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prouvées par l'Eglise, persuadé qu'elles ne peuvent que produire du mal et être funestes au salut des ames.

» Si j'ai promis à l'Eglise de croire aux dogmes qu'elle propose, et d'obéir à ses commandemens, c'est qu'il m'étoit démontré par l'Ecriture sainte que l'Eglise catholique ne peut jamais tomber dans des erreurs pernicieuses au salut. Je reconnois la nécessité d'une obéissance sans bornes à la parole de Dieu. Cette obéissance n'est point servile, elle est toute filiale; elle ne résulte pas de la crainte des châtimens, mais de la reconnoissance pour les grâces reçues, du sentiment de notre foiblesse, de l'assurance que Dieu remplit sa promesse en mettant son Eglise en état de pourvoir à tout ce qui est nécessaire à notre salut. Une telle obéissance n'est point aveugle et ne nous empêche point de chercher des motifs à notre foi. Quel bonheur d'appartenir à une société où on a une telle

assurance! »

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Il est d'usage que le général des Théatins ne dure que trois ans. Le temps du généralat du père Ventura étant donc expiré, on a procédé à une nouvelle élection, qui s'est faite dans le Couvent de Saint-André-de-la-Vallée, sous la présidence de M. le cardinal Gamberini. Le père Jean Laviosa, de Palerme, visiteur de l'ordre en Sicile, a été élu; il a quarante-six ans, et a rendu de grands services à son ordre. Le père Ventura est un des assistans, et le procureur-général est le père Cumbo.

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PARIS. Si, dans une paroisse où il y auroit diversité de cultes, les catholiques faisoient une émeute pour empêcher l'ouverture de l'église de l'autre culte; s'ils repoussoient la force armée, s'ils, pilloient le logement du ministre du culte rival, leur curé, il n'y à pas de doute, seroit taxé de complicité. Les journaux le dénonceroient comme un brouillon qui auroit exalté et échauffé les esprits; l'autorité séviroit contre lui, on l'arrêteroit provisoirement, on le traduiroit en justice, on fermeroit son église. C'est ainsi qu'on en a agi envers des curés qui n'avoient donné nulle prise sur eux, ni par leur conduite, ni par leurs discours. Combien de curés ont été chassés sur des bruits populaires, sur de fausses dénonciations, sur de vains prétextes! Mais on est bien plus doux envers les prêtres en révolte contre l'autorité épiscopale; voyez ce qui s'est passé à Lèves. Après l'émeute des partisans du schisme, les chefs de ce schisme n'ont point été inquiétés; les sieurs Ledru et Auzou ont pu tenir leurs réunions, recommencer encore leurs prédications, ils ont pu crier contre les évêques et contre les usurpations sacerdotales; ils ont pu dénoncer le faste de M. l'évêque de Chartres, dont leurs adhérens venoient de piller la demeure. On n'a pas usé de la même indulgence pour le clergé de St-Germain-l'Auxerrois, qui

cependant n'avoit fait ni eureute ni pillage. On a fermé l'église, et toutes les sollicitations n'ont pu obtenir depuis deux ans de la rouvrir; mais l'église schismatique de Lèves est ouverte, et on né croit pas pouvoir la fermer légalement. M. le curé de St-Germainl'Auxerrois a été poursuivi, obligé de cesser ses fonctions, et il est encore exilé de son église; mais M. Ledru officie tous les jours, s'il le veut, dans sa grange. Les catholiques de Saint-Germainl'Auxerrois, qui ne se sont point ameutés, qui n'ont point pillé, sont toujours privés d'un édifice auquel ils ont droit; mais les gens de Lèves, après une révolte ouverte, après avoir fait reculer la troupe, après avoir dévasté un évêché, jouissent paisiblement de ce qu'ils appellent leur église. Nous voudrions qu'on nous expliquât pourquoi cette différence.

-M. l'archevêque de Toulouse n'ayant été nommé à ce siége qu'en 1830, les grands-vicaires qu'il avoit nommés, et qui étoient les mêmes que ceux de son prédécesseur, n'avoient pas encore eu le temps d'obtenir l'agrément du gouvernement avant la révolution de juillet. Ces hommes estimables et justement considérés n'eussent certainement éprouvé aucune difficulté sous le précédent gouvernement; mais sous le nouveau on leur a refusé, pendant deux ans et demi, l'agrément ministériel. M. Ortric seul étoit grand-vicaire reconnu par le gouvernement. MM. Berger et Lanneluc ne viennent que d'être approuvés par une ordonnance du 1er mai; ils étoient jusque-là sans traitement. Il faut croire que la sagesse et la patience du vénérable archevêque et de ses dignes coopérateurs ont enfin dissipé les préventions les plus obstinées.

-Le tribunal de Montbrison a prononcé le 7 avril dans l'affaire de l'école cléricale de Roanne. Le tribunal de Roanne avoit, au mois de décembre dernier, condamné M. Arbel, curé de Roanne, à fermer son école et à payer 400 fr. d'amende. M. le curé a appelé, et la cause a été portée devant le tribunal de Montbrison, qui a jugé comme le tribunal de Villefranche et comme la cour royale de Lyon. Voyez notre n° 2047. Les motifs du jugement sont fort remarquables:

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·Considérant qu'il ne s'agit point dans l'espèce d'une école publique et relribuée, qui seroit destinée à l'enseignement ordinaire ou même à un enseignement ecclésiastique, tel qu'il pourroit être donné dans une école du genre de celles qu'admet l'art. 28 de l'ordonnance du 27 février 1821, mais d'un établissement privé, d'une manécanterie autorisée par l'art. 30 du décret du 30 décembre 1809, où un nombre fixe de clercs ou enfans de chœur est formé gratuitement depuis plusieurs années dans l'intérieur d'un presbytère, soit aux cérémonies du culte ca'tholique, soit au chant et à la récitation des prières ordinaires dans la langue latine, dont la prononciation même ne peut être régulière sans quelque connoissance de ses premiers élémens; de telle sorte que si les élèves y reçoivent quelques

premières notions de cette langue, on ne peut pas dire qu'elle leur soit par la vés ritablement enseignée, puisqu'en effet ceux qui veulent réellement l'étudier ne sont pas moins obligés d'en faire ensuite un cours complet dans les écoles ordinaires, mais seulement qu'ils apprennent à la prononcer et à l'accentuer convenablement et relativement à un service qui, par là même qu'il est positivement autorisé, doit aussi être pourvu et renfermer en lui-même tous les moyens d'exécution et même de perfectionnement, sans qu'on puisse le modifier ou le restreindre par les réglemens limitrophes de l'Université, et même s'il y avoit du doute sur la concurrence des deux institutions, il devroit évidemment se résoudre en faveur de la liberté plutôt que du monopole ;

» Considérant que les établisssemens dont il s'agit existent depuis la promulgation du concordat de l'an X, antérieurement même à la création de l'Université, saus que les réglemens organiques de celle-ci les aient jamais rappelés, parce que sans doute ils étoient censés lui être étrangers; qu'ils subsistent, sous les yeux mêmes de l'Académ:e, dans toutes les paroisses de la ville de Lyon, sans contestation, de l'aveu même ou avec la tolérance de l'Université, ainsi qu'il résulte des instructions de M. le ministre de l'instruction publique et des cultes, transcrites dans la lettre jointe au dossier de M. le procureur-général près la cour royale de Lyon, à M. le procureur du roi près le tribunal de Roanne, en date du 13 juin 1833, tolérance qu'il auroit été difficile de concilier avec la loi, si la loi eût été regardée comme aussi impérative qu'on le suppose;

» Considérant qu'un réglement diocésain, émané de l'archevêque de Lyon, a fixé le nombre nécessaire des clercs ou enfans de chœur pour le service de quelques paroisses les plus importantes du diocèse, ce qui prévient et rend impossible toute espèce d'extensions ou d'abus; que la paroisse de Saint-Etienne, à Roanne, figure dans le tableau pour un nombre de vingt clercs, qui n'a pas même été atteint dans l'établissement du sieur Arbel; que ce réglement énonciatif de l'objet des études, notamment en ce qui concerne les élémens de latinité, a été notifié officiellement à l'autorité supérieure, d'après sa propre demande, et antérieurément à toutes poursuites; qu'il n'apparoît nullement qu'il ait été contredit, modifié ou annullé; qu'il est dès lors toujours censé subsister, comme étant réellement inoffensif aux priviléges que l'Université conserve encore, quelque exorbitans qu'ils puissent être, en vertu des décrets et ordonnances sur la matière.

Par ces motifs, le tribunal, statuant sur l'appel interjeté par le sieur Arbel, curé de la paroisse de St-Etienne, à Roanne, prononce qu'il a été mal jugé, bien appelé; émendart, décharge l'appelant des condamnations, et le renvoie de l'action dirigée contre lui sans dépens. »

Le procureur du roi s'est immédiatement pourvu en cassation contre ce jagement. On se rappelle que la cour de cassation a, le 22 mars dernier, rendu un arrêt tout contraire, dont nous avons parlé n° 2080. Il s'agissoit alors de l'école de Tarare, dans le niême diocèse. On dit que le tribunal de Montbrison avoit suspendu son

jugement pour attendre l'arrêt de la cour de cassation; mais l'autorité de cette cour ne l'a pas empêché de juger suivant sa propre conviction. N'est-ce pas une chose singulière que ces décisions contradictoires de plusieurs tribunaux sur une question qui ne paroît pas très-compliquée?

-Le Sémaphore de Marseille prétend prouver l'intolérance du clergé par le fait suivant. Le maire de la ville d'Hières, dans le Var, marié depuis peu à une protestante et seulement devant l'officier civil, s'étant présenté pour être parrain d'un enfant, a été refusé par le curé et les vicaires. Le maire a dressé procès-verbal du refus et l'a adressé au procureur du roi. Par une heureuse coïncidence, dit le Sémaphore, le conseil municipal alloit s'assembler pour arrêter le budget de 1833; il arrêta que les 1,200 fr. alloués comme supplément au clergéseroient supprimés. Le Sémaphore applaudit à la conduite du maire, et nous, nous la trouvons brutale, C'est bien le cas de crier contre l'intolérance du clergé, quand on voit un maire qui a assez de rancune pour se venger si promptement lui-même, et pour inspirer son ressentiment à tout un conseil municipal! Le curé et les vicaires d'Hières avoient cru remplir un devoir, ils avoient obéi aux règles anciennes de l'Eglise, ils n'avoient fait aucun tort au parrain refusé, et celui-ci s'arme de toute l'autorité que lui donne sa place pour leur retrancher un supplément de traitement reconnu nécessaire ! Les gens délicats ne se vengent pas ainsi de leurs propres mains.

Il s'est ouvert aux Etats-Unis deux controverses sur des sujets de religion. La première a lieu à Philadelphie entre M. Hughes, prêtre catholique, et M. Breckinridge, ministre presbytérien. Le premier ayant remarqué dans un journal, intitulé Christian Advocate, des reproches injurieux aux catholiques, et une espèce de défi d'entrer en lice, a proposé au docteur Breckinridge, auteur de l'article, d'ouvrir la dispute avec lui. Il y a eu plusieurs lettres écrites de part et d'autre, pour régler les sujets et la forme de la discussion. Le 14 décembre dernier, les deux adversaires sont convenus que chacun écriroit dans un journal, le ministre dans le Presbytérien, et M. Hughes dans un journal catholique. On doit examiner d'abord la question de la règle de foi, et ne passer à une seconde question que forsque celle-ci sera épuisée. Les journaux des Etats Unis ont donné in extenso les préliminaires de cette controverse, sur lesquels on a eu quelque peine à s'entendre. Le ton de quelquesunes des lettres feroit même craindre que la discussion ne fût pas d'un côté aussi modéréc qu'elle doit l'être pour atteindre son but. Une autre controversé avoit lieu presque en même temps à New-York. Le docteur Brownlee, pasteur de l'Eglise hollandaise réformée, ayant trouvé dans le Truthteller des lettres de controverse, a adressé à l'éditeur de ce journal une lettre où il provoque formel

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lement une discussion par écrit avec M. Dubois, évêque catholique de New-York, ou bien avec MM. Power, Levins et Varela, pasteurs des églises de St-Pierre, de St-Patrice et du Christ. Ces trois ecclésiastiques ont accepté le défi par une lettre du 31 janvier dernier. Ils demandent aussi que l'on commence par chercher quelle est la règle de foi et quel est le juge de la controverse en matière de foi. La discussion doit se continuer dans les colonnes du Truthteller ou Véridique, de New-York.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le Messager avoit annoncé, et les autres journaux avoient répété que M. le comte Hector de Luchesi-Palli étoit arrivé à Paris le vendredi 24 mai; qu'après avoir eu une conférence avec les ambassadeurs de Naples, de Russie et de Prusse, il s'étoit rendu chez le ministre des affaires étrangères, qui l'avoit conduit même chez Louis-Philippe ; qu'enfin il étoit parti le lendemain pour Blaye. Tcut cela est démenti par le journal ministériel du soir (le Nouvelliste). On assure seulement que madame la duchesse de Berry quittera cette ville dans peu de jours. L'Agathe, qui doit la conduire à Palerme, est arrivée la semaine dernière dans la Gironde. Les personnes qui l'accompagneront seront, dit-on, le général Bugeaud, un aide-de-camp, Mlle Lebeschu, M. de Mesnard, madame de Castéja et le docteur Deneux. A l'exception des deux premiers, ces personnes ont été désignées par la princesse. M. de Mesnard est arrivé le 2 mai à Blaye.

Un de nos journaux les plus passionnés pour la révolution de juillet et pour la branche cadette commence à craindre que son enthousiasme n'ait été trop prompt et trop vif. Il se reproche d'avoir partagé la niaiserie des patriotes, qui crurent tout bonnement que les cadets de la maison de Bourbon n'étoient pas capables de les attraper comme les aînés. On auroit dû prévoir, dit-il, qu'ils chercheroient à ressaisir le droit divin par subtilité, après l'avoir manqué par la transmission légitime. La prudence vouloit qu'on prît là-dessus des précautions, qu'on demandat des garanties, et que les conditions du marché fussent mieux réglées. Il est vrai que ce marché a toujours paru baclé un peu à la légère aux yeux des gens qui prétendent s'y connoître. Mais enfin, tel qu'il est, il renferme des stipulations que les patriotes de juillet ont cru fixées et arrêtées. Leur Charte de 1830 contient des promesses écrites; et, s'ils n'ont pas tout prévu, au moins ont-ils prévu quelque chose. Hé bien! qu'ils jugent, par la manière dont ce quelque chose est exécuté, de ce qui seroit tout aussi naturellement arrivé aux autres parties du marché qu'ils ont omis de régler et de stipuler. Ce qu'ils ont écrit dans leur Charte n'ayant empêché ni les états de siége, ni les garnisaires, ni les Bastilles, ni le régime ture sous lequel nous vivons, il est probable que ce qu'ils ont négligé d'écrire n'auroit pas eu un meilleur succès. Que cette réflexion les console donc, et leur serve de leçon pour une autre fois.

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En vérité, mon honorable collégue, on ne vous reconnoît plus. quoi donc cela ?

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C'est que jadis vous étiez tout de feu pour les Grecs, et

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