2 LES FOURBERIES DE SCAPIN, COMEDIE. ACTE I.. SCENE PREMIER E. Oui. OCTAVE, SILVESTRÉ. OCTAVE. H fâcheufes nouvelles pour un Cœur amoureux! Dures extrémitez où je me voy réduit! Tu viens, Silveftre, d'apprendre au Port, que mon pere revient? SILVESTRE. OCTAVE. Qu'il arrive ce matin même ? SILVESTRE. Ce matin même. OCTAVE. Et qu'il revient dans la réfolution de me marier? SILVESTRE. Oui. OCTAVE. Avec une fille du Seigneur Geronte? SILVESTRE, Da Seigneur Geronte. OCTAVE. 'Et que cette fille eft mandée de Tarente icy pour OCTAVE. A qui mon pere les a mandées par une lettre ? SILVESTRE Par une Lettre. OCTAVE. Et cet oncle, dis-tu, fçait toutes nos affaires ? SILVESTRE. Ah parle, fi tu veux, & ne te fait point de la forte, arracher les mots de la bouche, SILVESTRE. Qu'ay-je à parler davantage? Vous n'oubliez ap3 cune circonftance, & vous dites les chofes tout ju tement comme elles font. OCTAVE. Confeille-moi, du moins, & me dis ce que je dois faire dans ces cruelles conjonctures, SILVESTRE, Ma foi, je m'y trouve autant embarraffé que vous & j'aurois bon befoin que l'on me confeillât moimême. OCTAVE, Je fuis affaffiné par ce maudit retour. SILVESTRE, Je ne le fuis pas moins. OCTAVE. Lorfque mon pere apprendra les chofes, je vais voir fondre fur moi un orage foudain d'impétueufes réprimandes. SILVESTRE. Les réprimandes ne font rien, & plût au Ciel que j'en fulle quitte à ce prix ! Mais j'ai bien la mine, pour moi, de payer plus cher vos folies & je vois fe former de loin, un nuage de coups de bâton qui crevera fur mes épaules. OCTAVE. O Ciel par où fortir de l'embarras où je me trouve. SILVESTRE. C'est à quoi vous deviez fonger, avant que de vous y jetter. OCTAVE. Ah tu me fais mourir, par tes leçons hors de faifon. SILVESTRE. Vous me faites bien plus mourir, par vos actions étourdies. OCTAVE. Que dois-je faire ? Quelle réfolation prendre ? à quel remede recourir ? U'eft-ce, Seigneur Octave, qu'avez-vous ? Qu'y a-t-il? Quel defordre eft-ce là? Je vous voy tour troublé. OCTAVE. Ah, mon pauvre Scapin, je fuis perdu, je suis défelpré s je fuis le plus infortuné de tous les hom N'as-tu rien appris de ce qui me regarde Non, SCAPIN. OCTAVE. Mon pere arrive avec le Seigneur Geronte, &# ils me veulent marier. SCAPIN. Hé bien, qu'y a-t-il là de fi funeste ? OCTAV E. Helas tu ne fais pas la caufe de mon inquietude. SCAPIN. Non mais il ne tiendra qu'à vous que je la fçache bientôt, & je fuis homme confolatif, homme à m'intereffer aux affaires des jeunes gens. |