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vêque qui n'a certainement pas envoyé les troupes, qui ne les a nienie pas demandées. Mais le journaliste a jugé plus prudent de s'en prendre à un évêque qui ne rend pas de plaintes en justice, qu'à un préfet ou à un général qui auroient pu n'être pas si endurans. Au fait, qui est responsable de l'effusion du sang, ou l'autorité qui envoie des troupes pour maintenir l'ordre, ou les factieux qui méconnoissent l'autorité et forcent les troupes à se retirer? Sera-ce donc toujours l'émeute qui aura raison et la révolte qui sera dans son droit? A qui donc imputer le sang versé, sinon à ceux qui ont favorisé le schisme et aux déclamateurs imprudens qui ont aigri et échauffé les esprits par des prédications fougueuses ou par des articles violens dans les journaux ?

Le jubilé s'ouvrira dans le diocèse de Rouen le 26 mai, jour de la fète de la Pentecôte. M. le cardinal-archevêque l'a annoncé à son diocèse par une instruction pastorale où S. Em. se félicite d'abord de l'heureux mouvement qu'elle a remarqué dans les esprits pendant le denier carême. Il paroît que Rouen, comme beaucoup de grandes villes, a offert cette année un spectacle consolant sous beaucoup de rapports. M. le cardinal de Croï en parle en ces

termes :

« Le carême qui vient de finir, N. T. C. F., nous a rempli des douces et célestes consolations que promet aux pasteurs des ames, le grand et redoutable ministère que nous exerçons, pour Jésus-Christ, au milieu de vous. Les aumônes abondantes que vous avez versées dans le sein des pauvres, votre charité si tendre, si ingénieuse pour les œuvres de miséricorde, ces flots d'un peuple religieux, inondant nos saints temples, son empressement toujours plus vif à se nourrir de la parole divine, tant de zèle, tant de foi, couronnés par la fréquentation des sacremens, par des conversions si multipliées, par un si soudain changement des mœurs publiques, et cela, au milieu d'un siècle, qui comptoit au nombre de ses progrès la solitude de nos églises et l'impuissance de notre apostolat; ô Père des miséricordes, auteur adorable de tout don parfait, à vous seul en revient la gloire, à vous seul aussi, dans l'effusion des cœurs, s'adressent nos inépuisables actions de grâces! Il sait ce Dieu de bonté, qui sonde les intentions et qui scrute les pensées, qu'il n'y a point en notre ame, une vue, un désir, un seul mouvement qui n'aspire au salut, à la paix, à l'uuion, à la félicité du bien-aimé troupeau dont il nous a confié la conduite. Il voit notre triomphe dans votre attachement à la foi de vos pères, et notre gloire dans votre sanctification et votre salut. Et que chercheriez-vous, N. T. C. F., hors des consolations et des devoirs de la vie chrétienne? Des plaisirs ? des biens véritables ? on ne les trouve pas ailleurs. La piété seule possède les promesses de la vie présente et de la vie future. Oh! que Ja triste expérience de ceux qui en ont abandonné les préceptes, vous serve de flambeau pour éclairer vos pas dans ce chemin si mauvais et si court qu'on nomme la vie. Ils ont dit dans leur cœur : Il n'y a point de bonheur dans l'accom

plissement de la loi de Dieu, et nous sommes nos maîtres : nous demanderons aux sciences la lumière pour nous conduire, et le bonheur à nos propres œuvres. Ils ont cessé d'invoquer le Ciel, de prier le Dieu de leurs pères. Ils ont méprisé sa providence et ses miséricordes; en sont-ils devenus plus heureux et meilleurs? et que sont tous ces prétendus progrès qui les conduisent d'illusions en illusions, et de misères en misères ? Hélas? ils ont bientôt trouvé des maîtres durs et impérieux dans leurs désirs, des tyrans farouches dans leurs passions, des remords dans leurs œuvres. »

L'instruction pastorale siguale avec énergie les systèmes et les illusions qui égarent aujourd'hui tant d'hommes, et qui fatiguent la société. Elle montre les raisons qui nous pressent de revenir à Dieu, et cite un fragment des lettres apostoliques de Grégoire XVI sur le jubilé; c'est celui que nous avons donné No 2050.

- Le 8 mai, un militaire mourut à l'hôpital de Vannes, après avoir refusé persévéramment les secours de la religion. Le lendemain, ses camarades voulurent forcer le clergé à recevoir le corps à l'église. On s'y refusa, en se fondant sur les lois de l'église qui sont précises, anciennes et générales; d'ailleurs, c'eût été aller contre les intentions du défunt. Cependant, grand nombre de militaires, assistés d'un commissaire de police, se rendirent à la cathédrale. Un sergent-major entra à la sacristie pour demander un prêtre; on répondit comme la veille. Le cortége se décida à quitter l'église et à se rendre au cimetière; mais là, il a été prononcé un discours violent et déclamatoire contre la religion et les prêtres. Admirez la piété de ces gens qui demandent des prières, et qui se moquent de la religion et des prêtres! Un autre refus de sépulture a eu des suites plus fâcheuses encore à Bretteville-sur-Odon, près Caen. Un militaire ayant été tué en duel, le curé du lieu refusa de recevoir le corps. Ses amis le portèrent à Caen, et le présentèrent successivement aux églises de Notre-Dame et de St-Pierre, qu'ils trouvèrent fermées. Le cortège enfonça les portes de cette dernière église, et récita respectueusement, dit un journal, les prières des morts. Nous concevons aisément, en effet, combien cela dut être respectueux dans une assemblée aussi tumultueuse, et après avoir enfoncé les portes d'une église. Le même journal ne trouve ici à blâmer que la conduite du clergé, qu'il traite de scandale. C'est toujours le même système; un prêtre qui s'en tient aux règles de l'église est scandaleux, et un rassemblement qui enfonce les portes d'une église est édifiant. Quelle risée !

- Un événement extraordinaire est arrivé à Sommesuippe, près Sainte-Menehould, diocèse de Châlons. Mademoiselle Flore Rouer, âgée devingt-huit ans, qui avoit joui jusque-là d'une bonne santé, fut attaquée en 1830 d'une maladie nerveuse et convulsive, pour laquelle on lui ordonna vainement pendant deux ans des bains,

des sangsues, des vésicatoires, etc. Les docteurs Prin, de Châlons et Hennequin de Reims; MM. Machet et Hubert, chirurgiens à Saint-Hilaire-le-Grand et à Sommesuippe, furent appelés tour à tour et essayèrent de plusieurs moyens de guérison.La sérénité d'esprit de la malade, sa patience, sa docilité, sembloient devoir seconder les efforts des gens de l'art. Mais rien n'a pu calmer les accidens qui devenoient de plus en plus graves et fréquens. Dans les mois de février et de mars de cette année, les tremblemeus convulsifs avoient pris un grand accroissement; le corps, les membres, le visage étoient violemment agités; la poitrine étoit oppressée et des cris involontaires s'en échappoieut. M. Richer, curé de la paroisse, conseilla à la malade de s'adresser au prince de Hohenlohe, qui ordonna une neuvaine au saint nom de Jésus du 17 au 25 mars, et promit de prier pour elle le premier et le dernier jour. Le 25 mars la malade se fit conduire à l'église et y reçut la communion, mais avec peine, à cause de son agitation nerveuse. Cette agitation l'accompagna en revenant de l'autel, mais se calma iusensiblement; la malade put assister tranquillement à l'office, et retourner ensuite librement chez son père. Plus de deux cents personnes ont été témoins de ce qui se passa. Depuis plus d'un mois la demoiselle Rouer jouit d'une parfaite santé, et le système nerveux est tranquille. En signe de reconnoissance, elle veut donner à l'église un tableau du Sacré-Cœur. Outre la lettre de M. le curé, qui rend compte de la guérison, nous en avons reçu une de M. Hubert, chirurgien à Sommesuippe, qui fait l'histoire de la maladie, et qui avoue qu'il avoit perdu toute espérance de guérison. Quoique je connoisse, dit-il, tout ce que la science véritable, la philosophie moderne ou l'esprit d'incrédulité peuvent alléguer sur les divers phénomènes des maladies nerveuses, quoique je sache combien ces maladies offrent d'irrégularités et combien elles peuvent être influencées et modifiées par l'imagination, je ne puis ne pas reconnoître et ne pas déclarer que cet événement présente un caractère surnaturel et hors des règles de l'art de guérir.» Cette lettre est du 24 avril; elle est accompagnée d'une note de M. l'évêque de Châlons, qui affirme que M. Hubert est homme de probité, religieux et instruit dans son art, et que foi doit être ajoutée à son témoignage. La lettre de M. le cure de Sommesuippe est du 3 mai, et porte aussi un visa de l'évêché.

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-La Gazette de Génes annonce l'abjuration d'une jeune fille, Barbara Lendi, née d'une famille zuinglienne, qui a renoncé à ses erreurs, et a reçu le baptême le 27 avril à Ovada, dans les états du roi de Sardaigne. On l'a éprouvée pendant près de deux ans, et un pieux ecclésiastique, voyant son désir d'être instruite de la religion catholique, lui a procuré les secours d'une tendre charité.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Les journaux du ministère s'y prennent assez adroitement pour disposer la chambre des députés à voter l'emprunt grec. Voyez, lui disent-ils, combien le gouvernement a de considération pour vous! Il s'agit ici de l'exécution d'un traité qui, à bien prendre les choses, ne vous regarde point. Un autre que LouisPhilippe auroit laissé la responsabilité de cette affaire à ses ministres, et ne vous auroit point appelés à en connoître; mais, lui, il vous fait plus d'honneur que cela, et il veut bien permettre que ce soit vous qui chargiez vous-mêmes les contribuables de ces vingt millions; renonçant ainsi, pour vous faire plaisir, à la part de popularité qui revenoit de là de plein droit à lui et à ses ministres, et qu'ils auroient pu garder tout entière.... Ah! pour le coup, voilà une raison à laquelle la chambre des députés ne sauroit manquer de se rendre; elle en doit être touchée au dernier point, et vingt millions ne sont pas trop pour payer l'honneur qu'on lui fait de l'admettre à concourir d'une manière aussi agréable à l'exécution des traités de Louis-Philippe. Nous croyons nous rappeler, au surplus, qu'on lui a déjà fait le même honneur dans l'affaire des 25 millions d'indemnité, réclamés par les Etats-Unis d'Amérique. Assurément, si elle se trouve flattée et heureuse toutes les fois qu'elle est appelée à voter de l'argent, rien ne doit manquer à sou bonheur.

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- Les gouvernemens qui fondent leurs droits sur le vœu national s'exposent 'quelquefois à être bien malheureux; car on ne connoît rien de plus capricieux que ce vœu national, et dé plus sujet à se dédire. Il ne se passe presque pas de jour sans qu'il soit remis en question de mille manières par tous les partis. D'un côté, c'est la république qui se donne pour l'expression du vœu national, et qui réclame hautement son droit. De l'autre, les buonapartistes se prétendent soutenus et redemandés par le vœu national, et vont jusqu'à vouloir se battre en duel pour éclaircir ce point en ce qui les concerne. Enfin, les journaux les plus prononcés en faveur du trône de juillet ont donné à entendre ces jours derniers que le vœu national se tourne aussi vers le fils aîné du roi Louis-Philippe, et que, pour le satisfaire, une certaine velléité d'abdication s'est manifestée. En cherchant bien, un découvriroit peut-être encore quelque autre vœu national qui seroit de nature à embrouiller tous ceux-là de plus en plus, à moins qu'ou né lui permit de les débrouiller. Toujours est-il que le vœu national paroît être une base du gouveruement bien mal choisie, puisque les gouvernemens fondés là-dessus semblent se résigner à tous les caprices de l'instabilité humaine, et à tous les changemens de vent qui peuvent survenir. Il suffit de lire un peu de controverse politique dans ce temps-ci, pour demeurer convaincu que le vœu national est sujet à des dérangemens continuels qui ne permettent de compter sur rien.

On diroit que la révolution polonaise est tombée tout-à-fait à notre charge. Non-seulement nous adoptons tous ceux de ses réfugiés qui viennent à nous de leur propre mouvement, mais, quand il nous en échappe quelques - uus qui se

sont retirés ailleurs qu'en France, nous courons après eux comme pour les forcer de nous donner la préférence. C'est ainsi qu'on a cherché querelle, samedi dernier, à M. de Broglie, dans la chambre des députés, parce qu'il néglige de nous procurer l'avantage d'avoir sur les bras les Polonais réfugiés en Prusse. It semble que les contribuables de France soient jaloux de ce que le gouvernement prussien leur enlève quelques mille pensionnaires qu'ils regardent comme leur appartenant; et que ce soit leur faire une sorte d'offense et de passe-droit que de ne les pas mettre à la charge de nos budget. Cette manie de générosité est d'autant plus remarquable de la part de la révolution de juillet, qu'elle ne prend pas grand souci des malheureux de notre propre pays qu'elle a mis dans la détresse et réduits à la dernière misère.

Le Temps prétend que le mariage de madame la duchesse de Berry avec le prince de Luchesi - Palli a eu lieu à Massa, dans la chapelle du consulat d'Espagne, trois jours avant le départ de la princesse pour Marseille. Le même jourual dit que M. de Châteaubriand se rend à Prague pour y porter des communications de MADAME. Le but de cette mission seroit d'obtenir qu'elle conservât, malgré son mariage, le titre, le rang et les honneurs, de princesse du sang. On lit, dans l'Indicateur de Bordeaux, que, d'après les conseils des médecins, madame la duchesse de Berry a renoncé à nourrir son enfant.

Une ordonnance du 5 mai porte que les individus ayant à subir la peine de déportation et celle de la détention à perpétuité seront provisoirement détenus dans un quartier de la maison centrale de détention du Mont-St-Michel (Manche), entièrement distinct des bâtimens occupés par les autres condamnés.

Une ordonnance du 15 mai prescrit la levée de 80,000 hommes sur la classe de 1832, et fixe le tirage au 19 juin. Les jeunes soldats seront divisés en deux classes, l'une de 10,000 hommes, qui seront mis en activité, et l'autre de 70,000, qui resteront dans leurs foyers jusqu'à nouvel ordre, et formeront le noyau d'une armée de réserve.

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Quelques changemens et nominations viennent d'avoir lieu parmi les agens consulaires MM. de Vins de Peysac, consul général à New-Yorck, permute avec M. Delaforest, consul-géneral à Buenos-Ayres. M. Schwebel, consul-général, et chargé d'affaires à Tripoli de Barbarie, passe à Tunis, et a pour successeur M. de Bourboulon. M. Deval est nommé consul à Alep, et M. Ferdinand de Lesseps viceconsul à Alexandrie. On rétablit les vice-consulats de Gibraltar, Tiflis, Savannah et Tripoli de Syrie, et l'on en crée à Patras, Stettin, Jassy et Valparaiso.

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- M. Dufaur de Montford, procureur du roi à Tonnerre, est nommé substitut du procureur général à Caen, et est remplacé par M. Palotte.

M. l'abbé Durousseau, curé à Versailles, vient de recevoir la croix de la Légion-d'Honneur.

M. Livingston est nommé associé étranger de l'Académie des sciences morales et politiques.

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