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tard les portraits des ancêtres. Les alæ étaient, comme leur nom l'indique, des pièces situées aux deux côtés de l'atrium; elles étaient munies de siéges et fermées par des rideaux. On trouve dans les galeries des maisons turques des pièces également fermées par des rideaux et où règnent des divans; elles servent aux entretiens du maître de la maison avec les visiteurs. Tel était peut-être l'usage des alæ. Les fauces étaient les passages étroits qui, de chaque côté du tablinum, conduisaient au péristyle. Il n'y avait quelquefois qu'une seule faur. En revanche, le tablinum était ordinairement ouvert des deux côtés. Seulement, du côté du péristyle, il y avait une cloison mobile au moyen de laquelle on pouvait le fermer à volonté. Grâce à cette disposition, on pouvait, quand le fond du tablinum était ouvert, embrasser dès le prothyrum l'ensemble de la maison et jouir de l'aspect de ses magnificences intérieures. Le regard, traversant d'abord l'atrium, apercevait derrière la partie publique de la demeure sa partie secrète; il voyait s'élever les colonnes du péristyle, les ombrages du xyste, et pénétrait jusque dans l'acus; cette perspective · devait avoir quelque chose de mystérieux et d'imposant, aussi bien fait pour plaire à l'imagination qu'aux yeux.

L'atrium, si l'on donne ce nom à l'ensemble des appartements réunis autour du cavædium ou cour couverte, était la maison étrusque. Le péristyle, où nous arrivons maintenant avec les appartements qui en dépendaient, formait la partie grecque dont l'addition à la maison étrusque semble avoir fourni tout le développement de la maison romaine. On donnait le nom de péristyle à un espace formant, comme l'atrium, une cour intérieure, mais plus large et entourée de colonnes, même dans les maisons où il n'y a qu'un simple atrium toscan. Cette cour avait aussi quelquefois son impluvium, souvent aussi une fontaine ; elle était ordinairement disposée en jardin auquel on donnait le nom de ryste. C'était là que s'ouvraient les appartements privés du maître et de sa famille, où ne pénétraient que les parents et les intimes amis. L'acus (du mot grec oixos, qui signifie maison) était la pièce principale de cette division. Dans la maison de Pansa il se trouve au fond du péristyle. Cette pièce répondait à notre salon et sérvait aussi à l'occasion de salle de festin. Il y avait plusieurs sortes d'acus. Les plus magnifiques étaient les œcus égyptiens dans lesquels, au moyen d'un double étage de colonnes, le toit qui couvrait la partie centrale du salon se trouvait exhaussé audessus du toit qui couvrait les côtés; la partie la plus basse de la toiture était en terrasse et formait une promenade autour de la partie la plus élevée. L'œcus cyzicène se distinguait par de larges baies qui laissaient pénétrer la lumière de tous côtés et la vue errer tout autour de l'appartement.

L'œcus de la maison de Pansa avait une grande ouverture sur le jardin. Le triclinium ou salle à manger était également dans cette partie secrète de la maison. Ce nom venait du triple lit qui se trouvait au milieu de la salle, le quatrième côté restant libre pour le service. Il y avait des triclinia d'été placés sous des treilles dans les jardins 1. Les autres appartements étaient, soit distribués autour du péristyle, soit à l'étage supérieur. La gravure ci-jointe représente une partie d'un péristyle en ruine dans la maison qu'on a appelée maison du poëte, une des plus curieuses de Pompéi par son élégance et par la beauté de ses peintures. La petite niche qu'on aperçoit est un laraire; c'est une chapelle dans laquelle on a trouvé une statuette de faune qui devait représenter le génie tutélaire de la maison. Le péristyle de la maison du poëte (qui n'était peut-être, d'après certains indices, que la maison d'un joaillier) n'était entouré d'un portique que de trois côtés seulement. Au quatrième se trouve le mur contre lequel est adossé le laraire.

Il y avait quelquefois, dans la partie réservée d'une maison romaine, un appartement secret entre tous: c'était le venereum. On en a trouvé un exemple à Pompéi dans la maison de Salluste. Cet appartement se composait de deux cabinets ornés de peintures, d'un triclinium et d'une petite pièce où se trouvait un fourneau pour tenir les plats chauds, disposés autour d'un péristyle formé de huit colonnes octogones peintes en rouge. Ce péristyle ne régnait que de trois côtés. Au centre était un petit parterre. Les murailles du péristyle offraient des peintures qui représentaient la curiosité d'Actéon et sa punition; elles sont conservées.

Les maisons avaient des boutiques qui en occupaient le rez-de-chaussée et formaient comme un partie extérieure. Les unes n'avaient aucune communication avec l'intérieur; elles étaient louées. Les autres communiquaient avec les appartements du maître qui y faisait vendre ses denrées. Cet usage s'est conservé à Florence, où les propriétaires de palais font vendre à un guichet par un intendant le vin et l'huile récoltés sur leurs terres. On donnait le nom d'insula à la maison ou au groupe de maisons contiguës qu'entourait un espace libre, comme une île est entourée par les eaux. La maison de Pansa, avec ses boutiques, formait une insula. Le nom d'isola est encore employé au même sens dans plusieurs villes d'Italie, et celui d'ile a dû l'être également dans nos villes méridionales. Un assez grand nombre de boutiques ont éte retrouvées à Pompéi .

4. Voir un triclinium d'été dessiné dans le Palais de Scaurus; c'est la restitution d'un triclinium trouvé à Pompéi (p. 257).

2. Par exemple à Avignon, où les marques d'une division de la ville en iles numérotées étaient encore visibles il y a quelques années.

avec les objets qu'elles renfermaient. La planche VIII du tome II des Ruines de Pompéi présente la restitution assez pittoresque d'une boutique de comestibles avec comptoir et étalage à la mode romaine.

IV.

La décoration des édifices à Pompéi, telle que la découverte nous l'a présentée, a offert tout ce qu'on pouvait attendre d'une ville de province riche, élégante et voluptueuse. On n'a guère rencontré de marbres que dans les temples et les théâtres; mais on a trouvé une foule de peintures murales, des arabesques de stuc, des mosaïques; des couleurs éclatantes ou douces recouvraient partout les murailles et marquaient jusqu'aux moindres détails de l'architecture. Cette polychromie générale répondait par sa richesse à la beauté du ciel, qui brillait entre les ouvertures de l'atrium et du péristyle; elle se mariait à la fraîcheur de la verdure et à l'éclat des fleurs cultivées dans les xystes, de façon que le regard, en quelque endroit qu'il se posât, était réjoui et charmé, soit qu'il admirât la beauté et le nombre des colonnes qui formaient les portiques, soit qu'il se plût à examiner sur les murailles et les pavés la variété pittoresque des figures ou des ornements fantastiques qu'on y avait jetés à profusion.

« L'usage des pavés en mosaïque, dit M. Ernest Breton, était presque aussi général à Pompéi que celui de la peinture dans l'ornementation des édifices. Les plus simples de ces mosaïques étaient blanches et entourées de filets noirs; beaucoup se composaient de marbre blanc et noir formant des labyrinthes ou d'autres motifs plus ou moins élégants encadrés par des grecques 1; mais il en était de plus fines, de plus précieuses, qui offraient de grandes compositions coloriées, telles que la bataille dans la maison du Faune, ou de véritables tableaux comme la scène dramatique qu'a signée Dioscoride de Samos 2. » Il y avait aussi d'autres modes de pavages plus communs, tels que les galets, l'asphalte. On donnait le nom d'opus signinum à un mélange de tuiles brisées en menus fragments et de mortier qu'on battait jusqu'à ce qu'il en résultât un sol compacte.

Ces mosaïques précieuses dont parle M. Breton n'étaient point for

4. Telles sont les mosaïques trouvées dans la maison de campagne dite maison de Diomède, et située rue des Tombeaux. Voyez l'ouvrage intitulé: Herculanum et Pompéi, par H. Roux et L. Barré, 6o série, pl. I et suiv.

2. Pompéia, 2o édit., p. 27.

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