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plus flétrissautes : L'abominable domination des papes, ses lâches ruses, ses horribles cruautés, l'absurde système, l'épouvantable corruption, etc. Quel ton dans un traité religieux! Quelle modération, quelle charité pour un réformateur! Ce Jurieu si décrié jadis n'étoit pas plus violent. Ne sied-il pas bien aux protestans de s'élever avec cet emportement contre une autorité qu'ont long-temps reconnue et révérée leurs ancêtres? Sied-il bien à ceux qui ont rejeté la divinité de Jésus-Christ, tous les miracles, tous les mystères, de se plaindre si fort du système anti-chrétien des papes? Plaisans régénérateurs du christianisme que ces gens qui l'ont réduit à n'être plus qu'un déisme large, commode, qui fraternisent avec toutes les sectes, qui tolèrent toutes les erreurs, mais qui réservent leur haine et leurs injures pour les seuls catholiques!

- M. l'évêque de Beauvais n'avoit point de grands-vicaires reconnus par le gouvernement, depuis qu'il a pris possession de son siége: ceux qu'il avoit nommés vienuent enfin d'obtenir l'agrément.

La Gazette de Flandre et d'Artois réclame contre la suppres sion de la paroisse Saint-Etienne à Arras. Cette suppression, ditelle, est injuste et funeste à la religion. Elle est injuste, en ce qu'elle enlève arbitrairement à une église un titre et des biens possédés légalement. L'église de Saint-Etienne avoit depuis longtemps le titre de succursale, on l'en dépouille sans consulter le conseil de fabrique. Une succursale peut être assimilée à une personne mineure; et comme on ne peut déposséder celle-ci sans consulter le conseil de famille, on ne doit de même point priver une église de ses droits sans consulter la fabrique. L'église de Saint-Etienne possède des biens donnés ou légués à charges de services religieux et dont l'autorisation a été acceptée. Elle a acquis un mobilier en linge, argenterie, ornemens. Tout cela sera transféré à la cathédrale ou à Saint-Nicolas. Etoit-ce l'intention des bienfaiteurs? La suppression de la succursale de Saint-Etienne est encore contraire à la religion; elle froisse nombre de catholiques dans leurs picuses habitudes, et les prive des moyens de remplir commodément leurs devoirs. On se flatte, dit la Gazette en finissant, que M. l'évêque d'Arras, dont on connoît le zèle et qui a promis son appui aux paroissiens de Saint-Etienne, fortifiera par ses réclamations celles des fabriciens.

M. Mahé, curé de Couëron, diocèse de Nantes, qui, comme nous l'avons vu, avoit éprouvé beaucoup de tracasseries pour les écoles chrétiennes de sa paroisse, en a triomphé à force de zèle et de persévérance. Il a formé une association pour le soutien de ces écoles. L'œuvre est diviséc en soixante actions de 26 fr. chaque. Les cultivateurs en ont déjà pris vingt-cinq, et probablement ils atteindront la moitié. M. le curé propose l'autre moitié aux

propriétaires, et il espère qu'ils s'associeront à une œuvre si utile. Les deux écoles, celle de garçons et celle de filles, seront dirigées par des Frères et des Sœurs, dites de l'instruction chrétienne. L'association se composera de tous ceux qui auront pris une ou plusieurs actions. Un comité de cinq membres sera chargé des détails del'administration, le curé en sera président, les quatre autres membres seront élus par l'association. Il y aura parmi eux un trésorier et un secrétaire. La première séance générale s'est tenue'le 21 mai. Nous tirons ces détails d'une circulaire de M. le curé de Couëron et des statuts de son association qui ont été publiés par la Tribune catholique. Aujourd'hui le sort des écoles chrétiennes de Couëron est assuré; presque toutes les souscriptions sont remplies, le maire se tient tranquille, et voit qu'avec les 36,000 fr. qu'il avoit reçus en don, il ne peut faire ce qu'a fait le curé par la seule influence de la religion. A Saint-Herblain, paroisse voisine, le curé a entrepris une œuvre semblable; il ne s'est point adressé aux cultivateurs, parce que l'appel qu'il avoit fait aux propriétaires lui a procuré des moyens suffisans pour fonder une école gratuite qui sera aussi sous la direction d'un Frère de l'instruction chrétienne. La paroisse applaudit au zèle du pasteur; mais on dit que, pour le punir, le maire et le conseil municipal sollicitent pour qu'on le prive de la moitié des bâtimens de son presbytère. C'est ainsi que de misérables jalousies cherchent à paralyser les meilleures

œuvres.

- Le dimanche 10 mars, les catholiques de Lowell (1), aux Etats-Unis, furent réjouis par l'abjuration de M. Lovejoy, membre de l'Eglise Baptiste de cette ville. Après l'évangile, il s'avança dans l'église sur l'invitation du prêtre catholique; et, ayant pris place près le sanctuaire, il fit à haute voix sa profession de foi catholique, comme il est prescrit en pareil cas. Ses manières modestes pendant la cérémonie de son admission dans le sein de l'église catholique prévenoient en sa faveur. Le pasteur lui permit ensuite d'adresser un petit discours à ses amis qui étoient là en grand nombre. M. Lovejoy leur expliqua le motif de sa démarche. Il n'avoit point pris ce parti à la légère et sans réflexion, mais après un long et sérieux examen, avec une pleine conviction de la vérité de la religion et dans le seul but de sauver son ame. Comme d'autres, il avoit eu le malheur de se moquer des doctrines ou des pratiques du catholicisme; mais il avoit reconnu l'injustice et l'absurdité de ces railleries, et il espéroit que ses amis s'en convaincroient s'ils vouloient examiner de sang-froid les principes du catholicisme.

(1) Lowell, dans l'état de Massachuset, est une ville riche et manufacturière où il y a huit à neuf cents catholiques. On y a bâti récemment une église. Le prêtre qui la dessert est aussi chargé des catholiques de Salem.

Il finit en remerciant Dieu de lui avoir ouvert les yeux, et en lui promettant de faire tous ses efforts pour répondre à la grâce qui l'avoit appelé avec tant de bonté. L'église étoit entièrement rem plie, et la déclaration de M. Lovejoy fut écoutée avec un vifintérêt de tous ceux qui étoient présens, catholiques et protestans.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. La plupart des journaux révolutionnaires sont à la tempête contre la chambre des pairs, au sujet de l'article qu'elle a rétabli en faveur des curés et desservans, dans la loi sur l'instruction primaire. Les uns lui reprochent de faire de l'opposition par bouderie et par rancune, pour se venger de ceux qui l'ont dépouillée de son hérédité. Les autres la soupçonnent de vouloir ramener la restauration et le droit divin. Tous découvrent en elle la coupable intention de rendre au clergé l'influence que la révolution de juillet lui a fait perdre. Enfin ils voient dans l'article dont il s'agit un véritable danger de la patrie, un retour aux priviléges du parti-prêtre. Il faut avouer que cela s'éloigne un peu, en effet, de la pensée qui a présidé à la dévastation, au pillage, et aux scènes de profanation dont nous avons été précédemment témoins. Mais ce n'est pas en vertu d'un privilége que cet état de choses s'est adouci pour le clergé de France; c'est en vertu d'un droit. Ce n'est point grâce, c'est justice. De même, on ne peut considérer comme un privilége la mission d'intervenir dans la direction et la surveillance de l'instruction primaire. Du moment où la religion n'en est pas bannie, il y a là nécessairement une fonction à exercer pour l'autorité ecclésiastique; car le curé est daus sa paroisse ce que le maire est dans sa commune. On peut même dire que l'instruction publique se compose de plus de parties morales et religieuses que de parties administratives. Ce n'est donc point en vertu d'un privilége, mais en vertu de leur caractère et de leurs fonctions réciproques que l'autorité ecclésiastique et l'autorité municipale interviennent dans l'instruction publique, chacune en ce qui la concerne.

M. de Bourrieune réclamoit une pension de retraite, qu'il croyoit avoir acquise par 31 ans et 10 mois de services; mais le ministre de la justice et le conseil d'Etat en out déduit les deux années pendant lesquelles il n'avoit rempli que les fonctions de secrétaire particulier de Buonaparte, moyennant quoi il lui a manqué deux mois pour compléter la carrière administrative qui donne droit à la pension de retraite en conséquence, sa demande a été rejetée. Ceci nous apprend qu'il y a services et services, et que la révolution de juillet estime beaucoup plus les siens que ceux des autres. Trois jours out suffi à ses héros pour leur ouvrir le Panthéon et le grand-livre. Si l'on y avoit regardé d'aussi près avec eux qu'avec M. de Bourrienne, on auroit peut-être trouvé quelques heures à déduire de leurs glorieux travaux aussi facilement qu'on a trouvé à déduire des siens les deux mois dont it avoit besoin pour être en règle. Mais les révolutions ne chicanent point avec leurs enfans et leurs amis; elles aiment mieux leur compter plus que moins, sauf à se

retrouver en comptant avec d'autres. Dans ces sortes d'affaires, le tout est de bien choisir les services qu'on rend à la patrie, et de rencontrer les bonnes veines. Si, au lieu de perdre son temps à mettre bout à bout ses 29 ans et 10 mois de travaux administratifs, M. de Bourrienne avoit eu seulement à représenter au ministre de la justice et au conseil d'Etat un pavé des barricades ou une pierre grosse comme le pouce, provenant des démolitions de la Bastille, sa pension lui étoit acquise et passoit sans examen. En supposant qu'il soit trop vieux, pour que cela lui serve de leçon, il faut espérer que d'autres en profiteront pour ne pas s'amuser à servir l'Etat comme des sots, ailleurs que dans la carrière de l'insurrection.

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M. de Lacoste, frère du préfet de la Gironde, a été élu député par le collége électoral de Nancy, extra-muros, à la majorité de 97 voix contre 67, dounées au général Fabvier, candidat de l'opposition. M. de Lacoste remplace M. Thouve nel, un des principaux membres de l'opposition.

M. Latil, procureur du Roi à Castellane, est nommé vice-président du tribunal de Digne, et est remplacé par M. Collomp, substitut.

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Il vient d'ètre nommé une coumission pour répartir aux condamnés politiques de la restauration les secours alloués par le budget. Cette commission est composée de MM. le maréchal Gérard, président; le duc de Choiseul, Bignon. F. Delessert, Didier, Madier de Montjau, de Saint-Aignan, Sapey, Teste et Viennet.

M. Rinu, agrégé des classes supérieures des lettres, est nommé maître de conférences de littérature latine à l'école normale en remplacement de M. Patin, démissionnaire.

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La France nouvelle dément le récit des violences qui auroient été exercées sur les condamnés politiques à leur extraction de Sainte-Pélagie, pour les transférer au mont Saint-Michel. Quinze gardes municipaux se présentèrent le 25 mai, à cinq heures du matin, dans la prison pour en faire sortir ces détenus. Bultoud, Lechat et Roger ne firent aucune résistance. Jeanne s'étoit enfermé, et il n'ouvrit sa porte que lorsqu'on alloit l'enfoncer. On consentit avec beaucoup de grâce à toutes Is démarches que ce dernier et Butloud voulurent faire daus la maison avant de partir, et ils parurent si satisfaits des égards du directeur de la prison et du commissaire de police chargé d'opérer la translation, qu'ils leur firent des remercîmens au moment de monter en voiture. Tel est le récit de cette feuille ministérielle.

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La commission du budget a rejeté, le ag mai, à une majorité de 3 voix, toute nouvelle addition aux impôts existans, soit sur les boissons, soit sur les cotous. Elle a décidé qu'il seroit disposé de 27 millions de rentes rachetées.

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Des poursuites étoient dirigées contre la Quotidienne, le Renovateur et le Revenant, pour avoir annoncé que l'on avoit fait cacher mystérieusement dans la citadelle de Blaye une femme enceinte de huit mois. MM. de Prian, de Lostange et de Rochecave ont comparu à ce sujet le 30 mai devant la cour d'as

sises, sous la prévention d'excitation à la haine et au mépris du gouvernement. Ils ont été acquittés sur la plaidoirie de M. Berryer.

M. Bastide, marchand de bois, rue de Ménilmontant, au coin du boulevart, a été condamné à mort par contumace, pour avoir dirigé une partie des insurgés les 5 et 6 juin 1832. Son nom a été exposé au poteau, le 29 mai, sur la place du Palais-de-Justice.

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Le tribunal civil a condamné la ville de Paris à payer des dommages-intérêts aux entrepreneurs du nettoiement de Paris, pour les indemniser de la destruction de leurs tombereaux par les chiffonniers dans les premiers jours d'a

vril 1832.

MM. Lachassagne, Blache et Henné, condamnés à la prison et à l'amende pour un écrit qui parloit de la conduite privée de madame Adélaïde, se sont pourvus en cassation.

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Dans le cours de la discussion sur l'emprunt grec, un des membres de la chambre des députés ayant annoncé que l'entrée des Dardanelles venoit d'être refusée à notre escadre, le ministre des affaires étrangères répondit à cette assertion par une dénégation positive. Quelques journaux ayant persisté à la reproduire, le Moniteur déclare qu'il est autorisé à déclarer de nouveau qu'elle est dénuée de fondement.

La Gazette médicale prétend que les quatre cinquièmes de la population de Paris sont atteints plus ou moins en ce moment de la grippe. Il y a beaucoup d'exagération dans cette estimation.

On a placé sur la terrasse de l'Hôtel des Invalides deux superbes pièces de canon de rempart, du calibre de 24, provenant de la citadelle d'Anvers. Elles ont été fondues en 1778 et en 1800.

De graves désordres viennent de se passer à Boves, près Amiens. Une institutrice lancastrienne venue de Paris, et qui avoit trouvé moyen de faire supprimer le traitement d'une Sœur qui s'occupoit de l'éducation dans cette commune, forte de 2,000 habitans, s'avisa de dénoncer le curé, M. Pipaut. Des rassemblemens se formèrent le 23 mai. Le maire voulut les dissiper à l'aide de la garde nationale; il y eut une collision avec celle-ci. Denx fois M. l'abbé Pipaut se présenta au milieu de la population, et parvint par deux fois à la calmer. La gendarmerie d'Amiens, que le maire avoit appelée, arriva sur ces entrefaites, et s'empara de trois hommes et de deux femmes, qui avoient été les principaux moteurs des troubles, et auxquels on fut obligé de mettre les menoites. Ce procédé irrita la population ; la gendarmerie fut assaillie à coups de pierres, et on lui arracha les prisonniers. M. Demanche, chef d'escadron, reçut dans cette lutte une blessure dangereuse à la tête. La nuit suivante, on envoya à Boves un détachement de la garnison; et, au moyen de cette force imposante, on a opéré l'arrestation de douze des plus mutins.

Une affaire, qui étoit en suspens depuis long-temps, a été jugée, le 27, au

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