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Le gouvernement a reçu des nouvelles de Constantinople jusqu'au 16 avril. M. de Varennes, premier secrétaire de l'ambassade française, étoit parti pour le camp d'Ibrahim avec l'amedji-effendi de la Porte. Il étoit porteur d'un hattisheriff par lequel le sultan cède au pacha d'Egypte les quatre pachaliks de Syriec, Si-Jean-d'Acre, Damas, Alep et Tripoli. Après quatre jours de négociations, M. de Varennes a obtenu d'Ibrahim l'évacuation de l'Asie mineure, et la renonciation de ses prétentions sur Diarbékir et les districts d'Alaya et de Leftkeli: la question relative à celui d'Adana a été réservée pour être discutée à Alexandrie. Le tevdjiat (liste annuelle des promotions accordées aux gouverneurs de l'empire· Ottoman), qui a été publié solennellement à Constantinople le 16 avril, confère à Mehemed-Ali la Syrie toute entière, qui le met en possession du commerce avec la Perse.

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Des lettres de Buccharest, du 11 avril, portent qu'il n'étoit encore entré dans les principautés que 24,000 Russes. Une seconde division de l'escadre russe, portant 5,000 hommes de débarquement, est arrivée le 5 avril à l'entrée du Bosphore. Les vaisseaux français, partis de Brest, de Toulon et de l'embouchure du Tage, ont dû rallier à la fin d'avril la station navale commandée par l'amiral Hugon dans les parages de Smyrne. M. de Bois-le-Comte, chargé d'une mission près du pacha d'Egypte, a dû arriver à la même époque à Alexandrie. La Gazette d'Augsbourg assure que la paix est actuellement conclue entre le sultan et le pacha.

– Un ouragan, comme il n'y en avoit jamais eu en Chine, et qui s'est étendu sur une surface de 200 milles, a fait de grands ravages à Canton, à Macao et dans les environs: beaucoup de navires ont fait naufrage. A Canton, plus de mille maisons ont été renversées, et environ 400 personnes ont été enterrées sous les décombres; 250 individus ont péri dans les eaux qui environnent cette ville. It a péri 210 personnes à Macao, et 130 à Heaugshan.

Le voyageur français Jacquemont est mort à Bombay, le 7 décembre dernier, à l'âge de 32 ans, des suites d'une maladie de foie qu'il avoit contractée dans le Rajputana. Il avoit visité les montagnes de l'Himalaya, les plus élevées du globe, et avoit parcouru le Thibet et la Tartarie chinoise. Il laisse de nombreux matériaux sur la géologie, la botanique, la statistique, etc. C'est en 1828 que le gouvernement français l'avoit chargé de ce voyage.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 3, M. Mollien fait un rapport favorable à l'admission de M. le comte de Beaumont à la place de son père, auquel il n'avoit pu succéder plus tôt, n'ayant pas l'âge.

La discussion s'ouvre sur le projet de loi relative à l'expropriation pour cause d'utilité publique. M. Mounier appuie le besoin de cette loi sur deux exemples: l'achat, au prix de 2 millions 400 mille fr., d'un terrain imposé seulement à 3,621 fr., dont on avoit besoin pour le canal de Berry, et le retard de quinze ans

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que lord Egerton ́parvint à mettre pour remplir une condition imposée dans l'acquisition d'un terrain rue de Rivoli. L'orateur, trouvant que le projet a besoin d'être refondu par le gouvernement, en propose l'ajournement. Il indique, au surplus, un système nouveau de législation sur cette matière. MM. de Bassano et de Fréville insistent sur l'urgence de cette loi. M. Boyer propose des amendemens. MM. Mólé et Pasquier demandent que M. Mounier précise ses modifications en les rédigeant. L'honorable membre répond qu'il s'attendoit à voir ajourner le projet; qu'il satisfera cependant à cette invitation. M. Legrand, commissaire du gouvernement, répond aux différentes objections, et combat spécialement l'ajournement proposé par le préopinant.

Le 4, M. de Barante fait un nouveau rapport sur le projet de loi relatif aux conseils de département et d'arrondissement. Il propose les mêmes modifications, et notamment le rejet des changemens apportés par la chambre des députés au projet du gouvernement.

On reprend la discussion de la loi sur l'expropriation pour cause d'utilité publique. Un amendement de M. de Laplace sur l'art. 2, réglant les formes générales à suivre, est rejeté. Un long débat s'engage sur l'art. 3. La commission avoit proposé de le remplacer par des dispositions déterminant le mode d'enquête préalable. M. le ministre de l'intérieur soutient que c'est au gouvernement à régler ce mode par des ordonnances, et s'étonne que ce soit dans la chambre des pairs que l'on voie ainsi une tendance à empiéter sur les attributions administratives. Les amen-. demens de la commission sont défendus par MM. Devaisnes, rapporteur, Villemain, Molė, Abrial, Mounier, de Bassano, Legrand, commissaire du gouvernement, combattus par MM. Girod (de l'Ain), Aug. Périer, Allent, Decazes, et rejétés à la majorité de 53 contre 5o. L'article passe ensuite sans modification.

CHAMBRE Des députés.

Le 3, M. le président lit une lettre du miustre des finances, annonçant la présentation d'un projet de loi transitoire sur l'amortissement, et une autre lettre, par laquelle M. Baudet-Lafarge, député du Puy-de-Dôme, donne sa démission.

On achève la discussion du projet de loi sur l'instruction primaire. L'art. 23 attribue au comité d'arrondissement le soin d'inspecter les écoles par ses membres ou par délégués, de provoquer les réformes et améliorations nécessaires, de nommer et installer les instituteurs communaux déjà investis par le ministère. Un amendement de M. de Sade, tendant à ajouter le pouvoir de faire des réglemens, est rejeté. M. Taillandier demande que les instituteurs primaires soient seulement institués par le préfet. MM. Guizot et Barthe soutiennent qu'il faut laisser l'investiture au gouvernement, à qui est réservée la nomination des fonctionnaires. MM. Eschassériaux, Laurence et Salverte appuient vivement l'amendement, qui se trouve adopté. Cette décision est suivie de rumeurs et de réclamations.

L'art. 24 autorise le comité à appeler devant lui, à réprimander, à suspendre, et même à révoquer l'instituteur prévenu de négligence ou de fautes graves, sauf à celui-ci à se pourvoir devant le ministre en conseil royal de l'instruction publique.

M. Taillandier demande la suppression de ces derniers mots, attendu que ce serait préjuger le maintien de ce conseit. MM. Guizot, Renouard et Dumon représentent › qu'il faut prendre les institutions telles qu'elles existent en ce moment; si elles sont abolies, tout ce qui s'y rapporte tombera de plein droit. L'amendement est écarté, ainsi qu'un autre de M. Gillon dans le mème sens.

D'après l'art. 25, il y aura dans chaque département, sous la nomination du ministre, une ou plusieurs commissions chargées d'examiner les aspiraus aux bre- ' vets de capacité, et de leur délivrer ces brevets. M. Taillandier propose de laisser ces commissions à la nomination du conseil-général du département. M. Demarçay, ' qui craint que les jesuites et les principes ultramontains exercent quelque jour de l'influence au ministère, appuie cet amendement. MM. Renouard et Dubois pensent qu'il n'y a rien de semblable à redouter actuellement des ministres, qui sont d'ailleurs responsables. L'amendement est rejeté.

L'art. 26 porte que, selon les besoins et les ressources des communes, il pourra être établi, sur la demande des conseils municipaux, des écoles de filles auxquelles toutes les dispositions de la loi seront applicables. M. F. Delessert désireroit que l'on prêt des mesures plus efficaces et plus étendues pour établir de ces écoles. M. Guizot répond qu'il n'a pas encore recueilli des documens qui le mettent à ›› même de proposer des dispositions à cet égard. M. Pelet montre que l'on ne peut rendre applicable la présente loi aux écoles de filles. M. Vivien dit qu'il seroi t plus simple de supprimer l'article. M. Guizot déclare y consentir. Cette suppression › a lieu. M. Senné fait alors observer qu'il seroit, nécessaire d'interdire aux institu- › teurs de recevoir à la fois des filles et des garçons, et M. Taillandier propose à cétp effet un article portant que, dans les communes où il n'y a pas d'institutrice, l'ins» 1 truction primaire sera donnée aux filles, par l'instituteur communal, à d'autres › jours et à d'autres heures que celles des garçons. M. Guizot dit que tout cela est inutile dans la loi, attendu qu'il sera pris des mesures administratives.

M. Jouvencel demande que l'on soumette les instituteurs actuels à un nouvel examen. Le président et le ministre répondent que cela est de droit, puisque les écoles communales ne sont point encore censées exister. M. Taillandier propose ! d'établir des écoles d'adultes dans les régimens et les prisons. M. Guizot déclare que, faute de renseignemens suffisans, il ne peut faire de proposition. La loi est ensuite votée à l'unanimité moins 7.

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On entame la discussion du projet de loi sur les attributions municipales. L'art. 1o maintient la circonscription actuelle des communes. Un débat s'engage sur l'art. 3, portant, d'après l'amendement de la commission, que les communes qui ont moins de 800 habitans peuvent être réunies à une commune limitrophe sur le consentement du conseil municipal. M. Demarçay insiste sur le consentement proposé par le gouvernement. M. Dupin quitte le fauteuil pour appuyer cette opinion, en montrant qu'il ne faut pas contrarier les affections des habitans. M. Prunelle, rapporteur, réplique.

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Le 4, M. Bavoux reproduit sa proposition sur le divorce. M. Laffitte lit une

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proposition tendant à libérer de leur emprunt les imprimeurs et libraires qui ont donné des nantissemens de livres et gravures.

M. Paixhans demande que la chambre s'occupe le plus tôt possible du projet de garantie de l'emprunt grec. M. le ministre des affaires étrangères appuie cette proposition. M. Salverte objecte qu'il convient plutôt de s'occuper de lois d'institu— › tions que de nouvelles lois de finances; il prétend d'ailleurs que l'argent de la France ne serviroit ici qu'à solder les Russes. M. Guizot réplique. M. Essachériaux parle dans le sens de M. Salverte, MM. Jay et Dumon trouvent que la ques- tion de la Grèce est éminemment nationale, et qu'en retarder la décision c'est paralyser la prérogative royale. Plusieurs membres demandent la priorité pour d'autres projets de lois qui n'ont pu être adoptés avant la clôture de la session. M. Dupin, qui arrive en ce moment, engage l'assemblée, dans l'intérêt de sa propre considération, à se tenir en garde contre des prédilections pour certaines lois, et à peser mûrement l'ordre qu'elle doit suivre dans ses travaux. Il lui paroît plus convenable de commencer par le budget, la question d'amortissement et les lois d'institutions. Les ministres des affaires étrangères et de la police témoignent quelque mécontentement de ces observations, et insistent pour la priorité de la loi de l'emprunt grec. La majorité se réunit à ce vœu : ce sera même le premier objet en délibération.

On reprend la discussion de la loi sur les attributions municipales. Un long débat s'engage sur l'art. 3 déjà discuté la veille. Plusieurs amendemens sont rejetés, et l'on en adopte un de M. Vivien, modifiant celui de la commission, et qui porte · qu'une commune au-dessous de 300 habitans pourra être réunie, par ordonnance royale, à une commune limitrophe, lorsque le conseil-général et le conseil d'arrondissement seront de cet avis, sans avoir besoin du consentement des conseils municipaux respectifs, qui cependant devront être entendus. Les art. 4 et 5 passent sans réclamation. Ils laissent à l'autorité législative le droit de prononcer sur Ja réunion des communes au-dessus de 300 habitans, et sur le fractionnement de toutes les communes en cas d'opposition des conseils municipaux, en réservant › les droits respectifs pour les biens et usages locaux.

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A cinq heures, la chambre n'est plus en nombre. L'appel nominal est ordonné sur la réclamation de plusieurs membres; et l'on décidé que cette formalité sera répétée lundi à une heure, et que les noms des absens seront insérés au Moniteur.

Le Gérant, Adrien Le Clere.

COURS DES EFFETs publics.—Bourse du 6 mai 1833.

Trois pour 100, jouissance du 22 déc., ouvert à 77 fr. 50 c. et fermé à 77 fr. 70 c. Cinq pour 100, jouiss. du 22 mars, ouvert à 103 fr. 00 c. et fermé à 103 fr. 50-c. Actions de la Banque.

1765 fr. 00 c.

IMPRIMERIE D'AU. LE CLERE ET COMP

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JEUDI 9 MAI 1833.

(N° 2099

Sur le cours de M. l'abbé Frere en Sorbonne.

DE L'HOMME, (Suite.) - L'ame unie au corps; nature, cxcellence de cette union. (Leçon du 14 février.)

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Après avoir étudié l'origine et l'organisation du corps humain, nous devons aujourd'hui examiner en quoi consiste l'union de l'ame avec le corps, et, par suite, de quelle manière l'ame le régit question importante, téméraire même, si elle avoit pour but l'audacieux désir de pénétrer un secret que Dieu seul se réserve; mystère dont le voile ne sera déchiré que dans le séjour de toute lumière. Loin de nous done la prétention de découvrir comment l'ame est unie au corps! Qu'il nous suffise de constater comment nous apercevons sa présence, son existence dans le corps organisé. Pour cette fin, rappelons-nous l'idée que nous révèlent les livres saints de l'esprit divin: Qui vivit in æternum spiritus est. Celui-là seul qui vit, à qui l'ètre est en propre, qui a toujours été, est esprit. Rappelons-nous encore que, d'après une déduction rigoureuse de principes, nous avons établi que tout être qui commence n'est pas éternel, que l'être qui existe par lui-même a des caractères, des propriétés qui ne conviennent qu'à lui, tellement que tout ce que nous apercevrons n'avoir pas ces caractères ne sera point l'être nécessaire. Hé bien! la rigueur des raisonnemens exige qu'il n'y ait qu'un seul être nécessaire, et que cet être nécessaire soit esprit. Deus spiritus est: esprit, c'est-à-dire un être simple, mais doué de propriétés qui lui sont propres, propriété de posséder, de connoitre, de vouloir : voilà tout ce que vous voyez dans un esprit, être simple qui échappe à toute perception des sens! Or, l'être éternel, l'esprit incréé et créateur, comment a-t-il agi pour produire un être sensible, cet univers qui frappe nos sens? Dixit, omnia quæcumque voluit fecit. Telle est l'action de cet esprit, il veut. Dixit, mandavit. Or, cet acte de vouloir n'a rien de sensible; il est esprit comme le principe d'où il émane, et cependant il produit des êtres sensibles, étendus; un seul acte de cette volonté divine se produit au dehors: Fiat lux, et les

Tome LXXVI. L'Ami de la Religion.

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