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maintenue, et l'on réduit à 25 fr. la prime d'exportation des eotons et tissus, qui étoit de 50 fr.

Le 13, MM. Bérenger et Paixhans proposent de reprendre les lois sur la responsabilité des ministres et sur l'état des officiers. Adopté.

On achève la discussion du budget du ministère des finances. M. Pons présente un article additionnel qui autorise le gouvernement à employer l'année prochaine, à des travaux, le restant des 5 millions votés en 1831 pour des objets d'utilité communale. Cette disposition passe après quelques débats. M. Bousquet reproduit sa proposition tendant à annuller à la fin de cette année toutes les pensions accordées, sous la restauration, pour service dans la Vendée, dans les armées étrangères ou dans la maison des princes de la branche aînée des Bourbons. M. le ministre du commerce proteste contre cette mesure réactionnaire, par respect pour la Charte et les droits acquis, et pour ne pas compromettre des existences. L'amendement est rejeté, et le chiffre total du budget adopté.

On passe à la discussion du budget particulier de la chambre des députés, s'élevant à 582,000 fr. M. Salverte demande que l'on maintienne à 6,000 fr., au lien de la porter à 10,000 fr., l'indemnité annuelle des questeurs, (Adopté à la seconde épreuve). M. Gauthier de Rumilly propose de rétablir aussi à 5,000 fr. par mois le traitement du président; mais sa proposition n'est pas accueillie, et M. Dupin recevra 35,000 fr. de plus par an. M. Lherbette vondroit qu'il y eût un journal qui reproduisît le texte des discours, et il propose à cet effet un crédit de 30,000 fr. qui n'est pas appuyé.

M. Lafayette demande que l'on s'occupe le plus tôt possible du traité avec les Etats-Unis, comme présentant un grand intérêt commercial.

La discussion s'ouvre sur le budget du ministère de la guerre. Plusieurs économies proposées par la commission, sur les états-majors, sont adoptées. M. de Bricqueville prononce un discours très-véhément contre l'administration du ministre de la guerre, et contre son système d'organisation de l'armée. MM. Barthe, Guizot, et des députés du centre, empêchent le maréchal Soult de répondre. A la suite d'un débat, la chambre vote une réduction de 3,703,000 fr. sur le matériel de l'artillerie et de l'armement. Le ministre a défendu son innovation sur les sabres de l'infanterie.

Le Gévant, Adrien Le Clerc.

COURS DES EFFETS PUBLICS.

·Bourse du 14 juin 1833.

Trois pour 100, jouissance du 22 déc., ouvert à 77 fr. 90c., et fermé à 77 fr. 95 c. Cinq pour 100, jouiss. du 22 mars, ouvert à 103 fr. 65 e., ct fermé à 103 fr. 80 c. Actions de la Banque.

1805 fr. 00 c.

IMPRIMERIE D'AD, LE CLERK ET COMP".

ROY

MARDI 48 JUIN 1833.

(ÀN 2116.

Tableau historique de l'Église gallicane, par M. l'abbé de
Foucauld; 1833, in-12, 1er vol.

TIMBRE

C'est un beau sujet qu'un tableau historique de l'Eglise gallicane, qui offriroit tant de grands exemples de vertu, tant de prodiges de zèle et de charité, tant de services rendus à la religion et à l'humanité, tant d'établissemens, de fondations, d'œuvres et d'institutions diverses, qui toutes avoient un but utile et honorable. Ce seroit le plus magnifique hommage rendu au clergé de France, comme le plus intéressant morceau d'histoire à présenter à l'attention des lecteurs. Mais ce n'est pas sous ce point de vue que M. l'abbé de Foucauld a envisagé son sujet : il ne s'est proposé ni de faire connoitre les grands hommes du clergé de France, ni de célébrer leurs vertus, ni de raconter leurs œuvres, ni de peindre les monumens encore subsistans de leur zèle. Il s'est borné à une partie de l'histoire du clergé; il le montre s'opposant aux erreurs des différens siècles, ou plutôt il s'attache à le représenter dans ses rapports avec le saint Siège et avec les papes. Bossuet avoit traité ce sujet dans la deuxième partie de son beau discours sur l'unité de l'Eglise, et il l'avoit fait avec le talent et la mesure qui convenoient à son génie et à sa sagesse. Il avoit peint à grands traits l'attachement et le respect des évêques pour le saint Siège, leur soin de conserver l'unité, leur zèle pour rendre l'Eglise romaine chère et respectable à tous les fidèles. Il avoit rappelé ce mot d'un grand prince, répété depuis par tout un concile, que, quand cette Eglise imposeroit un joug à peine supportable, ii le faudroit souffrir plutôt que de rompre la communion avec elle. Je ne sais si M. l'abbé de Foucauld a bien médité ce discours du grand évêque; mais, en vérité, il ne l'a guère pris pour modèle. Dans son tableau, c'est l'Eglise de France qui est sur le premier plan, les papes sont dans l'ombre. On raconte leurs fautes, et on ne les diminue pas. On veut bien quelquefois rendre hommage à leurs vertus, mais on ne les accuse pas moins d'ambition, d'abus de pouvoir, d'envahissemens continuels. On convient que l'Eglise romaine

Tome LXXVI. L'Ami de la Religion.

V

SEINA

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avoit des promesses, mais il semble que ce soit à l'Eglise de France qu'il ait été donné de les réaliser. Nos évêques sont sans cesse occupés, dans ce tableau, non pas, comme dans le discours de Bossuet, à honorer et à seconder le saint Siège, mais à redresser les papes, à les corriger, à les réprimer. C'est là, en quelque sorte, la grande pensée qui remplit la première moitié du tableau; c'est ce qui en reste dans l'esprit du lecteur. Des passages fort clairs annoncent formellement quelle a été l'intention de l'auteur; nous en mettrons quelques-uns sous les yeux :

« Ce qui distingue le clergé des Gaules et rend sa doctrine recommandable à toutes les époques de notre histoire, c'est que, sage et modérée dans son enseignement, sa doctrine fut constamment justifiée par le succès, tandis qu'ailleurs un zèle souvent inconsidéré et erroné contre des princes coupables que l'on poussoit à bout, au lieu de les ramener par des insinuations qui sont du domaine de l'Evangile, excitoit des troubles et un scandale dont la France seule sut se préserver. » Pag. 57.

La suite de ce chapitre indique le sens de ce mot ailleurs, et fait assez voir quels étoient ceux qui, par un zèle inconsidéré et erroné, poussoient à bout des princes coupables. Dans ce même chapitre, on lit:

"

La providence voulant que, dans cette nuit affreuse, le clergé de France pût, au besoin, servir de fanal à toute la chrétienté, y conserva un rayon de lumière propre à éclairer les souverains sur leurs droits comme sur leurs devoirs..... » Pag. 59.

Si, comme nous devons le reconnoître, l'Eglise de Rome a de justes prétentions à ne point errer, l'on peut dire qu'en mille occasions Dieu s'est servi de celle des Gaules pour lui conserver un privilège si précieux pour toute la chrétienté. Sans elle, il y a tout lieu de croire que ce dogme d'une monarchie absolue sous tous les rapports, spirituels et temporels, et celui de sa prééminence prétendue sur l'Eglise universelle, même réunie, eussent été proposés aux fidèles, par ses conseillers imprudens, comme des dogines indubitables. Pag. 62.

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Il est manifeste, par là, que la providence avoit chargé le clergé de France de veiller sur l'Eglise romaine, et que, sans ce secours, celle-ci n'eût pu éviter de tomber dans de grands écarts, et de proposer aux fidèles des erreurs comme des dogmes indubitables. Au surplus, écoutons encore:

« Ce n'est qu'en France, dans une Eglise que Dieu destina à conserver jusqu'à nos jours le dépôt de la doctrine et des bonnes

règles, que l'on peut espérer de trouver des not ons justes sur l'essence et l'origine des pouvoirs qui doivent gouverner les hommes. » Pag. 69.

Pour prouver son assertion, l'auteur ne cite que des exemples de rois ou d'évêques de France redressant des papes, leur parlant avec fermeté, les remettent, comme il le dit, dans la bonne voie. Il résulte de son livre que l'Eglise étoit perdue sans la France.

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C'est donc dans l'Eglise des Gaules que se sont conservées jusqu'ici les traces de l'éternelle vérité, au milieu de cette foule de préjugés qui dominoient le reste de l'Europe. Pag. 114.

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« Ce trésor (de la vérité), dès le principe, se trouva sans nul mélange dans l'Eglise des Gaules, où les apôtres l'avoient déposé. » Pag. 179.

Ainsi, c'est une chose reconnue et proclamée par M. l'abbé de Foucauld, c'est en France qu'étoit le dépôt de la saine doctrine; c'étoit là, ce n'étoit que là qu'il s'étoit conservé sans mélange; c'étoit là que les apôtres l'avoient déporé: le reste de l'Europe étoit dominé par les préjugés. Mais, outre ces passages, qui sont si précis, on peut dire que tout le livre tend à montrer combien il a été heureux pour la religion que l'Eglise de France ait pris le soin de parer efficacement aux maux sans nombre que la conduite des papes devoit attirer sur la catholicité. Au surplus, ce n'est pas là, chez l'auteur, un système nouveau, il l'avoit énoncé il y a quatorze ans dans sa Notice sur la Sorbonne, comme on le verra par ce passage, qui, dans le temps, ne fut pas assez remarqué :

« Dès lors l'autorité sembla se reporter sur les évêques de Rome, en qui le progrès de l'opinion sembloit augmenter depuis quelques siècles le droit de surveillance qui leur appartient naturellement sur toutes les écoles de la chrétienté. De fâcheux nuages qui obscurcirent cette première chaire du monde, et qui auroient détruit la religion chrétienne, si elle eût été l'ouvrage des hommes, la réputation de sagesse que l'université de Paris s'étoit acquise sous le nom de Sorbonne, rendirent cette société l'arbitre, en quelque sorte, des décisions de l'Eglise : ce fut le lieu désormais que le saint Esprit semble se choisir pour y rendre ses oracles. Notice sur la Sorbonne, 1818; in-8°, pag. 19.

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Personne ne respecte plus que nous l'ancienne Sorbonne, et nous avons gémi des attaques que se sont permises contre

que

elle, dans ces derniers temps, des écrivains imprudens ou exaltés. Mais il faut convenir que rien ne seroit plus propre à autoriser les railleries contre ce corps antique, que les incroyables flatteries que l'on vient de lire. La Sorbonne, l'arbitre, en quelque sorte, des décisions de l'Eglise, le lieu le saint Esprit semble désormais se choisir pour y rendre ses oracles! Quelle folle exagération! La Sorbonne et toute l'Eglise de France eussent repoussé avec indignation.ces éloges emphatiques et ces fastueuses adulations. Če ne sont certainement pas là les exemples et les leçons des graves et pieux docteurs que l'auteur s'honore d'avoir eu pour maîtres en Sorbonne. Ce n'est pas d'eux qu'il eût appris à exalter l'ancienne Eglise de France aux dépens des souverains pontifes; ce n'est pas d'eux qu'il eût appris à attribuer le protestantisme au concordat de 1517. Sans le concordat de Léon X, dit-il page 166. Luther, qui étoit d'abord de bonne foi, n'eût jamais pensé à la réforme. C'est une assertion toute gratuite, et qui est démentie par l'histoire. Luther ne connoissoit même pas le concordat, suivant toutes les apparences, quand il commença à dogmatiser. Il n'y avoit pas alors beaucoup de rapports entre la France et l'Allemagne, et l'on ignoroit en Saxe, le plus souvent, ce qui se passoit à Paris. Si c'eût été le concordat qui eût poussé Luther à la réforme, il s'en seroit plaint dans ses premiers écrits. Les historiens du temps n'en font nulle mention; Bossuet, qui a raconté les commencemens du luthérianisme, ne dit pas un mot du concordat. L'auteur cite un discours prononcé aux états d'Orléans, où il est dit qu'on avoit remarqué que l'hérésie avoit paru en même temps que le concordat ce n'est pas la preuve que l'un fût la cause de l'autre. C'étoit tout au plus une coïncidence dont les adversaires du concordat cherchoient à tirer, avantage, mais qui étoit purement fortuite. Il faudroit d'autres preuves pour autoriser la conjecture que M. l'abbé de Foucauld, dans sa bienveillance pour papes, s'est amusé à recueillir. Tout le morceau sur le concordat de 1517 porte l'empreinte de la rancune et de la partialité, ou, pour mieux dire, tout l'ouvrage porte le même caractère. On s'en convaincra par l'examen que nous ferous de la dernière moitié du tableau, où l'auteur s'occupe des derniers temps de l'Eglise de France. Nous ne ferons plus qu'une remarque c'est que l'auteur, à l'imitation de tous les ennemis du saint Siège, blâme la formule adoptée généralement par

:

les

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