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de l'église, sans aucune manifestation de mécontentement de la part des fidèles qui ont assisté à la cérémonie de la manière la plus édifiante. Aussi, Monsieur, la majorité de la population, dont l'esprit est éminemment religieux, n'a pris aucune part à la procession que M. le maire, en écharpe, a cru devoir faire le soir, pour des raisons qu'il ne vous dira pas, avec ses adjoints, une petite partie de la garde nationale, et les soldats en cantonnement à Evron. Tout le monde a vu avec effroi et indignation des extravagances dont j'aurois honte de vous faire ici le détail. Veuillez.... GÉRAULT, curé d'Evron. »

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Deux plantations de croix ont eu lieu presque en même temps dans le diocèse du Mans: à Courgenard, canton de Montmirail, une riche veuve a fait ériger un beau calvaire, qui a été béni un dimanche par le curé. Beaucoup d'habitans des paroisses voisines ont voulu être témoins de la cérémonie, qui s'est faite avec pompe. On s'est rendu processionnellement sur les lieux en chantant des psaumes. Toute la paroisse étoit réunie, et même les autorités. M. le curé prononça un discours; la croix fut bénite, et, après l'avoir adorée en silence, la foule fit entendre de pieuses. acclamations, qui, quoique de loin, auront peut-être choqué les oreilles extrêmement susceptibles de nos impies de Paris. Une cérémonie semblable a eu lieu vers la même époque à Melleray, même canton. La croix y fut portée en triomphe par des habitans de bonne volonté. La garde nationale et le maire en costume s'associèrent à cet acte de religion. La cérémonie se passa dans le plus grand recueillement.

Le tribunal correctionnel de Beaupréau a rendu, le 24 juin, son jugement dans l'affaire des troubles de Saint-Crépin, dont nous avons parlé no 120. Le sergent, qui avoit troublé la procession et maltraité un particulier, a été condamné à six jours de prison; il s'appelle Monnier, et est du 41° de ligne en congé de semestre. Le sieur Babonneau, conseiller municipal, qui le même jour se rendit coupable de violences envers M. Chupin, a été condamné à 16 fr. d'amende. C'est un commencement de justice. Le sergent, pour se soustraire à l'exécution du jugement, a pris, dit-on, le parti de rejoindre son corps. Il faut espérer que l'on fera respecter les décisions de la justice.

Les journaux révolutionnaires, dit le Vendéen, s'étoient empressés d'annoncer que M. Coulon, curé des Aubiers, arrondissement de Bressuire, avoit été arrêté sous la prévention d'attentat contre les mœurs; la chambre des mises en accusation de Poitiers vient de faire justice de cette calomnie, que l'on impute aux parens de deux jeunes filles, refusées par M. Coulon pour la première communion. La conduite irréprochable de cet ecclésiastique étoit une protestation victorieuse contre une semblable accusation que la haine de la religión a pu seule concevoir et

soutenir. Le curé des Aubiers a trouvé dans les témoignages d'attachement de ses paroissiens un dédommagement des odieuses imputations dont il avoit été l'objet.

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L'autorité ne pouvoit tolérer l'étrange délibération du conseil municipal de Pouillé que nous avons rapportée. Le préfet du département, M. Paulze-d'Ivoi, prit le 17 juin un arrêté, portant que le registre des délibérations du conseil municipal de Pouillé contient une lettre à M. l'évêque de Luçon, relative à des matières sur lesquelles les lois n'ont pas autorisé les conseils municipaux à délibérer, et qu'il ne doit exister sur les registres que les délibérations prises dans les formes régulières et dans la limite des attributions qui leur sont conférées par les lois; en conséquence, le préfet ordonnoit que la lettre à M. l'évêque de Luçon fût rayée des registres, et chargeoit le sous-préfet de Fontenay de l'exécution de son arrêté. Cela a été exécuté, et le registre ayant été apporté à la mairie, l'acte du 1er mai a été biffé et l'arrêté du préfet inscrit en marge. Cette paroisse de Pouillé paroît livrée à un déplorable esprit de schisme, et on peut conjecturer qui y souffle le feu. Au mois de janvier, les habitans ont adressé au sous-préfet de Fontenay une requête pour demander la jouissance de l'église. Ils prétendent que depuis quinze ans ils se sont adressés souvent pour avoir un prêtre, d'abord à M. l'évêque de La Rochelle, ensuite à M. l'évêque de Luçon. En conséquence, ils ont adopté le rit de l'église française et élu un pasteur. Pauvres gens, qui croient qu'on peut ainsi se faire une religion à sa mode et prendre pour pasteur le premier venu! Le choix qu'ils ont fait prouve qu'ils ne sont pas difficiles sur les qualités du prêtre qu'ils veulent ayòir, et il y a toute apparence que c'est le mauvais esprit de cette paroisse qui s'est opposé à ce qu'on lui accordât un curé.

Nous apprenons assez tard une insulte faite à la religion à Beaucaire. A la dernière procession, deux jeunes gens la traversèrent, avec une affectation marquée, le chapeau sur la tête, quelques pas seulement du saint Sacrement, et l'un d'eux repoussa avec des paroles grossières les justes observations qu'on lui adressoit. Près la place aux Herbes, au moment où le peuple à genoux recevoit la bénédiction, la Marseillaise se fit entendre du café Bonnet, qui étoit peu éloigné du reposoir, et ce chant sanguinaire se mêla aux cantiques de la piété. Quelle déplorable frénésie d'impiété peut ainsi associer des cris de guerre et de mort aux paisibles hommages d'une religion de douceur et de charité?

Depuis long-temps les habitans du quartier rural de MontRedon, près Marseille, regrettoient de se voir privés d'une église paroissiale; c'étoit une véritable fatigue dans un climat tel que celui de la Provence d'aller à l'église de Bonneveine, à plus d'une demi-lieue. Les propriétaires se sont concertés, et, après

avoir obtenu l'autorisation nécessaire, ils ont fait élever une église pour remplacer l'ancienne qui existe en ore, mais qui depuis nombre d'années est en ruines et abandonnée.

-En parlant dans notre n° 2109 des demandes de prêtres faites à Châtel, nous avons cité la commune de Napt, canton d'Izernore, et nous remarquâmes que ces noms ne se trouvoient pas dans les derniers Almanachs du Clergé; nous apprenons cependant que ces communes existent réellement. Izernore est véritablement un chef-lieu de canton; on ne sait pourquoi il a été omis dans les derniers Almanachs du Clergé; mais il est indiqué dans la liste des paroisses, imprimée à la fin du Nouveau Rituel de Belley. Napt n'est pas sur les almanachs, parce que cette paroisse fut en 1802 réunie à une paroisse voisine. Les habitans désiroient depuis longtemps avoir un prêtre; mais différentes circonstances s'y étoient opposées. Un habitant du lieu écrivit en effet à Châtel pour lui demander un prêtre; il ne connoissoit Châtel que de nom, et ignoroit entièrement ses erreurs et son projet de réforme. Ainsi cette démarche, qui étoit le fait d'un seul homme, et d'un homme dans la bonne foi, ne prouve pas beaucoup en faveur de l'église française. Nous ne doutons pas qu'il n'y ait eu d'autres demandes faites avec la même bonne foi. Il est assez remarquable encore que, malgré la promesse de tout faire gratis dans l'église française, Châtel répondit à l'habitant de Napt qu'avant tout il falloit préparer un logement et assurer un traitement de 800 fr. En dernier lieu, M. l'évêque de Belley a pu se rendre aux voeux de cette paroisse; le prélat y a envoyé un prêtre. Si Châtel étoit partout aussi ignoré qu'il l'est à Napt, la prétendue é¿lise française seroit ensevelie dans un profond oubli.

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M. l'abbé de Zinzerling est mort à Gand le 27 juin. M. Albert-Théodore-Désiré-Marie-Ghislain, baron de Zinzerling, étoit né à Gand, le 27 août 1797, et fut ordonné prêtre en décembre 1820. Il fut successivement employé au secrétariat de l'évêché, à la direction du séminaire Sainte-Barbe, et à celle de la maison des Orphelins. Deux lignes qu'il avoit fait insérer dans un journal; sur le fameux college philosophique, lui attirèrent une condannation à un an et un jour de prison. Il subit cette peine dans la prison de Saint-Bernard. Au commencement de 1830, on lui suscita une autre affaire on l'accusoit de maltraiter les enfans de la maison des Orphelins, dite Kuldershuys. Les poursuites dirigées. contre lui étoient l'effet d'une intrigue (voyez dans ce journal: le no 1622, tome LXIII); la cause fut plaidée au tribunal correctionnel de Bruxelles, et l'abbé Zinzerling fut acquitté. Cependant on ne le mit pas en liberté : le ministère public appela du jugement; mais la cour supérieure le confirma, et M. de Zinzerling sortit enfin de prison au bout de trois mois. Il reprit ses fonctions

à l'hospice, où il fut reçu avec de grandes marques de joie. Sa santé ne lui permettant plus aucune occupation sérieuse, le força, il y a quelques semaines, de quitter la direction de la maison. La veille de sa mort, il reçut les sacremens avec de grandes marques de foi et de piété.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Tout le monde se rappelle combien les libéraux étoient pieux naguère envers les morts qui les intéressoient. Il n'y avoit point d'affaires qu'ils ne quittas-') sent pour assister au convoi funèbre d'un ami. Dieu sait si l'on auroit été bien venu à les empêcher de rendre les derniers devoirs aux Manuel, aux Foy, anxi Talma, aux Lamarque, Enfin, c'étoit leur religion, leur besoin du cœur, et celle de leurs libertés à laquelle ils tenoient le plus fortement. Il paroît qu'ils commencent à se relâcher de leur piété, et qu'ils n'ont plus le même respect pour les morts. L'année dernière, la grande mortalité occasionée par le choléra fut cause, que la plupart des enterremeus ne purent se faire qu'à la hâle, et que le vœu des familles ou des amis ne se trouva point satisfait là-dessus. Telle fut l'inhumation d'un jardinier-fleuriste, nommé Morvan, qui avoit laissé une fortune assez considérable, et auquel on se réserva de consacrer plus tard une sépulture particulière. Pour exécuter les intentions de ses proches, il a été question de l'exhumer, le 3 de ce mois, qui étoit le jour anniversaire de sa mort. Mais les libéraux étoient sur leurs gardes pour dénoncer cette pieuse cérémonie à la police, et ils ont tant, fait qu'elle est intervenue pour empêcher le défunt de recevoir les honneurs funèbres que ses amis n'avoient pu lui rendre l'année dernière. Il faut tout dire, cependant; M. Morvan passoit pour avoir appartenu à la cause des légitimistes, et, par cette raison, il étoit naturel que la révolution de juillet lui gardât rancune. Elle se souvient apparemment du genre de piété que les siens portoient.jadis aux enterremens, et elle a soin de veiller à ce que cette piété là ne vienne pas à d'autres.

Sous le gouvernement impérial, on avoit adopté, pour la destitution des fonctionnaires publics, une formule honnête, qui aidoit un peu à faire passer la pilule on chargeoit le Moniteur d'annoncer qu'ils étoient appelés à d'autres fonctions. Pour ceux qui entendoient la langue administrative, il n'y avoit pas à s'y tromper; cela ne faisoit que rappeler la délicatesse d'expression des anciens Latins, qui, pour éviter de dire qu'un homme étoit mort, se servoient de la locution: Il a vécu. Le régime actuel est encore plus délicat et plus poli envers les fonctionnaires publics qu'il destitue. Non-seulement il se borne à faire annoncer qu'ils sont appelés à d'autres fonctions, mais il les nomme chevaliers, commandans, ou grands-officiers de la Légion-d'Honneur. Oh! pour le coup, lorsqu'il joint cette marque de satisfaction et de faveur à l'autre partie de sa formule de congé, vous pouvez dire adieu aux gens qu'il appelle à d'autres fonctions. C'est alors de sa part une manière de sceller la pierre de leur tombeau, de façon

à ce qu'ils n'en reviennent jamais. Aussi, ne perdez pas votre temps à chercher dans le Moniteur à quelles autres fonctions M. de Bondy a pu être appelé en quittant la préfecture de la Seine. Contentez-vous de remarquer qu'il a été nommé grand-officier de la Légion d'Houneur, et, qu'avec les gouvernemens qui se piquent de savoir vivre, on ne relève pas d'un témoignage de satisfaction pareil.

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Parmi quelques domiciles qui furent envahis le 6 mai dernier par le sieur Hesse, commissaire de police et ses agens, il y en eut un fort paisible, situé rue du Bac, no 120. On y saisit des carricatures, brochures, chansons, etc'; où ́u'en trouveroit-on pas? Il plut au commissaire de mentionner que la saisie avoit eu lieu dans un cabinet littéraire. Le ministère public a reconnu une omission, un vice de procédure qui ont empèché de renvoyer l'affaire aux assises; mais il a soutenu fortement la qualification portée au procès-verbal. M. Fontaine, avocat, a montré avec son talent ordinatre la nullité de la première et de la seconde procédures. Il a expliqué la position de M. de Naylies, son client, qui a été magistrat, qui a quitté ses fonctions depuis la révolution de juillet, et qui s'est retiré dans une maison modeste et dans un quartier paisible. Comme M. de Naylies a pnblié quelques ouvrages (1), qu'il possède une bibliothèque considérable et qu'il est curieux de nouveautés, on a pu croire à une librairie, à un cabinet littéraire. Le tribunal, après délibération, a renvoyé M. de Naylies de la plainte, et a ordonné la restitution des objets saisis. Un murmure d'approbation s'est fait entendre dans la salle, dont l'hilarité avoit été excitée par la lecture de quelques pièces saisies et par les réflexions de l'avocat.

Le lieutenant-général Aymard est nommé au commandement de la 7o division militaire en remplacement de M. Delort, député démissionnaire.

Le conseil - général des hospices de Paris a nommé pour son président M. Dupin aîné, en remplacement de M. le duc de Doudeauville, dont les fonctions sont expirées le 30 juin.

- M. Lechanteur père, conseiller à la cour royale de Paris, et ancien consei!ler au parlement de Paris, est décédé la semaine dernière. Il est mort dans les sentimens de religion qui l'avoient animé pendant sa vie.

M. Boursaint, conseiller d'Etat, membre du conseil d'amirauté, directeur des fouds des Invalides, est mort le 4 de ce mois. Il laisse deux legs considérables, l'un pour l'établissement des Invalides de la marine, qu'il a administrė pendant dix-huit ans; l'autre pour l'hôpital de Saint-Malo, son pays natal. Il est

(1) M. de Naylies a publić, entre autres, un Abrégé de la vie de saint Vincent de Paul, avec une notice sur Saint-Lazare et sur les Filles de la Charité. Il y a inséré les procès-verbaux relatifs à la translation des reliques du saint en 1830, les mandemens de M. l'archevêque à cette époque, une neuvaine en l'honneur du saint et l'office de sa fête. Le volume est orné du portrait du saint. In-12, à Paris, chez l'anteur, rue du Bac, uo 120, et au bureau du journa!.

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