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approche, afin de masquer l'Etat de leurs affaires, et de donner le change sur leur situation.

— Il y a de quoi se réjouir sans donte de ce que la France est en état d'entretenir 500,000 hommes en temps de paix pour garder le nouvel ordre de choses, et faire respecter le vœu national. Mais les avantages ne vont pas toujours sans inconvéniens; ces masses de forces oisives, entassées dans les garnisons, ne savent que faire de leur activité. Pour peu qu'on les emploie à redresser des torts, au tien d'un pied, elles en prennent quatre, et elles se dédommagent de leurs loisirs le plus amplement qu'elles peuvent, aux dépens des citoyens. Là, une querelle d'estaminet leur suffit pour en faire une grosse mêlée, où le sabre et la baionnette se donnent pleine carrière. Ailleurs, elles font la police de l'état de siége avec plus ou moins de brutalité, et elles tombent à coups de fusil sur de pauvres paysans désarmés, qui le plus souvent ignorent ce qu'on leur veut. Enfin, quand elles sont trop lasses de leur oisiveté, et qu'elles ne savent plus à qui s'en prendre, elles en viennent aux maius entre elles, et de sanglantes collisions révèlent l'ennui qu'elles éprouvent de se voir employées, au nombre de 50 mille hommes, à monter tranquillement la garde autour du trône de juillet. C'est ce qui vient d'arriver à trois corps d'armes différentes, casernés à l'Ecole militaire. Des querelles si graves se sont élevées entre eux, qu'il en est presque résulté une mêlée générale. On a tant complimenté les baïonnettes intelligentes quand on a voit besoin d'elles pour renverser le trône de Charles X, qu'elles se souviennent encore apparemment de tout ce qu'on leur a dit de flatteur à cet égard; comme si leur intelligence n'avoit pas dû finir lorsque le nouveau règne a commencé.

Il nous semble que le Constitutionnel explique bien malhonnêtement la cause du vote par lequel on a refusé à Louis-Philippe les 18 millions qu'il faisoit demander par ses ministres, pour se charger à forfait de loger au Louvre la Bibliothèque royale. Ce journal ne craint pas de dire que si beaucoup de députés se sont abstenus d'entrer dans cette combinaison, et de passer marché avec le roicitoyen, c'est qu'ils ont cru voir là-dedans une manière détournée d'augmenter la liste civile. Cette réflexion, de la part du Constitutionnel, nous paroît on ne peut plus désobligeante pour Louis-Philippe. Il est évident, en effet, que c'est lui attribuer un calcul indigne de lui, et donner à entendre qu'il se réservoit là-dessus un droit de commission assez fort pour augmenter sa liste civile. Ce journal est bien heureux d'être avantageusement connu du parquet! On lui passera l'observation, parce que c'est lui; mais réellement, de la part d'un autre, elle seroit bien déplacée.

Tous ceux qui fréquentent les églises savent qu'il est assez commun de voir disparoître des objets, des livres, des parapluies, des bourses, etc. Si vous quittez un instant votre chaise, et que vous y laissiez quelque chose à votre usage, vous ne le retrouverez plus à votre retour. Il vient se mettre à côté de vous une femme assez mal mise, qui, avec un extérieur composé e' des yeux baissés, trouve moyen de vous débarrasser de ce que vous ne surveilliez pas assez. Une de ces adroites.

voleuses vient d'être prise en flagrant délit. Le 6 avril dernier, le suisse de SaintRoch arrêta une femme qu'il surprit volant dans l'église. Cette femme, nommée Florentine -Vénérande Vicongne, avoit l'habitude d'aller le mème jour dans différentes églises, recherchant surtout les jours de foule et les messes de mariage. Il paroit qu'il y avoit long-temps qu'elle faisoit ce métier; car on a trouvé chez elle près de 300 objets de plus ou moins de valeur, des livres d'église, des chapelets, des sacs, des bourses, des mouchoirs, etc. Le 6 avril, le suisse de SaintRoch, qui la guettoit, la vit essayant de prendre un sac de dame, et peu après e.camotant une bourse. On la conduisit chez le commissaire de police, où elle avoua son genre d'industrie. Elle l'a avoué de même devant le tribunal de police correctionnelle, qui l'a condamnée à un an de prison.

Sur les sept membres de la commission de la chambre des pairs nommée par M. Pasquier, pour l'examen de la proposition du rétablissement du divorce, il n'y a que MM. Boyer et Cornudet qui seront favorables à cette mesure, encore le premier n'y consent qu'avec de fortes restrictions. M. Gautier (de la Gironde) a été nommé rapporteur; et, quoique protestant, il est formellement opposé à la proposition de la chambre des députés.

La commission de la chambre des députés, chargée d'examiner le projet de loi amendé sur l'instruction primaire, est composée de MM. Fr. Delessert, Etienne, Rouillé de Fontaine, Tixier - Lachassaigne, Jaubert, Dumon, Martin, de Rémusal, Vivien. Celle à laquelle est renvoyée la loi départementale a pour membres MM. Renouard, Bedoch, Beslay père, de Rambuteau, Persil, La Pinsonnière, Bresson, Verollot, Gillon.

de

M. Chapuys - Montlaville, l'un des rédacteurs du Précurseur de Lyon, candidat de l'opposition, a été élu député à Lonhans (Saône-et-Loire). Il a ent 162 suffrages, et M. le président Lerouge, candidat ministériel, 104.

M. l'abbé Rose, curé de la Pallud (Vaucluse), et qui a été long-temps vicaire à Avignon, a reçu la croix de la Légion-d'Honneur.

- L'ambassadeur d'Autriche, M. le comte d'Appony, a quitté Paris. On croit que son absence durera cinq mois. Pendant ce temps, M. de Hugel aura lè titre de chargé d'affaires.

Le prince Odescalchi, frère du cardinal de ce nom, est nommé conseiller de l'ambassade d'Autriche à Paris, en remplacement de M. le baron de Bender, qui devient ministre à Francfort.

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- M. le général Donnadieu et M. le marquis de Dreux-Brézé ont envoyé au National leur offrande pour les veuves des généraux Daumesnil et Decaen, qui la chambre des députés a refusé la pension proposée par le gouvernement.

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Le tribunal de commerce, slatuant sur les poursuites du Constitutionnel contre l'Echo français, a fait défense à ce dernier journal de reproduire ses nouvelles étrangères, et ses articles dits de rédaction, à peine de 500 francs de dommages-intérêts pour chaque contravention. Le Constitutionnel avoit renoncé

aux donimages-intérêts pour le passé par suite de transaction. Le jugement étoit sollicité dans ce sens de part et d'autre.

Ou remarque que la loi sur les attributions municipales, votée depuis le 17 mai à la chambre des députés, n'a pas encore été portée à la chambre

des pairs.

Le 35 régiment de ligne, connu par son séjour à Grenoble, a reçu l'ordre de quitter l'Ecole militaire par suite de la rixe qui a eu lieu lundi dernier entre des militaires de ce régiment et des carabiniers. Il est caserné actuellement dans les faubourgs Saint-Denis et du Temple.

Sir Stratifort-Canning, ambassadeur extraordinaire d'Angleterre à Madrid, est arrivé le 3 à Paris, où il restera quelques jours.

M. de Châteaubriand est de retour de son voyage à Prague.

La corvette de l'Etat l'Agathe, qui est mouillée à Richard à l'embouchure de la Gironde, porte 26 canons et 150 hommes d'équipage. Eile est commandée par le capitaine de frégate Turpin.

L'affaire de mesdemoiselles Dnguiny a été plaidée le 30 mai et jours suivans devant la cour royale de Rennes, par suite de l'appel du ministère public. M. Hennequin, qui s'étoit rendu dans cette ville, a présenté la défense de ces deux dames avec son éloquence ordinaire. Il a montré qu'elles n'avoient agi que par un sentiment honorable d'hospitalité en accueillant madame la duchesse de Berry, et qu'elles ne pouvoient être condamnées pour recel, puisque les trois personnes qui accompagnoient la princesse ont été déclarées non coupables de complot. Quant à la duchesse, il a discuté avec habileté la question de savoir si un prince dépossédé commet un crime en cherchant à reconquérir sa couronne, et il a établi qu'elle ne sauroit encourir aucune punition sous aucun rapport. L'autre grief, celui de la possession d'une presse clandestine, a été combattu avec non moins de talent par M. Hennequin. Il a terminé en présentant au tribunal le tableau des vertus et de la charité des prévenues. Des applaudissemens extraordinaires ont suivi son plaidoyer. Après les repliques, l'affaire a été renvoyée pour le jugement au mercredi 5 juin.

Un réfugié italien, le nommé Cavioli, a assassiné dans un café, à Rodez, trois de ses compatriotes le 31 mai. Il a été poursuivi par la population indignée; on ne l'a atteint qu'au haut d'une montagne, où il s'est défendu quelque temps à coups de pierres et avec son stylet encore ensanglanté.

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Le lieutenant-général d'Oullembourg est mort le 27 mai à Nancy.

La tranquillité étoit entièrement rétablie à Perpignan le 29 mai. L'autorité judiciaire poursuit avec activité l'instruction relative aux déplorables événemens du 26. La politique y est étrangère, quoique des agitateurs aient cherché à exploiter sous ce rapport l'émotion populaire. Une plainte rédigée dans le premier mo ment d'irritation, produite par la conduite des troupes, a été adressée par des habitans au préfet, qui l'a transmise au procureur du roi.

Les prisonniers de guerre hollandais doivent être réunis à Dunkerque, où ils seront embarqués pour la Hollande au nombre de 4.897; ils sont conduits dans ce port en trois colonnes, qui y seront rendues le 6, le 7 et le 8.

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L'escadre française des Dunes a reçu l'ordre de revenir à Cherbourg par suite du traité avec la Hollande.

Les élections sont terminées en Belgique. Il se trouve que 24 membres de la dernière chambre n'ont pas été réélus. Dans ce nombre, 14 appartenoient à l'opposition, 10 à l'opinion ministérielle. Parmi les premiers étoit M. l'abbé Dehaerne, qui parloit assez souvent à la chambre, et qui s'y étoit montré partisan de la république. Il a été remplacé à Roulers par M. Vallaert, curé de Beveren. M. Bouqueau de Villeraye a été réélu à Malines, et M. de Foëre à Thielt. Ce sont, à ce qu'il paroit, les seuls membres du clergé dans la nouvelle chambre. Les nouveaux membres élus sont au nombre de 22, on ne connoît pas assez leurs opinions pour savoir si le ministère aura gagné ou non à la dissolution. Deux députés, MM. d'Huart et Dumortier ont été élus deux fois, ce qui nécessitera une réélection dans deux districts.

Le ministère anglais a éprouvé une défaite à la chambre des pairs dans la séance du 3 juin. Le duc de Wellington a présenté une motion, ayant pour objet une adresse au Roi pour l'engager à ne point intervenir dans la lutte entre don Pédro et don Miguel. Il s'est plaint à cette occasion de ce que l'on n'avoit pas cherché à modérer les exigences de la France pour de prétendues insultes, et de ce qu'on avoit laissé capturer si indignement la flotte d'un ancien allié. Le généralissime a ensuite montré que l'Angleterre avoit manqué à la neutralité en favorisant les enrôlemens et les fournitures de munitions à l'ex-empereur du Brésil. Lord Grey a prétendu que don Miguel n'étoit pas roi légitime; qu'il occupoit le trône par usurpation; que les droits de don Pédro étoient sacrés. Il a soutenu enfin que le gouvernement n'avoit violé en rien la neutralité. La motion a été appuyée encore par lord Aberdeen et lord Elden, et combattue par lord Lansdown, et lord Brougham, chancelier. La motion a ensuite passé à la majorité de 80 contre 68 et l'adresse a dû être portée au Roi. Il y avoit eu le même jour à la chambre des communes une discussion au sujet du Portugal sur la motion du colonel Evans, qui avoit défendu les intérêts de don Miguel. Lord Palmerston s'étoit borné à donner des assurances de neutralité. Le 4, lord Ebrington a demandé dans cette chambre si le gouvernement changeroit de conduite par suite du vote de la chambre des pairs. Le même ministre a répondu que l'on suivroit toujours la même ligne.

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Le roi de Sardaigne, attendu les circonstances impérieuses qui rendent nécessaire l'augmentation de l'armée, a ordonné la levée des sixième et septième contingens restés dans leurs foyers.

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L'administration intérieure de l'hospice de Charité et des Incurables, Chambéry, a été confiée depuis le mois d'avril dernier aux filles de la Charité, de

la Congrégation fondée par saint Vincent de Paul. Combien les malades et les infirmes auroient à se feliciter de voir cette mesure adoptée partout! Ils seroient mieux traités, et les revenus des hospices seroient dispensés avec cette intelligence et cette économie scrupuleuse qui n'appartiennent peut-être qu'aux femmes, et à des femmes guidées uniquement par des vues de piété.

On assure que madame Aug. de La Rochejaquelein est arrivée à Milan, et mademoiselle de Fauveau à Florence.

On a ressenti le 31 mai, à Frascati et à Monteporzio, une secousse de tremblement de terre qui, grâce au ciel, n'a causé aucun accident.

- Il paroît que le dey de Tunis n'a point résisté aux démonstrations énergi ques des forces navales sardes. Il a accepté l'ultimatum qui lui avoit été proposé el a consenti à accorder les réparations demandées.

Charles X est parti le 1er juin de Prague pour aller habiter le château de Bustichrad, à quatre lieues de cette ville, et qui appartient au grand-duc de Toscane. Le 5, madame la dauphine s'est rendue à Carlsbad, et le roi à Tœplitz, pour y prendre les bains. M. le duc de Bordeaux, auprès duquel est resté M. le dauphin, doit aller rejoindre son grand-père, et MADEMOISELLE, sa tante. On annonce le retour des princes à Bustichrad pour la fin du mois, et à Prague pour cet hiver. Les nouvelles que le gouvernement a reçues de l'Orient vont jusqu'au 9 mai pour Alexandrie, et jusqu'au 20 pour Constantinople. En apprenant que la Porte s'est determinée à lui céder Adana, Ibrahim a adressé an sultan une lettre remplie de remercimens et d'expressions respectueuses. Les troupes égyptiennes ont repris aussitôt leur mouvement de retraite. Comme ces circonstances étoient ignorées à Alexandrie, et que l'on y doutoit de la cession d'Adana, l'envoyé français, M. Bois-le-Comte, fit de concert avec l'agent britannique, M. Campbell, des instances auprès du vice-roi pour obtenir l'évacuation de l'Anatolie et la conclusion de la paix, quelle que fût la résolution sur Adana : leurs négociations ont réussi. La guerre est donc finie dans l'Orient; il ne reste que la question de la retraite des troupes russes envoyées au secours de la-Porte. Or, le cabinet de Pétersbourg a déclaré dans le principe, et il répète, qu'il les rappellera sitôt que les Egyptiens seront sortis de l'Asie mineure..

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A la date du 15 juin, l'escadre française, aux ordres du contre-amiral Hugon, étoit réunie auprès de Mételin, et se composoit des quatre vaisseaux le Suffren, le Duquesne, le Marengo et le Superbe; de quatre frégates, et d'un plus grand nombre de corvettes et bricks. L'escadre anglaise, dont une partie est dans l'Archipel et l'autre à Malte, sous les ordres du vice-amiral PulteneyMalcolm, comprend quatre vaisseaux, dont le Saint-Vincent de 120 canons; quatre frégates, et des bâtimens plus légers. La réunion de tant de bâtimens sur les côtes de l'Asie mineure, indépendamment des flottes turque et égyptienne, donnent à ce pays un aspect guerrier. Mais tout annonce que la paix ne sera pas troublée. Du reste, les relations commerciales n'ont point été interrompues, quoiqu'en général le commerce soit languissant.

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