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généraux. — Son exil. - Entrée d'une armée française en Espagne, sous les ordres du duc d'Angoulême. Ses opérations militaires. Les Cortès transfèrent le siége de leur gonvernement à Cadix. - Don Miguel, infant de Portugal, opère à Lisbonne une contre-révolution. Fin de ce gouvernement constitutionnel. Mariage du prince royal de Suède avec la princesse Joséphine de Leuchtemberg. Organisation des états provinciaux en Prusse.Actes de la Diète helvétique. - Entrée du pacha de Scodra en Grèce. Mort héroïque de Marc-Botzaris. Traité de paix entre la Turquie et la Perse.— Mort du pape Pie VII. Exaltation du cardinal Della Genga sous le nom de Léon XII. rations militaires de l'armée française en Espagne. d'Andujar. Prise de Cadix. - Rétablissement du régime absolu en Espagne.

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Suite des opé-
Ordonnance

La populace de Madrid se faisait un jeu d'insulter le roi, qui amassait chaque jour dans son cœur le souvenir de ces outrages impunis. La garde ayant une fois vengé, l'épée à la main, la majesté de son maître, fut dissoute par le ministère, dont le vrai souverain était le peuple (1). Ferdinand a gardé un silence morne; mais arrive le jour où il doit ouvrir en personne la session des Cortès (1er mars 1824); il se présente dans l'assemblée, prononce un discours différent de celui que lui avaient préparé les conseillers de sa couronne, et, l'œil plein d'une colère majes

(1) Essai hist. sur la révolution d'Espagne, par Martignac, p. 265. - Histoire de la révol. d'Esp. de 1820 à 1823, par un Espagnol, té moin oculaire. 2 vol. in-8°, 1824, tom. 1, p. 127.

tueuse, laisse échapper ces derniers mots : « Les outrages commis contre le respect qui m'est dû comme roi ont été publics. Je ne crains ni pour ma sûreté, ni pour mon existence; Dieu, qui voit mon cœur, veille sur l'une et sur l'autre; mais je ne dois pas taire au Congrès chargé par la nation de veiller à mon inviolabilité, que le pouvoir exécutif manque de l'énergie que la Constitution demande et que les Cortès désirent (1). Et il sort, avant d'avoir reçu d'autre réponse que la stupeur générale produite à ces paroles. Le lendemain, il congédie ses ministres. Les Cortès répliquent enfin, en déclarant que ces fonctionnaires ont conservé la confiance de la nation, et en assignant à chacun d'eux une pension de soixante mille réaux. Ils refusent en même temps de délibérer sur la demande que le roi leur adresse de lui indiquer les personnes dignes de composer un nouveau ministère.

Alors, Ferdinand se forme un autre conseil qui, bien qu'il soit un assemblage d'esprits honnêtes et modérés, ne rencontrera que des préventions chagrines dans l'assemblée. Il confie le ministère des affaires étrangères à Bardaxi; celui de la guerre, à Moreno Daviz; des finances, à

(1) Texte du discours prononcé par le roi à l'ouverture de la session ordinaire des Cortès; Annuaire de Lesur, pour 1821, p. 665.

Barata; de la marine, à Escudero; de grâce et de justice, à Cano Manuel; le gouvernement de la péninsule, à Valdemoro ; celui d'outre-mer, à Feliu, et, après lui, à Pelegrin.

La lutte manifestée entre le souverain et les Cortès, va encourager à la fois les ennemis de la Constitution et ceux du trône à ruiner ou la liberté pour restaurer le despotisme, ou la couronne pour s'assurer la licence. Déjà les absolutistes inquiètent les provinces du midi : l'Andalousie et l'Estramadure nourrissent leurs bandes audacieuses. Un chef, nommé Isar, désole les alentours de Burgos; un autre, la croix à la main, tient tête aux troupes envoyées en Catalogne et en Navarre pour le réduire, et c'est le curé Mérino. Les Cortès rendent des lois sévères pour raffermir l'état des choses nouvelles (avril 1821). Tout prévenu de tentative à main armée contre la Constitution sera soumis au jugement d'un conseil de guerre s'il est condamné à mort, ⚫l'arrêt s'exécutera dans les quarante-huit heures; l'amende et la prison puniront les délits moins graves. Mais les révolutionnaires emportés vont instituer un autre code de procédure. En effet, un Mathias Vinuesa, chapelain du roi, avait été traduit devant les tribunaux, et condamné à dix ans de galères, pour avoir formé un plan de

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contre-révolution (1). Mais il est un lieu dans Madrid, nommé la porte du Soleil, où s'assemblent des hommes qui jugent la justice elle-même. Ce tribunal décide que Vinuesa méritait la mort. Aussitôt le pauvre prêtre entend, du fond de sa prison, les rugissemens de plus de bourreaux qu'une seule mort n'en demande. La porte est enfoncée le prisonnier, tenant un crucifix, précipite à leurs genoux; mais, venus pour ajouter à la loi, ils font ce qu'elle n'a pas voulu faire (4 mai 1821) (2). Depuis ce jour, l'assemblée dont ils avaient exécuté l'arrêt, institua l'ordre du marteau; c'était l'instrument dont ils s'étaient servis, et ce fut à qui obtiendrait l'honneur de s'en décorer.

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L'infatigable adversaire de Bolivar, ce lieutenant de la monarchie espagnole dont la constance avait retardé l'émancipation du NouveauMonde, venait de rapporter à Madrid l'épée de son commandement le roi lui ordonne de la reprendre, et de s'en servir à intimider la licence débordée dans la capitale. Garder une portion de l'univers sous la domination de la couronne es

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(1) Voyez le texte de son projet dans l'Annuaire de Lesur, pour 1821, p. 449.

(2) Essai sur la rév. d'Espagne, par Martignac, p. 294 et suiv.

pagnole, était chose moins difficile que d'assujettir au respect de la majesté royale les factions intérieures. Cependant, le nom de Morillo, capitaine général de la province de Madrid, servira quelque temps de rempart au trône de son maître.

M. le duc de Richelieu et ses collègues, membres du ministère français, n'avaient fait qu'exciter l'appétit du pouvoir dans le parti royaliste, dont ils avaient cherché l'appui. En vain le roi avait admis dans son conseil, comme ministres sans portefeuille, MM. de Villèle et de Corbière. Le parti dont ceux-ci étaient les chefs voulait qu'ils fussent ceux de l'État; il reposait de grandes espérances sur ces deux ministres in partibus, qui, « dépêchés en éclaireurs, devaient préparer les logemens (1). » Le cabinet ayant demandé à la Chambre le prolongement de la servitude des journaux (9 juin 1821), vit éclater l'orage dans lequel il ne tarda point à disparaître, M. de Castel-Bajac lui reprocha d'avoir fait peser les chaînes de la censure sur les feuilles les plus fidèles aux maximes qui soutiennent les couronnes. «< Vous haïssez les royalistes comme individus, vous les repoussez comme principes; vous avez l'air de vous appuyer sur leurs per

(1) Expression de Benjamin-Constant dans un discours prononcé le 7 juillet 1821.

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