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librement et à loisir par les trois pouvoirs, tandis que le Roi, et souvent même la chambre des pairs, sont obligés à la fin des sessions d'adopter le budget tel qu'il se trouve amendé. M. de Mosbourg dit que cela est attentatoire aux droits de la chambre, et qu'il faut d'autant plus s'y opposer qu'il est question de dissoudre la chambre après la session. M. Thiers s'écrie qu'il n'est pas parlementaire d'entretenir l'assemblée de bruits de journaux. La mesure de la dissolution ne regarde que le gouvernement, cette question ne lui est jamais venue à l'idée; et comment y songeroit-il, continue le ministre, lorsque la chambre lui est si dévouée? M. Thiers présente ensuite de nouveaux argumens contre l'amendement. M. Lau+ rence réplique. M. le rapporteur déclare que la commission a peusé que l'on ne pouvoit entourer de trop de garantie toute résolution relative à l'amortissement, et que M. Laffitte avoit fait une proposition semblable le. 22 novembre 1830. La chambre n'est plus en nombre.

L'Université a perdu, l'année dernière, un professeur estimablé, qui mérite d'être cité ici, moins encore pour ses talens et son zèle dans la carrière de l'en seignement que pour la fermeté de ses principes religieux. Un de ses amis,' M. Gossin, ancien conseiller de la cour royale de Paris, vient de payer un tribut à sa mémoire dans une notice imprimée, qui est rédigée avec autant de goût que de piété. Nous nous faisons un plaisir d'en donner un ́extrait. Pierre-Martiu Guyot, naquit à Troyes le 6 novembre 1794, et reçut dès son enfance des principes solides de religion. Admis au collège de Troyes sous M. l'abbé Lucot, aujourd'hui chanoine de cette ville, il se distingua par sa régularité comme par ses succès, et obtint chaque année le prix ou un accessit de vertu. Après avoir fait sa philosophie au lycée de Reims, il entra à l'école normale, et ses principes n'y fléchirent point devant la séduction des doctrines et des exemples contraires. Sa sagesse et sa modestie finireut par triompher de toutes les préventions, et on le laissa en paix pratiquer la religion qu'il savoit honorer par sa douceur comme par son courage. Sen premier pas dans l'enseignement fut d'occuper, en 1814, une chaire de classe élémentaire à Versailles, d'où il fut appelé au collège Louis-leGrand en 1816. Il a enseigné pendant seize ans dans ce collège avec une application qu'il regardoit comme un devoir de conscience en même temps qu'il s'y livroit par goût. Il se procura une nombreuse collection de cahiers relatifs à l'en. seignement, qu'il a léguée au grand séminaire de Troyes. Ses vacances étoient employées à visiter les établissemens d'instruction publique en Françe, en Angleterre et en Suisse, et il avoit dressé le journal de ses voyages qu'il n'avoit point destiné à l'impression; car cet homme modeste évitoit avec soin tout ce qui res semble à l'éclat. Dans ses dernières années, il s'étoit occupé d'un travail sur madame de Maintenon, dont il avoit étudié le caractère et l'histoire, et qu'il se proposoit de venger des préventions et des dédains d'une injuste postérité. Ip avoit rassemblé beaucoup de matériaux pour une édition de ses lettres. Nous re

grettons sincèrement qu'il n'ait pas achevé son travail, car nous partageons toutà-fait sa manière de voir sur ma dame de Maintenon, et nous avons eu plusieurs fois l'idée d'entreprendre ce qu'il avoit commencé. Mais d'autres travaux nous ont détourné de ce projet. M. Guyot trouvoit du temps pour toutes les bonnes œuvres ; il étoit le premier à toutes les réunions pour le soulagement des pauvres, et s'intéressoit particulièrement à l'OEuvre des petits Savoyards, à celle de la propagation de la Foi, à celle de Saint-François-Régis pour le mariage des indigens, à la maison de Saint-Nicolas pour les orphelins. Sa charité, sa douceur, l'égalité de son humeur, prenoient leur source dans une piété vive et tendre. Aussi ses élèves lui étoient fort attachés, et il a conservé des amis dans les opinions les plus opposées Il se maria au commencement de 1832; peu de mois après, une maladie aiguë des intestins se déclara et le conduisit au tombeau. Sa résignation et sa piété, pendant ses souffrances, furent admirables. Il reçut plusieurs fois la visite de son sage directeur; et, muni des secours de la religion, il expira le 13 septembre de l'année dernière. L'enfant, dont sa femme étoit enceinte, n'est né qu'après sa mort. Les pauvres ne sont poiut oubliés dans son testament, qui renferme aussi des marques de souvenir pour un frère, curé dans le diocèse de Troyes, et pour une sœur, religieuse de la Visitation.

Le Clergé de France au dix-neuvième siècle.

Dans cetté brochure, qui est dédiée à M. l'évêque de Mende, M. Aug.' Aldebert se propose de montrer l'influence du clergé dans la société. Cette influence est indépendante de l'éclat des lionneurs et des richesses, elle survit à la perte de ces avantages, elle est due au souvenir du bien que la religion a fait et à la con- ́ noissance du bien qu'elle fait encore; elle st due au caractère du prêtre, à sa mission divine, à la conduite qu'il ˇtient, aux services qu'il rend. Le prêtre catéchise l'enfance, jette daus de jeunes cœurs des semences de religion et de vertu, calme les passions', touche les pécheurs, console les malheureux, assiste les mouraus; la religion lui inspire de servir la société, même au milieu des avanies ou des injustices qu'il éprouve; et depuis la dernière révolution, nous en voyons tous les jours des exemples. Que n'a-t on pas fait pour exaspérer le clergé ? Combien de vexations, d'injures, de violences même! Le clergé cependant cherche-t-il à se venger? prèche-t-il la révolte? Le pouvoir lui-même a été forcé de rendre hommage à la sagesse des évêques.

Dans une seconde partie, l'auteur prouve qu'il seroit facile au pouvoir de faire tourner l'influence du clergé au profit de la politique. Pour cela, il ne faudroit que réaliser les promesses de la Charte, et accorder véritablement à la religion la protection qu'elle a droit d'attendre. Dieu veuille que le gouvernement sente enfiu.ce que lui prescrivent à cet égard et l'équité, et son intérêt, et le vœu de la patrie la plus saine de la nation!

Il règne dans cette brochure un bon esprit. L'auteur parle de la religion et du

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clergé en homme qui y prend un vif intérêt. Il annonce une seconde brochure Nous l'engageons à éviter des méprises qui pourroient faire tort à son exactitude Il dit que l'Allemagne n'est plus catholique, et que la Suisse professe les erreurs de Calvin. Ces assertions générales ne sont point-vraies. Plusieurs parties de l'Allemagne et de la Suisse sont catholiques. Les catholiques sont plus nombreux en Bavière et dans les anciennes principautés ecclésiastiques. En Suisse, neuf des cantons sont catholiques.

Chants sacrés, ou Nouveaux Airs de Cantiques à une ou plusieurs voix,

par Poisson.

Nous avons annoncé les deux premières livraisons de ce recueil; la troisième et la quatrième viennent de paroître. Les chants sont faits exprès, et sout entièrement en harmonie avec les paroles. Quoiqu'ils aient été composés pour être exécutés sans accompagnement, on approuvera sans doute que l'auteur en ait ajouté un pour le piano, et, en le simplifiant, on pourroit l'exécuter sur l'orgue.

Une souscription est ouverte pour cet ouvrage; elle se compose des dix premières livraisons. Le prix est de 15 fr. pour Paris, et 15 fr. 75 c. pour la province. S'adresser chez l'auteur, rue des Cinq-Diamans, n. 18; et au bureau de ce Journal.

Nous avons fait connoître précédemment l'esprit et le but de ces compositions. Chaque livraison contient trois pièces, une pour la messe, et deux autres qui peuvent servir dans les catéchismes.

L'Hermeneutique sacrée, 3 vol. in-12, annoncée dans notre N° 2105, se vend 8 fr., et 11 fr. franc de port.

AVIS.

MM. les Souscripteurs dont l'abonnement expire au 1er juin prochain sont priés de ie renouveler promptement, pour ne pas éprouver de retard. Ils voudront bien joindre à leur demande une de leurs adresses imprimées. Prix actuel de l'abonnement : Pour un an, 42 fr.; pour six mois, 21 fr.; pour trois mois, 11 fr. On ne reçoit que les lettres affranchies.

Le Gérant, Adrien Le Clere,

COURS DES EFFETS PUBLICS. - Bourse du 27 mai 1833.

Trois pour 100, jouissance du 22 déc., ouvert à 80 fr. ooc., et fermé à 80 fr. 00 c.
Cinq pour 100, jouiss. du 22 mars, ouvert à 104 fr. 10 e., ct fermé à 103 fr. 85 c.
Actions de la Banque.
. 1800 fr. 00 c.

IMPRIMERIE D'AD. LE CLERE IT COMP.

JEUDI 30 MAI 1833.

(N° 300%

Sur le cours de M. l'abbé Frere en Sorbonne.

DE L'Homme. (Suite.) — L'homme a été créé pour vivre en société, et y remplir les fonctions d'un état.

(Leçon du 7 mars.)

Nous avons dit que l'homme avoit des rapports avec la société ; qu'il devoit vivre en société, et non demeurer seul; être uni à ses semblables, et vivre avec eux dans la pratique de la charité, qui est le véritable lien de l'état social. Nous avons ajouté qu'il devoit en même temps y exercer les fonctions d'un état, et tout cela d'institution divine. Oui, Dieu lui-même a donné un état à Adam, type et modèle premier de la société; lui a indiqué les fonctions de cet état, inspiré les lumières et la puissance d'en remplir dignement les fonctions. En effet, nous trouvons deux états primitifs dans l'origine : 1o l'état de mariage; 2° l'état d'agriculteur. Remarquez bien les rapports de ces deux états : le mariage pour multiplier l'espèce, l'agriculture pour la conserver. Si l'homme eût persévéré dans l'innocence, il est probable que ces deux états se seroient partagé les occupations du genre humain. Voilà donc l'origine de la société telle que Dieu l'a faite. Etudions cet état des choses dans la perfection, afin de mieux apprécier ce qui doit ramener à l'état primitif. Ainsi, nous nous occuperons aujourd'hui des deux états primitifs de l'homme, du mariage et de l'agriculture; nous en considérerons les caractères, la manière de les exercer, et la fin.

Et d'abord, l'homme fut créé pour l'état de mariage; vous savez que Dieu ne voulut point le laisser seul après l'avoir établi chef de la création, il lui fit un être semblable à lui, tiré de sa propre substance, afin de montrer ce lien indissoluble qui devoit exister entre l'homme et la femme. Dieu lui donne une aide; mais pour quelle fin? Pour ce grand et noble but, la multiplication, la propagation de l'espèce humaine. Ainsi, dans le dessein de Dieu, l'homme devoit se multiplier et cou

Tome LXXVI. L'Ami de la Religion.

N

vrir la terre; et, dans ce but, des fonctions sont assignées à l'homme et à la femme, et c'est Dieu lui-même qui tracera l'étendue et les bornes de ces fonctions respectives. De là résulteront le bien-être, la prospérité sociale, que le Créateur a eus en vue; car l'être bon ne sauroit créer des êtres malheureux : la malice seule des hommes a jeté le désordre dans la création. Cet état de mariage a été établi par Dieu, un et indissoluble. L'homme, dans l'origine, devoit s'attacher à la femme, et ne jamais l'abandonner; ils devoient être unis parfaitement : Duo in carne una. Voilà le modèle, le type, la vérité sur ce qui regarde le mariage. Les fonctions du mari sont de gouverner, de diriger. Nous les verrons plus en détail en traitant l'état d'agriculteur, où, d'après l'institution divine, Adam est établit chef de toute la nature, pour lui commander et la diriger: Ut custodiret,... præsit....... et dominetur. L'homme a un regard extérieur; il voit toute la nature : il doit connoitre les lois qui la régissent pour atteindre les fins du Créateur.

Les fonctions de la femme sont tracées dans le livre de Tobie, livre admirable qu'on ne sauroit trop méditer. Ecoutez ce que les parens de l'épouse du jeune Tobie recommandent à leur fille, qui reçoit d'eux le baiser du dernier adieu. Instruits à l'école du Dieu de la souveraine sagesse, ils lui expliquent les fonctions de son nouvel état; ils lui disent comment elle doit se comporter, lui recommandent d'honorer son beau- père et sa belle-mère, d'aimer son mari, de régir sa famille, de gouverner sa maison, et de se conserver irréprochable; en peu de mots, toutes les fonctions de la femme sont exprimées. Dilige maritum. On lui recommande de lui être intimement unie, de le connoître seul. Regere familiam, régir la jeune famille, avoir soin de l'éducation des enfans, recueillir leur premier élan d'amour; nourrir cet enfant, qui reconnoitra sa mère à ces tendres soins, et qui, en retour, lui fera recueillir cette première fleur d'amour qui s'épanouit à la vue du bienfait. Oh! que le sein mercenaire est incapable de donner avec le lait cette réciprocité d'affection! Ainsi, la mère doit régir sa famille, élever ses enfans dans la piété, soigner leur enfance jusqu'à l'âge de raison, qui arrive ordinairement vers sept ans, époque à laquelle le père doit prendre soin de l'instruction et achever l'éducation première; tous deux ainsi, l'homme et la femme, devant concourir à former un citoyen utile à la société, ce roi qui doit gouverner toutes les créatures dans la justice et

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