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Ils jouiront également de tous les biens non-vendus, et qui formeront encore un revenu honnête. C'est la première fois qu'un monastère est rétabli dans les domaines autrichiens en rendant les biens. M. Farina, évêque de Padoue, a adressé à ce sujet une circulaire à tous les bénédictins du royaume lombardo-vénitien. Le prélat (1) a eu la satisfaction de voir que non-seulement tous, à l'exception de deux, ont répondu avec empressement à l'offre qui leur étoit faite; mais que d'autres bénédictins qui n'appartenoient pas au monastère de Praglia ni aux autres états de l'empereur, ont demandé d'y être reçus. Quoique le plus grand nombre de ces religieux soient déjà placés, et doivent renoncer à une existence commode pour reprendre la vie cenobitine, on a été fort édifié de ce zèle pour rentrer dans leur pieuse vocation.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le Moniteur du 14 publie un procès-verbal dressé à Blaye le 10 à trois heures et demie du matin, et dans leque! M. Deneux déclare qu'il venoit d'accoucher madame la duchesse de Berry, épouse en légitime mariage du comte Hector Lucchesi-Palli. Le président du tribunal a demandé à la princesse si l'enfant nouveau-né étoit à elle; elle a répondu que oui. Le procès-verbal ́est signé de MM. Deneux, Dubois et Ménière, médecins; du général Bugeaud; de M. Descrambes, curé de Blaye; du sous-préfet, du président du tribunal, du procureur du Roi, de l'adjoint, du commandant de la garde nationale et de la place, du commissaire civil à la citadelle. M. le comte de Brissac et madame la comtesse d'Hautefort n'ont point voulu signer, et ont dit qu'ils étoient venus pour donner leurs soins à la duchesse de Berry comme amis, mais non pour signer un acte quelconque. L'acte de naissance est dressé le même jour à midi par le maire de Blaye, qui étoit absent lors du premier acte. Il est signé des mêmes que ci-dessus, excepté M. le curé de Blaye, et, de plus, du juge de paix et d'un officier d'ordonnance du général. La princesse a déclaré donner à sa fille les noms d'Anne-Marie-Rosalie.

Ceux qui s'intéresent à l'avenir de notre glorieuse révolution ont certainement grand tort de trembler, comme ils le font, à l'idée de voir les carlistes reprendre un peu de vie. Ces bons carlistes sont loin d'être aussi noirs qu'ils le paroissent, et on peut en toute sûreté leur confier les destinées de la jeune France. Il y en a du moins parmi eux qui sont les premiers à vouloir que le feu sacré de l'irréligion s'y entretienne, et qu'on ne touche en rien aux excellentes mœurs que la révolution de juillet a promis de nous faire. D'eux-mêmes ils cherchent à entrer dans les hautes pensées de régénération du grand siècle, et à prévenir le danger

(1) C'est le même dont il est parlé dans notre No 935, tom. xxxvi.

dont la jeune France pourroit être menacée par l'éducation religieuse da duc de Bordeaux. Ils prennent l'engagement d'étouffer en lui autant que possible tous les germes de vertu chrétienne, dont les héros de juillet peuvent s'alarmer; et pour commencer, ils promettent de ne le pas laisser aller à la messe plus d'une fois la semaine, jusqu'à ce qu'ils voient jour à lui faire perdre tout-à-fait cette mauvaise habitude. Ils ont établi tout exprès entre Prague et Paris des correspondances où l'on s'attache à représenter le jeune prince comme digne d'entrer dans l'esprit de perversité de notre temps, et de favoriser les progrés de la corruption révolutionnaire. Que peut-on demander de plus à ces braves et honnêtes carlistes? Assurément les patriotes de juillet ne feroient pas mieux; c'est une réunion d'efforts et d'intelligences, une émulation de folie et d'irréligion, qui doit complètement rassurer ces derniers sur le triomphe de leur cause. Nous ne voyons qu'une seule conséquence raisonnable à tirer de tout cela; c'est que si notre malheureux pays relève de la grande maladie de démence dont il est frappé, on ne pourra pas contester à la Providence la grâce qu'elle nous aura faite de s'en être mêlée.

Jusqu'à présent, les royalistes avoient été les seuls auxquels on pût reprocher de ne pas s'entendre. Les autres savoient ce que vaut l'union, et se vantoient eux-mêmes de marcher comme un seul homme. Mais voilà qu'à leur tour ils se divisent; tant la clef d'or de M. Viennet, et les tripotages de journaux vendus sous main, ont dérangé le cours naturel des choses. Une grande question se débat dans ce moment entre les écrivains de l'opposition révolutionnaires. Les uns attaquent le système de centralisation du gouvernement; les autres le défendent. La tâche de ces derniers est facile, et l'on ne doit pas craindre de leur prédire un bon succès. On peut même leur assurer que, tant qu'ils soutiendront cette thèse, le ministère public ne les traduira point en justice pour cela. Il ne faut que sàvoir de quelle manière les franchises municipales sont mesurées par la nouvelle loi, actuellement pendante devant la chambre des députés, pour être assuré que le gouvernement ne se fâchera pas contre les partisans du monopole et de la centralisation. Autant on a mis de soin à préserver les petites écoles de l'influence des curés, autant on prend de précautions pour empêcher les maires et les conseils municipaux d'ètre maîtres chez eux. On peut dire la même chose de toutes la révolution de juillet, dont les affaires sont tellement embrouillées, les promesses et les bienfaits tellement perdus dans le gáchis, qu'il ne reste plus de ses glorieuses conquêtes que les prisons d'Etat, l'arbitraire, la misère publique et les budgets.

— Vous n'entendez de toutes parts que des gens qui ont quelque chose à demander, quelque plainte à former, quelque grief à faire redresser. Les uns veulent des franchises municipales, des Etats-généraux, des réformes parlementaires. Les autres demandent la liberté d'enseignement, la diminution des impôts, la cessation du régime révolutionnaire, des états de siége, etc. Il est vrai que tout cela ne remédie à rien, et que le gouvernement de juillet n'écoute pas un mot de

ce qu'on lui dit. Mais il n'en est pas moins certain que c- concert général de plaintes et de réclamations constate un état de souffrance et de mécontentement auquel on a tort de ne faire aucune attention, parce que les griefs, à force de s'amasser, finissent par former une somme qu'on ne peut plus porter.

- Une ordonnance du 29 avril fixe la solde de disponibilité à 9,000 fr. pour les lieutenans-généraux, et à 6,000 fr. pour les maréchaux-de-camp. Ces officiersgénéraux continueront à ne recevoir, s'ils sont placés daus le cadre de réserve, que 7,500 fr. ou 5,000 fr.

- M. Teillard-Nozerolle, député du Cantal, ayant été nommé président du tribunal de Murat, le collége électoral de cette ville est convoqué pour le 7 juin. – M. l'abbé Levesque, curé de la paroisse Saint-Jacques de Douai, fait partie des personnes à qui l'on a donné la Croix-d'Honneur à l'occasion de la SaintPhilippe.

La commission, chargée d'examiner la nouvelle proposition pour le réta-
blissement du divorce, est composée de MM. Merlin, Mangin-d'Oins, Dumeylet,
Bedoch.
Petit, Bastard, de Schonen, Prevost-Leygonie, Gillon,

M. Cousin est chargé de faire le rapport de la commission de la chambre des pairs sur l'instruction primaire.

Les conseillers à la cour de cassation, qui ont rendu en faveur du National l'arrêt qui intéresse tant la presse, sont MM. de Bastard, président: Olivier, Brière, Thil, Rives, Mérilhou, Isambert, Rocher, Chauvean-Lagarde, Chopin, Ricard.

— M. Thomas, associé de M. Bastide, marchand de bois, et prévenu d'avoir, avec ce dernier qui est absent, pris une part active à l'insurrection de juin, comparu le 13 mai devant la cour d'assises. Sur l'invitation de l'avocat-général, il s'est revêtu à l'audience de l'uniforme d'artilleur de la garde nationale qu'il avoit pris à cette époque. Les débats ont beaucoup affoibli les charges qui exis-` toient contre lui; le ministère public l'a reconnu lui-même. Les jurés, après une courte délibération, l'ont fait acqnitter. Plusieurs députés de l'opposition, et quelques républicains, s'étoient rendus à l'audience. M. Thomas est décoré de juillet, et membre de la société des Amis du peuple. M. Boinvilliers s'étoit chargé de sa défense.

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· Une affaire de juin a encore occupé le 14 la cour d'assises. Le sieur Damon, arrêté par suite de ces événemens, avoit dit pour se justifier qu'il avoit été enrôlé par un sieur Andilly. Celui-ci ayant été mis en jugement, Damon a af firmé, sur la foi du serment, que ce qu'il avoit dit n'avoit été qu'un expédient pour obtenir sa mise en liberté. Andilly a été acquitté.

-

Un épicier, nommé Lelerc, avoit été arrêté dans le bois de Boulogne, parce qu'il chantoit: Vive Henri IV! Traduit devant la cour d'assises comme coupable de cris séditieux, il a été spontanément acquitté.

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- Les délits de la presse et les affaires criminelles se multipliant toujours, la cour d'assises a été divisée en quatre sections pendant le 2o trimestre de 1833. Pendant le dernier trimestre de 1832, la cour d'assises a rendu 82 arrêts portant condamnation à des peines afflictives et infamantes; 37 de ces arrêts ont été prononcés pour attentat ayant pour but de renverser le gouvernement actuel.

— Le gouvernement a fait imprimer à grand nombre le réquisitoire de M. FranckCarré contre la société des Droits de l'Homme, et il le fait distribuer gratuitement dans les départemens avec différens écrits sur les républicains et les légitimistes.

M. le maréchal Soult a été atteint, ces jours derniers, de l'épidémie régnante.

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On accorde depuis quelque temps au ministere de la guerre un grand nombre de congés de six mois et d'un an.

On a saisi à Paris et à Nantes, comme objets séditieux, des mouchoirs qui contenoient les lettres H. V., entourées de fleurs. On prétend qu'ils ont été fabriqués à Nîmes.

Emile Giedroyk, fils du prince Alexandre Giedroyk, du palatinat de Plock en Pologne, est mort à 31 ans, à l'hospice de Bergerac. Il avoit perdu tous ses biens par suite de la révolution de Pologne, dont il avoit embrassé la cause avec chaleur. A son dernier moment, il a demandé les sacremens de l'Eglise. Dieu est l'arbitre de ma destinée, a-t-il dit en mourant, c'est en ses mains que je la confie ; j'adore ses desseins, et je me soumets plein d'espérance à sa volonté. Ses dernières pensées ont été pour Dieu, pour la liberté et pour sa mère. M. le curé de Bergerac l'a visité plusieurs fois pendant sa maladie. Un autre Pòlonais a fini à Marseille d'une manière plus affligeante. Le capitaine S. s'est tué à Ja suite d'un duel, où il croyoit n'avoir pas satisfait à tout ce qu'exigeoit de lui un faux point d'honneur. Le clergé n'a point paru à ses obsèques.

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- Un incendie a détruit, le 6 mai, 50 maisons du village d'OEutrange, à deux lieues de Thionville. On est parvenu à préserver du désastre l'église, le presbytère, l'école et une ligne de maisons. On cite avec beaucoup d'éloge le zèle et le dévoûment de MM. This, curé de Hettange, et Haydos, curé de Veymeranges, qui sont accourus les premiers, à la tête de leurs paroissiens, au secours des habitans incendiés.

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La cour d'assises du Loiret, dans son audience du 11 mai, a acquitté dixhuit vendéens, prévenus d'avoir fait partie de la bande de M. de Ponifarcy. La question de l'amnistie, qui leur avoit été promise, a été invoquée par le défenseur, et admise par le jury.

Deux ́futailles d'eau-de-vie ayant été recueillies, le 4 mai, sur la côte de Monsterlin (Finistère), par les employés de la douane, les habitans des environs se transportèrent au nombre de 150 sur le lieu de sauvetage, et s'emparèrent d'une

des deux pièces à la suite d'une`rixe avec les préposés. Les paysans burent ensuite l'eau-de-vie, et cette libation eut des effets terribles six d'entre eux restèrent morts sur la place; et on ignore si quinze autres, qui ont été mis à demi-morts dans du fumier, pourront être rappelés à 4a vie. Le procureur du Roi, de Quimper, s'est transporté sur les lieux et a fait quelques arrestations.

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Un second commissariat de policc est créé dans la ville de Dijon.

Un sergent-major du bataillon de Burie, arrondissement de Saintes, qui ne s'étoit pas rendu à l'exercice, a été condamné à une journée de travail de route, depuis cinq heures du matin jusqu'à sept heures du soir, sous les ordres d'un caporal. Pareille con Jamnation a été prononcée contre un huissier faisant partie du même bataillon. Ces singuliers jugemens ont été signifiés le 29 avril; et le 3 mai, la force armée s'est présentée pour les mettre à exécution.

Un accident a eu lieu, le samedi 4 mai, dans l'église cathédrale de SaintAgricole à Avignon. M. Baldovin, peintre, qui travailloit à des fresques, est tombé de l'échafaudage, dressé, près de la voûte, à quarante pieds d'élévation. Par un bonheur extraordinaire, il n'a éprouvé aucune fracture.

Le contre-amiral Mackau est parti le 11 de Cherbourg, sur la frégate l'Atalante, pour aller prendre le commandement de l'escadre française des Dunes en remplacement de M. Ducrest-de-Villeneuve.

→ Le bâtiment de l'Etat le Luxor, commandé par M. de Verninac, et accompagné du bateau à vapeur le Sphynx, est arrivé à Toulon le 11 mai, ayant à bord l'un des obélisques de Thèbes. Le Luxor va être mis en état de se rendre à Cherbourgoù l'on avisera aux moyens de le faire venir à Paris.

La tranquillité, qui avoit été un moment troublée par les événemens de Vorms dans les communes de Roxheim et de Bobeinheim, est entièrement rétablie: les troupes que l'on y avoit placées sont retournées à leur garnison.

Le Moniteur dément la nouvelle accréditée par le Sémaphore de Marseille, portant que les Européens sont placés, comme les Musulmans à Alger, sous le régime militaire. Aucune décision n'a ordonné cette mesure; seulement, la législation française n'étant point encore promulguée en Afrique, n'y devient peu à peu exécutoire que sur des ordonnances ministerielles ou des arrêtés du gouverneur.

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Le jour de la fête de Louis-Philippe, toutes les troupes en garnison à Alger ont été réunies dans la plaine de Mustapha, où il a été célébré, par le préfet apostolique, une messe militaire. Il y a eu ensuite une revue par le général Voirol, commandant par intérim, récemment arrivé dans la colonie. Elle a été suivie de jeux et d'un feu d'artifice. Ce jour concouroit avec la fête du Beiram.

La motion de M. Thompson, tendant à obtenir des renseignemens sur l'embargo mis sur les navires hollandais, après avoir été encore appuyée par M. Peel, a passé le 11 mai à la chambre des communes d'Angleterre. Le ministère ne s'y est pas opposé. M. Hume a ensuite demandé quelques explications sur

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