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catholique condamne le divorce. Nous ne voulons pas davantage que cet aveu pour justifier notre article. Après cela, l'époque où notre article a paru ne fait rien à l'affaire. Nous ne voyons pas pourquoi M. de G. nous devroit plus de remercimens si notre article avoit paru en 1831, ou pourquoi il nous en devroit moins parce que notre article a paru en 1832. M. de G. assure que l'observation que nous avions cru avoir été ajoutée dans la seconde édition existoit dans la première; nous n'avions énoncé cela que sous la forme de doute, et nous nous abstiendrous d'insister sur am fait dont nous n'avons pas la preuve.

M. de G. se récrie sur ce que nous lui avons supposé l'intention de dépouil ler les ecclésiastiques de leur traitement pour le donner aux instituteurs, et il trouve que c'est la une preuve de déloyauté et de mauvaise foi qui seroit de nature à pórter la plus grave atteinte à la réputation de l'ami de la Religion. Mais nous étions fondé à lui supposer cette intention, puisqu'un article précédent de M.Wilbert blâmoit les dispositions de la Charte qui assigne un traitement au clergé, et témoignoit le désir que cette disposition fût réformée. Nous n'étions pas dans le secret de M. de G., qui a attendu bien long-temps pour déclarer qu'il avoit désapprouvé cet article. En blåmant l'article de M. Wilbert, nous n'avions donc pas été trop sévère, et, jusqu'à la lettre de M. de G., nous étions fondé à regarder cet article comme l'expression de la pensée des rédacteurs du Journal des Connoissances utiles. Nous n'avons donc manqué en cette occasion ni de loyauté ni de bonne foi, et nous ne redoutons point l'épreuve dont nous menace la lettre.

Nous sommes faché de dire que M. de G. n'explique ni le sacerdoce or gueilleux, ni les superstitions de paroisse, et il auroit dû reconnoître franchement, pour ces expressions comme pour l'article de M. W., qu'elles méritoient sa désapprobation.

Quant à ce qui regarde les signatures de M. Cabias et autres, nous persistons à dire que ces signatures ont été la plupart obtenues par surprise. M. l'abbé Cabias nous a déclaré lui-même qu'il avoit signé de confiance, qu'il ne connoissoit point le Journal des Connoissances utiles, qu'il n'avoit jamais été appelé aux séances de la soi-disant commission ecclésiastique, et qu'il n'avoit même pu se procurer un exemplaire de la circulaire au clergé. Nous n'avons extorqué cette déclaration à M. l'abbé Cabias ni par intrigue, ni par menace. Il est venu nous la faire, il est venu plusieurs fois sans être sollicité par nous, et nous ne lui avons rien suggéré el rien dicté. Il en est de même de M. l'abbé Harel, que l'on connoissoit d'ailleurs si peu au Journal des Connoissances utiles, que son nom est défiguré dans la circulaire. M. l'abbé Harel, qui est presque aveugle, et qui ne lit point de journaux, ne connoissoit point le Journal des Connoissances utiles, et n'a jamais étë appelé dans la prétendue commission. Quant à M. Reffay de Sulignon, ce que nous avons dit de sa lettre est parfaitement exact. Enfin, nous venons tout récem ment d'obtenir des renseignemens sur l'abbé Vernet. Nous savions qu'il n'existoit point d'ecclésiastique de ce nom dans le clergé de Paris. M. de G. dit que le signataire de ce nom est du séminaire Stanislas. Eh bien! il n'y a au collège Stanislas

qu'un jeune homme de ce nom qui n'est pas prêtre, qui n'est même pas dans les ordres. Nous avons une lettre de lui qui nous est adressée; il déclare ne connoître ni M. de G., ni son journal, et il n'a signé qu'à la sollicitation de celui-là même qui a surpris la signature de MM. Cabias et Harel. On l'a qualifié abbé, afin de donner un peu de relief à sa signature aux yeux du clergé.

Il n'y a donc ici, de notre part, ni fourberie, ni imposture, ni machination. Il n'y en a eu de la part de personne contre le Journal des Connoissances utiles. Personne ne nous a trompé et n'a cherché à nous tromper. Mais on a trompé des ecclésiastiques estimables en leur faisant signer un écrit en faveur d'un journal qu'ils ne connoissoient pas. M. de G. est étranger à cette manœuvre, cela est 'possible; mais quelque agent officieux a surpris des signatures à des gens confians, c'est ce qui résulte de leurs déclarations écrites ou verbales; et ce même agent s'est fait sans doute un mérite de son zèle en apportant des signatures d'ecclésiastiques ou de prétendus tels.

Quant à M. l'évêque de Maroc, nous n'ajouterons rien à ce que nous avons dit, parce qu'il nous paroît impossible que le prélat ne fasse pas connoitre lui-même la vérité sur cette affaire. Nous remarquons seulement, dans la lettre ci-dessus de M. de G., ce qu'il dit qu'on avoit attendu, pour faire imprimer l'Opinion de M. Guillon, que la réimpression eût fait disparoître du Journal des Connoissances utiles divers articles peu dignes d'y figurer. Il y avoit donc dans ce journal, de l'aveu de M. de G., divers articles peu dignes d'y figurer! Nous n'avons pas dit autre chose. Que l'on fasse disparoître ces articles, nous serons les premiers à y applaudir. Que M. de G. s'abstienne de toucher les matières de religion, qu'il évite les expressions hostiles ou méprisantes pour le clergé, nous lui promettons de ne plus nous occuper de son journal, à l'égard duquel nous ne pouvons avoir aucune espèce de rivalité, et que nous avons jugé, non comme le croit M. de G., d'après des rapports étrangers, mais d'après des citations trèsfidèles, et qu'il n'a pu contester.

Nous ne savons si on aura beaucoup à se féliciter d'avoir provoqué ces explications qui renversent toutes les plaintes de la lettre ci-dessus, et qui montrent de quel côté sont les torts et à qui une enquête judiciaire peut être plus redoutable.

Le Gérant, Adrien Le Clere.

COURS DES EFFETS PUBLICS.-Bourse du 24 mai 1833.

Trois pour 100, jouissance du 22 déc., ouvert à 79 fr. 50 c. et fermé à 79 fr. 65 c. Cinq pour 100, jouiss. du 22 mars, ouvert à 103 fr. 45 c. et fermé à 103 fr. 80 c. Actions de la Banque.

0000 fr. 00 e.

IMPRIMERIE d'au, le glerRE ET COMP.

MARDI 28 MAI 1833.

N° 3007.)

Déclaration d'un Protestant converti.

Un professeur distingué de l'université de Tubingue, M. le docteur Henri-Ferdinand Eisenbach, qui jouit en Allemagne d'une grande réputation littéraire, est rentré cette année dans le sein de l'Eglise catholique. Il a rédigé par écrit l'histoire de sa conversion, et a permis qu'on l'insérât dans le Catholique allemand qui se publie à Spire. Ce récit est plein d'intérêt et de candeur, et nous regrettons d'avoir été forcé de l'abréger.

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En livrant au public l'histoire de ma conversion et un précis de ma vie, j'obéis en partie à une haute et honorable invitation, en partie au désir de faire servir mon expérience à l'utilité des autres. Quand un tel retour n'est dû ni à des froissemens d'amourpropre, ni à des calculs temporels ; quand celui qui fait cette démarche se trouve, par son âge, son éducation et sa position, en état d'examiner mûrement et d'agir en pleine connoissance de cause, il est naturel que l'on désire connoître ses motifs. Peut-être cette exposition servira-t-elle à affermir quelque catholique ou à ébranler quelque protestant qui cherche la vérité de bonne foi. Je puis déclarer qu'ils ne trouveront ici ni artifice, ni exagération, mais la simple vérité. Si j'ai écarté des considérations qui ont fortifié ma résolution, ce n'a pas été pour présenter les faits sous un plus beau jour, c'est que ces motifs ou ne s'offroient pas si clairement à mon esprit, ou touchoient à des intérêts privés, ou pouvoient blesser quelques personnes.

» Je suis né le 29 mars 1795, à Birtigheim, dans le Wurtemberg, où mon père étoit grand-bailli. J'eus dès mon enfance une grande passion pour les mathématiques; et après la mort de mon père, j'abandonnai l'étude du droit, à laquelle il avoit voulu que je m'appliquasse. Je voyageai, et m'exerçai aux langues modernes. A mon retour, je traduisis des livres historiques, et m'occupai de recherches en ce genre. En 1823, je devins professeur à l'école Réale de Tubingue. En 1825, je professai les langues et la littérature modernes à l'université de cette ville. Un mal d'yeux me força de quitter provisoirement cette carrière. J'obtins en 1830 une place à l'école industrielle de Stuttgard. Ma santé m'empêcha d'en remplir long-temps les fonctions, et j'en fus dispensé par dé

Tome LXXVI. L'Ami de la Religion.

cret. Je revins alors à Tubingue, et c'est là que j'ai vu finir mes agitations et mes incertitudes.

L'orgueil fut la source de presque tous mes égareméns. Ma jeunesse présomptueuse commença a rejeter quelques vérités du christianisme, qui dès lors perdit pour moi son enchaînement et son ensemble. Des principes humains ne pouvoient m'offrir aucun principe fixe de croyance. Il n'y avoit plus de preuves historiques on philosophiques qui me satisfissent. En vain je tâchois de retenir par des efforts d'intelligence les débris d'une foi qui s'évanouissoit de plus en plus; en vain, en des temps meilleurs, je passois des heures entières à pleurer. Il me fallut, pour ne pas tomber en contradiction manifeste avec ma raison, rejeter tout le christianisme, non parce que j'en trouvois les vérités incompréhensibles, puisqu'il y a tant de phénomènes physiques que nous ne pouvons expliquer; mais parce que, raisonnant en protestant, rien ne me garantissoit que l'Ecriture sainte fût la parole de Dieu plutôt que le fruit des illusions et de l'enthousiasme, ou un recueil de mythes et d'emblêmes. Supposé même que l'Ecriture fût la parole de Dieu, qui me garantissoit son infaillibilité? Si Luther a eu le droit de déclarer interpolés plusieurs livres canoniques, n'a-t-on pas le même droit de prétendre que tel passage est supposé, que tel livre est apocryphe? On me disoit que plusieurs endroits devoient être entendus d'une manière symbolique, et cependant l'on exigeoit l'explication littérale de quelques autres passages pour établir les dogmes les plus importans. Ces difficultés et d'autres pareilles ine parurent insolubles. Quiconque, d'après le principe protestant, rejetté la tradition et l'autorité de l'Eglise pour se livrer à l'examen des dogmes, doit, s'il est conséquent, tomber dans le même abîme. Les livres et les hommes parmi lesquels je cherchois des lumières ne me présentoient que des sophismes et des cercles vicieux.

de

» Ce n'est que par un miracle que l'homme qui marche dans ces voies d'erreur obtient la grâce de connoître la vérité. Je fus en effet délivré d'une manière extraordinaire de l'état d'incertitude où je languissois. Les voies de la providence sont mystérieuses. Je dois déclarer que dans mon retour, je ne puis me glorifier que la grâce qui m'a prévenu, et qu'il n'y a rien cu dont je puisse me faire un mérite. Un fait singulier fut la première occasion de ma délivrance. L'objet d'un désir auquel je tenois fortement menaçoit de s'évanouir pour jamais au moment où je croyois atteindre le but Je fis alors comme un homme attaqué d'une maladie désespérée, qui dédaigne les remèdes d'un charlatan, et qui néanmoins les emploie quand il ne les croit pas nuisibles. Je savois que des catholiques font des vœux en pareil cas, et j'avois oui dire que plusieurs avoient, par ce moyen, vu leurs souhaits accomplis. Sans y ajouter beaucoup de foi, je fis vœu d'offrir un don à la sainte Vierge si j'obtenois ce que je souhaitois. Je l'obtins aussitôt d'une

manière inespérée. Ce succès m'étonna, et ne me parut pourtant qu'un heureux hasard. Je remplis mon vou, parce que je n'aï jamais voulu manquer à ma parole.

L'avantage temporel qui n'avoit été accordé me porta du moins' à reconnoître la possibilité d'une influence supérieure, et à me faire prendre la résolution d'aller au-delà de ce que j'avois promis dans mon vou. J'assistai un jour à la sainte messe. Cette visite de la maison du Seigneur, la première que je fisse dans des vues louables, eut un effet tout particulier sur moi. Je me sentis fort ému. Plus tard, toutes les fois que j'assistois au saint sacrifice, j'en étois récompensé par un progrès sensible dans mes sentimens de reli-' gion. Je ne sortois jamais sans avoir pris de bonnes résolutions, et j'acquérois chaque jour plus de force pour les réaliser. Je n'étois pas décidé à me rendre ouvertement catholique; je voulois tout au plus suivre cette religion en secret, s'il étoit possible. Tantôt j'étois retenu par la pensée de me soumettre à une hiérarchie dont les fondemens étoient encore douteux pour moi, et que je croyois, d'après les préjugés des protestans, être en possession d'imposer de nouveaux dogmes à sa fantaisie. Tantôt je me représentois que, suivant mes études et mes recherches précédentes, il existoit dans l'Eglise catholique de grandes dissidences sur des points essentiels.

» Dans cet état d'incertitude, je ne mauifestois point les sentimens qui m'agitoient, et je me dérobai jusqu'au dernier jour, par des réponses évasives, à toutes les controverses. Ma foi s'appuyoit toujours plus sur des sentimens intimes que sur des principes; mais elle s'étoit fortifiée dans le silence, elle avoit subsisté dans la bonne et la mauvaise fortune; elle m'avoit aidé à surmonter la tentation, elle m'avoit suggéré des résolutions génércuses, et m'avoit donné la force d'y être fidèle; enfin elle avoit réformé mon cœur et mon entendement. Ne pouvant plus la prendre pour une illusion, je regardai comme un devoir de la professer franchement. Je communiquai ma résolution à cet égard à MM. les professeurs de la faculté de théologie de Tubingue, qui m'engagèrent à ne rien précipiter; mais qui, voyant mon parti pris, m'apportèrent encore en peu de mots de puissans motifs de conviction. Après m'être fait instruire, je prononçai mon abjuration le 1er février 1833, et fus admis aux sacremens. Cette cérémonie ne se fit point à minuit et portes fermées, comme on en a fait courir le bruit, mais à huit heures du matin, dans l'église ouverte, et devant environ cinquante personnes. Je ne maudis point, comme on l'a prétendu, mes parens ui les chefs de l'erreur; mais je déclarai que je rejetois, ét condamnois les doctrines rejetées et condamnées par l'Eglise. Je, plains mes parens; j'espère qu'ils ont agi avec de bonnes intentions, et que Dieu lour pardonnera; inais je condamne les doctrines ré

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