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ceux-ci, avec l'adhésion du ministére. M. de Barante, rapporteur, résume la discussion générale; il combat le système de M. de Brézé, et répond à MM. Ræderer et de Montlosier que l'élection des conseillers doit être faite par les contribuables, attendu que ces conseils sont appelés à voter des centimes facultatifs.

L'art. 12 porte que le conseil général est composé d'autant de membres qu'il y a de cantons, sans pouvoir cependant excéder le nombre de quarante, M. de Cessac combat cette dernière phrase, que la commission a ajoutée; il pense que tous les cantons doivent être représentés sans distinction. M. Devaisne s'effraie du nombre trop considérable des membres de ces conseils, qui dégénéreroient peutêtre en assemblées politiques; il est d'avis que le gouvernement forme le conseil de la moitié des représentans de cantons. M. le ministre de l'intérieur discute les différens systèmes, et se prononce pour celui de la commission, en restreignant toutefois le chiffre à trente-six. M. de La Villegontier demande qu'on le réduise méme à trente-deux. M. Molé pense qu'avant de s'occuper de l'organisation des conseils généraux, il auroit été convenable de fixer leurs atrributions. M d'Argout répond que le projet d'attributions a été présenté simultanément à la chambre des députés. M. de Montalivet blâme l'élection par cantons, et trouve trop grand le nombre des conseillers, qu'il voudroit voir maintenir de seize à vingt-quatre. M. de Barante défend le système de la commission.

Le 18, la discussion continue pendant toute la séance sur l'art. 2 et sur le nombre des membres des conseils généraux. M. d'Argout défend le mode proposé d'élection cantonale, comme plus propre à représenter tous les intérêts, dans un examen qu'il fait ensuite de l'influence de la presse en province. Il compte que, sur cent soixante-neuf journaux de département, quatre-vingt-cinq sont dévonés au gouvernement de juillet; vingt et un le sont foiblement; vingt-cinq représentent l'opinion légitimiste, et trente-huit l'opinion républicaine. Le ministre verroit quelque danger à ce que les réunions eussent lieu aux chef-lieux d'arrondissement, où les jeunes gens, remplis d'idées républicaines, exerceroient quelque influence.

M. de Montalivet insiste pour que l'on réduise le nombre des membres des conseils généraux. M. de Barante, rapporteur, soutient que les intérêts ruraux seront mieux défendus par des électeurs cantonnaux, et adhère au nombre trentesix, proposé par le ministre. MM. Molé et Roy appuient les observations de M. de Montalivet, et M. Augustin Périer celles de la commission. M. Villemain est d'avis que l'on fixe le nombre de vingt et un à trente- trois, suivant différentes classes. M. d'Argout rappelle que M. de Martignac avoit proposé trente pour maximum, et qu'il paroît peu convenable de rester au-dessous de ce chiffre après la révolution de juillet. Ce dernier chiffre est adopté, après deux épreuves, à la majorité de 56 contre 49.

M. Roederer reproduit son amendement tendant à faire nommer les conseillers par le Roi, sur une liste double, présentée par les électeurs. MM. de Pont écoulant et d'Argout montrent que ce système est contraire à la Charte de 1830. La discus sion est renvoyée à lundi.

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chambre des députés.

Le 17, M. Dubois (de la Loire-Inférieure ), obligé d'aller, à raison de ses fonc» tions, inspecter plusieurs académies, sollicite up congé. Cette demande excite quelques rumeurs. M. de Sade soutient qu'un député doit oublier toute fonction pour siéger à la chambre. La demande est mise aux voix, et rejetée à une grande majorité.

La chambre achève la discussion de la loi sur les attributions municipales. On adopte les art. 53 à 65, portant qu'avant d'intenter une action judiciaire à une commune, on devra en exposer les motifs au préfet ; que les communes ne pourront ester en jugement sans l'autorisation des conseils de préfecture, qui ne pourront refuser, si plusieurs habitans solvables offrent de se charger des frais; que les transactions sur procès devront être approuvées par le préfet, ou, si la somme excède 5,000 fr., par le gouvernement; que dans le cas où plusieurs commuues posséderoient des biens par indivis, l'administration en sera confiée à une commission syndicale, composée de délégués des conseils municipaux respectifs.

Plusieurs articles du projet et différens amendemens sout successivement rejetés. On adopte enfin un article additionnel de M. Dumeylet, portant qu'il sera statué par une loi spéciale sur l'administration municipale de la ville de Paris. M. Salverte demande à ce sujet que l'on s'occupe au plus tôt de la réorganisation municipale de la capitale, qui se trouve dans un véritable état d'ilotisme. :

On procède au scrutin sur l'ensemble de la loi, et elle passe à la majorité de 215 contre 15. Il n'y a eu que 230 votans, nombre rigoureusement nécessaire; encore on ne l'a réuni qu'en envoyant chercher de tous côtés les députés déjà partis.

Le 18, M. Gouin fait un rapport favorable sur le projet de loi transitoire, relatif à l'amortissement.

› On fait ensuite un rapport de pétitions. Une réclamation sur le mode et le taux de perception du droit sur les boissons est renvoyée au ministre des finances et à la commission du budget. La commission propose l'ordre du jour sur un mémoire du sieur Barthélemy, qui signale des actes arbitraires de la police, notamment des perquisitious chez un sieur Louis, soupçonné d'entretenir des relations avec madame la duchesse de Berry, et les voies de fait exercées par les sergens de ville au pont d'Arcole. M. Laboissière soutient que l'on a organisé un vol simulé pour s'introduire chez M. Louis; et qu'il n'a été arrêté que sur un ordre écrit au crayon; que l'on est parvenu à cacher les auteurs des violences du pont d'Arcole, et que c'est la police qui avoit monté le drame du coup de pistolet. M. le garde-des-sceaux répond que la justice est saisie d'une plainte de M. Lonis, et qu'elle a statué sur l'affaire du pout d'Arcole. M. Garnier-Pagès se plaint de ce que ce ministre vient de faire condamner disciplinairement deux magistrats', parce qu'ils correspondoient avec la société Aide-toi, tandis que le même M. Barthe étoit sous la restauration l'un des membres les plus actifs de cette société, qui a même été présidée par M. Guizot. M. Barthe se borne à répondre que la décision judiciaire, à l'égard de

ces magistrats, ne sauroit être attaquée à la tribune. L'ordre du jour est prononcé. Le général polonais Bein sollicite l'intervention du gouvernement, pour que ses compatriotes réfugiés en Prusse y soieut traités moins rigoureusement, et puissent se rendre en France. M. Lafayette demande que l'on seconde ce vœu, et que l'on prenne à l'égard des Polonais résidant en France des mesures plus dignes de l'hospitalité. Il se plaint ensuite de la rigueur avec laquelle on a expulsé de Bergerac et de Bourges une partie de ceux qui s'y trouvent. M. le ministre des affaires étrangères répond qu'il n'est pas possible de faciliter le passage en France des Polonais qui se trouvent en Prusse, attendu que les fonds affectés aux réfugiés sont insuffisans. Quant à l'expulsion de Bergerac, elle étoit commandée par le besoin d'isoler quelques turbulens. MM. Subervic et de Tracy démentent les griefs imputés à ceux-ci. La pétition est renvoyée au ministre des affaires étrangères.

M. Gauguier demande que l'on reprenne le projet de loi tendant à accorder une pension à la veuve du général Daumesnil; mais sa motion n'est pas appuyée.

La discussion s'ouvre sur le projet de loi tendant à autoriser le gouvernement à garantir pour un tiers l'emprunt de 60 millions à contracter pour le jeune roi de la Grèce. M. Boissy d'Anglas représente que la France a déjà dépensé pour ce pays 36 à 37 millions pour l'expédition et l'occupation de la Morée, dont on lui à laissé supporter tous les frais. M. de Remusat appuie le projet de loi sur la nécessité, dans l'intérêt de la France, de la civilisation et de la chrétienté, de soutenir le nouvel état de la Grèce. M. Salverte objecte les intérêts des contribuables et la situation du Trésor, et rappelle que la France n'est déjà que trop intervenue à ses frais, et sans profit, dans les affaires des autres nations. M. le ministre des affaires étrangères fait observer qu'il s'agit ici de faire honneur à la signature de Louis-Philippe, que les Grecs ne méritent pas moins de sympathie que les Polonais et autres, surtont après avoir soutenu si long-temps une lutte: honorable; que, s'ils s'étoient réfugiés en France, ils enssent coûté bien plus que le million par an d'intérêts que la France garantit. Ce seroit n'avoir de la sympathie que par caprices, et de l'enthousiasme que par boutades, d'abandonner un peuple intéressant au moment où il touche au port. M. de Broglie s'attache ensuite à établir, par le relevé de ses produits et sa prospérité renaissante, qu'il paiera exactement son emprunt. Il justifie le gouvernement monarchique qu'on lui a imposé comme procurant plus de garanție contre l'anarchie qui commençoit, et la nomination du prince Othon de Bavière comme consentie par le sénat, et comme n'offrant aucune inquiétude aux puissances. Il dit que l'Angleterre et la Russie, qui n'ont pas fait l'expédition de Morée, se trouvent avoir aussi dépensé beaucoup pour les Grecs. Il termine enfin en déclarant que la politique de la France doit être anssl de main> tenir l'empire ottoman.

Sur quelques Publications nouvelles.

L'Ami de la Religion contenoit il y a quelque temps, sur le Journal des Connaissances utiles, des observations qui peuvent s'appliquer à un autre're

cueil, appelé le Père de famille. Né au mois de juillet 1831, ce Père de fa mille a publié jusqu'au mois de septembre dernier quatorze numéros, où se trouvent une foule d'articles opposés à la religion, et dérisoires de ses usages et de ses croyances; c'est là que vous verrez que la fin du monde est un conte bleu, qu'on ne connoît point, philosophiquement parlant, Forigine de la ferre et de l'homme qui l'habite; que rien n'est plus facile à expliquer qu'un miracle. La morale elle-même n'étoit pas toujours respectée par ces nouveaux prédicateurs; mais voilà que, par un changement subit, par une conversion éclatante, au mois de septembre dernier, ils deviennent catholiques. De 13 fr., le prix de leur recueil s'abaisse à 4 fr., et ils écrivent à tous les curés pour les prier de les recommander avant ou après l'office, leur promettant que de respectables ecclésiastiques travailleroient à teir journal: aussi le quinzième numéro, pag. 5, contient quelques notions exactes sur la religion; mais le bout de l'oreille perce toujours. Je ne dirai pas qu'on cite souvent Voltaire et Rousseau (seizième numéro, pag. 84 ), ce qui, pour des gens peu instruits, a l'inconvénient d'autoriser leur nom et leurs erreurs; qu'en fait d'humilité, on rapproche les deux grands maitres, JésusChrist et Socrate; qu'à l'article Chasteté, on recommande d'user rarement des plaisirs ( dix-septième numéro, pag. 247). Je m'arrête au dix-huitième numéro, pag. 253: en parlant de l'immortalité de l'ame, M. Victor Cousiu nous assure que la vérité des peines et des récompenses d'une autre vie échappe à la rigueur de la démonstration, que ce n'est là qu'une probabilité sublime, que toutefois ce seroit une philosophie bien hautaine que celle qui défendroit au sage d'essayer de s'enchanter lui-même de la foi de ses semblables. On peut dire, en effet, que la révélation seule nous donne une idée exacte et complète de l'autre vie; mais ce n'est pas ce dont M. Cousin s'occupe, et la seule conséquence qu'on puisse tirer de ses paroles, c'est qu'être probe et vertueux c'est mettre un billet à une bonne loterie. Qu'est ce que ces amis de l'humanité, qui brisent ainsi le frein du méchant et détruisent l'espoir du pauvre et du malheureux? Et voilà qu'au dix-huitième numéro, pag. 295, ils nous assurent que leur but est de faire connoître et respecter la croyance de nos pères, et de s'opposer à Voltaire, le plus grand ennemi de notre religion. Je souhaite que leurs intentions soient sincères, et surtout qu'ils désavouent les erreurs répandues dans leur première collection.

Aux mêmes fins que ces journaux, se publient diverses collections à 5 sous, à six sous le volume; des Bibliothèques et des Encyclopédies populaires paroissent jetées au même monle, Sous une apparence d'impartialité, la religion y est souvent dénigrée, et à quelques traités utiles s'en joignent souvent d'autres pleins d'opinions dangereuses.

Une autre publication à bon marché est le Journal des Enfans. Malgré le vague et la sécheresse de sa morale, il y a du bon dans ce recueil; mais, d'abord, je lui reprocherois de n'insinuer à ses jeunes lecteurs que bien peu de pensées religieuses; on voit souvent ses héros au spectacle, jamais à l'église : les contes an

glais et allemands sont en général plus chrétiens que les nôtres. Il est très-aisé de faire une leçon de morale; mais, dépourvus des secours et des motifs de la foi, ces beaux sentimens résisteront-ils à l'assaut des passions? Je dirois de plus aux journalistes de l'enfance, que la leçon sur le duel, malgré sa tournure, peut être trèsdangereuse; que leur conte bleu, ou légende sur les apôtres, peut tromper des enfans peu instruits; que c'est une idée au moins très-bizarre que de faire enchâsser à un enfant la cocarde de Napoléon, pour, durant huit années, s’agenouiller chaque soir et faire sa prière sur cette relique.

Un autre recueil doit régler l'instruction des enfans du peuple, c'est le Manuel d'instruction primaire. M. Matter, qui le dirige, est un homme instruit et chrétien. J'ai lu son Ecole d'Alexandrie; mais, dans cette belle dissertation même, on peut voir l'influence des idées protestantes. M. Matter, parmi les doctrines qu'il qualifie, appelle syncrétisme le système de ceux qui tâchoient d'allier ensemble des croyances opposées, qui plaçoient sur le même autel Moïse et Platon. Et où M. Matter va-t-il chercher l'origine d'une si belle philosophie ? Dans le livre de la Sagesse, que tous les catholiques regardent comme révélé. Je ne m'arrêterai pas à discuter les passages sur lesquels il s'appuie; Bergier l'a fait. Mais voilà une hérésie formelle, dont peut-être ne se sont doutés ni M. Matter lui-même, ni surtout l'Académie qui l'a couronné. Si donc il parle de religion, gare les erreurs involontaires; et s'il n'en parle pas, que sera son enseignenient? Sa bouche ne soufflera t-elle point le froid et le chaud, et son recueil ne s'accommoderat-il pas à toutes les croyances? On lisoit il y a peu de jours, sur une affiche de l'école mutuelle, qu'on y enseignoit la grammaire, le dessin, le chant et la morale. Mais le catéchisme! Si on n'en dit rien sur l'affiche, qu'en fera-t-on à l'intérieur de la classe ? Une telle indifférence ne compromet-elle pas les intérêts du ciel et ceux de la terre ? A, G. P.

On vient de publier une lithographie fort ressemblante de Mgr l'Archevêque de Paris; elle a été exécutée avec le plus grand soin, et d'après le seul tableau pour lequel Mgr l'Archevêque ait posé depuis trois ans. A Paris, chez Boblet, quai des Augustins, no 29, et au bureau de ce journal. Prix: papier blanc, 3 fr.; papier' de Chine, 4 fr.

On trouve chez Corbet, quai des Augustins, une lithographie de M. l'abbé Duguerry, chanoine d'Orléans, et prédicateur. Le prix est de 2 fr.

Le Gérant, Adrien Le Elere.

COURS DES EFFETS PUBLICS.-Bourse du 20 mai 1833.

Trois pour 100, jouissance du 22 déc., ouvert à 78 fr. 55 c. et fermé à 78 fr. 75 c. Cinq pour 100, jouiss, du 22 mars, ouvert à 103 fr. 00 c. et fermé à 103 fr. 15 c. Actions de la Banque.

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1785 fr. 00 c.

IMPRIMERIE D'AD. LE CLERE ET COMP

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