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la vie & les actions de notre jeune monarque. Puiffe-t-il aimer à entendre les éloges que l'on donne aux princes pacifiques! Que le pouvoir immenfe, que Dieu a mis entre fes mains, foit le gage du bonheur de tous! Que toute la terre repofe fous fon trône! Qu'il foit le roi d'une nation, & le protecteur de toutes les autres! Que tous les peuples l'aiment ; que fes fujets l'adorent; & qu'il n'y ait pas un feul homme dans l'univers qui s'afflige de fon bonheur, & craigne fes profpérités! Périffent enfin ces jaloufies fatales qui rendent les hommes ennemis des hommes! Que le fang humain, ce fang qui fouille toujours la terre, foit épargné ! & que pour parvenir à ce grand objet, ce minif tre néceffaire au monde, ce miniftre, tel que le peuple françois auroit pu le demander au ciel, ne ceffe de donner ces confeils qui vont au cœur du prince, toujours prêt de faire le bien qu'on lui propose, ou à réparer le mal qu'il n'a point fait, & que le tems a produit!

LOUIS nous a fait voir que, comme les peuples font foumis aux loix, les princes le font à leur parole facrée que les grands rois, qui ne fçauroient être liés par une autre puiffance, le font invinciblement par les chaînes qu'ils fe font faites;

comme le Dieu qu'ils repréfentent, qui eft toujours indépendant & toujours fidele dans fes promeffes.

Que de vertus nous préfage une foi fi religieufement gardée ! Ce fera le destin de la France, qu'après avoir été agitée fous les VALOIS, affermi fous HENRI, aggrandie fous fon fucceffeur, victorieufe & indomptable fous LOUIS LE GRAND, elle fera entierement heureuse fous le regne de celui qui ne fera point forcé à vaincre, & qui mettra toute fa gloire à gou

verner.

AVERTISSEMENT

P

DE

L'AUTEUR.

Our l'intelligence des quatre premiers livres de cet ouvrage, il faut obferver que ce que j'appelle la vertu dans la république, eft l'amour de la patrie, c'est-à-dire, L'amour de l'égalité. Ce n'eft point une vertu morale, ni une vertu chrétienne ; c'est la vertu politique, & celle-ci eft le reffort qui fait mouvoir le gouvernement républicain, comme l'honneur eft le reffort qui fait mouvoir la monarchie. J'ai donc appellé vertu politique l'amour de la patrie & de l'égalité. J'ai eu des idées nouvelles ; il a bien fallu trouver de nouveaux mots, ou donner aux anciens de nouvelles acceptions. Ceux qui n'ont pas compris ceci m'ont fait dire des chofes abfurdes, & qui feroient révoltantes dans tous les pays du monde ; parce que, dans tous les pays du monde, on veut de la morale.

2o. Il faut faire attention qu'il y a une très-grande différence entre dire qu'une certaine qualité, modification de l'ame, ou ver

tu, n'eft pas le reffort qui fait agir un gouvernement, & dire qu'elle n'eft point dans ce gouvernement. Si je difois, telle roue, telle pignon, ne font point le reffort qui fait mouvoir cette montre, en conclueroit-on qu'ils ne font point dans la montre ? Tant s'en faut que les vertus morales & chrétiennes foient exclues de la monarchie, que méme la vertu politique ne l'eft pas. En un mot, l'honneur eft dans la république, quoique la vertu politique en foit le reffort; la vertu politique eft dans la monarchie, quoi que l'honneur en foit le reffort.

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Enfin l'homme de bien, dont il eft question dans le livre III, chapitre V, n'eft pas l'homme de bien chrétien, mais l'homme de bien politique, qui a la vertu politique dont j'ai parlé. C'est l'homme qui aime les loix de fon pays, & qui agit par l'amour des loix de fon pays. J'ai donné un nouveau jour à toutes ces chofes dans cette éditionçi, en fixant encore plus les idées : &, dans la plupart des endroits où je me fuis fervi du mot de vertu, j'ai mis vertu politique.

PRÉFACE.

I dans le nombre infini de chofes

Squi font dans ce livre, il y en avoit

quelqu'une qui, contre mon attente, pût offenfer, il n'y en a pas du moins qui y ait été mile avec mauvaise intention. Je n'ai point naturellement l'efprit défapprobateur. Platon remercioit le ciel de ce qu'il étoit né du tems de Socrate; & moi, je lui rends graces de ce qu'il m'a fait naître daris le gouvernement où je vis, & de ce qu'il a voulu que j'obéiffe à ceux qu'il m'a fait aimer.

Je demande une grace que je crains qu'on ne m'accorde pas; c'eft de ne pas juger, par la lecture d'un moment, d'un travail de vingt années; d'approuver ou de condamner le li vre entier, & non pas quelques phrafes.Si l'on veut chercher le deffein de l'auteur, on ne le peut bien découvrir que dans le deffein de l'ouvrage.

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