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M. LEGENTIL est représenté le corps tourné à droite. Il a les bras croisés. Signé : Ingres del. A madame Marcolle. Au Poncelet, 29 aoust 1846.

Ce dessin, tracé sur un papier rose, a quelques touches de blanc exprimées sur la chemise. (Haut., 288 millim.) Collection de M. Marcotte.

MADAME LEGENTIL est debout, les mains placées l'une dans l'autre. Une rose est passée dans le ruban qui tient son tablier. Signé : Ingres del. A madame Marcotte. Au Poncelet, aoust 1846. (Haut., 283 millim.)

Le papier de ce dessin, légèrement rehaussé de blanc, est un peu jaune. Collection de M. Marcotte.

M. JOSEPH MARCOTTE, un fusil sur le dos, part pour la chasse. Il tient de sa main droite un chapeau. Son chien, dont on ne voit que la tête élevée, le suit. Signé : J. Ingres del., 1849. A madame Louise Marcotte. Au Poncelet. En haut et à droite, on lit Portrait de Joseph Marcotte, né le 45 juin 1831. (Haut., 265 millim.) Collection de M. Marcotte.

La seule tête du chien dans ce dessin, le king's-charles du portrait de mademoiselle Reiset, montre quel sentiment vrai M. Ingres a de la nature sous ses aspects les plus variés. Ces simples croquis font bien pressentir la réputation que notre grand artiste aurait pu acquérir en ce genre, s'il n'eût pas aspiré plus haut.

MADAME MOTTEZ, épouse de M. Mottez, peintre d'histoire religieuse, est assise dans un fauteuil. Elle a son menton appuyé sur sa main droite reployée. Signé : Ingres à son élève et ami Moltez, 1844. (Haut., 260 millim.) Ce portrait est exécuté sur un papier rose, avec quelques touches de blanc.

M. le comte de NieuwerkerkE, directeur général des musées impériaux, membre de l'Académie, est debout, un manteau sur les épaules, des gants dans la main droite. A son cou pend la croix de commandeur. Son chapeau est dans le coin à droite. Signé : Hommage du plus affectueux dévouement. Ingres, 1856. (Haut., 305 millim.)

M. Dien a gravé ce portrait en 1857.

M. STAMATY, ancien consul à Civita-Vecchia, a toute sa famille groupée autour de lui. Il est debout, la main posée sur le dossier de la chaise de sa femme. Le plus jeune des enfants (devenu depuis un pianiste et un compositeur distingué) a délaissé pantin et chariot pour jouir des caresses de sa mère. La jeune fille, assise sur un tabouret, promène ses doigts sur le clavier d'un piano. L'aîné des enfants s'appuie sur le dossier du siége de sa mère. Signé : J.-A. Ingres del. Roma, 1818. (Larg, 370 millim.) Collection de madame Varcollier.

La physionomie de chaque personnage est finement interprétée; chacun a son caractère propre, profondément individuel, vrai sans être réel. Et, pour tout dire, M. Ingres a fait avec cette famille un chef-d'œuvre. (Collection de madame Varcollier.)

M. VATINELLE, graveur en médailles, est représenté assis sur une chaise dont on ne voit que le montant du dossier. Il tient une médaille dans sa main droite. Signé : Ingres. Rome, 1823.

CROQUIS SANS DESTINATION CONNUE.

Quatre dessins seulement peuvent être rangés dans cette classe.

Le premier est une étude d'homme faite à la mine de plomb; divers croquis de bras et de jambes couvrent encore cette feuille; une main qui tient la foudre semble indiquer un Jupiter. L'attitude du personnage rappelle beaucoup, aussi celle du tableau de Napoléon en costume impérial, qui se voit à l'hôtel des Invalides. (Haut., 195 millim. -Larg., 133.) Le second appartient à M. Gatteaux. Il représente un jeune homme qui cherche à consoler un enfant; mais le bambin ne veut point écouter, et se bouche les oreilles pour ne point entendre. (Haut., 210 millim.) C'est le dessin gravé en tête de notre article.

Le troisième est également à M. Gatteaux. Il montre un jeune homme qui saute, et se rejette en arrière plein de surprise. (Haut., 174 millim.) Exécuté à la pierre d'Italie, ce dessin est quadrillé de lignes qui indiquent qu'il a dû servir à une composition; mais à laquelle? Nous l'ignorons.

Le quatrième (haut., 130 millim.) est fait à la mine de plomb; il offre un homme assis, vu seulement jusqu'aux jambes, et qui tient à la main une lyre.

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SALON DE 1861

(SUITE.)

VII

MM. MEISSONIER, FAUVELET, ETC.; LEGROS, MANET,

LAMBRON, PIGAL; MM. STEVENS, TOULMOUCHE, BARON; LAGIER, FRÈRE, DARGELAs, heilbuth, etc.; MM. DE CURZON, CLÈRE, VAN MUYDEN, ETC.; ZO, HÉDOUIN, PATROIS; MM. FORTIN, GOUÉZOU, GUÉRARD, ANTIGNA; MM. SCHULER, SCHUTZENBERGER, BRION, MARCHAL;

MM. RAVE ET DURANGEL;

MM. MILLET, BRETON, LAUGÉE, ETC., ETC.

L'esprit du costume, condition essentielle de la peinture de genre, se retrouve avec moins de prétention et plus d'agrément dans un groupe d'artistes que l'on a nommés les petits maîtres de l'art français. M. Meissonier marche en tête ; à sa suite trottinent plusieurs jeunes talents séduits par son exemple, et, comme lui, voués à l'art mignon. Qui pourra dire de combien de millimètres M. Fauvelet distance M. Plassan ou M. Ruiperez? Venu le dernier, celui-ci tiendrait la corde, ou plutôt le fil du steeplechase lilliputien, si M. Plassan n'avait pas exposé, à côté de tableaux moins réussis, la Visite au tiroir, un délicieux dessus de boîte. M. Monfallet a voulu sortir des dimensions ordinaires de ce genre réduit: le Théâtre au XVIIIe siècle peut passer pour une grande toile. A ce titre, n'allez pas croire qu'il s'agisse de Mérope, ou de l'Orphée de Gluck, ou du Philosophe sans le savoir: l'érudition de ce petit monde ne pas jusquelà; il s'agit de Pierrot et de Colombine. M. Brillouin nous paraît encore dépasser ses rivaux d'une bonne longueur d'épingle, tant il a mis d'esprit et de verve dans sa Sonate, un vieux dilettante en bonnet de coton, acharné à l'exécution d'une musique qui arrache à son chien, sans le troubler lui-même, des hurlements plaintifs.

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Pour qui connaît les joueurs de violon et les joueurs de basse de M. Meissonier, le Joueur de flûte n'est pas un nouveau venu. L'instrument peut changer, l'homme reste, et, avec l'homme, l'habit. Voilà bien où cetart d'emprunt montre le bout de l'oreille. La garde-robe rétrospective de M. Meissonier, si riche qu'on la suppose en défroques d'un autre temps, ne saurait parer à tout. Examinez la chaussure du Joueur de flûte, ce soulier éculé dans lequel son pied bat la mesure, et regardez celle du Peintre et des amateurs qui l'entourent : la même paire a servi à tous les personnages, et cette précieuse paire a déjà défrayé plus d'un tableau. Pour les perruques, c'est autre chose de peur d'en manquer, M. Meissonier en refuse. Les portraits que certains peintres du dernier siècle nous ont laissés d'euxmêmes, en deshabillé d'atelier, les représentent, il est vrai, sans perruque, mais aussi sans cheveux; témoin La Tour dont le crâne est rasé, témoin Chardin coiffé d'un bonnet ou d'un mouchoir. Le Peintre de M. Meissonier a gardé ses cheveux aussi bien que le Joueur de flûte. Ni l'un ni l'autre, à moins de renouveler le scandale de Benjamin Franklin, n'appartiennent au XVIIe siècle. Nous reprochera-t-on de nous appesantir sur des vétilles? A petits tableaux petites critiques. En un art tout de détail, chaque détail a son importance. M. Meissonier d'ailleurs oppose à toutes les critiques la perfection de son exécution; nul mieux que lui ne compose le tableau, nul n'y déploie de plus savantes qualités de métier. Son Peintre ne fait pas oublier les Singes amateurs de Decamps, mais il les rappelle, et pour peu que l'on préfère la perfection d'une réalité illusoire à la puissance de vérité d'une fantaisie bien comprise, il peut, jusqu'à un certain point, en tenir lieu.

Quand ces maîtres de l'art mignon, laissant là des époques qu'ils connaissent plus ou moins bien, abordent la peinture des hommes et des choses de notre temps, qui nous expliquera pourquoi la magie de leur art semble les abandonner tout à coup? Ne serait-ce pas parce que nous voyons nos contemporains de trop près pour nous laisser prendre à une ressemblance de fantaisie? Avec un chapeau-lampion et une culotte courte, on en impose facilement à qui n'a jamais porté ni l'un ni l'autre. Un costume soi-disant historique dissimule le mannequin; sous le costume moderne il se sentira toujours. Il n'est pas nécessaire de porter une robe de chambre pour savoir quelle allure imprime à ce vêtement la vie de l'individu qu'elle habille, et pour s'apercevoir que celle de M. Louis Fould ne recouvre rien. Aussi son portrait est-il moins celui de l'homme que celui de la collection; l'expression du visage, finement accentuée, décèle bien l'amateur; mais de toutes les curiosités placées autour de lui, meubles, coffrets, statuettes, il n'y en a pas une qui ne paraisse douée de plus de

vie que l'être humain qui les avait rassemblées, tant le pinceau de l'artiste a mis d'amour et de science à les reproduire avec une fidélité à rendre jaloux les objectifs photographiques. Dans le Portrait de madame H... T..., l'intérêt se concentre sur les mains, admirablement peintes, plutôt que sur le visage. En somme, malgré la saveur un peu aigre du ton, le meilleur des tableautins exposés par M. Meissonier nous paraît être la pochade, si gentiment enlevée du bout du doigt, qu'il a nommée un Maréchal ferrant. Ici, du moins, la nature lui a forcé la main en dépit de la perfection du rendu, ses chevaux vivent comme s'il ne les avait pas copiés. Les mêmes observations s'appliquent à M. Fauvelet. Le Joueur de guitare, qu'il a emprunté au XVIIIe siècle, devient un chef-d'œuvre à côté des Trois âges et de la Couturière. On s'étonne qu'un artiste d'un talent reconnu ait pu tracer la perspective étrange de ce dernier tableau : la chambre de la Couturière a l'aspect d'une profonde galerie, et près de son lit se trouve une chaise dont la largeur dépasserait certainement un mètre. Les figures, froides et inanimées, dénotent chez M. Fauvelet un sentiment insuffisant de la vie moderne.

Est-ce à dire que la réalité contemporaine ne puisse prêter matière à une interprétation vraiment artiste? A Dieu ne plaise! C'est en s'inspirant des scènes qu'ils avaient sous les yeux que les peintres flamands et hollandais nous ont laissé de leur époque des tableaux fidèles, devenus avec le temps des tableaux historiques, tandis que les scènes empruntées par nos contemporains aux siècles précédents ne sont et ne seront jamais que des fictions dénuées d'un intérêt sérieux. Mieux que l'histoire et l'anecdote, la représentation des mœurs contemporaines offre à la peinture de genre un terrain sûr, où elle peut marcher sans craindre de perdre ses pas, parce qu'elle ne cesse pas de s'appuyer sur la nature. Le genre historique ne rencontre la nature ni à son point de départ, puisque l'inspiration lui vient d'un livre, ni à son point d'arrivée, puisque son œuvre est sans analogie avec ce qui nous entoure, ni dans le cours de ses études, car il ne peut consulter que les documents du passé, ou, s'il cherche au théâtre une sorte de mise en action du sujet choisi, il l'y trouve interprété par un art spécial qui a ses lois bien différentes de celles de la peinture: il ne lui reste donc qu'à retourner en cent façons les stériles enseignements du mannequin. Au contraire, la réalité contemporaine court les rues; le peintre ne peut faire un pas sans coudoyer ses modèles; la campagne et la ville lui montrent vivants et en action les personnages qu'il a à peindre. Il connaît jusqu'au moindre détail de leur costume, et il en tirera un parti d'autant meilleur qu'au lieu d'être réduit à copier servilement un exemple isolé, la multiplicité des cas présents à ses regards lui permettra

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