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a reçu le même accueil huit jours après à Rochefort, où il a donné la confirmation à plus de six cents personnes.

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La Gazette de l'Ouest, en rendant compte de la dernière émeute arrivée à Angoulême, déplore l'incurie, l'insouciance et l'aveuglement des autorités sur l'état de cette ville. Nous n'avons cessé, dit-elle, de sonner l'alarme; mais on est resté sourd à nos plaintes, et toutes les occasions, même les plus légères, sont saisies avec avidité par les agitateurs pour faire entendre des cris de mort, et se porter aux derniers excès. Tout leur est permis; ils peuvent, quand bon leur semble, chasser impunément les élèves de deux séminaires, comme il arriva le dimanche 20 février 1831, où les grand et petit séminaires furent assaillis par une multitude aveugle, et les élèves obligés de se sauver, comme ils purent, en escaladant les murs. Ils peuvent chasser un curé de sa cure, de sa maison, de sa ville, comme il arriva à la même époque à M. le curé Chevrou; expulser un autre curé de sa succursale, celui de Saint-André; exemple qui a été imité dans plusieurs autres paroisses du diocèse. Ils peuvent assiéger un évêque dans son évêché, tenter d'assassiner des jeunes gens acquittés par un arrêt solennel, menacer et insulter les habitans les plus paisibles, s'opposer à l'exercice du culte de la majorité, outrager publiquement la religion et méconnoître la subordination militaire, comme on l'a vu à la dernière procession. Tout cela est permis aux agens de troubles; personne ne songe à prévenir ou à réprimer leurs efforts, et les autorités manderont peut-être dans leurs rapports officiels que tout va au mieux à Angoulême, et peut-être recevront-elles des félicitations et des récompenses pour avoir si bien maintenu le bon ordre, et pour avoir protégé toutes les classes avec tant d'impartialité.

On souhaitoit depuis long-temps à Lamballe un établissement de Filles de la Charité pour visiter, assister les pauvres malades à domicile; mais ces voeux étoient restés jusqu'ici stériles. M. Padel, prêtre, ancien religieux de l'ordre des Capucins, vient enfin de les réaliser. A peine a-t-il été en possession de la succession de son frère, mort l'année dernière, qu'il a écrit à la supérieure des Filles de Saint-Vincent de Paul pour lui demander trois sœurs. Elle y a consenti. Les trois sœurs arrivèrent à Lam← balle le 11 juin. Elles y furent accueillies avec beaucoup d'intérêt, et le 17 elles ont été installées par M. l'évêque de SaintBrieuc, accompagné du fondateur, du clergé de la ville et des autorités constituées, qui dès le commencement applaudirent au projet de M. Padel, et le secondèrent de tous leurs efforts. On alla prendre les Soeurs dans la maison du fondateur, et on les conduisit processionnellement à l'église paroissiale, en chantant le Veni, Creator. Arrivées dans l'église, M. l'évêque leur adressa une courte allocution et célébra la messe, après laquelle on les

conduisit, en chantant le Te Deum, dans la maison qui leur est destinée. M. Padel a sacrifié presque toute sa fortune pour assurer aux pauvres de sa ville natale la durée de secours bien pré

cieux.

L'Ami de la Charte, de Nantes, cite comme une preuve de l'ignorance du clergé, que les épîtres de saint Paul ayant été répandues en grand nombre dans plusieurs communes, entre Nantes et Rennes, les curés ont ordonné à leurs ouailles de les leur livrer, afin qu'ils puissent brûler ces publications sataniques. Le zèle de ces curés n'est pas si absurde que l'Ami de la Charte le suppose. On sait en effet que les sociétés bibliques distribuent des Bibles ou des parties de la Bible dans des traductions qui, soit qu'elles soient protestantes, soit qu'elles soient des traductions catholiques altérées, doivent être également suspectes. Dans ce cas, ce ne sont point les épîtres du saint apôtre qu'on redoute, cé sont les erreurs qu'y enseignent ou qu'y insinuent des tradueteurs infidèles.

-Nous apprenons de l'Anjou que le bruit y court que M. Mauger, ancien curé d'Avrillé, a été nommé membre de la Légiond'Honneur. Ce bruit réjouit les uns et fait gémir les autres. Quoi! dit-on, M. Mauger, qui a été interdit par son évêque, dont la conduite est connue, qui n'a plus rien d'ecclésiastique, qui. non, cela n'est pas possible. Malheureusement la chose paroît n'être pas douteuse. M. Mauger en a fait confidence à plusieurs de ses amis; à sa place, on n'est pas fâché de se prévaloir d'une pareille nomination. A la vérité, il ne porte pas encore la croix ; il faut qu'il y ait eu à ce sujet quelque difficulté. Peut-être l'autorité aura-t-elle été avertie de la bizarrerie d'un tel choix; peut-être lui aura-1-01 représenté que rien ne pouvoit plus la compromettre que de distribuer des récompenses avec si peu de discernement. Avoir choisi M. Mauger dans tout le clergé de l'Anjou pour lui donner la croix, quelle école! Les amis du gouvernement en baissent les yeux; ils craignent que cela ne serve encore de prétexte à ces malheureux carlistes pour crier qu'on insulte à la religion. La croix à un homme qui venoit d'être interdit par son évêque, n'est-ce pas un affront pour le prélat, un sujet de gémissement pour les fidèles, un sujet de triomphe pour les amateurs du scandale? Il ne resteroit plus qu'à la donner aussi aux vénérables personnages interdits ou dignes de l'être, qui ont fait parler d'eux dans ces derniers temps; aux sieurs Châtel, Dumonteil, etc. Ce seroit un puissant relief pour la Légion-d'Honneur.

A propos du monastère de Praglia, près Padoue, rendu avec la jouissance des biens non vendus aux Bénédictins qui voudroient venir l'habiter, nous avons dit, no 2102, que c'est la première fois qu'un monastère est rétabli dans les domaines autri

chiens en rendant les biens. Si cela est vrai, ce n'est que pour les Etats autrichiens en Italie. Il y a plus de trente ans que la piété et la bienveillance de l'empereur François II l'ont porté à user de la même bonté envers l'ordre de Prémontré. Joseph II avoit supprimé tous les établissemens religieux dans ses provinces héréditaires. Dès 1802, l'empereur François rétablit avec tous leurs revenus l'abbaye de Jassow et celle de Czorne, toutes deux en Hongrie. Plus tard, les Bavarois, devenus maîtres du Tyrol, avoient supprimé l'abbaye de Wilten, du même ordre, près d'Inspruck. Un des premiers soins de l'empereur François, lorsqu'il redevint maître de cette partie de ses Etats, fut de la réta-, blir. Il imposa à toutes ces maisons, nouvellement rétablies, l'obligation de desservir un certain nombre de cures, et de fournir des maîtres pour l'enseignement dans des colléges. Il leur confia, em outre, la garde et le soin des archives du royaume, et leur rendit tous leurs revenus. Il reste à l'ordre de Prémontré, dans les Etats de ce prince, neuf maisons, trois en Bohème, dans le diocèse de Prague, savoir :.Strahow, dans la ville de Prague même; c'est la principale: les reliques de saint Norbert, patron tutélaire de l'empire, y sont déposées; les études y sont en honneur, même celles des langues orientales. L'abbé est un des dignitaires de l'Université. Cette maison est composée d'environ 70 religieux, tous occupés dans le ministère ou dans l'enseignement. Les deux autres maisons sont Tepla et Siloe; il y en a deux en Autriche, Gerussen et Plaga, dans le diocèse de Plassaw; une en Moravie, Neureischen, diocèse d'Olmutz; deux en Hongrie, Jassow et Czorne, dont il est parlé plus haut; enfin, Wilten, près d'Inspruck. Tels sont les seuls restes de l'un des ordres religieux peut-être le plus étendu qui ait jamais existé dans la chrétienté. Les monumens des temps attestent qu'à peine un siècle révolu depuis sa naissance, l'on y comptoit déjà 1,000 abbayes, 300 prévôtés, 500 communautés de filles, 7 archevêchés et 9 évêchés, dont les siéges étoient occupés par des chanoines réguliers de cet ordre.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. It hous paroît que la cour a très-bien choisi son itinéraire en prenant la route de Normandie. D'abord, elle a été obligée de voyager de nuit pour se dérober aux empressemens et à l'entliousiasme des populations, qui vouloient se porter en masse sur son passage et se fatiguer d'acclamations. C'est là du moins 'ce qu'insinuent tous les journaux de la clef d'or. Ensuite elle est tombée dans un pays, où elle n'a eu à entendre que des récits merveilleux sur les bienfaits de la révolution de juillet. M. le préfet de la Seine-Inférieuré a donné à ce sujet des détails enchanteurs, qui' ont surpassé encore ce que M. Thiers disoit l'année dernière de la prospérité sans exemple de la restauration. Il a présenté un ta

bleau si admirable de l'industrie du commerce et de la félicité publique, que le prince, lui-même n'en reveuoit pas; car sa réponse est remplie d'expressions qui semblent indiquer qu'il ne s'attendoit pas à cela, et que c'est pour lui une première nouvelle. « J'apprends, dit-il, avec une grande satisfaction..... Vous ñe pouviez me donner une nouvelle plus agréable que ce que vous venez de m'annoncer..... » Ainsi, il est bien clair que, jusque-là, les ministres n'eu avoient pas su le mot, ni lui non plus Nous pouvons ajouter que cette surprise sera vivement partagée en France par beaucoup d'autres ; et que, si M. le préfet de la Seine - Inférieure quittoit son département pour passer dans de certaines provinces que nous pourrions lui indiquer, il feroit bien d'emporter avec lui son tableau de félicité publique,

Jusqu'à présent, les journaux out profité de toutes les occasions pour conseiller des amnisties au gouvernement. La même pensée leur revient aux approches de l'anniversaire des glorieuses journées. Il est probable qu'ils ne seront pas plus heureux cette fois-ci que les autres. Les amnisties participent à la nature de l'aumône et de la bienfaisance; ce sont des cas où il faut donner. Or, on n'aime point en général à être conseillé sur ces choses-là. On veut qu'elles paroissent venir du cœur, sans que personne ait besoin de s'en mêler. Puis, il y a des esprits tellement faits qu'on ne réussit jamais plus mal auprès d'eux qu'en cherchant à les influencer et à leur faire la leçon. Si par hasard les ministres étoient de ce caractère, ce ne seroit pas bien s'y prendre avec eux que de les tourmenter davantage là-dessus. Que sait-on ? ils attendent peut-être qu'on ait cessé de demander pour se mettre à donner, et que personne ne songe plus aux amnisties pour en accorder. Ce qui est certain, c'est qu'on ne risque rien d'essayer avec eux d'une nouvelle méthode, et qu'il est difficile d'en trouver une plus mauvaise que celle qu'on cherche à employer depuis trois aus en faveur des malheureux.

Les royalistes sont bien Eeureux de n'être point jaloux des faveurs et des ménagemens dont les autres sont l'objet; ils auroient souvent à gémir. En effet, ce qu'on leur passe est bien peu de chose en comparaison de ce qu'on autorise chez leurs adversaires. Ceux-ci peuvent se présenter partout avec le bounet rouge, s'afficher pour républicains, chanter de jour et de nuit en pleine rue les hymnes patriotiques de 93; nou-seulement personne ne les contrarie sur tout cela, mais ce sont eux qui chassent et font taire les autres. Il n'en est point ainsi pour les malheureuses gens qu'on désigne sous le nom de carlistes. On leur regarde jusque sous le gilet, pour voit s'ils n'y cachent pas un ruban vert, ou quelque petite fleur de lys peinte sur un bouton de chemise. Quant à ce qui est de parler ou de chanter, un mot sur l'air; Vive Heuri IV, suffiroit pour les faire traduire en ́ police correctionnelle ou en cour d'assises. Cependant on nous assure que le justemilicu se trouve placé à égale distance de la république et de la royanté légitime, el que c'est de là qu'il tițe son nom. On ne s'en douteroit jamais à la manière dont il distribue șa justice à l'une et à l'autre, Ou seroit plutôt tenté de le

prendre pour un manchot, qui, placé comme correcteur entre les royalistes et les républicains, a mis ces derniers du côté de son mauvais bras.

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M. le comte de Tournon, pair, est mort, le 18 juin, à Genalard (Saône-etLoire), chez M. Maynard de Pancemont, son beau-père. M. P.-C. - C. - M. de Tournou étoit né à Apt en Provence. Il fut, sous Buonaparte, auditeur au conseil-d'Etat et intendant à Barruth. Les Autrichiens le firent prisonnier, et l'emmenèrent en Hongrie en 1809, A son retour en France, Buonaparte le nomma préfet de Rome. Nous n'avons point de détails sur la gestion de M. de Tournon; eile devoit lui offrir bien des sujets de répugnance et bien des difficultés. Le 19 janvier 1814, Murat, alors roi de Naples, ayant envahi l'Etat romain, M. de Tournon refusa d'administrer en son nom, et revint en France. Dans les cent jours, Buonaparte le nomma aux préfectures du Finistère et de l'Hérault, qu'il refusa. Le Roi, à son retour, le nomma préfet de la Gironde, puis pair do France. M. de Tournon publia, il y a peu de temps, des Etudes statistiques de Rome, dont les journaux ont fait l'éloge.

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Louis Philippe est arrivé le 4 au château de Neuilly. La reine MarieAmélie, en quittant Eu, s'est rendue à Bruxelles.

Une commission, composée de membres des deux chambres et du conseild'Etat, vient d'ètre nommée en exécution de la loi transitoire sur les pensionnaires de l'aucienue liste civile. Cette commission, qui est, en outre, chargée de préparer les bases d'un projet de loi de liquidation définitive, est composée de MM. le duc de Bassano, president; les barons Mounier et de Fréville, pairs; de Schonen, Parant et Thil, députés; Macarel, conseiller-d'Etat, et Duparquet, maitre des requêtes. M. de Schopen reste toujours liquidateur de l'ancienne liste civile.

M. Marre, secrétaire - général de la préfecture de la Haute-Garonne, est nommé sous- -préfet à Bergerac, eu remplacement de M. Taillefer, qui passe à Narbonne.

M. de Podenas, député, qui est passé de l'opposition dans les rangs du ministère, a reçu, en récompen e, le ruban de la Légion-d'Honneur.

Le sieur Boisrichard étoit poursuivi en police correctionnelle pour avoir, injurié et grièvement maltraité un huissier nommé Henrion, qui se présentoit à son domicile pour lui faire des offres réelles. Ces faits étoient constans; mais le tribunal a renvoyé le prévenu de la plainte, attendu que l'huissier s'étoit introduit et avoit verbalisé malgré lui dans son appartement, et que le domicité d'un citoyen est sacré. Le président, et l'avocat du roi, M. Ferd. Barrot, frère du député, ont réprimandé cet huissier, qui n'avoit pas le droit de s'installer chez le sieur Boisrichard, ou ne devoit le faire qu'avec l'assistance d'un magistrat.

- Le domaine de Bagatelle, où alloient se promener autrefois les enfans de France, avoit été mis en vente pour le 2 juillet. Il n'y a eu aucune enchère sur la mise à prix de 340,000 fr. La vente a été, en conséquence, ajournée.

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