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CHAMBRE DES PAIRS.

Le 2, M. le ministre de l'intérieur rapporte le projet de loi sur les conseils de département. It déclare que le gouvernement n'adopte pas les modifications qu'y a introduites la chambre des députés; qu'il se rangeroit plutôt aux amendemens qu'avoit présentés la commission de la chambre des pairs. M. le président renvoie l'examen de cette loi à la même commission.

M. Devaisnes fait le rapport du projet de loi pour cause d'utilité publique. La commission propose de nombreux changemens.

M. le comte de Beaumont ayant demandé à succéder à son père, mort sous l'ancien régime constitutif de la pairie, une commission est chargée d'examiner ses titres.

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M. Mounier développe sa proposition tendant à réviser le règlement de la chambre. Il insiste principalement sur le besoin d'examiner si l'art. 6, qui porte qu'un tiers des membres suffit pour voter les lois, est inconstitutionnel, comme on le prétend. La proposition est adoptée, et M. Pasquier nomme pour la révision une commission dont M. Mounier fera partie.

Chambre DES DÉPUTÉS.

Le 2, on continue la discussion du projet de loi sur l'instruction primaire. L'article 15 porte qu'il sera établi dans chaque département, en faveur des instituteurs primaires, une caisse d'épargne et de prévoyance, dont les fonds seront formés par une retenue d'un 20 sur les traitemens fixes, et que ces produits seront restituables si l'instituteur se retire ou décède. M. Aroux demande que la retenue s'opère aussi sur le casuel. L'article est adopté sans cette disposition.

L'art. 17 de la commission place l'école communale sous la surveillance du maire, et du conseil municipal, lequel pourra déléguer, pour la surveillance active, des habitans notables. M. Jouvencel propose sans succès de rétablir des comites canlonnaux. M. Mahul demande que le curé, ou pasteur, soit de droit membre du comité de surveillance, ainsi que le portoit l'article du gouvernement. M. Eschassériaux prétend, comme la commission, que cette admission doit rester facultative. M. le ministre de l'instruction publique insiste pour la rédaction du gouvernement. I montre que l'intervention du curé est indispensable dans une éducation qui doit être morale et religieuse, d'après l'art. 1° er de la loi. C'est dans cette éducation, dit M. Guizot, que l'on trouve plus de garantie pour la soumission aux lois et aux devoirs de la société. Dans les pays où l'instruction primaire est le plus prospère, le clergé exerce sur l'éducation une influence continuelle. Il est certain que le clergé français a toujours rendu les plus grands services à cette instruction. On dit qu'il est hostile à la révolution de juillet; mais l'on exagère, et d'ailleurs il y aura dans le comité plusieurs laïcs contre un ecclésiastique.

M. Salverte défend l'amendement de la commission. M. Ch. Dupin le combat, et expose qu'il n'y a rien à redouter de l'influence du clergé sous le système actuel, et que dans un grand nombre de communes les conseillers municipaux sont igno

rans. M. Vivien rappelle que, dans une discussion analogue, M. Barthe, alors garde-des-sceaux, s'opposoit à l'admission des ecclésiastiques dans les comités cantonnaux. L'amendement de la commission est mis aux voix, et adopté à une foible majorité. Cette discussion est suivie de quelque agitation.

Les art. 18 et 19 crééent dans chaque arrondissement, sous la présidence du préfet ou du sous-préfet, un ou plusieurs comités chargés de surveiller et d'encourager l'instruction primaire, et déclarent membres de ce comité le procureur du Roi, le maire, le curé et le juge de paix du chef-lien, un proviseur ou professeur de collége, un instituteur primaire, les membres du conseil général résidans dans la circonscription, et trois notables. Ces dispositions passent après quelques débats sur le droit qu'aura le gouvernement ou les conseils électifs de désigner les membres du comité, lequel s'assemblera une fois par mois, à moins de convocation extraordinaire.

Du Mariage des Prêtres catholiques, selon la proposition de M. Portalis; par M. Kératry, député, conseiller d'état. In-8°.

C'est ici qu'il faut admirer l'empire de la religion et des bons principes. On n'a pas plus tôt contribué à les combattre et à les repousser, qu'on sent le besoin de courir après eux pour tâcher de les ressaisir. L'auteur de cet écrit faisoit partie des députés qui ont travaillé avec le plus d'ardeur à produire l'ordre de choses que nous voyons, et qui a mis l'église catholique dans une si grande confusion et un si grand péril. Comme tous les autres doctrinaires, il s'étoit jeté dans la déclamation contre les missionnaires, les congrégations et les jésuites. Avec son petit compas, il avoit tracé autour de l'autel un cercle étroit, hors duquel il n'é→ toit pas permis au prètre de mettre le pied. Enfin, pour le plaisir d'étaler une érudition pédantesque, il s'étoit mis en tête de reconstituer une prétendue église primitive, dont on pût dire, selon le jargon du Constitutionnel, que son royaume n'étoit pas de ce monde.

La révolution de juillet, avec ses scandales, ses sacriléges et ses démolitions, est venue apprendre aux niais et aux doctrinaires de bonne foi de quelle manière elle entendoit expliquer leurs rêves et appliquer leurs savantes théories. C'est alors seulement qu'ils se sont mis à réfléchir et à reculer. Ils ont dit, comme l'honorable M. Jaubert: Oui, mais nous avons un patrimoine que nous ne voulons pas vous donner. Ils ont dit, comme l'honorable M. Kératry : Oui, mais avec votre mariage des prêtres vous allez trop loin. Le concordat et la charte, la charte et le concordat... En un mot, c'est abuser de la permission et donner trop de latitude à la révolution de juillet.

Ainsi l'auteur se déclare contre la proposition de M. Portalis, et ne veut point que les prêtres se marient. Dans le nombre des considérations qu'il oppose à son collègue et à la majorité de la chambre des députés, il en est une qui ne les tou'chera peut-être guère : c'est qu'en attaquant le sacrement de l'Ordre, ils en attaquent deux autres du même coup, qui sont la Pénitence et l'Eucharistie. Car,

ainsi qu'il l'observe fort bien, on ne voudra plus aller à confesse, et par-la même la sainte-table se trouvera naturellement supprimée. Qu'à cela ne tienne, répondront les autres.

Voilà, en effet, ce qui marque la différence des deux systèmes partis ensemble de la révolution de juillet. Les uns veulent la subversion totale de l'Eglise et de l'Etat ; les autres ne veulent que le retranchement des choses qui les gênent, plus leur patrimoine, comme M. Jaubert, et leurs places, comme M. Kératry. Ces derniers toutefois nous paroissent incomparablement les plus honnêtes, et nous ne nous cachons pas pour dire que nous aimons encore mieux avoir affaire à eux qu'à leurs adversaires politiques.

On peut juger, en effet, combien ceux-ci doivent être difficiles et disposés à nous mener loin, par la récapitulation des concessions qu'ils ont déjà obtenues, et que ce bon M. Kératry leur rappelle en passant, comme pour obtenir à son tour qu'ils lui fassent grâce du mariage des prêtres. « Coup sur coup, dit-il à ses collègues de la chambre des députés, on vous a proposé d'abolir la mémoire d'un jour de douleur, où une tête inviolable fut frappée; d'effacer dans le calendrier d'un peuple chrétien le jour consacré au repos par un culte de dix-huit siècles; d'autoriser les nœuds d'union entre les beaux-frères et les belles-sœurs; de briser ceux de l'époux et de l'épouse. Et voilà qu'on ajoute à ces propositions la proposition plus extraordinaire d'appeler au mariage les ministres du sacerdoce ! »

Oui, candide et honnête M. Kératry, cette nouvelle proposition est venue à la suite des autres que vous venez de mentionner; et il faut que vous soyiez aussi brave homme que vous l'ètes pour en être étonné. Plus on accorde aux révolutions, plus elles demandent; et vous pouvez compter que vous n'êtes pas au bout. Ce que vous alléguez à vos frères de juillet pour leur faire sentir qu'ils devroient être contens, est une raison de plus pour qu'ils ne le soient pas. C'est la facilité qu'ils ont trouvée en vous d'abord qui les enhardit. Vous avez eu quatre complaisances pour eux; ils en veulent cinq. Après les cinq premières, ils en voudront six; et, plus vous irez de concessions en concessions, moins vous aurez le mot à dire. Une fois que les révolutions sont en marche, on ne les arrête pas quand on veut. Et savez-vous ce que cela prouve ? C'est qu'il ne faut point les y mettre.

B.

Le Gérant, Adrien Le Clere,

COURS DES EFFETS PUBLICS. Bourse du 3 mai 1833.

Trois pour 100, jouissance du 22 déc., ouvert à 77 fr. 60c., et fermé à 77 fr. 40 c. Ginq pour 100, jouiss. du 22 mars, ouvert à 102 fr. 50 c., et fermé à 102 fr. 55 c. Actions de la Banque.

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1750 fr. 00 e.

IMPRIMERIE D'AD. LE CLERE ET COMP.

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MARDI 7 MAI 1833.

Sur la séance de la chambre des députés, duvri

La discussion qui a eu lieu jeudi à la chambre des députés sur le projet de loi relatif à l'instruction primaire, a mont de plus en plus toutes les préventions qui règnent dans la chambre contre le clergé. Il s'agissoit de la surveillance des écoles communales. Le gouvernement avoit proposé que le curé fit nécessairement partie du comité chargé de la surveillance. La commission, au contraire, n'a pas voulu désigner le curé, et s'est bornée à dire que le conseil municipal nommeroit des notables pour cette fonction, en laissant la faculté d'y comprendre le curé, si on le vouloit. C'est là-dessus que le débat s'est établi. M. Mahul, membre de la commission, a déclaré qu'il ne partageoit pas l'avis qui y avoit prévalu, que le clergé avoit rendu de grands services dans les campagnes, et qu'en supposant même que le curé fût malveillant, il valoit mieux l'avoir dans le comité qu'en dehors, parce que, dans le premier cas, son influence seroit nulle contre quatre autres membres. M. Mahul a payé un tribut d'estime aux Frères des écoles chrétiennes. M. Eschassériaux trouvoit que ce seroit accorder un privilége aux curés que de les faire entrer nécessairement dans le comités; il répéta l'accusation bannale que le clergé est ennemi des lumières. Le ministre de l'instruction publique a réclamé la priorité pour le projet du gouvernement :

«La chambre se trouveroit en contradiction avec elle-même, si elle n'admettoit pas dans le comité des ecclésiastiques, ainsi que le demande l'article du gouvernement. Ceux qui veulent en écarter le curé ou le pasteur ne se font pas une idée nette de ce qu'est l'instruction primaire, et de ce qu'est l'instruction morale et religieuse que vous avez reconnue dans l'article 1er être une partie essentielle, et même la base de l'enseignement primaire. L'instruction morale et religieuse n'est pas, comme la lecture, l'écriture, le calcul, l'orthographe, une leçon qui se donne en passant, à des heures déterminées, et après laquelle il n'en est plus question, parce qu'on s'occupe d'autre chose. Il faut que l'instruction morale et religieuse ne soit pas perdue de vue un seul instant; il faut, si je pais m'exprimer ainsi, qu'à tous les momens l'atmosphère de l'école soit morale et religieuse.

Tome LXXVI. L'Ami de la Religion.

C

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Si vous exclucz le curé ou le pasteur de toute surveillance, vous n'atteindrez pas le but que vous vous proposez, et qui est de donner à l'instruction primaire le caractère moral et religieux sans lequel toute éducation seroit imparfaite. Prenez garde à un fait auquel on n'a peut-être pas fait assez d'attention, c'est que le développement de l'intelligence, uni au développement de l'éducation morale et religieuse, devient un principe d'ordre et de soumission aux lois, en même temps que de respect pour les institutions de la société. La séparation de ce développement moral et religieux deviendroit un principe d'insubordination, de désordres et de troubles pour la société. Est-ce une telle séparation que vous voulez?

» Dans votre article premier, vous n'avez pas sans doute prétendu mettre de vains mots en parlant de l'éducation morale et religieuse. Je ne suppose pas que ce soit votre dessein. Hé bien! ne mettez pas dans la loi une disposition qui est contraire au premier article. Ne pas vouloir que le curé catholique ou le pasteur protestant fassent partie du comité chargé de la surveillance locale, ce seroit exclure de la surveillance le magistrat moral et religieux; ce seroit un contresens législatif. L'instruction morale et religieuse a été proclamée par vous comme le principe de la loi, et cependant vous excluriez les ministres du culte de la surveillance locale de cette même instruction dans chaque commune;. cela n'est pas possible.

» Il me seroit facile d'invoquer l'exemple de beaucoup d'autres. nations qui nous ont précédés avec succès dans la même carrière. Quels sont les pays où l'instruction primaire est le plus prospère? ce sont l'Angleterre, l'Allemagne, la Suisse la Hollande. He bien ! dans tous ces pays, le clergé exerce sur l'éducation une influence continuelle. »

Et comme il s'étoit élevé plusieurs voix pour se plaindre que le clergé étoit contraire à l'enseignement mutuel et hostile à la révolution de juillet, M. Guizot a répondu à ces objections :

« Personne ne contestera que depuis quinze ans le clergé n'ait pas beaucoup fait pour l'augmentation du nombre des écoles et pour l'introduction des meilleures méthodes; ce bienfait est dû particulièrement aux Frères des écoles chrétiennes. Il est impossible de ne pas convenir que ces écoles, dirigées par des ecclésiastiques, ont fait faire des progrès réels a l'enseignement primaire.

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On fera sans doute une autre objection, et l'on dira que ce n'est pas le clergé qui a commencé, qu'il n'a fait que suivre l'impulsion qui est venue d'ailleurs. Mais quand le clergé ne feroit que se croire obligé de soutenir la concurrence avec d'autres écoles, ce seroit déjà beaucoup. S'il eût été chargé seal de l'éducation, ces améliorations n'auroient peut-être pas eu lieu; mais lorsqu'il y

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