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les intérêts les plus chers des communes, et de défendre un drapeau politique qu'ils verroient sans doute tomber avec indifference, pourvu qu'il n'entraînât pas après lui leur crédit et leur fortune.

Nous n'avons point parlé de la sollicitude d'un évêque pour les séminaires, de l'obligation où il est d'en surveiller la doctrine, l'esprit, la conduite, de connoitre des sujets dont il doit faire des coopérateurs.

Nous n'avons rien dit de la direction des communautés religieuses vouées à l'enseignement et au service des hôpi

taux.

Enfin, nous pourrions nous étendre sur les détails d'une administration temporelle assez étendue. La gestion de plus de quatre cents fabriques soumises à sa surveillance n'est-elle pas à elle seule capable d'occuper tous les instans de l'homme le plus laborieux ?

Un évêque peut trouver sans doute, dans le travail de coopérateurs intelligens, un allégement à des soins aussi multipliés; mais l'homme dépositaire d'une autorité quelconque n'est jamais suppléé qu'imparfaitement. L'action du pouvoir s'affoiblit toujours quand elle est déléguée, et rien de plus vrai que l'axiome vulgaire Rien ne remplace l'œil du

maitre.

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Les députés n'ont point fait toutes ces réflexions, et, s'ils les avoient entendues, elles n'auroient excité auprès du plus grand nombre que le sourire du dédain. Il s'agit ici pourtant d'une institution qui, au jugement de Burke, a fait le royaume de France; il s'agit d'un ministère qui est en quelque sorte l'ame de la religion catholique, comme cette religion elle-même est l'ame de la société française. Nous ne sachions pas néanmoins que le corps social, pas plus que le corps humain, puisse se passer d'une ame, principe de sa vie, source et mobile de tout ce qui y fait naître les nobles pensées et les grandes actions.

NOUVELLES ECCLESIASTIQUES.

D.

PARIS. Un des derniers numéros du Catholique français de l'abbé Châtel contient une consultation d'un avocat sur le droit qu'ont les communcs de se servir des églises et des presbytères. Cette consultation, du 25 mars dernier, est signée de M. Franque, avocat, déjà connu par les lettres qu'il fit publier dans l'affaire des

époux Ernest, des Batignolles. On se souvient peut-être de la mesure, de la prudence et de la logique que montra M. Franque dans la défense de ses cliens. La nouvelle consultation est faite dans les intérêts de l'Eglise Française de l'abbé Châtel. L'auteur est censé répondre aux questions que lui adressent les communes de Burg, de Lannecorbin, de Pouillé, de Bettaincourt et de Saint-Prix ;. mais il est bon de savoir qu'il n'y a plus d'église française à Burg, à Pouillé et à Saint-Prix. Un des grands argumens de l'auteur est que le maire et le conseil municipal représentent la commune et peuvent changer la religion. Ainsi c'est à eux à régler la foi et à décider à la majorité des voix ce qu'on doit croire ou ne pas croire dans la commune. Ainsi, quand un symbole aura été proclamé par le maire, il ne sera permis à personne de s'en écarter, et les habitans ne pourront avoir d'autre culte que celui que le maire voudra bien tolérer. Mais, si un maire et un conseil municipal ont adopté un culte, et que le maire et le conseil municipal qui viendront quelques années après en adoptent un autre, il faudra donc que la commune en change encore. Ainsi la religion des habitans seroit tout à la discrétion du maire, et les églises pourroient être données une année à Châtel et l'année suivante aux protestans, et l'année d'après pourquoi pas aux juifs. C'est ce qui résulte des principes et des raisonnemens de M. Franque. Exposer un tel système, c'est le réfuter. Car on voit tout de suite quels désordres, quelle confusion, quelle anarchie pullulleroient dans les communes avec ces changemens successifs de religion. C'est une idée aussi folle que pernicieuse. M. Franque annoncé que des avocats ont adhéré à sa consultation, et qu'il donnera successivement leurs noms. Nous aimons à croire que des jurisconsultes qui ont quelque sens et qui se respectent euxmêmes, répugneront à revêtir de leur signature une pièce dont le moindre défaut est d'être ridicule.

Un journal libéral d'Amiens avoit attaqué le récit de la Gazette de Picardie sur les événemens de Boves. Celle-ci répond que son récit est exact, et que les motifs qu'elle avoit assignés à l'émeute ne sont que trop réels. Elle ajoute au nombre des causes de l'irritation des habitans, la menace faite par les partisans de la nouvelle institutrice à de pauvres gens de les réduire à la misère faute de travail, s'ils ne retiroient pas leurs enfans de l'école de la Soeur pour les envoyer à l'école mutuelle. C'est cet esprit de partialité qui a indisposé la population. La Sentinelle donne à entendre que des individus étrangers à la commune y auroient suscité le trouble en exaltant les têtes; mais elle ne nomme point ces individus et ne fournit point la preuve de son allégation. Elle reproche au curé de n'avoir pas lu dans le rassemblement une lettre qu'elle cite; mais cette lettre, le curé n'avoit garde de la lire, car il ne l'a pas reçue. Elle reproche à M. l'évêque d'avoir

mis de l'aigreur dans son exhortation pour la confirmation, tandis qu'au contraire l'onction des paroles du prélat fit impression sur tous les assistans. Quant aux reproches que la Sentinelle fait à la Gazette, celle-ci les accepte comme un éloge, et elle s'étonne qu'on recoure encore aux déclamations usées d'obscurantisme, de partiprétre, et autres injures sottes et banales. Mais elle demande s'il seroit vrai que l'administration ne trouvât aujourd'hui rien de mieux à faire que d'exiger le renvoi de la Sœur institutrice dont elle est forcée de reconnoître la parfaite innocence. Quoi! on enlèveroit aux deux tiers des habitans une institutrice de leur choix qu'ils soutiennent par leurs souscriptions! Ce seroit un arbitraire et une partialité qui exciteroient les plus vives et les plus justes réclamations.

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L'ordination de la Trinité a été nombreuse à Toulouse: il y a eu 14 prêtres, 20 diacres, 6 sous-diacres, 23 minorés et 58 tonsurés. M. l'archevêque a conféré en même temps les ordres aux sujets du diocèse de Montauban; il y avoit pour ce diocèse g prêtres, 6 diacres et 4 sous-diacres. Le 19 mai précédent, une croix avoit été plantée avec beaucoup d'appareil à Fenouillet, près Toulouse. Il y avoit eu une procession où la population étoit réunie, et avoit donné des marques touchantes de religion et même de ferveur. Toute la cérémonie avoit été une énergique protestation contre de déplorables outrages, dont ailleurs la piété des chrétiens avoit été affligée.

La Gazette de Bretagne annonce qu'une affiche de la mairie de Rennes fait connoître, d'après la délibération du chapitre, la marche des processions de la Fête - Dieu, et contient un arrêté du maire qui prescrit des mesures pour le maintien du bon ordre.

-M. Gauvrin,curé de Bretteville-sur-Odon, près Caen, a réclamé contre le récit donné par quelques journaux du refus de sépulture qui a eu lieu dans sa paroisse. Il a adressé au Journal de Normandie une lettre très-bien faite, et qui complète ou rectifie ce que nous avons dit de cette affaire (N° 2105). Cette lettre, qui est du 16 mai, étant un peu longue, nous nous bornerons à en donner un extrait:

« Un officier vint le matin, dit M. le curé, m'annoncer la mort d'un soldat tué en duel, que je regrette, et dont on m'a dit beaucoup de bien. Il m'invitoit à en faire l'inhumation. Je répondis que mon état a ses règles comme l'état militaire, et que je ne prêterois mon ministère que si le soldat eût témoigné du repentir avant sa mort. L'officier n'eut que des procédés honnêtes. Il fut convenu que je ferois faire la fosse, et que le corps seroit transporté au cimetière à sept heures du soir. Sur les quatre heures, le maire m'écrivit un billet portant que, le soldat étant mort dans une partie d'honneur, devoit être enterré avec honneur, et que

le cure devoit remettre les clefs de l'église pour sommer, la cloche étant la propriété de la commune. Ma réponse fut que je ne m'étois jamais ingéré dans les fonctions municipales, et que la récipacité étoit un devoir. A quel titre la cloche de Saint-Pierre seroit-elle la propriété de la commune? La fabrique l'a fait refondre depuis peu à ses frais, elle a reçu la bénédiction de l'Eglise, elle est donc consacrée à un usage religieux. Si j'eusse fait sonner dans ce cas, ou eût eu raison de dire que j'étois inconséquent en refusant l'inhumation.

» Il est faux que le convoi ait paru devant la porte de l'église No're Dame; il est faux que celle de l'église Saint-Pierre ait été enfoncée : cette église tombe en ruines, et n'a plus de portes. Des guerriers français n'enfonceut pas la porte du temple du Dieu des armées. Il est faux que les prières de l'Eglise aient été récitées par les assistans, dont sept :eulement étoien! gardes nationaux : on a remarqué, au contraire, un silence profond et continuel. Il est vrai que la serrure de la porte du clocher a été levée par ordre du maire, et qu'on a sonné très - long-temps." Est-ce lui qui me recommande cette tolérance que le Mémorial appelle évangélique? Je ne prendrai pas pour modèle celle dont j'ai été l'objet. Je n'opérerai pas dans la mairie comme le maire dans l'église. »

Il résulte de cette lettre que le scandale dont ou s'est plaint ne peut être imputé à M. le curé de Bretteville, et que cette exaspération de la foule, cette porte de l'église enfoncée, etc., sc réduisent à une serrure levée par ordre de l'autorité.

Rien n'est si commun que de déclamer contre le grand nombre des prêtres et des religieux en Espagne, contre leur influence, leurs richesses et leur esprit d'envahissement. C'est un texte qui a été saisi avidement par beaucoup d'écrivains. Mais la palme de l'exagération et de l'invention appartient manifestement à l'Edimbourg Review, qui, dans son numéro de juillet de l'année dernière, après s'être élevé contre l'ignorance et la misère qui règnent, disoit-il, en Espagne et qu'il attribuoit au clergé, présentoit le tableau suivant qui, ajoutoit-il, parleroit tout seul et dispenseroit d'insister sur ce point. L'église d'Espagne, selon lui, comptoit 58 archevêques, 684 évêques, 11,400 abbés, 936 chapitres, 127,000 paroisses, 7,000 hôpitaux, 23,000 confréries, 46,000 monastères, 135,000 couvens, 312,000 prêtres séculiers, 200,000 du clergé inférieur, 400,000 religieux et religieuses. On seroit tenté de croire que c'est ici une gageure, et que le faussaire a exagéré ses calculs jusqu'à la folie pour faire l'essai de la crédulité de ses lecteurs. Il est impossible qu'un homme de sens croie un mot de ce tableau. On suppose 58 archevêchés en Espagne, et il n'y en a que 8, qui sont Sarragosse, Burgos, Compostelle, Tarragone, Valence, Tolède, Séville et Grenade; on défie d'y en trouver d'autres. Au lieu de 684 évêchés, il n'y en a que 46, dont nous donnerions ici les noms si on ne les trouvoit pas partout. L'auteur du tableau a donc inventé 638 évêchés sculement; quelle fécondité

d'imagination! Au lieu de 127,000 paroisses, il n'y en a véritahle ment que 18,972; les 312,000 prêtres séculiers se réduisent à 22,460 ecclésiastiques employés dans les paroisses, et à 23,692 bénéficiers. Mais l'estimation du nombre des monastères et des religieux est dans la Revue au delà de toute mesure. On y comple 46,000 monastères et 135,000 couvens et 400,000 religieux cu religieuses; ce calcul est évidemment absurde: il y auroit donc deux ou trois religieux ou religieuses par monastère. D'après un relevé fait en 1787 par les ordres du ministre FloridaBlanca, le clergé, y compris les moines et même les domestiques des monastères, étoit au-dessous de 150,000 ames, et la Revue les porte à plus de 724,000; c'est bien abuser de la permission de mentir. Le relevé de Florida-Blanca portoit les religieux et religieuses à 94,117, y compris les novices et domestiques des couvens. Il ne comptoit que 10,000 clercs non prêtres, au lieu de 200,000 que suppose la Revue. Enfin il estimoit 10,000 sacristains. Nous tirons ces documens du Catholic Magazine d'Edimbourg, qui relève fort bien ces folies de la Revue, et fait sentir l'absurdité des inductions qu'elle en vouloit tirer.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Madame la duchesse de Berry a fait choix de M. l'abbé Sabattier, prédicateur très-connu dans le Midi, pour l'accompagner comme aumônier dans son voyage. Mile Lebeschu est arrivée le 1er juin à Bordeaux avec son père. Elle s'est rendue de suite à Blaye auprès de madame la duchesse de Berry, qu'elle accompagnera à Palerme.

Dans une des dernières séances de la chambre des députés, M. Dupin est convenu que la France est à découvert de 200 millions par an, et que cet état de choses ne peut durer long-temps sans se terminer par une catastrophe financière. En effet, quand on songe qu'un déficit aussi énorme n'est arrêté, ni par la masse des impôts qui écrasent les contribuables, ni par les ventes de forêts nationales qu'on trouve chaque jour affichées dans le Moniteur, on ne peut s'empêcher d'être effrayé d'un pareil désordre. La fortune publique coule par tous les bouts; c'est ce que La Fontaine appeloit manger son fonds après son revenu; et, quand on en est là, tout le monde sait que la fin arrive vite. Cependant on ne s'en aperçoit point encore à la manière dont M. Thiers nous taille sa part des budgets. Cent millions ne lui pèsent rien; et il vous parle d'en affecter la moitié à des dépenses de luxe, comme si la France avoit de l'argent à ne savoir qu'en faire, et nageoit depuis quinze ans dans les prospérités de la révolution de juillet. Une chose qui n'étonne pas moins, c'est que la chambre des députés, qui sait mieux que personne par où le bât blesse les contribuables, ait l'air de s'associer à M. Thiers pour leur jeter aussi de la poudre aux yeux; à peu près comme ces insolvables qui cherchent à briller par de folles dépenses, à mesure que la crise

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