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trouva munis de poignards. Le 20 octobre au soir, un réfugié, le sieur Emiliani, fat assailli et frappé grièvement; il ne dut son salut qu'à la promptitude des secours. Les assassins furent arrêtés, et une instruction commença. Le Journal de l'Aveyron, en rendant compte de cet événement, avoit parlé des sentences de mort rendues par un tribunal occidte du parti, dit de la jeune Italie. A cette occasion, le sieur Mazzini, directeur du journal de la jeune Italie, démentit, dans l'Eclaireur de la Méditerranée, le bruit de l'existence de ce tribunal et de ces sentences. Un extrait de ce journal fut répandu à Rodez pour détourner les soupçons. Mais, au mois de janvier dernier, le procureur du Roi de Rodez reçut communication d'une sentence rendue le 15 décembre par le congrégat supérieur de Marseille. Cette sentence condamnoit à mort Emiliani et Scuriatti, comme propagateurs d'écrits infâmes contre la sainte société de la jeune Italie, et comme partisans de l'infáme gouvernement papal. La même sentence condamnóit à ètre frappés de verges Lazzoreschi et Andreani, sauf à étre envoyés aux galères à leur retour en Italie. Cette sentence est signée de Mazzini, président, et de Cecilia, agent (incaricato). Mazzini fut expulsé de France, mais la sentence n'en a pas moins reçu son exécution d'une manière effroyable. Elle avoit été envoyée au congrégat de Rodez, Cependant la procédure se suivoit contre les assassins d'Emiliani; six furent condamnés à cinq ans de réclusion, Au moment même où le tribunal de Rodez rendoit ce jugement, le 31 mai dernier, Lazzoreschi, qui devoit quitter. Rodez le soir même pour retourner en Italie, et Emiliani, nommés tous les deux dans la sentence, tomboient, ainsi que la femme d'Emiliani, sous le poignard du nommé Gavioli. Il n'y avoit eu, de la part des deux hommes, ni provocation, ni menace, ni querelle. La femme fut mortellement blessée en voulant s'opposer à la fuite de l'assassin. Gavioli fut arrêté, et est entre les mains de la justice. Les faits parlent ici. Quelle est donc la puissance et la férocité du parti qui rend de tels arrêts, et qui les fait exécuter. La sentence portoit que le président à Rodez feroit choix de quatre exécuteurs, qui devroient obéir dans l'espace de vingt jours, et que celui qui s'y refuseroit encourroit la peine de mort ipso facto. Les voilà donc ces patriotes généreus, ces régénérateurs de l'Italie! Jusque dans leur exit, ils versent le sang, ils respirent la vengeance et la mort, ils condamnent, et ils font exécuter leurs condamnnations! Que promet à l'Italie cet effroyable fanatisme ? Et nous, ne devons-nous pas accueillir avec un tendre intérêt ces bons et vertueux réfugiés, dont on nous a dit à la tribune même des choses si touchantes?

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Les patriotes viennent de découvrir la matière d'un procès qu'ils se promettent de pousser loin, et qui paroît leur faire le plus grand plaisir. Ils ont acquis la preuve que le projet de fortifier Paris tient à une pensée de méfiance contre le peuple, et n'est que l'exécution d'un plan arrêté depuis long-temps, pour enchaîner Finsurrection et l'anarchie. Outre les indications qu'ou a retrouvées là-dessus dans les archives de l'empire, on publie un rapport adressé au Roi en 1826, par M. de Clermont-Tonuerre, et dans lequel cet ancien ministre dé

veloppoit les raisons qui pouvoient faire craindre que le gouvernement ne fût pas toujours assez maître de la population de Paris. Les événemens ont suffisamment justifié ses prévisions pour qu'on soit obligé du moins de reconnoître en lui une parfaite sagacité. Car son rapport au Roi est prophétique d'un bout à l'autre; et l'on n'y voit pas un mot à changer pour en faire la préface de la révolution de juillet. Mais, de ce que des conseils si sages ont été négligés par le gouvernement de Charles X, et sunt suivis par celui de Louis-Philippe, que peut-on raisonnablement conclure? C'est que la branche aînée étoit moins méfiante que la branche cadette, el que l'une se croyoit obligée d'avoir pour le peuple des ménagemens que l'autre dédaigne. Malheur en est arrivé à la première; mais, en conscience, cela n'auroit pas dû être une raison aux yeux de ses ennemis pour qu'elle méritât d'être détrônée.

La cause de la république se plaide aujourd'hui aussi librement que si le gouvernement étoit au concours. Si la même latitude étoit donnée pour plaider la cause de la légitimité, il est probable que ce seroit bientôt une affaire finie. Une chose qui étonne dans tout cela, c'est que le peuple souverain ait laisssé passer le moment où il étoit maître de tout, sans dire ce qu'il vouloit, et que, pour le faire savoir, il ait attendu le moment où il n'est plus maître de rien. Ceci, du reste, indiqueroit assez qu'il n'étoit pas dans le secret de la comédie de quinze ans, et que ceux qui lui ont escamoté la révolution de juillet avoient mieux combiné leur affaire que lui la sienne. Lorsqu'on lui fit prendre la meilleure des républiques à l'essai, à coup sûr il ne se doutoit pas qu'elle aboutiroit au Mont-St-Michel. Mais pourquoi ne s'en doutoit-il pas ? Quand on fait des marchés comme celui-là, il faut tout prévoir. Si, au bout de trois jours, on a pu signifier à Charles X. qu'il étoit trop tard, il est tout simple qu'au bout de trois ans on puisse signifier la même chose au peuple souverain.

· La commission de la chambre des députés, chargée d'examiner de nouveau le projet de loi sur l'instruction primaire, a nommé pour son rapporteur M, Dumoo, et elle conclut à l'adoption pure et simple des amendemens de la chambre des pairs. La minorité, composée de MM. Etienne, Vivien et Martin, avoit proposé un amendement qui sera reproduit à la tribune, et qui tendroit à supprimer le comité communal, en répartissant ses attributions entre le maire et le conseil municipal. Le curé n'auroit le droit de surveillance que sur l'instruction religieuse.

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Louis-Philippe a fait parvenir à la veuve du général Gérard une somme de 4,500 fr., comme aux venves des généraux Daumesnil et Decaen.

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Les troupes ont été consignées dans leurs casernes les 5 et 6 juin. Il s'est fait quelques patrouilles, notamment vers la rue Saint-Martin, où l'on se portoit en mémoire de ce qui s'y est passé il y a un an.

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M. Malthus a été nommé associé étranger de l'Académie des sciences morales et politiques.

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La cour d'assises s'est encore occupée, le 7 juin, d'une affaire de complicité à l'insurrection de juin 1832. Il s'agissoit du nommé Hervieux, ouvrier, arrêté dans les troubles de cette époque. Les débats ont révélé que le prévenu avoit, dans le fort de la mêlée, sauvé la vie à un garde national qu'il avoit défendu des coups des insurgés. L'avocat général a abandonné l'accusation, et le jury a donné de suite une décision favorable.

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Le Constitutionnel, les Débats, la France-Nouvelle et le Journal du Commerce, annonçoient il y a quelque temps qu'une bande d'escrocs avoit été arrêtée, le 26 mai, dans une maison, rue Richelieu, no 347. Les sept individus arrêtés, après leur mise en liberté, portèrent plainte en diffamation contre les gérans de ces journaux. Le tribunal correctionnel a rejeté cette plainte par le motif que les journaux n'avoient fait qu'annoncer un fait, et que leur récit n'avoit pas le caractère de diffamation.

Quelques journaux annonçoient qu'une amnistie alloit enfin être publiée. Les feuilles ministérielles se sont empressées de démentir cette nouvelle. `

- M. de Varennes, premier secrétaire de l'ambassade de Constantinople, est arrivé le 8 à Paris.

Le Nouvelliste, feuille ministérielle du soir, cesse de paroître, faute d'abonnés. Il se fond avec la France Nouvelle, journal du matin.

Le plaidoyer de Ma Hennequin, à Rennes, a été couronné de succès. La cour royalé a rendu un arrêt qui infirme l'acquittement de Miles Duguigny, prononcé par le tribunal correctionnel de Nantes, et ordonné la restitution de leur cautionnement de 20,000 fr. L'imprimerie saisie chez elles sera toutefois détruite. · L'arrêt blâme, dans le plaidoyer, le principe qu'un prince détrôné a droit de chercher à reconquérir sa couronne.

M. Roche, gérant de la Gazette du Languedoc', étoit traduit devant lacour d'assises de Toulouse pour cette phrase insérée dans un article relatif à madame la duchesse de Berry: Nous ferons rougir le crimè, fût-il sur le trône. Le procureur du Roi assuroit qu'elle étoit injurieuse pour Louis - Philippe. M. Roche a été acquitté sur la plaidoierie de M. Dugabé.

M. Baverey, gérant de lá Gazette de Franche-Comté, a été condamné le 3 juin à un mois de prison et 200 fr. d'amende, pour avoir fait reparoître cette feuille avant le dépôt du cautionnement.

Le préfet de l'Isère a suspendu M. Dutrait-Desayes, maire de St-Pierre d'Alavoir souscrit aux amendes de la Tribune.

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Un nouveau mouvement d'insubordination a éclaté au collège de PontLeroy. Il a été, dit-on, occasionné

professeurs.

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le renvoi du sous-directeur et de plusieurs

Le général Daurier s'est brûlé la cervelle à Nancy le 29 mai. On attribue

cet acte de désespoir aux grandes douleurs nerveuses qu'il ressentoit.

L'ex-conventionnel Moreau, ancien receveur-général de Saône-et-Loire, est mort à la Charbonnière, près de Mâcon.

Le 5 juin a été signalé à Marseille par des scènes de turbulence de la part des républicains. Le soir, le trouble a été porté dans un café fréquenté par des royalistes. Le commissaire central de police s'y étant rendu, reçut deux coups de poignard.

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Le conseil municipal de Bourges vient de voter le maintien des Frères des écoles chrétiennes.

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La division navale passée depuis peu sous le commandement du contreamiral Mackay a mouillé sur la rade de Dunkerque, venant des Dunes, La première colonne de la garnison hollandoise est arrivée en même temps dans cette ville, pour être embarquée et conduite à Flessingue. Le général Chassé accompague cette colonne, et doit s'embarquer sur le vaisseau du contre-amiral.

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Le roi d'Angleterre s'est borné à répondre à l'adresse volée sur la motion de lord Wellington, qu'il avoit pris toutes les mesures qui lui paroissoient néces saires pour maintenir la neutralité dans la lutte dont le Portugal est le théâtre, et qu'il étoit résolu à observer cette neutralité. Cette réponse a été apportée le 6 à la chambre des lords, par le marquis de Wellesley, frère aîné du duc de Wellington, et intendant de la maison du roi. Elle a été accueillie par un morne silence.

-La chambre des communes a voté, à la majorité de 361 contre 98, une adresse proposée par le colonel Davies, pour exprimer au roi le regret que la chambre éprouve de la continuation des hostilités en Portugal, et l'approbation qu'elle donne à la conduite tenue par le gouvernement dans cette circonstance. Cette adresse, qui a été appuyée par lord Russel et M. O'Connel, et combattue par M. Peel, a atténué l'effet de celle que la chambre des pairs avoit fait sur la proposition de lord Wellington.

- Le roi des Belges a ouvert la session le 8 juin. Dans son discours, il a félicité la Belgique des avantages que lui ont obtenu la France et l'Angleterre, et il a promis qu'il seroit procédé à un désarmement partiel, et qu'il ne seroit imposé aucune charge nouvelle. Il a terminé en annonçant que l'on s'occupoit d'un traité de commerce avec la France, et qu'il présenteroit des lois d'organisation provinciale et communale. Les deux chambres se sont ensuite réunies dans leurs locaux. M. de Mooreghem père, doyen d'âge, a occupé le fauteuil au sénat. On a mis en discussion la question de savoir si la session actuelle est une nouvelle session, ou la continuation de la précédente. Cette dernière opinion l'a emporté au scrutin. La chambre des représentans a été présidée par M. Pirson, doyen, qui a prononcé une allocution assez libérale. On a ensuite nommé des commissions pour la vérification des pouvoirs.

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Quelques cantons du royaume de Murcie, en Espagne, sont ravagés par une quantité prodigieuse de mouches appelées paulina. Les moissons sont perdues dans les pays où ces insectes affluent.

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Le roi de Prusse vient de rendre une ordonnance qui défend aux Prussiens de fréquenter les universités étrangères.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 8, M. de Dreux-Brézé se plaint d'abord d'un article du Moniteur contre l'opinion qu'il a émise dernièrement sur les massacres de la Vendée. Il dit que le général Drouet-d’Erlon les a avoués lui-même, et comme fréquens, dans un ordre du jour en date du 17 avril. Aux faits qu'il a eités, l'orateur ajoute l'assassinat de Cathelineau, de Bonnechose et de mademoiselle de La Toberie. M. le ministre de l'intérieur déclare que l'article du Moniteur est de lui, que les crimes signalés par le préopinant ont été rares, et qu'il ne convient pas de parler de cela en ce moment, où l'on cherche à pacifier la Vendée; la faute en retombe d'ailleurs sur les fauteurs de l'insurrection. M. de Brézé s'écrie aussitôt qu'il a toujours protesté contre la guerre civile et l'invasion de l'étranger. M. Mouuier ajoute quelques mots pour la défense de son honorable ami.

La discussion s'ouvre sur la loi tendant à garantir l'emprunt grec. M. de DreuxBrézé ne voit pas quel intérêt peut nous porter à voter une si forte somme pour le jeune Othon. Peut-on compter sur l'amitié du fils d'un prince qui abandonna les Français en 1813, et qui ne veut aujourd'hui donner aucun cautionnement à notre garantie? La restauration a envoyé une armée en Morée pour arracher une population chrétienne au glaive musulman; mais aujourd'hui ce pays est libre pourquoi grever encore nos finances si épuisées? La révolution de 1830 fait, dit l'orateur, une triste expérience de la gratitude des nations émancipées par nos armes et par nos trésors les exigences des Etats-Unis, le lion de Waterloo conservé par les Belges, qui refusent fièrement de nous indemniser de nos deux campagnes; les dédains du chef d'Haïti, etc., ne sont pas des faits propres à nous encourager à de nouveaux sacrifices. M. de Brézé parle ensuite de l'abandon de la Pologne, de l'expédition inutile et arbitraire d'Ancône, de la foiblesse du gouvernement dans la question d'Alger, de Constantinople, etc.; de ce qu'on laisse enfin abolir en Espagne la loi salique, au risque d'y voir un jour régner un Anglais ou un Autrichien,

M. le duc de Noailles montre que la Grèce sera toujours par l'identité de religion et l'analogie de langage sous l'influence de la Russie, et qu'elle ne peut être d'aucune utilité à la France. Notre politique devroit être de s'opposer à tout ce qui peut favoriser l'ambition de la Russie, L'orateur prévoit la destruction de l'empire oltomau au et son partage, qui ne fera que rendre plus puissantes les nations rivales de la France. Il regarde l'alliance de l'Angleterre comme illusoire, et établit que la révolution de juillet a fait diminuer notre rang en Europe, I discute enfin les chances de remboursement de l'emprunt, et vote contre le projet. M. le ministre du commerce entreprend de réfuter les observations des deux orateurs. L'affranchissement de la Grèce fait, dit-il, le plus grand honneur à la restaura

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