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l'équité. Gubernare domum, la femme doit avoir soin de sa maison, de tout ce qui concerne le corps; diriger l'intérieur de la famille; tandis que l'homme a le gouvernement du monde, des affaires du dehors. Au livre des Proverbes, chapitre xx1, on trouve parfaitement exprimés tous les devoirs de l'épouse, dans le portrait de la femme forte, tracé par l'Esprit saint.

Nous ne pouvons parcourir ce sujet dans toute son étendue, il faut nous borner à constater quel est le lien social, en voyant l'origine, le caractère et le but du mariage; lorsque nous traiterons de la régénération, nous verrons d'une manière plus complète tout ce qui tient à la société. Toutefois, je ne puis me dispenser d'attirer votre attention sur une pensée qui est essentielle pour le maintien de la société. Remarquez ce que la révélation nous apprend: Un Dieu, unus Deus, et concevez bien toute l'idée renfermée dans ce mot. Ensuite Adam créé un, unique et non pas multiple; ensuite l'os des os de l'homme, la chair de la chair, la femme à laquelle il doit être uni, attaché inséparablement, adhærebit uxori suæ,... duo in carne una. Et de là découle tout le genre humain, comme d'une source unique. Voyez-vous cette admirable unité! Méditez encore les effets de cette unité primitive. Dieu se révèle au premier homme, il crée en lui la science, il la crée dans l'homme et dans la femme. Ces deux créatures ont donc l'unité de doctrine, de croyance, le même sentiment, la charité, le même langage. Admirez cette unité intellectuelle, unité de Dieu, unité de doctrine, unité de sentimens, unité de fin. Y a-t-il quelque chose de plus parfait à trouver sur l'état social? Et maintenant, que vous semble des systèmes nouveaux dé religion ou de perfection sociale?

L'autre état de l'homme, avons-nous dit, étoit l'agriculture. Pour l'exercer, l'homme devoit connoitre les lois et les propriétés de la nature, afin de lui faire produire ce qui devoit fournir à ses besoins, et la régir selon les fins que Dieu lui avoit montrées. Dieu, après avoir créé toutes les choses visibles, les avoit coordonnées de la manière la plus favorable à la conservation de l'homme. Or, il falloit que l'homme connût une partie du secret de cette admirable sagesse, devant régir la nature qui travailloit pour lui, et la maintenir dans l'ordre primitif: Ut custodiret. Outre cette conservation de l'ordre, il y avoit aussi une culture, culture bien différente de la nôtre,

l'homme déchu n'ayant plus assez de connoissance des lois de la nature pour la gouverner; mais alors l'homme connoissant la terre et toute sa puissance, ne cultivoit qu'en amateur, si j'ose ainsi parler. Cette vérité, qu'Adam a été primitivement agriculteur, nous a été transmise par la tradition des siècles. Ecoutez le prophète Zacharie: Sum agricola, quoniam Adam. Je suis un agriculteur, parce que, dès mon adolescence, Adam est mon modèle. Dans l'Ecclésiastique, nous trouvons que Dieu lui-même a établi l'agriculture. Non oderis laboriosa opera et institutionem creatam ab altissimo. Voilà le Très-Haut qui a fondé l'agriculture, et qui a donné à l'homme la fonction de l'exercer. Ut custodiret: Il faut qu'il cultive en dirigeant les êtres convenablement, afin qu'ils atteignent leur fin. Pour l'agriculture, il faut connoitre les rapports de la plante avec le sol, avec les influences atmosphériques : par-là seulement on les dirige convenablement. On voit donc que l'agriculture étoit l'état primitif.

Le professeur a terminé sa leçon en faisant énergiquement ressortir la profonde sagesse des enseignemens des livres saints sur la société : sagesse sublime et pratique, qui réduit à rien les systèmes des rêveurs allemands, ainsi que de leurs disciples.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. M. l'archevêque a officié à Notre-Dame à tout l'office de` la Pentecôte aux premières vêpres le samedi, à la grand'messe le jour de la fête et aux secondes vêpres le soir. L'église étoit remplie, et offroit quelque image de la pompe de ses anciennes soJennités. Le lendemain le prélat a présidé à une prise d'habit dans une pieuse communauté, puis à une distribution de prix aux jeunes gens de la réunion de Saint-Hyacinthe. Il a encouragé cette jeunesse par les paroles les plus affectueuses. M. l'évêque de Meaux, ancien curé de la Madeleine, étoit présent à la séance, et a été invité par M. l'archevêque à l'assister dans la distribution des prix.

Nous avons évité depuis deux mois de revenir sur les affaires du diocèse de Dijon, quoique notre propre correspondance, et d'autres journaux, ne nous fournissent que trop de matériaux. Nous avons reçu, il y a plus d'un mois, la nouvelle de la destitution du premier directeur du grand séminaire; nous avons laissé d'autres feuilles prendre à cet égard une initiative dont nous étions peu jaloux. Nous espérions que l'autorité reconnoîtroit enfin dans quel précipice on cherche à la pousser, et qu'elle se lasseroit de

faire tomber ses rigueurs sur les ecclésiastiques les plus estimables du diocèse. De nouveaux coups sont venus nous ravir cette espérance, et on nous presse de rendre compte des nouvelles douleurs du clergé et des bons fidèles. Nous cédons, quoique avec répugnance, et nous nous bornerons à ce qu'il y a de plus authentique dans les faits. Déjà, dans notre numéro du 12 mars, nous avons signalé le malheureux début de l'administration actuelle; dans le numéro du 26, nous insérâmes avec bonne foi des réclamations qui nous avoient été adressées; mais de nouveaux coups d'autorité n'y répondirent que trop. Un vicaire de la cathédrale, M. Mairot, fut révoqué pour quelques plaisanteries. Le lendemain, M. Belin, professeur de philosophie du grand séminaire, fut destitué durement. A la mi-avril, M. Bauzon, premier directeur du grand séminaire, qui occupoit cette place depuis onze ans, qui avoit formé un grand nombre d'élèves, et qui étoit estimé et aimé de tous, fut impitoyablement congédié. On l'obligea de sortir de suite, quoiqu'il n'eût point d'asile, et qu'il dût espérer d'en trouver un dans une maison à laquelle il avoit rendu tant de services, et où peutêtre il avoit compté finir ses jours. Cet acte de rigueur a profondément affligé les élèves, qui d'eux-mêmes se sont rendus à l'évêché au nombre de 70; une vingtaine seulement de jeunes gens, étrangers au diocèse, et introduits depuis peu dans le séminaire, n'ont pas pris part à cette démarche. La requête respectueuse de ces jeunes gens n'a eu aucun succès, et ils ont été repoussés. A ce fait en a succédé un autre; le premier vicaire de Saint-Michel, M. Clerc, qui avoit la confiance du curé comme celle des paroissiens, leur fut enlevé tout à coup. Cet ecclésiastique étoit le commensal et l'ami du curé, et étoit estimé pour sa conduite et pour ses moyens. Cette disgrâce fit un fâcheux effet dans la paroisse. Les fabriciens allèrent en députation faire des représentations à l'évêché; à leur tête se trouvoit M. de Berbis, ancien député. Mais ni cet homme honorable, ni les observations les plus modestes ne furent accueillis; on les éloigna au contraire durement. Le 27 avril, une nouvelle députation de la paroisse Saint-Michel, composée de douze notables, et présidée par un conseiller de la cour royale, se présenta à l'évêché avec un placet revêtu d'un grand nombre de signatures. On lui fait dire que le prélat ne peut l'admettre; elle insiste, et demande quel jour elle pourra être reçue : nouveau refas. Les députés restent et sollicitent la faveur d'une audience; envoyés par leurs co-paroissiens, ils ne pouvoient, disoient-ils, se retirer sans avoir réalisé leur mission. M. l'évêque paroît enfin, mais c'est pour dire qu'il est le maître chez lui, qu'il ne veut point recevoir les députés, et qu'il les prie de sortir. Après ce peu de mots, prononcés du ton du mécontentement le plus vif, le prélat rentra chez lui précipitamment et s'y enferma. Un journal qui a rendu compte de cette scène, la Gazette de Bourgogne, du 2 mai, a vertement

apostrophé M. l'évêque à ce sujet. On nous dispensera de reproduire son article, qui contenoit des choses malheureusement trop vraies, mais qui nous a paru d'un ton un peu âpre et amer, que l'on peut excuser jusqu'à un certain point dans un journal politique, mais qui siéroit mal à un journal religieux. On s'y plaignoit au fond de la désorganisation du diocèse, des rigueurs qui tombent sur les meilleurs prêtres, de l'indulgence avec laquelle on accueille les sujets les plus suspects, de l'affectation surtout d'introduire dans le diocèse des jeunes gens inconnus qui n'offrent aucune garantie, on plutôt dont les antécédens devroient inspirer de la défiance. Quelques personnes avoient cru voir un changement de système dans la nomination de M. Morlot à un canonicat de la cathédrale. Cette nomination est un acte de justice qui a un peu consolé les gens de bien. Seroit-il vrai qu'elle n'a été obtenue qu'avec beaucoup de peine, et moyennant une sorte de transaction, par laquelle un favori du prélat a été agréé pour une place importante? C'est le bruit général dans le diocèse. On a obtenu que M. l'abbé Clerc restât sur la paroisse St-Michel, mais seulement comme prêtre habitué; d'ailleurs, on est encore menacé d'autres changemens. Chaque semaine apporte de nouveaux sujets de chagrin ou d'alarme. On voit admettre aux ordres des sujets incapables, notamment un jeune homme renvoyé d'un grand séminaire pour défaut de moyens, et qui venoit se présenter à celui de Dijon comme domestique, mais qui, voyant la facilité avec laquelle on y reçoit les étrangers, demanda à être admis comme élève, et a été fait soudiacre à la dernière ordination. Nous supprimons d'autres détails affligeans, et nous prions Dieu qu'il inspire de meilleures pensées à ceux qui peuvent porter remède à ces maux.

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M. l'évêque d'Orléans est arrivé à Pithiviers le 19 mai, après midi. Le soir, après avoir reçu les autorités de la ville et leur avoir rendu la visite, le prélat a donné le salut. L'église ne pouvoit contenir l'affluence qui s'y étoit portée. Le lendemain, M. l'évêque a donné la confirmation à plus de sept cents personnes, la plupart de la ville. Le mardi fut le tour des paroisses de la campagne. II y a long-temps que cette ville n'avoit eu le bonheur d'avoir un évêque; elle n'en doit que d'autant plus de reconnoissance au vénérable prélat qui, malgré son grand âge, a bien voulu la visiter et y remplir une des plus consolantes, mais aussi des plus pénibles fonctions de son ministère.

-M. de Mazenod, évêque d'Icosie et neveu et grand-vicaire de M. l'évêque de Marseille, fait la visite pastorale du diocèse à la place de son oncle que son âge et ses infirmités retiennent à Marseille. M. l'évêque d'Icosie arriva le 14 mài à La Ciotat et y. fut reçu avec de grands honneurs. Le 15, il interrogea les enfans qui lui étoient présentés pour la confirmation, et leur adressa une

instruction en provençal. Le même jour, il fit la visite de l'église, et signala quelques négligences et quelques abus. Le jour de l'Ascension, le prélat officia pontificalement et prêcha en provençal, estimant sans doute qu'il étoit ainsi mieux entendu des marins et des gens de campagne fort nombreux dans son auditoire. Cette attention du prélat a déplu au maire de La Ciotat, M. Reynier, qui a figuré dans l'affaire du Carlo-Alberto. Deux heures après la messe, on afficha dans la ville l'espèce de proclamation suivante, qu'il faut donner textuellement pour la singularité du fait :

Le maire de La Ciotat à ses administrés.

« Mes concitoyens, des hommes, dont le ministère devroit être d'éclairer leurs semblables sur leurs véritables besoins, viennent abuser de leur éloquence et d'un caractère qui en impose aux masses, en faisant entendre des paroles qui étonnent même la classe la moins instruite du peuple. Ils voudroient vous envelopper des nuages du fanatisme et d'ignorance dont une révolution glorieuse et nécessaire nous a délivrés pour toujours. Ils voudroient nous réduire à l'usage de ces idiomes locaux qui rendoient autrefois les communes étrangères les unes aux autres. Français, vous êtes membres d'une même famille, ce sont ses principes et ses lois qui doivent vous régir, ce sont ses progrès vers la civilisation que vous devez suivre, c'est la langue nationale que vous devez parler, pour vous entendre si vos libertés ou votre indépendance étoient menacées.

pro

» Fait à La Ciotat, en l'Hôtel-de-Ville, le 16 mai 1833. Le maire, REYNIER, » Cette pièce curieuse a beaucoup fait rire, même à La Ciotat. On a admiré l'élévation du génie de M. le maire, qui ne lui permet de voir qu'en pitié ce qui en impose aux masses. Ce grand homme est placé fort au-dessus des nuages du fanatisme et de l'ignorance, et trouve que c'est retarder la civilisation que de parler le vençal. Mais le peuple de La Ciotat est tellement encroûté de préjugés, qu'il est allé encore après la proclamation entendre une autre exhortation.en provençal de M. l'évêque d'Icosie, et a accompagné le prélat jusqu'à sa sortie de la ville. Là M. de Mazenod fit une nouvelle exhortation en provençal. Les libéraux s'étoient proposés, à ce qu'il paroit, de marquer cette visite épiscopale par quelques avanies; ils avoient cherché à mettre sur la route quelques obstacles au passage de la voiture du prélat; mais d'honnêtes habitans accoururent et débarrassèrent le chemin. Dans l'église, les malveillans eurent aussi quelques velléités de désordre; elles échouèrent contre les dispositions unanimes d'une population respectueuse et recueillie. Un soir il y eut des cris indécens proférés sous les fenêtres du presbytère: l'indignation des voisins les fit cesser. La Gazette du Midi, à laquelle nous empruntons le fond de ce récit, remarque que le maire ne prit aucune mesure contré les perturbateurs. Elle reproche au Messager d'avoir avancé un mensonge patent en imprimant que que les habitans avoient

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