les paroles au crible, et les sépara, les classa, régla leur emploi, avec toute la rigidité d'un grammairien. Le pompeux néologisme de Ronsard n'eut pas d'ennemi plus redoutable : vous diriez un prince économe dont les réformes austères réparent le tort fait à l'État par la somptuosité de ses prédécesseurs. Le style lyrique est enfin trouvé : la gravité et la majesté s'unissent à l'énergie; les hiatus, les enjambements d'un vers sur l'autre sont à jamais bannis par ses scrupules. Voilà l'œuvre accomplie par ses longues veilles, sa rigueur, son despotisme. Avant lui, on avait étudié les anciens. Ronsard avait inventé ou emprunté aux Grees la plupart des formes de l'ode : mais son langage bizarre, mêlé de patois et de grec, devait tomber dans le ridicule, dès que la langue française se serait développée. Ce moment arriva : Malherbe sut le saisir. Comme tous les réformateurs heureux, il vit le mouvement général de la littérature vers une élocution plus pure et des formes de style plus nettes; il s'empara de cette occasion, poursuivit son entreprise avec une opiniâtre vigueur de bon sens; dégasconna, comme dit Balzac, la cour et la ville, et, à force de tyranniser les mots et les syllabes, fonda les doctrines sévères, auxquelles tant d'hommes de génie asservirent ensuite leur force. Observons que cette rigueur et cette chasteté nouvelles s'accordaient merveilleusement avec l'établissement monarchique, le règne des bienséances, qui prenait chaque jour plus d'autorité, et l'étiquette sociale, qui succédait aux mœurs joyeuses, savantes, bourgeoises ou débauchées du temps que nous venons de parcourir. Cependant un crime, appartenant tout entier aux fureurs du seizième siècle, signale les premières années du dix-septième : Henri IV meurt sous le poignard d'un homme vulgaire que dévoraient les flammes expirantes de la Ligue. On a déjà remarqué que, dans tous les discours prononcés après la mort I THOMAS, Essai sur les Éloges. de Henri IV, il se trouve, malgré le peu de talent des orateurs et leur pédantisme sauvage, quelque passage éloquent et pathétiqué. A l'aspect du cadavre sanglant de ce bon roi, la verve des poëtes s'anime; la vieille langue d'oc se réveille, et Goudouli devient sublime. La muse latine de Bourbon a, pour maudire l'assassin, d'admirables accents. De Thou', continuant son histoire, s'élève, en rappelant le forfait qui a privé la France de son père, à l'éloquence la plus haute. Une femme, la princesse de Rohan, trouve, dans une élégie peu connue sur le même sujet, la plus touchante dignité de style, la sensibilité la plus pénétrante. Telle est, ne craignons pas de le répéter, l'influence des émotions profondes; en passionnant le langage, elles l'épu rent. Tout va changer : à cette époque féconde et orageuse va succéder une époque de culture paisible, d'ordre et de régularité. Au moment où nous nous arrêtons, tous les germes déposés au sein de la littérature sont prêts à éclore à la fois; tous les éléments qui se sont combattus vont se classer. L'érudition devient utile le théâtre, faible encore, s'anime avec Hardy d'un pathétique plus vif: la chaire n'est plus profanée : tout ce que la langue française possède de richesses, n'attend plus que des mains habiles et laborieuses pour leur donner l'ordre et l'ensemble qui leur manquent. Ce perfectionnement ne tardera pas à s'opérer. Lingendes, Rotrou, Mairet, Corneille, sont nés. Balzac se forme à l'école du rival sévère de Mathurin Régnier. C'est de ce précepteur rigide que date le nouveau mouvement littéraire c'est de lui seul qu'émane cette grande école du dix-septième siècle; et, pour compléter cet essai, si le caractère spécial et les titres de ce réformateur n'avaient pas dû y trouver leur place, il nous eût suffi de le terminer par les simples mots du poëte : FIN. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE COURS DE LITTÉRATURE DE LA HARPE. (Les chiffres romains indiquent le volume, et les chiffres arabes la page.) A ABEILARD, homme célèbre dans les écoles du douzième siècle, I, 429. ABÉLI, évêque de Rhodez, a écrit une vie de Vincent de Paule, III, 175. Absalon, tragédie de Duché, I, 617. Acajou, roman de Duclos, III, 194. ACCIUS, l'un des premiers tragiques qui aient paru chez les Romains, I, 125. Acharniens, comédie d'Aristophane, I, 131. ADDISON, počte anglais : morceau de sa tragédie de Caton, imité de Massillon, II, 32. Adélaïde du Guesclin, tragédie de Voltaire; examen de cette pièce, II, 250 et suiv. Adèle de Ponthieu, tragédie de la Place, III, 208. Agathocle, tragédie de Voltaire; idée de cette pièce, II, 395. Agriculture (l'), poëme de M. Rosset; examen de cet ouvrage, I, 149 et suiv. AGUESSEAU (D') a honoré à la fois la France, la magistrature et les lettres, III, 126. Ajax furieux, tragédie de Sophocle, 1, 90 et suiv. Alaric, poëme épique de Scudéry, I, 456. ALCÉE, poëte lyrique grec, I, 151. Alceste, tragédie d'Euripide, I, 121. Alceste, opéra de Quinault, I, 665. Alceste, opéra, par le bailli Durollet, II, 618. Alceste, tragédie de la Grange-Chancel, II, 439. Alcibiade, dialogues de Platon, I, 349. Alzire, tragédie de Voltaire, II, 272 et suiv. Amadis de Gaule, traduit par M. le comte de Tressan, III, 193. Amant jaloux (l'), opéra-comique de d'Hèle, IJ, 690. AMBROISE (Saint), Père de l'Eglise. Idée de son style, I, 428. AMELOT DE LA HOUSSAIE: a voulu en, vain justifier Machiavel Ami du Peuple, feuille périodique de Marat, III, 246. 320. Amitié à l'épreuve (l'), opéra comique de Favart, II, 653. AMMIEN-MARCELLIN, historien latin du Bas-Empire. Ce que l'on en doit penser, I, 332. Amour et Psyché (l'), épisode d'Apulée, I, 422. Amphitryon, comédie de Molière, imitée de Plaute, I, 642. AMYOT, aumônier de François Ier, s'est distingué par la naiveté de sa prose, I, 436. ANACREON, chansonnier grec. Idée de ce poëte, I, 151. ANAXARQUE, philosophe grec, fut chargé par Alexandre de revoir les poemes d'Homère, I, 63. ANDOCIDE, ancien orateur grec, I, 239. Andrienne (P), comédie de Térence, I, 149. ANDRIEUX (M.), auteur de la comédie des Étourdis, II, 641, à la note. Andromaque, tragédie d'Euripide, I, 120. Andromaque, tragédie de Racine, I, 509 et suiv. Ane d'Or (l'), roman latin d'Apulée, I, 422. ANGE-POLITIEN : a fait revivre l'élégance de l'antique latinité, I, 433. Anglais à Bordeaux (l'), pièce de Favart, II, 653. Anglomanie (l'), ou les Mœurs du temps, comédie de Saurin, II, 492 et 511. Annetle et Lubin, opéra-comique de Favart, II, 643 et suiv. ANSEAUME. Caractère de ce comique; idée de son Tableau parlant et du Peintre amoureux de son modèle, II, 692. Antigone, tragédie de Sophocle, I, 95. ANTIPHON, ancien orateur grec, I, 239. Antiquité dévoilée (l'), ouvrage de Boullanger, III, 450. Antiquités romaines, ouvrage de Denys d'Halicarnasse, 1, 422. ANTOINE, orateur romain, I, 204. Apologie (mon), satire de Gilbert, III 84 et suiv. APOLLONIUS de Rhodes, poëte grec: a fait un poëme sur l'Expédition des Argonautes; idée de cet ouvrage, I, 80. APPIEN, historien grec, I, 332. APULÉE, auteur latin, nous a laissé le roman de l'Ane d'Or, et l'épisode de l'Amour et Psyché; idée de ces deux ouvrages, I, 422. AQUILIUS, poëte comique latin, I, 139. Arbre généalogique des sciences humaines (l'), du chancelier Bacon: a servi de fondement à notre Encyclopédie, III, 272. ARCHILOQUE, satirique grec, I, 157. Ariane, roman de Desmarets, II, 69. Ariane, tragédie de Th. Corneille, I, 612 et suiv. Arion, opéra de Fuselier, II, 584. ARIOSTE, célèbre poëte italien; son énergie, I, 46: a fait oublier le Boyardo et le Pulci, I, 434. ARISTARQUE, grammairien grec, éditeur d'Homère, I, 63. Aristomène, tragédie de Marmontel, II, 672. ARISTOPHANE, Comique grec; jugement sur son théâtre, I, 127 et suiv. ARISTOTE, philosophe grec, I, 8; éloge de son Histoire des animaux, 17; analyse de sa Poétique, ibid. et suiv.; sa Rhétorique, 200. Arlequin Deucalion, pièce de Piron, II, 632. Arlequin philosophe, opéra-comique, par Delisle, II, 695. Arlequin poli par l'amour, par Marivaux, II, 695. Arlequin sauvage, pièce de Delisle, II, 694. Armide, opéra de Quinault; idée de cette pièce, I, 664, 667. Armide à Renaud, héroïde de Colardeau, III, 90. ARRIEN, historien grec, 1, 332. Arsace et Isménie, roman de Montesquieu, III, 261. 471. Art poétique (l') de Boileau, code imprescriptible du bon goût, I, 705 et suiv. Artaxerce, tragédie de Lemierre, II, 456. Artémire, tragédie de Voltaire, II, 201. Astrate, tragédie de Quinault, I, 615. Astrée, roman ennuyeux par sa longueur, II, 69. Athalie, tragédie de Racine; examen de cette pièce, I, 573 et suiv. Athénais, tragédie de la Grange-Chancel, II, 439. Atrée et Thyeste, tragédie de Crébillon, II, 401 et suiv. AUBIGNAC (l'abbé d'), censeur impudent de P. Corneille; ce qu'on doit penser de sa Pratique du théâtre, I, 497; II, 76. Aucassin et Nicolette, opéra-comique de Sedaine, II, 660. AUGER (Athanase): notice sur cet écrivain, III, 211; sa manière de traduire, 212 et suiv. AUGUSTIN (saint), le plus beau génie de l'Église latine, I, 428. AULNOY (madame d'), auteur d'Hippolyte, comte de Douglas, II, 71. AULU-GELLE, polygraphe latin, I, 425. Avare (l'), comédie de Molière, imitée de Plaute, I, 643. Avocat Patelin (l'), comédie rajeunie et retouchée par Brueys et Palaprat, I, 649. AVRIGNY (d'), jésuite : a donné des Mémoires pour l'Histoire universelle, II, 39. B Babouc, roman de Voltaire, III, 194. BABRIAS, fabuliste grec, I, 156, et à la note. Bacchantes (les), tragédie d'Euripide, 1, 113. Bachelier de Salamanque (le), le plus mauvais des romans de le Sage, III, 185. BACON (le chancelier), philosophe anglais. Ce qu'on dit de cet homme célebre, 1, 436; III, 252 et 272. BAIF (Lazare), poëte français, membre de la Pléiade française, I, 448; a traduit l'Electre de Sophocle et l'Hécube d'Euripide, I, 465. BAILLY; ses Lettres sur l'origine des sciences et sur celle des Peuples de l'Asie, III, 206 et 271. Bajazet, tragédie de Racine, I, 525 et suiv. Bal (le), l'une des premières productions de Régnard, I, 658. Ballet des Ages (le), pièce de Fuselier, II, 584. BALTUS, jésuite : a réfuté le Traité des oracles de Fontenelle, III, 258. BALZAC, éloge de son style, I, 437. Barbe-Bleue. Idée de cette pièce de Sedaine, II, 665. BARBEYRAC, publiciste français, traducteur de Puffendorff, II, 34. BARBIER D'AUCOUR. Son ouvrage des Sentiments de Cléante est le seul livre polémique de mérite après les Provinciales, II, 77. Barbier de Séville (le), comédie de Beaumarchais, II, 551 et suiv. BARLET, sermonnaire avant le siècle de Louis XIV, II, 7 7. BARON, acteur célèbre : a, dit-on, transporté dans notre langue l'Andrienne de Térence, I, 650; on lui attribue la comédie de l'Homme à bonnes fortunes et celle de la Coquette, ibid. Baron d'Albicrac (le), comédie qu'on jouait avant Molière, I, 625. Baron d'Otrante (le), opéra-comique de Voltaire, II, 594. Baronne de Luz (la), roman de Duclos, II, 707. BASNAGE DE BEAUVAL; mérite de ses Histoires, II, 39. BATTEUX (l'abbé): a traduit la Poétique d'Aristote, I, 20; son injustice envers la Henriade, II, 91; critique de son parallèle du Lutrin et de la Henriade, 92. BAYLE, philosophe moderne; idée de sa République des Lettres, II, 77. BEAUMARCHAIS, auteur comique; notice sur sa vie, II, 528 et suiv.; idée de ses Mémoires, 533 et suiv.; idée de sa comédie de la Mère coupable, 545 et suiv.;-d'Eugénie, 549; des Deux Amis, 550; du Barbier de Seville, 551 et suiv.;-des Noces de Figaro, 552 et suiv.; - de Tarare, 558, BEAURANS : a transporté au théâtre italien la Serra Padrona, de Pergolèze, II, 603. BEAUSOBRE, idée de son Histoire du Manichéisme, II, 39. BEAUVAIS (DE), évêque de Sénez: a fait l'oraison funèbre de M. Léger, curé de Saint-André, II, 9. Bégueule (la); Favart s'est trompé dans le choix de cette pièce, II, 660. Bélier (le), conté d'Hamilton, suivant Voltaire est un morceau charmant, 11, 74. Belle Arsène (la), conte, 1, 572. BELIN: idée de sa tragédie de Mustapha et Zéangir, III, 103 et suiv. BELLEAU (Remi ), membre de la Pléiade française, I, 448. BELLOY (DE), poëte tragique français. Idée de sa tragédie de Titus, II, 463; - de Zelmire, 464 et suiv.; — du Siége de Calais, 466; · -de Gaston et Bayard, 468 et suiv.; -de Gabrielle de Vergy, 470; de Pierre le Cruel, ibid. : examen de ses œuvres complètes, III, 233 et suiv. BENSERADE; ce qu'on dit de ce poëte français, I, 454 et suiv. Bérénice, tragédie de Racine, 1, 523 et suiv. BERGASSE, avocat de Kornemann contre Beaumarchais : son éloge, II, 542. BERNIS (le cardinal de): idée de son poëme de la Religion, II, - - BERTHIER, jésuite, principal rédacteur du Journal de Tré- BESPLAS (GrOS DE ) : idée de son sermon sur la Cène, prêché Beverley, pièce de Saurin, II, 511. BEXON (l'abbé), naturaliste: a été continuateur de l'ouvrage Bible (la sainte ): Racine en a transporté les plus beaux mor- BIÈVRE (le marquis de): sa lettre sur Zaire : II, 247 et suiv.; BIGNON (l'abbé), bibliothécaire du roi; projet qu'il avait Blanche et Guiscard, tragédie de Saurin, II, 462. BOCCACE, célèbre conteur italien, apprécié, I, 432; est au- BODIN, dans sa République, a examiné toutes les espèces de BOERHAAVE, célèbre médecin, n'a pas encore été surpassé - BOILEAU, poëte français: examen de ses Satires, I, 691 et BONNARD (DE), idée de ses poésies diverses, III, 97 et suiv. BORDEU, savant médecin, III, 254. BOSSUET (Bénigne ), évêque de Meaux, a excellé dans l'Orai- Boucle de cheveux enlevée (la), poëme de Pope, III, 218. note. BOUFFLERS (le chevalier de), cité, III, II. BOUHOURS (le père) : idée de son ouvrage sur la Manière de BOULLANGER, philosophe du dix-huitième siècle : idée de son BOURDALOUE. Caractère de son éloquence, II, 7; III, 130. BOYARDO, poëte italien, I, 434. BRÉBEUF, poëte français : idée de sa Pharsale, 1, 71; juste- BRETONNEAU, jésuite. Ce qu'on dit de ses sermons, II, 7. Britannicus, tragédie de Racine, 1, 615 et suiv. BRUCKER: a erré toute sa vie dans le labyrinthe des systèmes 665 I, 80 et suiv. Brutus ou des Orateurs célèbres, traité de Cicéron. Ce qu'on BRUTUS, tragédie de Voltaire, II, 212 et suiv. Brutus, tragédie de mademoiselle Bernard, 11, 222; ce qu'on BRUTUS, tragédie latine du père Porée, II, 222. BRUTUS, l'un des conjurés contre César. Les lettres qui nous BUFFON, grand écrivain du dix-huitième siècle; son Histoire BUSSY LE CLERC, fameux ligueur, I, 28. BUSSY; ce que l'on doit penser de ses Mémoires de la Fronde, Callisthènes, tragédie de Piron, II, 446. Camille, ou la manière de filer le parfait amour, conte de Camma, tragédie de la Grange-Chancel, II, 437. CAMPISTRON, auteur tragique. Quelles sont ses pièces qui ont Caractère de la Folie, opéra de Duclos, II, 585. Carlos (conjuration de don), par Saint-Réal; ce qu'on doit Carnaval de la Folie (le), opéra de la Mothe, II, 569. CASAUBON (Isaac) : a rectifié les méprises de Baronius, II, 39. CATON le Censeur, historien des premiers âges de Rome; ca- Caton, tragédie d'Addison, II, 32. CATROU (le père), jésuite; ses histoires ne sont que des ga- CATULLE, poëte latin; Virgile a mis son poëme des Noces de CECILIUS, poête latin, I, 139. CELSE, philosophe gree, I, 428. 423. CENCIUS, historien des premiers âges de Rome, I, |