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L'expérience, le désir de mieux faire, et de nombreuses réclamations, nous engagent à changer le mode de publication de la Gazette, sans aucun préjudice pour nos souscripteurs et au contraire en leur offrant un incontestable avantage.

Paraître deux fois par mois, pour une Revue comme la nôtre, c'est trop ou trop peu. C'est trop peu, si l'on veut suivre les événements qui aujour

d'hui marchent si vite, même dans la paisible région des arts; c'est trop, si l'on veut publier des études de longue haleine, les expliquer par des illustrations délicates, les accompagner de gravures exécutées avec soin et les faire valoir l'une par l'autre en les variant.

La véritable difficulté qu'a présentée jusqu'ici la Gazette est celle de faire coïncider avec précision, à point nommé, à heure fixe, le travail de l'écrivain et celui de l'artiste, la gravure et le texte. Chaque jour une circonstance imprévue amène un retard inévitable, qui ne peut être immédiatement réparé et qui en entraîne d'autres. L'imprimeur, par exemple, qui attendait un bois pour tirer telle feuille de la Revue, ne le voyant pas venir, utilise autrement sa vapeur et sa presse, de sorte qu'une seule heure de retard peut faire perdre quelquefois un jour entier... Ces inconvénients et beaucoup d'autres, qui sont inhérents d'ailleurs à toute publication illustrée, diminuent sensiblement à mesure

que la périodicité devient plus lente. En ne paraissant qu'une fois par mois, la Gazette pourra être servie plus exactement; elle pourra donner plus de fini à ses gravures, plus d'étendue à ses articles, plus de variété à ses livraisons, plus de temps enfin aux soins matériels de l'impression et du satinage. Toutes ces considérations nous ont décidé.

Cependant, pour ne pas manquer à nos engagements envers ceux de nos souscripteurs dont l'abonnemeut n'est pas encore expiré, nous entendons bien leur adresser, tout compte fait, le même nombre de gravures et le même nombre de feuilles, et voici la combinaison nouvelle qui nous a paru concilier leurs droits et nos devoirs. La Gazette a renfermé jusqu'ici un compte rendu de toutes les ventes d'objets d'art, et ce travail a été si bien fait et a paru si intéressant que beaucoup de nos lecteurs le désirent plus développé et plus complet. Nous avons donc résolu de publier chaque semaine, pendant la saison des ventes (de novembre en mai, un Bulletin de l'amateur qui, distribué gratuitement à nos abonnés, les tiendrait au courant de tout ce qui touche à la chronique des arts et de la curiosité, et les en instruirait en temps utile. Ce Bulletin ayant une pagination distincte pourrait, selon la volonté du souscripteur, être joint aux volumes de la Gazette ou en être séparé. Par là nous espérons satisfaire à ce genre d'intérêt qu'on appelle, dans le langage du jour, l'actualité. D'autre part, la Gazette publiera chaque mois six feuilles au moins, c'est-à-dire quatre-vingt-seize pages, deux planches tirées hors texte, et des bois qui seront de plus en plus soigneusement dessinés et gravés. Bientôt elle ouvrira de nouvelles séries de travaux, notamment les plus célèbres cabinets d'amateurs, à commencer par ceux de M. Thiers et de M. le comte Duchâtel, qui seront décrits par MM. Charles Blanc et Henri Delaborde, et en y comprenant les collections particulières de camées et de médailles qui seront décrites par M. Chabouillet. Très-prochainement nous reprendrons la Grammaire des arts du dessin, pour laquelle notre rédacteur en chef a temporairement abandonné la direction de cette Revue.

Assise sur des bases plus solides que jamais, la Gazette des BeauxArts convertira incessamment en améliorations successives tout ce qui représenterait pour elle un bénéfice. Il n'est entré, sans doute, dans l'esprit de personne qu'une idée de spéculation eût fait entreprendre une Revue telle que la Gazette des Beaux-Arts. De pareilles publications sont toujours réussies, toujours en plein rapport, lorsqu'elles procurent, sans perte pour les fondateurs, le loisir de s'occuper des belles choses, le plaisir d'en parler, et la faculté d'en jouir.

ÉDOUARD HOUSSAYE.

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naître l'état du fronton en 1674, lorsqu'il portait encore vingt-deux figures plus ou moins mutilées, mais qui peuvent néanmoins nous aider à reconstituer l'oeuvre dans son ensemble. Ici, de même que dans le fronton oriental, les divinités nous sont présentées presque sans aucun attribut, et, pour employer une expression de Welcker, « tout à fait conformes à la nature1. » Nous sommes loin des types traditionnels, et, pour nommer les personnages, il faut surtout regarder les sujets qu'ils représentent, afin de reconnaître les acteurs au rôle. Il faut aussi tenir compte de la relation dans laquelle chaque figure se trouve avec les figures voisines. C'est ce que j'ai tenté de faire pour le fronton oriental, en m'efforçant de découvrir d'abord le sens de l'action qui y était repré

4. Mythologie grecque. Voyez le fragment traduit dans la Revue germanique, t. VII, p. 622 (septembre 1859).

sentée, et ensuite d'établir un ordre logique entre les nombreux personnages de cette grande scène. En cela je suivais l'exemple donné par Otfried Müller dans son explication du fronton occidental, de celui même qui me reste à décrire. Ici je n'ai guère qu'à suivre respectueusement le maître, déjà suivi par M. Beulé, dont l'autorité est venue ainsi se joindre à celle de l'illustre archéologue de Gættingue1.

On savait par Pausanias que le sujet du fronten postérieur était la dispute de Minerve avec Neptune au sujet de l'Attique. La manière dont cette dispute fameuse est ordinairement racontée, ne saurait, il faut l'avouer, convenir à la représentation que nous offre le dessin de Carrey. Mais n'oublions pas qu'il y avait à Athènes plusieurs traditions concernant la victoire par laquelle Minerve prit possession définitive du sol sur lequel elle devait régner. Ces traditions, qui présentaient la même idée sous plusieurs formes différentes, ne nous sont pas toutes connues. Phidias a dû choisir, parmi les fables qui avaient cours, celle qui prêtait le mieux au déploiement de son art. Au besoin il a pu en imaginer une nouvelle. De même que les poëtes, les artistes grecs avaient, à l'endroit des traditions religieuses et nationales, une liberté limitée seulement par la nécessité de faire comprendre et adopter leurs inventions aux imaginations populaires, si vives d'ailleurs et si subtiles.

Suivant une des traditions qui nous sont parvenues, Neptune aurait fait jaillir du sommet de l'Acropole une source salée, et Minerve aurait répondu à ce défi en faisant naître l'olivier. C'est ce que raconte Hérodote; cette version est aussi celle de Pausanias. Mais il en existe une autre, d'après laquelle le dieu des mers aurait fait sortir de la terre, par un coup de son trident, non une vague de la mer, mais un cheval sauvage. Il ne paraît pas que l'olivier ait jamais figuré au fronton du Parthénon; on aurait même quelque peine à trouver une place pour l'y mettre, à moins de le faire pousser entre les jambes de Neptune, ce qui semblerait assez ridicule. Il existe, il est vrai, à Londres, un fragment de marbre qui représente un pied colossal et un morceau de tronc d'arbre; mais ce fragment ne peut avoir appartenu au Parthénon, puisqu'il est en marbre de l'Hymette et non en marbre pentélique; il faisait

4. Voyez le mémoire de Müller intitulé: de Signis olim in postico Parthenonis fastigio positis Commentatio, dans le de Phidia et operibus. Gættingue, 1827. 2. I, 24.

3. VIII, 55.

4. I, 26, 27.

5. Servius ad Virgil., G., 1, 42.

6. Mus. Brit., n° 256.

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