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effet, cela est très-vraisemblable, et les évêques vont affluer dans la chambre tout autant que les curés dans les conseils. Cependant, comme cette double inondation est encore dans les futurs contingens, elle n'est peut-être pas une démonstration bien rigoureuse de l'imminence du danger.

Le rejet du projet de loi sur le divorce est une chose bien fâcheuse, sans doute; mais est-ce l'influence du clergé qui en est cause? Croyez-vous que le rapporteur, M. Gauthier, qui est protestant, soit un agent ou un flatteur du parti-prêtre? N'a-t-il pas fait valoir des considérations morales indépendantes des principes de l'Eglise catholique, et les mêmes considérations n'ont-elles pas influé sur le vote d'un grand nombre de pairs qui ne sont pas plus que lui disposés à se mettre sous le joug sacerdotal? Enfin, le discours de M. Humann, qui couronne cette immense série de faits, est, dit-on, une insulte à la chambre. Comment! c'est une insulte que de blâmer un amendement! Mais tous les jours le journaliste lui – même blâme des amendemens déjà adoptés pourquoi le ministre n'auroit-il pas le même droit? Est-il bien sûr d'ailleurs que ce soit pour plaire au clergé que le ministre ait improuvé l'amendement? Ne seroit-il pas possible qu'il eût envisagé surtout les inconvéniens et les embarras qui résulteroient d'une réduction des siéges? N'est-il pas probable que le ministère est effrayé des suites d'un nouveau changement, de la désorganisation des diocèses, des difficultés qui s'offriroient à chaque pas? Est-il sage de froisser, pour une mesquine économie, les vœux du peuple, et de jeter le découragement et l'inquiétude dans le clergé?

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Ainsi, les faits groupés et entassés par le Constitutionnel se réduisent à rien. Celui qui le choque le plus, et sur lequel il insiste avec plus d'amertume, est l'article des processions: il y voit une violation flagrante de la loi, une réaction fatale, et il en fait un acte d'accusation contre le ministère. Il en appelle aux électeurs, et les conjure d'arrêter cette marcke rétrograde et funeste. Ce zèle pour la légalité est sans doute une chose bien louable; mais quand ce zèle est vrai et pur, il s'étend à tout. Comment se fait-il que le Constitutionnel n'ait. jamais réclamé contre les illégalités commises dans la Vendée, contre les visites domiciliaires nocturnes, les arrestations arbitraires, les pillages, les assassinats même? Est-ce que tuer un homme lui paroitroit moins illégal que de faire une procession

au dehors? est-ce que le sang versé le toucheroit moins que les honneurs rendus à la religion? est-ce que sa sensibilité seroit plus affectée de la pompe d'une cérémonie pieuse que de violences exercées sur les personnes et sur les propriétés ?

Hé bien! nous aussi nous invoquons la légalité : nous trouvons dans la Charte de 1830 que chacun professe sa religion avec une égale liberté, et obtient pour son culte la même protection. Si chacun professe sa religion avec une égale liberté, pourquoi les catholiques ne pourroient-ils pas faire leurs processions? Ces cérémonies font partie de leur cuite; elles sont dans les habitudes du peuple, elles plaisent aux ames pieuses, elles consolent leur foi, elles offrent aux indifférens inêmes un spectacle innocent qui les récrée. Pourquoi voulezvous les en priver? De quel droit, vous qui proclamez la liberté des cultes, y apportez-vous aussitôt des restrictions? Est-il juste de refuser à la majorité ce qu'elle désire, par égards pour une petite minorité exigeante et envieuse? Voilà pourtant ce que nous avons vu. De grandes villes, Lyon, Marseille, Nantes, Lille, Orléans, etc., n'ont point eu de processions extérieures. Cependant il est notoire que l'immense majorité les souhaitoit. Dans ces villes, les processions, partie d'une fête, étoient elles-mêmes une fête à part. On se faisoit une fête de préparer et d'orner des reposoirs, de tendre les maisons, de joncher les rues de fleurs. Les enfans, les jeunes filles faisoient partie du cortége: les uns suivoient la procession avec respect, les autres se pressoient pour la voir passer et pour jouir du spectacle de cette pompe religieuse. Oui, mais ce sont ces moignages de foi qui déplaisent à des esprits jaloux. Leur tolérance ne peut souffrir ces démonstrations de piété, et, pour les contenter, on interdit les processions. Ainsi, on consulte plutôt les vœux de quelques fanatiques d'impiété, de quelques factieux, que ceux de la partie la plus nombreuse et la plus estimable de la population: la légalité le veut-elle ainsi?"

On fait valoir les droits des protestans et l'article 45 de la loi organique du concordat. Mais en quoi les processions blesseroient-elles les droits des protestans? Ils ne font point de processions, et on n'a point à craindre des rencontres d'où il pourroit résulter quelques troubles. L'article 45 de la loi orgaitique de 1802 porte en effet que les processions n'auront point

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lieu là où il existe des temples protestans. D'abord cet article n'a jamais été entendu que des villes où il existoit des consistoires, et le ministre de l'intérieur en écrivit dans ce sens aux préfets dès 1802. A la même époque, plusieurs consistoires protestans exprimèrent leurs regrets de ce qu'ils étoient un obstacle à l'exercice extérieur du culte catholique, et demandèrent à ce que les cérémonies pussent avoir lieu, comme autrefois, hors de l'enceinte des églises. Les préfets furent donc autorisés à le permettre quand il n'y auroit pas d'inconvénient. M. Jauffret nous l'apprend dans ses Mémoires historiques sur les affaires ecclésiastiques de France (1), tome 1, p. 244. Depuis on a successivement accordé des oratoires protestans à des villes qui n'avoient pas le nombre requis pour former un consistoire; mais il étoit naturel que cette concession ne préjudiciât point aux droits des catholiques, et en effet cela n'a point fait de difficulté jusqu'à ces derniers temps.

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Il résulte de tout cela que les envahissemens du parti-prêtre ne sont pas aussi effrayans qu'on le suppose, et qu'il est des choses un peu plus illégales que les processions.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Par ordonnance insérée au Moniteur du 4 juillet, M. l'abbé Cadalenc, archiprêtre à Alby, et l'un des grands-vicaires du dernier archevêque, est nommé à l'évêché de Saint-Flour, et M. l'abbé Casanelli d'Istria, chanoine d'Auch et grand-vicaire de M. le cardinal d'Isoard, est nommé à l'évêché d'Ajaccio, qui étoit vacant depuis près de deux ans. M. l'abbé Casanelii est né en Corse, et avoit toute la confiance de M. le cardinal d'Isoard. Il ne reste plus à pourvoir que l'évêché de Clermont. Châtel a annoncé dans son journal qu'il étoit question, pour ce siége, de M. Rostaing, curé d'Ambert, même diocèse, qu'il désigne comme un prêtre constitutionnel. Nous ne savons ce qu'il entend par-là; mais si M. Rostaing a été en effet proposé, nous avons tout lieu de croire que cette proposition n'aura point de suites: l'âge avancé de cet ecclésiastique étoit seul une raison de ne pas songer à lui pour l'épiscopat dans un vaste diocèse qui demande un prélat actif.

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M. l'archevêque de Paris a présidé jeudi dernier à la première communion des enfans de la paroisse de Saint-Sulpice. La

(1) Trois volumes in-8". Prix: 15 fr. A Paris, chez Adrien Le Clere el comp., quai des Augustins, n. 35.

cérémonie a commencé à sept heures du matin par l'exposition du saint Sacrement, suivie du Veni, Creator. Le prélat a ensuite célébré la messe. Avant la communion, il a adressé de l'autel aux enfans une exhortation rolative à la circonstance. La communion a été longue, mais elle a été fort édifiante. Tout s'est passé avec beaucoup d'ordre et de recueillement. Après la communion, M. l'archevêque a encore pris la parole, et a fait sentir aux enfans quelle devoit être leur reconnoissance pour le bienfait qu'ils venoient de recevoir. L'un et l'autre discours, pleins de piété et d'onction, ont été entendus dans un grand silence. La cérémonie a fini par une messe d'actions de grâces. Un grand nombre de parens étoient présens, et ont pris part au bonheur de leurs enfans.

Divers bruits contradictoires ayant circulé sur le sacre de M. Guillon, évêque élu de Maroc, il a paru convenable d'exposer simplement les circonstances qui ont accompagné cette affaire. Il y a environ trois mois qu'une autorité, digne de tout respect, pressentit M. l'archevêque nommé de Besançon sur ses dispositions au sujet de ce sacre. Il ne pouvoit y avoir de sa part aucune objection, du moment que M. Guillon avoit l'institution canonique. Le prélat s'engagea donc à faire la cérémonie, et le jour fut fixé à la saint Barnabé; mais une indisposition, qui lui survint, le força à différer. MM. les évêques de Versailles et de Beauvais avoient promis leur concours; ils s'accommodèrent eux-mêmes d'un délai qui les mettoit à même de concilier leur présence à ce sacre avec d'autres devoirs. L'époque du premier dimanche de juillet fut unanimement résolue; sur ces entrefaites, il arriva que le gouvernement, ignorant les causes de ce retard, et présumant qu'il pouvoit être occasionné par la difficulté de réunir le nombre d'évêques voulu pour la cérémonie, adressa à M. l'évêque de Dijon l'invitation de se rendre à Paris. Le prélat acquiesca avec empressement à ce désir; mais il trouva en arrivant que les arrangemens étoient pris d'avance, de manière à ne pas nécessiter sa coopération. Il le comprit, et n'attribua ce désappointement qu'à un défaut de concert. Privé de coopérer au sacre, il n'en témoigna pas moins le désir d'être présent à la cérémonie, qui doit avoir lieu demain dimanche dans la chapelle du séminaire à Issy, où M. Guillon est en retraite.

Une ordonnance de M. l'archevêque de Toulouse, adressée au clergé de son diocèse, et datée du 8 avril dernier, est relative à l'établissement d'une caisse de prévoyance ecclésiastique.

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Notre sollicitude pastorale, dit le prélat, dout le premier et le principal objet est le salut des ames, ne peut cependant ni ne doit rester indifférent aux maux temporels des ouailles qui nous sont confiées, et surtout des ministres du Seigneur qui, après avoir fourni une carrière pleine de vertus, après avoir eux

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mèmes soulagé l'infortune, arrivés à l'âge où tout n'est plus que peine et dous leur, manquent des choses les plus nécessaires à la vie. Ce dénuement où se trousent quelquefois de dignes prêtres de Jésus-Christ, outre qu'il est peu honorable pour le clergé et qu'il accuse d'indifférence les fidèles, est encore nuisible à la religion, en ce qu'il est capable d'arrêter les vocations ecclésiastiques et de priver l'Eglise de sujets qui auroient étendu par leurs travaux le règue de Dieu. C'est pour remédier à ces maux que nombre d'évêques ont établi dans leurs diocèses des caisses d'épargne, ou de prévoyance, ou des associations de charité, destinées à secourir les prêtres que leurs infirmités mettent hors d'état de contipuer à remplir les fonctions du saint ministère. Le besoin d'une institution semblable se fait sentir dans divers états de la société ; on y a pourvu dans plusieurs, Le clergé, qui doit éminemment être animé d'un esprit de charité et de sagesse, seroit-il le seul qui ne sauroit prévoir l'avenir, et qui ne s'occuperoit pas des moyens de ménager à ses membres, par quelques légers sacrifices, des secours pour les temps mauvais? Notre prédécesseur, le cardinal de Clermont-Tonnerre, avoit proposé dans ce but une souscription qui donna d'heureux résultats pendant plusieurs années, mais à laquelle, plus tard, par l'effet de diverses circonstances, on cessa malheureusement de donner suite.

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M. l'archevêque entre ensuite dans le détail des dispositions qu'il a prises pour l'établissement de la caisse de prévoyance. Cette caisse est destinée à donner des pensions de retraite aux prêtres infirmes. Les ecclésiastiques qui voudront avoir droit à une pension verseront 10 fr. par an, et seront par-là même associés. Ceux qui le pourront sont invités à verser la première fois la contribution de plusieurs années; elle leur sera imputée sur les années suivantes. Les sommes versées seront placées en rentes. M. l'archevêque réglera la quotité des pensions, avec l'avis d'un conseil d'administration, qui est composé de MM. les grandsvicaires, de MM. les chanoines de Prépaud et Dubourg, et de MM. les curés Pagan et de Gounon. Celui-ci sera trésorier, et M. Dubourg secrétaire. Les pensions ne pourront ordinairement excéder 600 fr. Les ecclésiastiques qui seroient révoqués ou destitués cesseront d'avoir droit à la pension de retraite, sauf à leur restituer, s'ils l'exigent, ce qu'ils auroient versé à la caisse.

M. l'évêque de Carcassonne, qui vient de faire dans son diocèse une tournée de confirmation, a administré, entre autre, le sacrement, le 12 juin, à Lacombe, où il y avoit eu quelques jours auparavant une cérémonie fort édifiante. La religion, qui avoit paru long-temps oubliée dans ce village, y est rentrée dans ses droits. Le 6 juin, après une préparation convenable, soixantecinq habitans, tant vieux que jeunes, et de différens sexes, y ont fait leur première communion. Ils ont ensuite reçu la confirmation des mains du prélat, ainsi que plusieurs enfans des communes voişines. On étoit allé en grand nombre à la rencontre du prélat, qui

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