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confirmation dans quatre paroisses, aux Missions-Etrangères, à l'Abbaye-aux-Bois, à Saint-Severin et à Saint-Médard. Le lendemain, il administra le même sacrement à Saint-Roch, puis à Belleville. Partout ces cérémonies n'ont rien offert que d'édifiant. Dimanche dernier, le prélat est allé donner la confirmation à Choisy. Incessamment il aura terminé la visite des paroisses, et aura à se féliciter de n'avoir aperçu que des témoignages de religion et de respect.

-Les joies et les chagrins sont mêlés en ce bas monde. L'église française de Clichy a eu dans la même semaine un succès et un revers. Elle a vu plusieurs de ses partisans acquittés aux assises et son chef condamné à une amende. Il paroît que M. Auzou n'avoit pas voulu se soumettre pleinement à l'ordonnance de la police sur le culte extérieur. Il accompagnoit les corps au cimetière, et a été cité pour cela devant le juge de paix du canton de Neuilly. Là, sa défense a été victorieuse, à ce qu'il assure, et néanmoins il a été condamné à 5 fr. d'amende. Mais il a annoncé qu'il en appeloit et qu'il iroit, s'il le faut, jusqu'à la cour de cassation pour défendre le principe. De plus, il est menacé d'un autre procès: il a été cité de nouveau devant la justice de paix de Neuilly à la requête des fabriciens de l'église catholique de Chichy, qui lui redemandent les ornemens enlevés à cette église. I a répondu fièrement qu'il ne vouloit pas entrer en conciliation, et qu'il se défendroit devant un tribunal compétent. M. Auzou paroît avoir l'humeur assez guerroyante; il s'est mis, qui le croiroit? en état d'hostilité avec M. Isambert; avec M. Isambert, le patron des gens de Lèves, qui avoit pris part à leur première levée de boucliers, qui l'avoit favorisée de son influence, qui avoit publié des lettres dans les journaux en faveur de cette église schismatique, n'est-ce pas là une criante ingratitude? Eh! au fond, qu'a donc fait M. Isambert pour s'attirer l'animadversion de M. l'abbé Auzou? Dans un discours à la chambre, le 28 mai dernier, parlant de la réduction des évêchés, il a émis le vœu que les prêtres ne fussent plus soumis à des interdits qu'il appelle arbitraires, de sorte qu'on ne les vêt plus se jeter dans l'église française ou gémir dans l'abandon et le désespoir. Ce peu de mots a piqué la susceptibilité de M. Auzou; comment jeter? mais c'est un terme de mépris. Mépriser l'église française, quelle injustice! une. église environnée de tant d'estime et de respect! De plus, dans ce discours, M. Isambert parle de 3,000 curés et de 27,000 desservans qui constituent le vrai sacerdoce. Sentez-vous toute la malignité de ce trait? M. Isambert oppose donc le vrai sacerdoce du clergé de France au sacerdoce bâtard de la secte nouvelle, quel affront! Qui se seroit attendu à cela de la part de M. Isambert? Aussi l'abbé Auzou, profondément blessé, n'a pas cru devoir laisser passer cette attaque sans réponse. Il a inséré dans son journal

un article contre le discours du député. Cela ne lui a pas suffi; cet article, il l'a prêché en chaire; il l'a prêché quatre fois de suite, tant à Paris qu'à Clichy, de sorte que voilà une rupture absolument déclarée entre M. Isambert et l'abbé Auzou. Lê discours de ce dernier respire d'ailleurs la modération, il engage les prétres romains à jeter les évéques en bas de leur tróne mensonger. Combien il est humain, ce bon M. Auzou! on diroit qu'il n'a d'autre souci que de faire haïr et mépriser les prêtres. Ses derniers discours ont été contre l'hypocrisie des prêtres et des grands, sur le mal que les prêtres ont fait à la religion, sur les abus politiques de la confession, etc. Ses adhérens parlent dans le même sens; le sieur Laverdat prêche contre le fanatisme, Paquet contre l'orgueil et Plumet contre l'ambition du clergé romain. Tout cela se fait en dépit de la loi organique de 1802, qui porte que les ecclésiastiques ne se permettront dans leurs instructions aucune inculpation directe ou indirecte, soit contre les personnes, soit contre les autres cultes autorisés dans l'Etat (art. 52). L'église française a apparemment le privilége de se jouer des lois.

- M. l'évêque de Langres a passé quelques jours à Autun. Accompagné de M. l'évêque d'Autun, qui accroît chaque jour par ses vertus le respect et l'attachement de ses diocésains, M. Mathieu a visité le petit séminaire où il a présidé à la première communion des enfans, et leur a ensuite donné la confirmation. M. l'évêque d'Autun l'en avoit prié, et la présence de ces deux prélats ajoutoit à l'intérêt de la cérémonie. M. de Langres est allé ensuite au grand séminaire, où il a parlé aux jeunes gens avec autant d'àpropos que de piété. Mais c'est à la cathédrale surtout que l'onction de ses paroles a vivement ému. Les détails que nous recevons à ce sujet prouvent quelle impression avoit faite le prélat pendant sa courte apparition.

-Au sommet de la colline Sainte-Victoire, près Aix, existe un ancien couvent abandonné où se trouve une chapelle et des caveaux qui servoient à la sépulture des religieux. A quelques pas étoit une croix que les fidèles étayent de temps en temps et garnissent de plaques de fer pour la mettre à l'abri des injures du temps. Cette croix est le but d'une procession que font chaque année, le 24 juin, les habitans de Pertuis. Un phénomène d'optique attire aussi en ce lieu les curieux, qui viennent y observer le lever du soleil. Cette année, quelques jeunes patriotes visitèrent l'ermitage, pénétrèrent dans la chapelle, et s'y signalèrent par des traits de grossière impiété. Ils ouvrirent la tombe, dont l'entrée est au pied de l'autel, et trois d'entre eux y étant descendus, jetèrent en l'air la cendre des morts, et s'emparèrent de trois têtes qu'ils donnèrent en spectacle. Les reproches des personnes présentes, dit la Gazette du Midi, furent inutiles. Non contens de cette violation de sépul

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ture, ces jeunes gens montèrent à la croix, en coupèrent plusieurs morceaux, détruisirent une plaque qui en consolidoit les bras, et l'auroient renversée entièrement si on n'étoit parvenu à les en empêcher. Les hommes de toutes les opinions doivent avoir horreur de ces actes d'impiété,

-Dans le but d'empêcher la profanation du cimetière SaintRoch, à Avignon, qui est abandonné depuis quelques années, l'autorité a fait commencer l'exhumation, et un ossuaire considérable résultant des fouilles a dû être transporté processionnellement au cimetière Saint-Lazare. Le clergé des quatre paroisses d'Avignon et toutes les autorités se proposoient de former le cortège.

-Nous avons vu qu'à Tours la procession du second dimanche fut troublée par le son d'un cor qui se fit entendre inopinément. Le bruit partoit du premier étage d'une maison au coin de la rue de la Longue-Echelle. L'intention étoit manifeste, et tout le peuple en fut indigné. On se porta vers la maison; quelques individus montèrent à la fenêtre, dont les persiennes étoient fermées : ils ne trouvèrent personne dans la pièce, et jetèrent le cor dans la rue. Bientôt vinrent les gendarmes, qui dissipèrent le rassemblement. On a traduit en police correctionnelle, non pas l'auteur du désordre, mais les deux individus qui sont entrés dans l'appartement; ils ont paru à l'audience du tribunal de Tours le 28 juin. Le premier témoin entendu étoit le sieur Omer Duchesne, celui-là même qui avoit donné du cor; il a prétendu qu'il l'avoit fait sans intention, et qu'il ignoroit que la procession de la paroisse SaintFrançois-de-Paul dût passer près de chez lui. Les deux prévenus étoient Clisson, charcutier, et Boucher, maçon; ils sont très-légèrement chargés. Au fond, ils n'avoient fait que céder à l'indignation générale contre l'auteur du tumulte. Le procureur du Roi, M. Gouin, qui n'avoit point fait arrêter les prévenus, a dit que la détention préalable avoit souvent de graves inconvéniens, et qu'il ne falloit pas disposer légèrement de la liberté des citoyens. En finissant, il s'est adressé au sieur Duchesne, et l'a exhorté à plus de tolérance et à plus de respect pour cette liberté qu'il réclamoit pour lui-même, et dont cependant il avoit méconnu les principes. L'avocat des prévenus a montré que les violences se réduisoient à de chose; ils n'avoient aucune mauvaise intention, ils n'ont fait qu'empêcher une émeute, et, en faisant taire M. Duchesne, ils ont préservé ce très-jeune homme des violences dont il auroit pu être l'objet. Les deux prévenus ont été condamnés à huit jours de prison, sans amende. L'espoir des curieux, qui s'attendoient à voir discuter la légalité des processions, a été complètement trompé; il n'en a été question de part ni d'autre.

peu

- Dans l'affaire de Saint-Crespin, jugée au tribunal correctionnel de Beaupréau, comme nous l'avons rapporté dans le der

nier Numéro, les dépositions établissoient clairement deux délits, celui de provocations et de coups portés, et celui d'outrage à la religion. Il résultoit des dépositions de onze témoins que le 9 juin, Monnier et Babonneau, qui étoient dans le clocher, descendirent précipitamment, et coururent jusque dans le sanctuaire de l'Eglise chercher querelle à Jean Martin, que Monnier le frappa avec violence, et tira sur lui son sabre; qu'il se jeta ensuite sur François Chupin, et le frappa de plusieurs coups à la figure, et que dans ce moment le conseiller municipal Babonneau déchargea un violent coup de poing sur l'épaule et un autre sur la figure de ce même Chupin, qui ne cherchoit pas à se défendre. Malgré ces dépositions, le ministère public avoit conclu, au grand étonnement de l'auditoire, à renvoyer Monnier et Babonneau de la plainte, et à condamner les plaignans aux dépens. Heureusement, le tribunal n'a point adopté ce système de partialité on ne l'accusera certainement pas d'excessive rigueur pour avoir condamné le sergent à six jours de prison, et le municipal à 16 francs d'amende.

pays

pape;

-M. Thomas Dagoumer, qui paroît protestant, cite dans un de ses ouvrages un bref de Pie VII à Louis XVIII, bref écrit de Venise le 14 mars 1800, immédiatement après l'élection du et il ajoute que, par ce bref conçu dans les termes les plus affectueux, le pape se rend coupable d'une triple trahison : 1° il trahit Buonaparte auquel il doit le pontificat, en écrivant le jour méme de son élection au comte de Lille qu'il reconnoit pour Roi de France; 2o il se ménage in petto le moyen de trahir Louis XVIII, et il le trahit en effet par la suite; 3° Il trahit la France, en reconnoissant dans ce deux souverains. Toutes ces trahisons n'existent que dans l'imagination de M. Dagoumer. Pie VII, en écrivant à Louis XVIII pour lui notifier son élection, ne fit que se conformer à l'usage de tous ses prédécesseurs. Tous les princes en font autant à leur avénement au trône. Le pape par cette démarche ne trahissoit point Buonaparte, auquel il ne devoit rien. Ce n'étoit certainement pas par l'influence de ce général qu'il avoit été élu. Buonaparte tout récemment devenu premier consul n'avoit aucune autorité en Italie, ni aucun crédit à Venise au moment de l'élection de Pie VII. Assurément la recommandation de Buonaparte n'eût pas été à cette époque d'un grand poids auprès des cardinaux pour le choix d'un pape. Ce ne fut que quelques mois après qu'il entra en Italie, et que par la bataille de Marengo il y reconquit le pouvoir. Il n'y eut donc pas trahison de la part de Pie VII envers Buonaparte, avec lequel il n'avoit eu aucune relation. Il n'y eut donc pas non plus de trahison ni envers la France, ni envers Louis XVIII. Louis XVIII avoit des droits évidens à la couronne de France, et ces droits étoient reconnus partout ailleurs qu'en France. Lui écrire, étoit une démarche

de politesse et de convenance que le pape devoit surtout à un prince malheureux. A qui sied-il mieux qu'au chef de l'Eglise d'honorer une grande infortune et de lui conserver des égards? Mais, dit-on, Pie VII trahit plus tard Louis XVIII, en signant un concordat avec Buonaparte. Pie VII étoit avant tout chef de l'église; il dut considérer les intérêts de la religion; et la perspective de la tirer de l'abîme où elle étoit en France depuis dix ans, de faire cesser le schisme et d'y rétablir le libre exercice du culte, dut l'emporter dans son esprit sur tout autre motif. Loin de trahir ses devoirs, il se montra dans cette occasion supérieur à toute considération humaine et digne de sa qualité de Père commun des fidèles. Ainsi ce que M. Dagoumer a imaginé pour flétrir la mémoire de Pie VII est une pure calomnie. Mais cette calomnie plaît aux ennemis de la religion, et ils la répéteront. Châtel, dans un de ses derniers numéros, a reproduit les accusations de M. Da

goumer. Ce n'est pas à un tel homme qu'il faut demander de

s'enquérir et de vérifier avant d'accuser et de condamner un pape.

-Le 6 janvier dernier, on a ouvert une église catholique à Rehoboth, diocèse de Cincinnati, aux Etats-Unis. On se rendit processionnellement d'une maison particulière à la nouvelle église. La croix étoit portée en tête et suivie du clergé en insignes sacerdotaux; car dans ce pays, où le protestantisme domine, on souffre les cérémonies extérieures, et on ne croit pas la liberté des cultes violée par une procession. Après la bénédiction de l'église, une grand'messe fut célébrée, et M. Young prêcha. Il rappela qu'il y a treize ans il n'y avoit dans tout l'Ohio que deux prêtres, M. Fenwick, qui vient de mourir, et lui. Souvent dans leurs courses ils passèrent par ce lieu même où on se moquoit d'eux et de leur religion; on les regardoit comme de dangereux fanatiques: à peine s'ils eussent trouvé à s'y rafraîchir, et aujourd'hui une église catholique est érigée dans cette ville. Il y a treize ans que la première église catholique de l'Ohio fut bâtie à trois milles de Somerset, et à présent il y a dans le comté de Perry, où est Rehoboth, trois grandes et belles églises qui sont encore insuffisantes. Comme la nouvelle église étoit remplie de monde, et que dans le nombre il y avoit beaucoup de protestans, M. Young exposa les dogmes catholiques, et répondit aux objections. Le soir, M. Bullok, autre missionnaire, prêcha après vepres sur le sacrifice de la messe, et répondit aux difficultés des protestans. On ne doute pas que ces discours et la vue des cérémonies catholiques ne produisent encore quelques conquêtes à la vraie foi. Au mois d'avril dernier, on a posé la première pierre de nouvelles églises à Kensington, en Pensylvanie, et à Frédéric dans le Maryland. Celle-ci sera toute en pierres, et aura 134 pieds de long.

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