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veillance et de dévoûment que d'exactitude historique. Il lui arrive à commandement des anecdotes plus ou moins intéressantes sur d'illustres proscrits. Dernièrement, ce journal, c'est la Mode, renfermoit une lettre de Prague, du 10 avril, remplie de détails sur M. le duc de Bordeaux. Ces détails, il faut le dire, ne paroissent pas tous authentiques, et cependant la lettre a été reproduite dans plusieurs journaux, et surtout dans les journaux de province. Une chose particulièrement nous a choqué dans cette lettre, et quoique M. de Mengin - Fondragon y ait répondu dans la Quotidienne, on nous permettra de réfuter plus expressément une allégation de l'anonyme. Le voyageur raconte, entre autres, qu'un jour le jeune prince l'engagea à venir entendre la messe à la chapelle du château, en ajoutant tout bas: Je vais à la messe tous les dimanches comme Henri IV et Napoléon, mais ni plus ni moins. Cette anecdote est tout-à-fait invraisemblable; nous ne ferons pas valoir, pour la combattre, les pieux sentimens que M. le duc de Bordeaux montra naguère lors de sa première communion; nous remarquerons seulement que la position de M. le duc de Bordeaux et l'éducation qu'il a reçue ne l'ont certainement pas conduit à choisir Napoléon pour son modèle. Il seroit fâcheux assurément qu'il suivit les traces de l'ex-empereur en religion comme en politique. M. le duc de Bordeaux, qui sait sans doute de quel sang il est né, a d'autres exemples à imiter que ceux d'un soldat de fortune, d'un despote, qui a cherché querelle à tout le monde, qui a trompé les uns, dépouillé les autres, qui a exposé la France à deux invasions, et que ses folies et ses fureurs ont conduit à aller mourir sur le rocher de Sainte-Hélène. Le jeune prince trouvera dans sa famille des modèles plus dignes de lui. Il descend d'un grand roi qui fut à la fois pieux et habile, et qui n'entendoit pas la messe par manière d'acquit. L'histoire nous apprend que saint Louis ne l'entendoit pas seulement le dimanche, mais tous les jours, et même qu'il en entendoit plusieurs par jour. Il ne paroît pas que cette pieuse coutume l'ait empêché de remplir ses devoirs de roi et de faire le bonheur de ses sujets, en même temps qu'il se faisoit estimer et même quelquefois craindre de ses voisins. Voilà un modèle que M. le duc de Bordeaux peut suivre sans honte, et il lui sera sans doute plus agréable de trouver ce modèle dans sa famille que dans celle de l'ennemi de sa maison. Au surplus, l'anecdote du voyageur est d'autant plus suspecte, que lui-même paroît empreint des idées philosophiques de notre temps. Prions Dieu qu'il en préserve à jamais un jeune prince qui a beaucoup étudié l'histoire, et qui y a vu sans doute et les bienfaits de la religion, et son influence sur le bonheur des peuples, et les tristes résultats d'une philosophie qui n'a réussi qu'à ébranler les trônes et à pervertir les nations chez lesquelles

elle a obtenu quelque crédit. Si le prince n'avoit pas remarqué cela dans l'histoire du passé, l'histoire du présent le lui diroit plus éloquemment encore, et la nouvelle disgrâce de toute sa famille et la sienne propre sont de puissans avertissemens et de hautes leçons que la Providence réservoit à sa jeunesse pour la détromper des erreurs du siècle.

Nous savons maintenant par quel abus de confiance on a fait signer à quelques ecclésiastiques une espèce d'apologie du Journal des Connoissances utiles. Un prêtre dont nous ne voulons pas dire le nom est allé chez M. l'abbé Cabias, et lui a dit qu'une commission d'ecclésiastiques venoit de se former pour maintenir la saine doctrine dans un journal injustement attaqué. M. l'abbé Cabias a cru voir là un but utile, et n'a pu imaginer qu'un ami, un prêtre voulût le tromper. Un autre ecclésiastique, qui se trouvoit alors chez lui, a signé aussi de confiance. M. l'abbé Cabias déclare qu'il n'a rien lu du Journal des Connoissances utiles, qu'il désavoue tout ce qui pourroit s'y trouver de contraire à la doctrine de l'Eglise et à l'intérêt de la religion, qu'il ne veut avoir rien de commun ni avec les rédacteurs, ni avec la rédaction, et qu'il n'a assisté à aucune réunion de la commission. M. l'abbé Cabias est un ecclésiastique attaché à ses devoirs, dont on a surpris indignement la bonne foi, et qui est venu nous en exprimer sa peine. Tous ceux qui le connoissent rendront justice à ses bonnes intentions. Nous avons vu que M. Haut, dont le nom se trouve après celui de M. Cabias sur la liste que nous avons citée, n'existe pas dans le clergé de Saint-Germain-l'Auxerrois, ni dans le clergé de Paris; mais il y a dans le clergé de Saint-Germain un ecclésiastique nommé M. Harel. Si c'est lui dont on a voulu parler, il nous invite à déclarer qu'il ne connoît pas plus que M. Cabias le Journal des Connoissances utiles, qu'il n'a nulle connoissance de l'acte au bas duquel on auroit voulu mettre son nom, et qu'il désavouc l'apologie du divorce, et tout ce qui se trouve de répréhensible dans le journal en question. Enfin, nous avons sous les yeux une lettre de M. Reffay de Sulignon (car il paroît que tel est son nom), qui déclare aussi n'avoir eu aucune connoissance de la circulaire au clergé, qu'il ne l'a pas vue manuscrite, et qu'il n'a pu mêine se la procurer depuis qu'elle est imprimée. « Il y a quelque temps, dit M. Reffay dans sa lettre, on vint me proposer d'être membre d'un comité d'ecclésiastiques, présidé, me disoit-on, par M. l'abbé Guillon, et qui seroit chargé de la partie religieuse du Journal des Connoissances utiles. On me lut à ce propos un rapport de M. Guillon sur ce journal. J'acceptai, parce que je pensois pouvoir contribuer à faire le bien en empêchant les mauvaises doctrines de se répandre; mais je n'ai pas entendu parler de ce pro

jet, et je n'ai pas eu d'autres rapports avec l'administration de ce journal. » Ainsi, des signatures extorquées par surprise, falsifiées ou supposées, voilà la circulaire adressée au clergé en faveur du Journal des Connoissances utiles.

-M. l'archevêque de Sens a quitté sa résidence à la fin d'avril, pour continuer la visite de son diocèse, qu'il avoit commencée l'année dernière. Le prélat étoit le 29 au Mont SaintSulpice, arrondissement d'Auxerre. Cette paroisse, qui a toujours été dirigée par de pieux et zélés ecclésiastiques, est une de celles qui ont le mieux conservé le trésor de la foi: pendant la révolution, plusieurs prêtres y ont trouvé asile, et n'ont cessé d'instruire Jes fidèles. Il y existe une maison d'éducation conduite par les sœurs de la providence : elle a été établie par M. Coulouvrier, alors curé du mont Saint-Sulpice, et dotée depuis par M. Caminot, autre curé, qui est mort chanoine honoraire de Troyes. Depuis une vingtaine d'années, cette paroisse avoit fourni au séminaire plusieurs élèves, dont quelques-uns sont morts pendant le cours de leurs études; trois seulement sont parvenus à la prêtrise', un seul vit encore. M. l'archevêque a reçu dans ce lieu un accueil dont il a dû être satisfait. Le 30 avril, après la messe, que les fidèles entendirent dans le plus grand recueillement, le prélat donna la confirmation à près de deux cents personnes; un plus grand nombre a reçu la communion. Les habitans ont montré beaucoup d'empressement pour jouir de la présence de M. l'archevêque. Le 30 au soir, à l'heure de son départ, presque toute la population voulut l'accompagner près d'une demi-lieue; c'étoit comme une procession où les femmes et les filles chantoient des cantiques. Les jeunes gens se tenoient en bon ordre, à droite et à gauche de la voiture. Ceux qui étoient à travailler dans les champs voisins quittoient leur charrue pour recevoir la bénédiction du prélat. Au moment où il fallut se séparer, un des jeunes gens adressa à M. l'archevêque des remercimens pour sa visite, qui a rappelé celle de M. de Latour-Dupin il y a vingt-huit ans. Ce pieux prélat vint aussi à Saint-Sulpice, où M. Caminot étoit alors curé, et on y conserve le souvenir de sa vertu si douce et si attrayante.

-M. le curé de Tesson, arrondissement de Saintes, avoit été chargé par M. l'évêque de La Rochelle de desservir la paroisse de Berneuil, et il y exerçoit son ministère avec zèle et désintéressement. Tout le monde en paroissoit satisfait, hors le maire qui a imaginé de priver le curé de Tesson du pied-à-terre dont il avoit besoin, en lui ôtant la jouissance du presbytère qui, dans les paroisses vacantes, est accordée aux curés chargés de les desservir. Il y a là-dessus une ordonnance formelle du 3 août 1825; elle

porte, art. 2, que les curés ou vicaires et les desservans, autorisés par leurs évéques à venir dans les succursales vacantes, ont droit à la jouissance des presbytères et des dépendances de ces succursales tant qu'ils exercent régulièrement ce double service. On a fait souvenir le maire de Berneuil de l'existence de cette ordonnance que sans doute il connoissoit déjà; mais il a prétendu que le presbytère étant la propriété de la commune, devoit être régi par l'autorité locale, et que la clé devoit être entre les mains du garde champêtre. Ainsi le curé de Tesson n'avoit plus la jouissance du presbytère en dépit de l'ordonnance de 1825, et le caprice du maire avoit le pouvoir d'anéantir un acte de l'autorité supérieure. Cependant, il faut le dire, ce fonctionnaire a eu la générosité de permettre que le cheval du curé fût reçu à l'écurie du presbytère. Mais sa condescendance ne s'est pas étendue jusqu'au curé luimême. Par suite de cette vexation et de plusieurs autres, M le curé de Tesson a cessé de desservir Berneuil, et les habitans de ce dernier lieu n'ont pas même la consolation de faire enterrer leurs parens avec les cérémonies de la religion. Une requête a dû être adressée au sous-préfet pour réclamer contre les procédés arbitraires d'un maire malveillant.

- Le clergé du diocèse de Rouen a fait coup sur coup plusieurs pertes. M. l'abbé Leboulleux, grand vicaire du diocèse et ancien supérieur du grand séminaire, est mort au commencement d'avril. Il étoit de la congrégation des eudistes, et occupa long-temps la cure de Saint-Saëns dans l'arrondissement de Neufchâtel. M. le cardinal de Croy, devenu archevêque de Rouen, lui confia la cure importante d'Yvetot, et l'appela peu après à Rouen où il le fit grand-vicaire et supérieur du grand séminaire. Sa piété, sa douceur, ses qualités estimables, lui attachèrent ses élèves; mais il quitta la direction du grand séminaire il y a quelques années, et elle fut confiée à une société d'ecclésiastique. Il est mort au mois de mars, laissant des regrets dans tout le clergé. La ville de Dieppe a perdu M. Potel, curé de Saint-Jacques. Cet ecclésiastique étoit né à Dieppe, et fut fait prêtre plusieurs années avant la révolution. Il remplissoit les fonctions de vicaire lorsqu'elle éclata. Elle le força de se retirer en Angleterre. Il fut un des premiers qui revinrent de l'exil, et fit l'ouverture d'une chapelle dans une des salles de l'Oratoire. Il redevint vicaire après le concordat et remplit ces modestes fonctions pendant quarante-cinq ans. En 1827, M. Payen, docteur de Sorbonne, ancien supérieur de genovéfains d'Eu, et, depuis le concordat, curé de Saint-Jacques à Dieppe, étant mort, M. l'archevêque mit à sa place M. Potel, quoique déjà un peu âgé. Celui-ci a terminé au mois d'août dernier sa laborieuse carrière; il avoit soixante-dix-neuf ans. M. Denis-Armand Arson, chapelain de

P'hospice de Caudebec, est mort dans cette ville le 28 décembre, à l'âge de soixante-sept ans. Fait prêtre peu avant la révolution, il étoit en 1790 vicaire de Saint-Mesnil-du-Récu. Le refus du serment l'obligea de quitter cette place. Il se retira dans sa famille, et passa en 1792 en Angleterre où il resta dix ans. De retour après le concordat, ou le nomma desservant de Blacqueville, son pays natal. I occupa cette place quatorze ans. La fortune dont il jouissoit lui donnoit les moyens de faire du bien. Sa charité et sa parfaite régularité lui concilioient l'estime de toutes les classes; mais la difficulté qu'il éprouvoit à parler en public le porta à donner sa démission. Son zèle ne pouvoit rester oisif; il obtint l'érection de la chapelle du château de Panneville en chapelle vicariale qu'il administra pendant quinze ans. Il visitoit soigneusement les pauvres et ne négligeoit pas ceux de son ancienne paroisse dont il étoit voisin. Le marquis de Cayron ayant quitté sa terre de Panneville, M. Arson donna encore sa démission, et se retira à l'hospice de Caudebec où il ne resta que quatre mois. L'air vif de la Seine lui occasionna une fluxion de poitrine à laquelle il succomba après avoir reçu les sacremens. Il donna des ornemens à l'hospice. Les pauvres de Caudebec, ceux du Mesnil-Panneville et de Blacqueville ont eu part à ses bienfaits.

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Le 21 avril, le jubilé s'est ouvert à Annecy. M. l'évêque a officié pontificalement dans sa cathédrale. A la suite de la messe il y a eu une procession générale où se trouvoient plus de trois mille personnes, et où a régné le plus grand ordre. Le soir, le prélat se rendit à l'église paroissiale de Saint-Maurice, qui étoit toute remplie. Il y improvisa une exhortation familière sur les moyens et les motifs de profiter de la grâce du jubilé. On sait quelle est l'heureuse et brillante élocution du vénérable évêque qui a rempli avec tant de zèle, d'onction et de succès le ministère de la chaire en Savoie et en France. Cette année même, il a prêché tous les dimanches dans sa cathédrale. Pendant le jubilé, les discours et instructions ont été faits à Annecy dans les églises paroissiales de Saint-Maurice et de Notre-Dame, par trois religieux capucins, dont M. l'évêque avoit réclamé le concours.

-M. Henri Milz, né à Coblentz, le 21 novembre 1763, ancien grand vicaire d'Aix-la-Chapelle, fait en 1825 évêque de Sarepta in part. et coadjuteur de Trèves, est mort à Coblentz, le 30 avril, des suites d'une maladie de foie. C'est par erreur que des journaux de Belgique lui avoient donné le titre d'évêque de Trèves; M. de Hommer, évêque de ce siège, n'est pas mort. M. Milz résidoit ordinairement à Coblentz.

-L'empereur d'Autriche vient d'accorder le beau monastère de Praglia, près Padoue, aux bénédictins qui voudront y rentrer.

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