Images de page
PDF
ePub

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Il est décidé qu'on ne peut plus se passer des jésuites en France. Quand on n'en a pas, on en fait plutôt que d'y renoncer. A force d'aller à la recherche, les patriotes de juillet en ont retrouvé un bon nombre, qui avoit échappé à leur attention sous le règne de Montrouge et de Saint-Acheul : ce sont les jésuites de la quasi-légitimité, autrement nommés jésuites-doctrinaires. Ces derniers sont de la pire espèce; et, si on vouloit écouter les patriotes, ils seroient gens à reprendre les anciens. Oui, les anciens; ceux qu'ils appellent les jésuites de la légitimité. Ils n'hésitent pas à déclarer qu'ils valoient infiniment mieux que les nouveaux. Le fait est qu'ils paroissent au désespoir du mauvais marché qu'ils ont fait avec les révérends pères de la doctrine, et qu'ils ne savent à quels moyens recourir pour se débarrasser d'eux. Jésuites pour jésuites, ils conviennent que les premiers n'approchoient pas des autres pour l'ambition, la soif du pouvoir et la cupidité. Enfin, les jésuites doctrinaires sont tout ce qu'ils connoissent de pire. Ils pourroient ajouter qu'ils ne connoissent pas de régime płus cher que le leur, et que les budgets de Montrouge n'étoient rien en comparaison de ceux du gouvernement à bon marché.

de

Le glorieux anniversaire qui s'approche ramène le vieux rêve des amnisties. Mais la manière dont on en parle dans les journaux ne nous paroit pas voir inspirer une grande confiance. En effet, ce n'est pas aux ministres qu'on altribue cette bonne pensée; au contraire, on annonce qu'ils ne la goûtent pas, et que, si on les écoute, il n'y a rien à espérer. Mais, en revanche, on nous assure que les constitutionnels marquans de la chambre des pairs conseillent les amnisties. Si bien que les gens qui veulent sont précisément ceux qui n'y peuvent rien, et que les gens qui pourroient sont ceux qui ne veulent point, A cela vous direz peut-être que ce n'est guère la peine de mettre l'affaire sur le tapis. Pardonnez-moi. Les journaux, qui éveillent l'attention publique là-dessus, ont leurs raisons et leur but: c'est de vous donner à entendre que, si l'on substituoit leurs constitutionnels marquans qui sont pour les amnisties, aux miniзtres actuels qui sont contre, la grande difficulté seroit levée, et que la chose ne tiendroit plus à rien. C'est évidemment une popularité qui cherche à s'établir sur des ruines, et qui, probablement, ne tiendroit pas ensuite mieux que les autres les promesses qu'on nous fait de sa part. A la place des ministres, il y auroit un bien bon moyen d'attraper les constitutionnels marquans, qui se font ainsi recommander aux dépens d'autrui; ce seroit de leur souffler bien vite leur projet d'amnistie, en le réalisant avant eux, et de ne pas les laisser jouir davantage de la popularité qu'ils s'en promettent.

- M. Dupont des Loges, ancien premier président de la cour royale de Renues, est mort dans cette ville le 24 juin. Peu d'hommes ont acquis une estime plus générale et mieux méritée, et tous les partis rendent en ce moment hommage à sa

mémoire. M. Pierre-Louis Dupont des Loges étoit d'une famille parlementaire, et entra à dix-neuf ans dans la magistrature. Jeune conseiller, il se distinguoit déjà pär sa maturité et sa piété. Nommé sous la restauration président de chambre, puis premier président de la cour royale, il étoit dévoué à tous les devoirs de sa place. Député à la chambre de 1815, il y vota avec la majorité. Il se tint à l'écart pendant les cent-jours, et il a cessé de siéger en 1830. On l'a entendu se féliciter de pouvoir consacrer à Dieu seul ses dernières années; cependant les pauvres avoient aussi une partie de son temps: on l'avoit toujours va zélé pour les bonnes œuvres. Membre du conseil-général et du conseil municipal de Rennes, c'est à lui qu'on dut la rentrée des Sœurs de la Charité dans les hospices. Son bonheur étoit de visiter et d'assister les malheureux; il faisoit le bien saus ostentation, mais aussi sans respect humain; la charité chrétienne animoit toutes ses actions. La courte maladie qui l'a enlevé, et qui ne présentoit d'abord rien d'inquiétant, ne l'a cependant point surpris; elle le trouva prêt à paroître devant Dieu. Il reçut les sacremens avec de vives marques de foi, et, ce qui étoit touchant, c'étoit de voir le plus jeune de ses fils, qui est prêtre et qui se montre digne de cette vocation, lui administrer les secours de la religion. M. Dupont des Loges avoit demandé à être enterré dans le cimetière de sa paroisse de campagne, et il y a été porté, en effet, au milieu de signes de la douleur publique. A Reunes, où un service fut célébré dans l'église Saint-Sauveur, grand nombre d'ecclésiastiques et de personnes de toutes les classes, honorèrent sa mémoire par leur concours. A La Mézière, où on se rendit ensuite, le recteur paya un tribut d'hommages à la vertu du défunt, et on a vu avec plaisir l'Auxiliaire breton, journal libéral, oublier les divisions d'opinions pour louer le religieux et honorable magistrat.

[ocr errors]

M. Henri de Bastard-d'Estang est nommé conseiller à la cour royale de Paris, en remplacement de M. Lechanteur, décédé. M. Montsarrat, substitut du procureur du Roi, est nommé substitut du procureur-général près la même cour, et est remplacé par M. Poinsot. M. Teulon, député, est nommé conseiller à la cour royale de Poitiers. M. Cadet-Gassicourt, procureur du Roi à Bar-sur-Seine, passe à Troyes. MM. Peltereau - Villeneuve et de Ramfreville sont nommés procureurs du Roi à Bar-sur-Seine et à Pont-Audemer. M. Delzers, avocat à Montpellier, devient président du tribunal d'Espalion (Aveyron).

M. Hunout, garde national, qui a eu la jambe fracassée dans les journées des 5 et 6 juin, vient d'être nommé conseiller référendaire de seconde classe à la cour des comptes.

La loi sur l'expropriation pour cause d'utilité publique a été sanctionnée le de ce mois.

- Le Constitutionnel et d'autres feuilles assuroient qu'il y auroit enfin une amnistie à l'occasion de l'anniversaire de la révolution de juillet. Le Journal de Paris, organe de la majorité du cabinet, s'empresse d'ôter tout espoir à cet égard.

Le maréchal Soult est parti, le 7, pour les eaux du Mont-d'Or. Pendant

son absence, le général H. Sébastiani, membre du conseil des ministres, est chargé de son portefeuille.

-

On a fixé au 23 juillet l'adjudication des travaux des deux entrepôts de Paris, afin que la pose de la première pierre fasse partie des cérémonies du 29 juillet. Quant à la statue de Buonaparte sur la colonne de la place Vendôme, on se håte d'en achever l'érection, pour que l'inauguration ne coïncide pas avec cet anniversaire.

[ocr errors]

On va établir pour les fêtes de juillet, sur le port d'Orsay, devant le palais de la Légion d'Honneur, un modèle de vaisseau de guerre à trois ponts, destiné, dit-on, à recevoir 130 pièces de canon. Ce bâtiment, qui sera fixé sur pilotis, aura 800 pieds de long, 150 de hauteur, y compris la mâture, et sera muni de tous les agrès d'un vaisseau de ligne: 200 ouvriers sont occupés depuis quelques jours à cette construction, et des marins en préparent le gréement.

- M. le ministre des affaires étrangères a reçu, de la part des cours de Naples et de Sardaigne, notification de la protestation faite par les ambassadeurs de ces deux puissances à Madrid, contre le changement apporté par le gouvernement espagnol à la loi salique, et contre la tenue des cortès actuelles, ayant pour objet la prestation de serment à la fille aînée du roi Ferdinand. M. de Broglie, dans une lettre en réponse à cette communication, a déclaré qu'il ne la recevoit qu'à titre de document.

L'Académie des inscriptions et belles-lettres a décidé qu'une commission choisie dans son sein s'occuperoit de recueillir et de publier tous les historiens, soit de l'Orient, soit de l'Occident, qui ont décrit les guerres des croisades. Cette académie se propose de compléter ainsi la grande collection des historiens de France, dont la continuation lui est coufiée. La commission a été composée de MM. Hase, Et. Quatremère, Reynaud, Guérard et A. Beugnot.

--

Le Collège de France est appelé à délibérer sur les titres des candidats qui se présentent pour y remplacer M. Andrieux à la chaire de littérature française, et M. Say à la chaire d'économie politique. Il n'y a que deux candidats pour la première, M. Ampère fils, et M. Dubois (de la Loire-Inférieure), député et inspecteur de l'université. Trois candidats sont sur les rangs pour succéder à M. Say; ce sont M. Chevalier, M. Rossi, professeur de droit romain et membre du conseil représentatif de Genève; et M. Ch. Comte, député, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences morales et politiques.

-Le ministère du commerce et des travaux publics a décerné une médaille eu or à M. l'abbé Jouy, curé de Pépieux (Landes), qui, malgré son âge, a affronté les plus grands dangers pour arrêter les progrès d'un incendie survenu dans cette commune. Monté le premier sur le comble de l'édifice embrasé, pour porter des secours, il ne l'a quitté que le dernier. C'est le conseil municipal qui avoit sollicité cette récompense par l'organe du maire.

L'affaire relative au legs du château d'Ecouen, par le prince de Condé, a

été plaidée le 9 à la cour royale. M. Lavaux a insisté pour que la dame de Feuchères fût mise en possession de ce domaine, en annonçant qu'elle présenteroit, pour la fondation de l'établissement, un plan qui pût concilier les convenances politiques avec la volonté du prince. M. Dupin jeune, dans l'intérêt du duc d'Aumale, à qui le bien reviendroit par une conséquence de la décision du conseil d'Etat, s'en est rapporté à la justice. M. Delapalme, avocat-général, a conclu à la confirmation du jugement du tribunal de première instance, en soutenant que le bien en question ne pouvoit plus être remis à la réclamante : il a d'ailleurs approuvé les motifs de la décision du conseil d'Etat. La cause a été remise à mardi prochain pour le prononcé de l'arrêt.

On a arrêté, le 9 au matin, M. l'abbé Pulawski, Folonais, et l'on a saisi tous ses papiers. En même temps, quelques autres Polonais, la plupart hommes de lettres, J. Czinski, Zakizewski et autres, ont reçu l'ordre de quitter Paris.

Le Rénovateur breton et vendéen vient de succomber sous d'énormes condamnations. On étoit déjà parvenu à tuer, à Nantes, l'Ami de l'Ordre, qui défendoit également le parti de la légitimité. Espérons qu'un nouveau journal de cette couleur ne se fera pas attendre dans une ville telle que Nantes.

[ocr errors]

M. Biraud, gérant du Vendéen, a été condamné par défaut à la cour d'assises des Deux-Sèvres, à six mois de prison et 500 fr. d'amende, pour des réflexions sur la rigueur de l'état de siége.

M. Poulin de la Vincendière, qui avoit été condamné par contumace à la peine de mort, est mort le 2 juillet, à Nantes, dans une maison où il se tenoit caché depuis le commencement de juin 1832. *

[ocr errors]

Les journaux royalistes de l'Ouest ayant donné le relevé de toutes les violences commises sous l'état de siége, le Breton, journal patriote de Nantes, s'est avisé de faire une nomenclature de méfaits qu'il attribue aux chouans; inutile de dire que cette liste est pleine d'exagérations et même de faussetés. Déjà le maire de la Jumellière a écrit à cette feuille pour démentir des excès et des menaces auxquels se seroient livrés les Vendéens dans l'arrondissement de Chollet. Le Breton avait été jusqu'à dire que l'on avoit attaché un caporal à un arbre et qu'on lui avoit fait subir une horrible mutilation. L'Ami de la Charte lui-même répond que c'est le militaire qui, dans un accès de manie, s'est mutilé de la sorte.

Des maires, des conseillers et des électeurs municipaux de plusieurs communes de l'arrondissement de Vitré, n'ont point voulu jusqu'ici prêter serment au Roi actuel; tous les moyens ont été pris pour les y contraindre. Sous l'état de siége, on a été jusqu'à les menacer d'arrestation; aujourd'hui, le sous-préfet de Vitré s'avise d'écrire circulairement aux maires de sa juridiction, que, si l'on se refuse encore a serment, il proposera au gouvernement de supprimer les communes récalcitrantes, et qu'en attendant il fera porter les registres de l'état civil dans les communes soumises, pour y être tenus aux frais des autres.

Il règne en ce moment, dans presque toute la France, une épizootie sur les vaches. On porte le nombre de celles qui sont mortes à plus de 20,000. La ferme du Raincy, qui appartient à Louis-Philippe, en a perdu un grand nombre.

- Par suite d'une émente qui a eu lieu à Quérieux (Somme), le maire de cette commune a donné sa démission.

Dans la soirée du dimanche 30 juin, un Espagnol a été assassiné à coups de coutean auprès de Pau par trois de ses compatriotes réfugiés. Ce malheureux a survécu peu de temps à ses blessures. Deux des meurtriers sont arrêtés. On croit que ce crime est un assassinat politique comme celui de Rodez.

Quelques désordres se sont manifestés dans plusieurs ateliers de passementerie de Saint-Etienne (Loire). Des chefs d'atelier ont été menacés. La justice s'occupe de cette affaire.

-

Le gouvernement n'a point, comme on s'y attendoit, pris des mesures pour faire continuer l'exploitation des mines de houille du Creuzot, dont l'administration vient de faire faillite Les agens provisoires de cette faillite ont essayé seulcment d'obtenir, des principaux intéressés, les fonds nécessaires pour payer les ouvriers et maintenir l'usine en activité; mais ils ont échoué par suite, notamment, de l'opposition de M. Aguado. Les ouvriers, à qui l'on doit le salaire des mois de mai et de juin, ont voulu se porter à des excès envers ces agens à leur retour au Creuzot. Ils les ont tenu cernés, et ont fait entendre quelque temps contre eux des cris de mort. L'autorité a envoyé sur-le-champ un bataillon d'infanterie sur des lieux et un autre à Autun. Lorsqu'on apprit ces circonstances à Paris, M. L. Vassal, juge-commissaire de la faillite, permit de vendre pour 60,000 francs de marchandises pour distribuer aux ouvriers et obtenir la liberté des agens retenus en otage.

[ocr errors]

Il va être formé pour le service de don Pédro une légion polonaise, dont le maximum s'élèvera, s'il est possible, à 3,200 hommes. Les officiers et sous-officiers serout polonais; mais on recevra parmi les soldats des Français et des Allemands.

La corvette de don Pédro, l'Eugénie, qui alloit rejoindre l'expé·lition des Algarves, a été capturée par un bâtiment de don Miguel. L'Eugénie avoit arboré un pavillon britannique, et l'équipage avoit essayé de se faire passer pour anglais; mais ces subterfuges n'ont pas eu de succès. On a saisi dans cette corvette des papiers, et l'on a recueilli des prisonniers des révélatious qui ne sout pas saus importance dans l'état des choses.

La question du paiement des frais de la campagne des Français en Belgique a été agitée de nouveau le 5 juillet au sénat belge. MM. Dubois et Vilaiu XIV ont soutenu que les frais de logement même devoient être remboursés par la France. Le ministre de la guerre a répondu que l'on nous réclameroit ces frais, attendu que l'intendant-général de l'armée avoit souscrit un acte par lequel la France consentoit à se charger de toutes les prestations en nature.

« PrécédentContinuer »