) Forma hujus sacramenti sunt verba Salvatoris, quibus hoc conficit sacramentum........ Nam ipsorum verborum virtute, substantia panis in corpus Christi, et substantia vini in sanguinem con. vertuntur. Décret pour les arméniens.—(3) Voyez Goar, sur la liturgie de saint Jean Chrysostome.

[ocr errors]

lum, ad te Deum Patrem suum omnipotentem, tibi gratias agens, « benedixit, fregit, deditque discipulis suis, dicens : Accipite et manducate ex hoc omnes; hoc est enim corpus meum. » Et pour la consécration du vin, les paroles qui suivent : « Simili modo postquam cœnatum est, accipiens et hunc præclarum calicem in « sanctas ac venerabiles manus suas, item tibi gratias agens, benedixit, deditque discipulis suis, dicens: Accipite et bibite ex eo « omnes : hic est enim calix sanguinis mei, novi et æterni Testamenti, mysterium fidei, qui pro vobis et pro multis effundetur a in remissionem peccatorum (1). »

[ocr errors]
[ocr errors]

CHAPITRE III.

Des effets du sacrement de l'eucharistie.

790. Le sacrement de l'eucharistie confère la grâce à tous ceux qui le reçoivent dignement. Jésus-Christ l'a institué pour en faire la nourriture de nos âmes, et a promis la vie à ceux qui s'en ap prochent avec les dispositions requises. Cependant l'eucharistie n'est point un sacrement des morts, mais un sacrement des vivants, qui suppose la vie spirituelle dans ceux qui le reçoivent. Il ne donne pas, ordinairement (2), la première grâce sanctifiante qui purifie le pécheur en effaçant le péché mortel; cela est réservé aux sacrements de baptême et de pénitence. L'eucharistie est établie pour fortifier en nous la vie de la grâce, en nourrissant notre âme du corps et du sang de Jésus-Christ, en nous unissant plus étroitement à Jésus-Christ, en nous faisant vivre de la vie de JésusChrist, et en nous donnant le gage de la résurrection qui doit nous rendre participants de la gloire de Jésus-Christ. « Celui qui mange « ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et je le ressusciterai « au dernier jour; car ma chair est véritablement une nourriture, << et mon sang est véritablement un breuvage. Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui. Celui qui mange ce pain vivra éternellement (3).

[ocr errors]
[ocr errors]

791. Le catéchisme du concile de Trente, exposant les mer

(1) Voyez ce que nous avons dit dans la Théologie morale, tom. 11, n" 179, etc. (2) Voyez la Théologie morale, ibidem, no 185. — (3) Saint Jean, c. vi, v. 55, etc.

[ocr errors]
[ocr errors]

"

"

veilleux effets du très-saint sacrement de l'eucharistie, s'exprime en ces termes : « Ce que le pain et le vin produisent pour le corps, « ce sacrement le produit, d'une manière infiniment plus parfaite, << pour le bien et le salut de l'âme. Ici ce n'est pas le sacrement qui se change en notre substance, comme le pain et le vin se changent en la substance du corps; c'est nous-mêmes, au contraire, qui sommes comme changés en la nature du sacrement; « en sorte qu'on peut très-bien appliquer ici ces paroles que saint Augustin met dans la bouche de Notre-Seigneur : Je suis la nourriture des hommes faits; croissez, et vous mangerez ensuite. Et vous ne me changerez point en vous, comme il arrive à la nourriture de votre corps, mais c'est vous qui vous change« rez en moi. Que si la grâce et la vérité ont été apportées par Jésus-Christ, il faut nécessairement qu'elle se répande dans l'âme de celui qui reçoit ce sacrement avec un cœur pur et innocent; car Notre-Seigneur a dit: Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui. Quiconque participe à l'eucharistie avec foi et piétié, en recevant en lui le Fils . de Dieu, se trouve uni à son corps comme membre vivant. Celur qui me mange, dit le Sauveur, vivra pour moi; le pain que je « donnerai est ma chair pour la vie du monde. Sur quoi saint Cyrille a fait cette remarque: Le Verbe de Dieu, en s'unissant à « sa propre chair, l'a rendue vivifiante. Il était donc convenable qu'il s'unît à notre corps d'une manière admirable par sa chair sacrée et par son sang précieux, qu'il nous donne sous les espèces du pain et du vin, pour nous sanctifier et nous donner << la vie.

"

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

792.« Mais en disant que l'eucharistie donne la grâce, que les pas<< teurs fassent bien entendre aux fidèles que, pour participer aux fruits de ce sacrement, il est nécessaire de posséder déjà la gràce · (sanctifiante): la nourriture naturelle est inutile aux corps qui ne « vivent pas; il est pareillement incontestable que les mystères sa« crés ne produisent aucun fruit dans celui qui n'a pas la vie spiri«<tuelle. L'eucharistie a été instituée sous la forme du pain et du vin, << parce qu'elle était destinée à conserver la vie de l'âme, et non pas « à la faire recouvrer. On dit donc que l'eucharistie donne la grâce. parce que la première grâce même, nécessaire à tous ceux qui veulent recevoir ce sacrement sans manger et sans boire leur «< condamnation en le recevant, ne se donne qu'à ceux qui ont le • désir et le vœu d'y participer, car elle est la fin de tous les sacrements, le symbole de l'unité et de l'union de tous les membres

"

[ocr errors]

་་

de l'Église, hors de laquelle personne ne peut obtenir la grâce au « salut. D'un autre côté, la nourriture naturelle n'est pas destinée « seulement à la conservation du corps, mais encore à son accrois« sement, et même à ses jouissances et à ses plaisirs. De même, la « nourriture eucharistique non-seulement soutient l'âme, mais la « fortifie, et lui donne plus de goût pour les choses spirituelles. « C'est donc encore avec raison que nous avons dit que ce sacre.ment donne la grâce, et qu'on le compare à la manne, qui renfer« mait tout ce qui peut flatter les sens.

793. « On ne peut douter non plus que l'eucharistie n'ait la « propriété de remettre les péchés légers qu'on nomme péchés vé« niels. Tout ce que l'âme, entraînée par l'ardeur de la concupis«cence, a perdu de la vie de la grâce en commettant des fautes «légères, ce sacrement le répare en effaçant ces fautes: ainsi, pour « nous servir toujours de notre comparaison, la nourriture corporelle répare insensiblement ce que nous perdons tous les jours « par l'effet de la transpiration; ce qui a fait dire si justement à "saint Ambroise, que ce pain de chaque jour est un remède aux infirmités de chaque jour. Mais il ne faut entendre ceci que des ⚫ péchés pour lesquels on n'a plus d'affection.

794. « C'est encore une des propriétés de l'eucharistie, de nous « préserver du crime, de nous conserver dans l'innocence, de nous fortifier contre les tentations, et de servir à notre âme comme « d'un antidote divin qui l'empêche d'être infectée et corrompue " par le venin mortel des passions. Dans les premiers temps de l'Église, au rapport de saint Cyprien, lorsque les fidèles étaient « condamnés par les tyrans aux supplices de la mort pour avoir ⚫ confessé la foi de Jésus-Christ, les évêques avaient coutume de « leur donner le sacrement du corps et du sang de Notre-Seigneur, « de peur que, vaincus par la force des tourments, ils ne succom" bassent dans ce combat du salut.

"

[ocr errors]

795. «L'eucharistie réprime et modère aussi l'ardeur des passions puisqu'elle embrase les cœurs du feu de la charité, il est « nécessaire qu'elle amortisse en même temps le feu de la concupiscence. Enfin, nous pouvons renfermer en un seul mot les

"

« fruits infinis de l'eucharistie, en disant qu'elle contribue puis- samment à nous faire mériter la gloire éternelle. Car il est écrit : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, « et je le ressusciterai au dernier jour. En effet, par ce sacrement - les fidèles jouissent d'abord en cette vie de la paix et de la tranquillité de conscience la plus grande : puis, lorsqu'il faut mourir,

[ocr errors]
[ocr errors]

« ils s'élèvent à la gloire et à la béatitude éternelle, semblables à

[ocr errors]

Élie, qui, fortifié par un pain cuit sous la cendre, alla jusqu'à « la montagne d'Horeb (1). »

CHAPITRE IV.

Du ministre du sacrement de l'eucharistie.

796. On distingue le ministre de la consécration et le ministre de la dispensation de la sainte eucharistie.

ARTICLE I.

Du ministre de la consécration eucharistique.

797. Il est de foi que les évêques et les prêtres légitimement ordonnés sont seuls ministres de la consécration eucharistique. Ce n'est qu'aux apôtres et à leurs successeurs dans le sacerdoce que Notre-Seigneur a donné le pouvoir de consacrer, lorsqu'il leur a dit: Faites ceci en mémoire de moi. « Si quelqu'un dit que par ces Jésus-Christ paroles, Hoc facite in meam commemorationem,

[ocr errors]
[ocr errors]

« n'a pas institué les apôtres prêtres, ou qu'il n'a pas ordonné « qu'eux et les autres prêtres offrissent son corps et son sang; qu'il « soit anathème (2). Personne ne peut, dit le quatrième concile à « de Latran, faire et produire le sacrement de l'eucharistie, « moins qu'il n'ait été ordonné prêtre suivant le rit reçu dans l'Église (3). » Telle est la doctrine des Pères, entre autres de saint Justin, de Tertullien, de saint Cyprien, de saint Epiphane, de saint Jérôme et de saint Augustin; tel est l'enseignement des anciens conciles, et en particulier du concile de Nicée de l'an 325; telle est enfin et telle a toujours été la pratique générale de l'Église universelle, pratique qui ne peut évidemment venir que des apôtres. Mais le pouvoir de consacrer est tellement inhérent au

(1) Catéchisme du concile de Trente, sur le Sacrement de l'eucharistie. — (2) Si quis dixerit, illis verbis, Hoc facite in meam commemorationem, Christum non instituisse apostolos sacerdotes; aut non ordinasse, ut ipsi aliique sacerdotes offerrent corpus et sanguinem suum; anathema sit. Concile de Trente, sess. xxii, can. 11. — (3) Hoc sacramentum nemo potest conficere, nisi sacerdos qui rite fuerit ordinatus. Labbe, tom. xi, col. 143.

« PrécédentContinuer »