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un insigne bonheur de pouvoir se rendre au grand séminaire. » M. l'évêque sé montre très-satisfait de cette pieuse réunion; il vient ensuite aux conférences ecclésiastiques, et annonce qu'en général le résultat en a été encore plus satisfaisant que les années précédentes. Cependant il remarque quelques négligences dans quelques cantons, et donne des avis à ce sujet. La circulaire présente nne analyse des procès verbaux et un examen des questions et des réponses qui y ont été faites. Elle montre que le dogme de la création offre moins de difficultés que les systèmes que l'on a voulu mettre à la place. Elle discute quelques autres questions sur l'Ecriture sainte; elle réfute quelques objections des libertins, celle-ci, entre autres, que Dieu ne nous a pas donné des passions pour ne pas les suivre. Sur le mariage, la circulaire reproduit l'opinion adoptée précédemment dans ce diocèse contre la distinction de contrat et de sacrement. Elle traite assez longuement des empêchemens, des diverses espèces et des motifs sur lesquels ils sont foudés. On avoit demandé dans les conférences de l'année dernière si un ouré devoit préférer un homme ou une femme pour le servir. La circulaire est d'avis que le service d'un homme est bien préférable; du reste elle ne prescrit rien, et en effet dans la plupart des campagnes il seroit très-difficile aux curés de trouver des hommes pour les servir. Elle demande s'il ne seroit pas à propos d'établir des examens pour les jeunes prêtres, et elle expose les avantages de cette mesure. L'auteur de la circulaire n'approuve pas les nouvelles liturgies établies en beaucoup de diocèses. Il regrette que l'on ne s'en soit pas tenu strictement à la liturgie romaine. L'uniformité et la stabilité lui paroissent de grands avantages. Ses raisons ont sans doute quelque poids; nous ne savons seulement si la circulaire ne va pas un peu loin. Elle a l'air de blâmer un usage qui a prévalu dans une grande portion de l'église. Presque tous les diocèses en France ont successivement changé leur liturgie. Les évêques les plus respectables, les plus pieux, les plus savans, les plus attachés au saint Siege ont pris cette mesure, et le saint Siege n'a point réclamé. Ce silence, dit la circulaire, passe pour de la tolérance que l'on doit imiter à l'égard des autres, et surtout à l'égard des corps, quoiqu'il ne s'ensuive point qu'on puisse en user pour soi. Nous sera-if permis de dire que le silence du saint Siége est une preuve formelle de tolérance, et qu'on auroit pu l'imiter sans scrupule? Il y a au même endroit une décision qui nous étonne un peu; on décide qu'un prêtre qui, pour la première fois, doit faire choix d'un bréviaire, ne peut en choisir d'autre que le romain. Notez qu'il s'agit d'un diocèse où il y a un autre bréviaire en usage, sans quoi il n'y auroit pas de choix à faire. Ainsi on décide qu'un prêtre dans ce cas ne peut pas dire le bréviaire de son diocèse. Nous douLons beaucoup qu'une décision aussi absolue fût approuvée à

Rome, le pays du monde où on sait le mieux se tenir en garde contre toute exagération. La circulaire finit par des considérations judicieuses et solides sur la méthode d'instruction à suivre à l'égard des fidèles et sur la nécessité de l'étude pour les prêtres. Viennent ensuite les sujets de conférences pour 1833; il y en a de trois sortes: sur l'Ecriture sainte, sur la théologie et sur la discipline. Sur l'Ecriture sainte, on demande l'explication de cette prophétie de la Genèse : Inimicitias ponam.... et on propose diverses questions sur les sacrifices de Cain et d'Abel, sur le déluge, sur Abraham, etc. Sur la théologie, il y a deux questions pour chaque mois : l'une pour répondre aux objections des incrédules sur la superstition, le fanatisme, le célibat, etc.; l'autre, sur la fin du mariage, sur les dispenses de la foi, sur les dispenses d'empêchemens de mariage, etc. Une de ces questions est sur l'usage où étoient quelques diocèses de dispenser des empêcheinens dirimans en certains degrés et en certains cas. Il a paru, en 1818, une dissertation sur ce sujet; nous en avons rendu compte no 427. Les questions de discipline traitent de la vie des prêtres, de la nécessité pour eux d'un réglement, des vices contre lesquels ils doivent particulièrement se prémunir, de l'étude, etc.

L'affaire de l'école cléricale de Tarare vient encore d'être jugée à Riom par la cour royale, et elle l'a été comme à Villefranche et à Lyon. Nous avons cité dans ce journal, no 2003, le jugement et les considérans du tribunal de Villefranche. La cour royale de Lyon ayant confirmé le jugement, il y eut pourvoi en cassation, et un arrêt du 15 mars dernier cassa l'arrêt de Lyon et renvoya l'affaire devant la cour de Riom. MM. Menaïde et Grandjoù, curé et vicaire de Saint-André de Tarare, ont comparu le 23 mai à Riom. M. de Vissac a plaidé pour eux, et M. l'avocat général Jallon a parlé contre l'école. L'audience du 24 a été consacrée aux répliques de part et d'autre. Le 30, la cour, après une longue délibération, a rendu un jugement fortement motivé. Cet arrêt énonce dans le considérant les mêmes raisons à peu près que le tribunal de Villefranche; cependant on y trouve la mention d'un fait qui devroit être décisif dans l'espèce, c'est qu'il existe à Lyon de semblables écoles où mañécanteries, autorisécs par le décret du 30 décembre 1809. Nous citerons cette fin du considérant;

Attendu qu'il résulte d'une lettre écrite par M. le ministre des cultes et de l'instruction publique à M. l'archevêque de Lyon, le 30 avril 1831, que de sem blables écoles cléricales existent auprès de chaque paroisse de la ville de Lyon, sans qu'elles aient été assujéties à se munir de l'autorisation universitaire, ni même qu'où les y oblige présentement, ce dont M. lè ministre n'auroit pu le dispenser, si elles eussent été de nature de celles qui y sont soumises par la loi;

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Que cette lettre, écrite officiellement à ce sujet, doit être considérée, non comme attributive d'un droit, mais comme reconnoissance d'un fait qui met les manécanteries, par leur propre nature, en dehors des écoles publiques et établissemens d'instruction;

Attendu qu'il ne peut y avoir de raison pour qu'il y ait une exception au préjudice de l'église de Tarare, qui jusqu'ici a usé du même droit que les églises de la ville de Lyon;

Attendu qu'uu établissement tel que celui dont il s'agit, et jusqu'ici affranchi du régime de l'Univertité, ne sauroit y être présentement soumis sous l'empire de la Charte constitutionnelle qui a admis la liberté des cultes, et qui a reconnu que la religion catholique est celle de la majorité des Français;

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Attendu que les dispositions des art. 2 et 3 du décret du 17 mars 1808, des art. 27, 28, 29, 54 et 56 du décret du 15 novembre 1811, non plus que l'article 28 de l'ordonnance royale du 27 février 1821, ne penveut être appliqués à l'espèce, il n'y a contravention à aucun de ces articles, ni à aucune loi, par les sieurs Ménaïde et Grandjon.

»

Les deux ecclésiastiques ont donc été renvoyés de la poursuite. On dit que le procureur général de Riom a dû se pourvoir contre cet arrêt. Alors les chambres réunies de la cour de cassation auroient à statuer sur la question.

-La commune de Moult, près Caen, a l'avantage d'avoir pour instituteur M. A. Valette, jeune homme qui s'étoit d'abord destiné à l'état ecclésiastique et qui avoit étudié la théologie à St-Denis, mais qui a changé d'avis en 1828 et s'est fixé à Moult comme instituteur en 1831. D'abord il étoit resté attaché à l'église du lieu; mais il s'est opéré en lui un grand changement, comme il nous l'apprend dans une lettre du 6 juin, adressée a l'abbé Châtel. La voix du peuple, qui est celle de Dieu, m'a appelé par mon nom, comme Saul sur le chemin de Damas.... Ainsi Dieu a renouvelé le prodige qui convertit le grand apôtre; ce prodige n'a point été stérile. Je me suis fait de nombreux prosélytes, continue l'instituteur, et dans une campagne qui compte 620 habitans, j'en puis déjà compter plus d'un tiers de catholiques français déclarés, sans compter ceux des communes circonvoisines qui me proclament pour leur pasteur et ne veulent plus entendre que ma voix; mais je n'ai point de mission et je me regarderois illégalement constitué, si la sanction de votre autorité ne légitimoit le choix du peuple. Nous voyons par là que l'instituteur est très-ardent dans son prosélytisme, puisqu'au lieu de faire l'école aux enfans, il s'en alloit prêchant pour l'église française, et qu'il prétend avoir séduit un tiers de la paroisse. Moi-même j'ai suivant ma force soulevé le voile qui obscureissoit la raison; tous dès lors veulent étre catholiques français, tous, dis-je, me proclament leur pasteur; et, fier de si honorables suffrages, j'y veux avant de rien entreprendre, ajouter le sceau de

votre autorité. Comment concilier ceci avec ce qui précède? D'abord M. Valette ne nous parloit que du tiers de la paroisse; et puis un peu après il assure que tous le proclament leur pasteur. Ce qu'il y a de plus clair là dedans, c'est qu'il a grande envie d'être pasteur, et qu'il aspire à faire un petit schisme à Moult. Avis à M. le curé de Moult, pour qu'il se précautionne, s'il le peut, contre le danger qui le menace. M. Valette a l'air de ne plus attendre que la mission de l'abbé Châtel; mais il n'est même pas prêtre, et d'ail- · leurs Châtel n'a pas plus de mission que lui. Bagatelle que tout cela! Le zèle et le prosély tisme suppléeront à de vaines formalités; et quand on a été appelé comme Saul sur le chemin de Damas, on peut tout oser.

NOUVELLES POLITIQUES.

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PARIS. Les Américains ont bien raison de cultiver leurs relations fraternelles avec M. de Lafayette. Ils ont en lui un bon et parfait ami, qui défend plus chaudement leurs finances que les nôtres, et qui leur vent très-certainement plus de bien qu'à nous. S'ils ne tiennent pas encore les vingt-cinq millions qu'ils attendent de notre générosité, ils peuvent être assurés qu'il n'y a point de sa faute. Il est aussi impatient qu'eux de les voir sortir de la poche de nos contribuables, et partir du Havre pour Philadelphie. C'est une affaire qu'il a grandement à cœur. Il y met un feu qu'on ne peut attribuer qu'à la profonde reconnoissance dont il est pénétré pour la république modèle, qui lui a voté un apanage maguifique en terres et en forêts. Naturellement il tient à lui rembourser ce présent; et, selon tonte apparence, ce sont nos vingt-cinq millions qui serviront à prouver aux Américains que M. de Lafayette n'est pas un ingrat. Il faut convenir, toutefois, que nos pauvres contribuables ont là de singuliers représentans pour défendre leur bourse. Nous sentons combien le rôle de citoyen des Deux-Mondes est quelquefois embarrassant au milieu de ces conflits d'intérêts. Mais enfiu est-ce trop demander à M. de Lafayette que de le prier de vouloir bien seulement être neutre entre les Américains et nous ?

M. Lelorgne d'Ideville, ancien secrétaire de Buonaparte, un des dix-huit exilés de 1815, est rappelé au conseil d'état dans les fonctions de maître des requêtes qu'il remplissoit sous l'empire.

M. Thiers, ministre et député, connu auparavant par une histoire de la révolution, a été élu membre de l'Académie française en remplacement de M. Andrieux. Au premier tour de scrutin, il a eu 17 voix sur 25; son concurrent, M. Ch. Nodier, n'en a eu que 6.

Malgré les efforts des journaux et des hommes de l'opposition, M. de Schonen a été nommé candidat pour le grade de colonel de la 9o légion de la garde nationale de Paris, et c'est celui des dix qui a réuni le plus de suffrages. Il est probable que c'est sur lui que s'arrêtera le choix du gouvernement.

Des scènes de désordre ont eu lieu à Strasbourg, dans les journées des

16 et 17, entre des militaires pris de vin. La dépêche télégraphique porte seulement que la politique étoit étrangère à ces troubles.

Le nommé Liset, ancien facteur de la Poste aux lettres, figuroit, le 17, devant la cour d'assises, pour avoir détourné frauduleusement une lettre dans les bureaux de la Poste de Paris. L'accusé, qui, du reste, avoit été arrêté en flagrant délit, a réitéré aux débats l'aveu de sa faute, et a manifesté un profond repentir. Ces sentimens et la défense de M. Hardy l'ont fait acquitter.

Les duels deviennent une déplorable manie. Depuis quelques jours, la plaine de Grenelle est témoin de ces luttes barbares. Le 18, deux élèves en médecine se sont battus au pistolet ; l'un d'eux a eu le corps traversé d'uné balle. Le lendemain, deux bourgeois, dont l'un revêtu de l'uniforme de la garde nationale, alloient se battre à l'épée, lorsqu'un artilleur du 11°, `caserné à l'Ecole militaire, passant en cet endroit, s'est approché d'eux, et est parvenu par ses remontrances à réconcilier les deux combattans.

Les cours de la Faculté de médecine, et de la Faculté des sciences de Montpellier, ont été rouverts, le 17 juin, d'après l'autorisation du ministre de l'instruction publique. L'ordre n'a pas été troublé, quoique le premier cours fût précisément celui du professeur, contre qui les violences avoient été principalement dirigées.

Le dernier convoi des prisonniers hollandais est parti le 15 de Dunkerque pour Flessingue. Le général Chassé n'a voulu partir qu'avec ses derniers soldats. Les prisonniers sont arrivés heureusement à leur destination, malgré quelques coutre-temps,

Il y a eu quelque agitation à Gand, à l'occasion de l'inhumation d'un jeune homme appartenant à l'opinion orangiste. Des groupes d'individus, portant des insignes de ce parti, se sont montrés, et ont été assaillis à coups de pierres. Il a fallu l'intervention de la force armée pour empêclier que les deux partis n'en viussent aux mains.

· Lord Winchelsea a proposé le 17, à la chambre des lords, de prendre des mesures contre les associations politiques, dont l'organisation et la tendance deviennent inquiétantes; et lord Eldon de mettre un terme aux publications séditieuses, dont le pays est inondé depuis trois ans. Lord Grey à répondu au premier que le gouvernement trouvoit la législation suffisante pour le moment, et Jord Melbourne au second que les poursuites judiciaires ne faisoient que donner de l'importance aux pamphlets et caricatures, et de l'intérêt pour leurs auteurs. A la chambre des communes, M. Tennyson a appuyé une pétition, tendant à ce que les parlemens fussent nommés pour trois ans, et à ce qu'on excluât de la chambre des communes les fonctionnaires salariés. Le major Beauclerck a ajouté que l'opinion étoit généralement prononcée pour un parlement triennal. M. Finn a dit qu'il espéroit que le parlement actuel ne doreroit pas seulement deux ans, après sa conduite envers l'Irlande, etc. Le lendemain, le colone! Evans a pré

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