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on vit le dégat, la surprise et l'indignation furent gravées dans toutes les classes. L'autorité ne resta point indifférente; elle ordonna une enquête, et on apprit que trois hommes avoient été vus rôdant la nuit dans les rues. La nuit suivante, de's patrouilles parcoururent les divers quartiers; en même temps on s'empressa de faire disparoître les traces de cette brutale impiété. Dès le soir même de nouvelles statues remplaçoient les anciennes, et les niches étoient ornées de cierges qui brûloient en l'honneur de Marie. La foule se pressoit dans les rues pour jouir de ce spectacle. Les habitans firent éclater dans cette occasion les mêmes sentimens religieux qu'il y a deux ans au sujet d'une croix qui avoit été sciée pendant la nuit. Le préfet publia une proclamation pour apaiser l'indignation publique. Les débris de la croix, qui avoient été jetés dans la rivière, furent retrouvés près la porte d'un moulin; et un de ceux que la voix publique accusoit de cet attentat, se noya peu après au même endroit.

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A Etampes, comme dans plusieurs autres villes, le conseil municipal, qui se prétend l'organe des voeux de la population, a supprimé l'allocation des Frères des écoles chrétiennes; mais les habitans qui apprécient leurs services les maintiennent par souscription, et l'affluence des écoliers est telle que le local ne peut suffire pour les contenir tous. Ce n'est pas là ce qui nous étonne; ce qui est assez remarquable, c'est que par une suite de l'espèce de neutralité du gouvernement, plus sage en ce point du moins que nos esprits forts, municipaux et autres, les Frères se trouvent admis au concours avec les autres instituteurs primaires pour les récompenses qu'accorde l'autorité, et de plus la palme reste à ces mêmes Frères que l'aveuglement dédaigne et que la passion proscrit. Sur le rapport du comité cantonnal d'instruction primaire, une médaille en bronze vient d'être décernée à l'école des Frères d'Etampes; elle a été remise la semaine dernière au pieux directeur en séance du comité, par un inspecteur de l'Université en tournée. Cet hom mage est à la fois consolant et encourageant pour ces excellens laïques qui en tant de lieux soutiennent si persévéramment l'éducation chrétienne. Ils auront sans doute grand plaisir d'apprendre le triomphe des Frères.

-Le dimanche de Pâques, trois protestantes firent abjuration à Albany, diocèse de New-Yorck, aux Etats-Unis. Ces protestantes sont mistriss Wilcox, miss Squires et miss Hélène Clarke. Ces dames, d'un esprit cultivé, connoissoient très-bien les doctrines de l'église protestante où elles avoient été élevées, et ce n'est qu'après une mûre délibération qu'elles y ont renoncé. Beaucoup de protestans assistoient à la cérémonie de leur abju

ration.

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des Birmans, à 30 milles de Dibayen, cinq petits villages, distans les uns des autres de 4 à 10 milles, dont les habitans sont cathoJiques. Ces villages sont ceux de Moun-tha, Khyoung-yo, Khyanta-Woowa, Khyoung-oo et Nga-Beck, qui ont en tout 175 maisons et environ 960 habitans, presque tous catholiques. Ils avoient été dirigés jusqu'ici par le père José, missionnaire, dont le vrai nom étoit Joseph Amato, mort au commencement de 1832. Il a été remplacé par les pères Antoine Ricca et Dominique Tarali, récemment arrivés de Rome. Il y a encore un autre village, mais très-peu peuplé; c'est Mengalagoura, près Ava, que José visitoit tous les ans vers Pâque, on prétend que les habitans de ces villages descendent de Français et autres prisonniers qu'Alompra enleva en 1756, à Syriam, dans le royaume de Pégu, et qu'il établit daus cette partie du territoire birman; d'autres supposent qu'ils proviennent d'un naufrage qui eut lieu sur la côte d'Arracan. Outre les catholiques d'Ava et de Dibayen, ou en compte environ 260 à Rangoon, sous la direction du père Ignace. Un autre missionnaire catholique, arrivé aussi de Rome depuis peu, avec Frédéric Cao, évêque d'Ara, réside actuellement à Moulinein. Nous ne savons ce que veut dire le Journal Asiatique avec cet évêque d'Ava. Il n'y a point d'évêque catholique d'Ava; peut-être est-ce un vicaire apostolique envoyé par la Propagande.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. On dit que les royalistes sont tout en moi du bruit d'un changement Jans l'éducation de M. le duc de Bordeaux. Il se répand que M. Barande, qui étoit chargé de l'instruction du jeune prince, a cessé ses fonctions, et out nomme même ceux qui le remplaceroient. L'une et l'autre mesure sout dans quelques salons le sujet de plaintes amères et de critiques fort vives. Il nous semble que ces plaintes et ces critiques sont un peu précipitées; d'abord, il faudroit s'assurer si la chose est bien vraie, et ensuite, avant de blâmer, il faudroit savoir les raisons qui ont motivé le départ de l'instituteur du prince. On n'est point dispeasé envers les princes de la règle de justice générale, qui veut qu'on ue condamne persoutie sans l'entendre.

Nous ignorons ce que les écrivains de l'opposition révolutionnaire peuvent se promettre du fracas de menaces qu'ils s'amusent à faire retentir aux oreilles du pouvoir. Mais il est probable que par-là ils contribuent à maintenir le système de rigueur dont ils se plaignent, et que tout ce vinaigre n'est pas ce qu'il y a de mieux pour l'adoucir. Tout cela ne sert qu'à produire l'irritation et à étouffer les velléités de bien sur lesquelles il pourroit être permis de compter. I nons semble que, de la part de ceux qui se laissent aller à ces débordemens d'impatience ou de colère, c'est très mal entendre les intérêts de leurs propres amis ; et, si les malheureux détenus politiques de tous les partis, qui gémissent dans

les prisons, étoient consultés sur ce point, nous ne doutons pas que le langage de la modération ne leur parût préférable à celui de la violence. Ils connoissent Je proverbe qui indique la manière de prendre les mouches ; et, en y réfléchissant bien, c'est aussi la seule méthode qui soit bonne pour prendre des amnisties.

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En vérité, les patriotes de juillet sont des gens bien difficiles! Ce sont eux qui pleurent et gémissent le plus. S'ils ont tant à se plaindre de leur lot, après l'avoir choisi eux-mêmes, et fait celui des autres comme bon leur a semblé, qu'ï's jugent du sort de leurs vaincus! Mais c'est ce qu'ils ne veulent pas comprendre. Ils ne savent compter que ce qui leur manque. Ce mois de juillet, qui ne devroit leur retracer que des souvenirs de gloire, des contentemens et de riantes images, ne leur envoie au contraire que des réflexions tristes, des regrets et des idées. noires. On les entend à la journée se demander les uns aux autres ce qu'ils ont gagné. Un aide-de-camp de Louis-Philippe, M. de Laborde, leur répond qu'ils ont gagné un roi habile. La belle avance, disent les patriotes, s'il n'est habile que pour lui, et si, dans le marché que nous avons fait, c'est nous qui sommes, les dupes! En dernière analyse, nos bons amis, les vainqueurs de juillet ne sont pas contens, et il paroît qu'un roi habile ne suffit point à leur bonlieur. Or, s'ils en sout déjà là au troisième anniversaire des glorieuses journées, que dirontils l'année prochaine, lorsqu'on n'aura plus ni monument de la Bastille, 'ni statue de Bonaparte à leur donner? Quant aux vaincus, ils sont véritablement plus heureux que les vainqueurs. Ils n'ont jamais eu d'illusions à dissiper, jamais rien à changer à leur premier compte. Eufin, ils ne sont point exposés à éprouver de ces joies rentrées qui font quelquefois souffrir les autres si cruellement.

Il paroît que le gouvernement veut, cette année, célébrer avec beaucoup de pompe l'anniversaire de la révolution qui lui a donné naissance. Les dépenses ne seront pas épargnées, et l'on ne craindra plus que les patriotes reprochent de l'indifférence pour cette grande époque. Ou ne se boruera p-s à un seul jour de fête. Le vaisseau de ligne que l'on construit sur la Seine, et qui coûtera 120,000 francs pour ne servir que ces trois jours, prendra, le premier jour, les signes de deuil, comme pour la mort d'un amiral; le second, il sera pavoisé aux, couleurs de toutes les nations; et, le troisième, il sera le but d'une attaque terminée par un fen d'artifice. Toutes les manœuvres seront exécutées par des marins. appelés de nos ports. Au moment où l'on tirera le feu d'artifice, trois globes énormes, disposés au terre plain du Pont-Neuf, serout illuminés avec les inscriptions 27, 28, 29. Il sera consacré 700,000 francs pour les divertissemens et les illuminations des Champs Elysées. On élèvera sur la place de la Concorde, où devoit être placée la statue de Louis XVI, l'effigie en toile de l'obélisque de Luxor, qui n'a pu encore parvenir à Paris. Enfin, il y aura revue générale, po e solennelle de la première pierre des deux entrepôts du commerce colonial et d'autres établissemens, et inauguration de la statue de Buonaparte, que l'on s'est dċ

terminé à faire ce jour, et au pied de laquelle viendra jouer la musique de tous les régimens.

Comme le projet de loi sur les pensionnaires de la caisse de vétérance de l'ancienne liste civile n'a pas encore été voté à la dernière session, une ordonnance autorise l'aliénation de 20,000 fr. de rente, 5 pour 100, à prendre sur l'inscription de 155,196 fr. appartenant à la dite caisse, pour en distribuer aux pensionnaires le produit en secours, qui ne pourront excéder le montant d'un sémestre de la pension ni la somme de 1,500 fr.

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M. le duc de Bassano, président de la commission chargée de la distribution des 530,000 fr. votés pour les pensionnaires de l'ancienne liste civile et les condamnés politiques de la restauration, vient d'inviter les pensionnaires à lui adresser leur réclamation, et d'y joindre un certificat d'indigence, dont il donne le modèle.

Une ordouuance du 5 juillet charge M. de Boubers, maître des requêtes, secrétaire général du ministère des finances, de certifier la garantie du gouvernement français sur les obligations de l'emprunt grec.

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MM. Begant et Privat sont nonimés conseillers aux cours royales de Douai et Nimes. M. Anthouard est nommé président du tribunal du Vigan ( Gard ). M. Lesca, procureur du Roi à Bayonne, passe à Louviers, et est remplacé par M. Maurice. M. Mauge-du-Bois des Entes, est nommé procureur du Roi à Pithiviers.

- Au second tour de scrutin, M. Hovius, maire de Saint-Malo, et candidat de l'opposition, a été élu député. Il a obtenu 107 voix, et le candidat ministėriel, M. Tupinier, 76.

Le général Guilleminot a refusé la présidence de la commission d'enquête sur Alger.

A la suite d'une longue perquisition on a saisi, chez M. Eug. Lhéritier, un manuscrit non encore terminé sur l'Histoire de France.

On a fait, le 11, des perquisitions dans les cabinets littéraires, pour saisir différens écrits politiques. Une visite domiciliaire a eu lieu aussi chez M. Sarrans jeune.

Nous rappelons qu'il y aura mercredi prochain 17, une éclipse de soleil visible en France et dans une grande partie de l'Europe. A Paris, elle commencera à 5 h. 11 m. du matin, et finira à 6 h. 53 m.; sa grandeur sera de 8 doigts, ou des deux tiers du disque solaire, à 6 h. 2 m.

M. Thiers, ministre des travaux publics, accompagné de M. Edmond Blanc, secrétaire - général, est monté le 11 sur la colonne de la place Vendôme, pour visiter les dispositions assez difficiles qui ont été faites pour la pose de la statue de Buonaparte.

M. Cronam, négociant, et consul-honoraire de France à Belem, près de

Para, au Brésil, vient d'être nommé chevalier de la Légion-d'Honneur, en récompense de sa conduite pendant les scènes de désordre dont cette ville à été le théâtre les 16, 17 et 18 avril.

C'est le navire marchand, l'Etoile de la mer, venant de l'île Bourbon à Marseille, qui a rencontré le 26 juin, à cinq lieues de Carthagène, la corvette, l'Agathe, ayant à bord madame la duchesse de Berry. Le commandant de la corvelte a déclaré au capitaine de l'Etoile que tout le monde se portoit bien sur son bâtiment.

Madame de Damas, mère du gouverneur de M. le duc de Bordeaux, vient de mourir en Bretagne.

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M. le comte Frottier de Bagneux, ancien préfet de Maine-et-Loire, vient de se constituer prisonnier à Bourbon-Vendée, pour y être jugé sur les délits politiques qui lui sont imputés. Pour l'y contraindre, on avoit séquestré ses biens, et refusé de le juger par contumace comme les autres prévenus.

Un orage a renversé le 16 juin l'arbre de la liberté qui avoit été élevé à Maurs (Cantal). On ne songe pas à le relever.

Le Journal des Débats cite un fait qui donne une preuve des inconvéniens de confier aux officiers municipaux des campagnes, surtout dans certaines provinces, la tenue des registres de l'état civil. Il ne se passe pas de semaine, dit-il, que le tribunal civil de Brest ne soit appelé à rectifier des actes de l'état civil dressés dans les communes rurales. Dernièrement, il s'agissoit d'une fille appelée pour le prochain tirage de la conscription; l'acte de naissance présentoit,, à l'égard du sexe, un sens inintelligible. A l'audience suivante, un jeune homme qui avoit été représenté comme étant du sexe féminin, réclamoit contre la rédaction de l'acte.

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- On avoit organisé à Strasbourg un charivari pour M. Saglio. En vain l'autorité avoit fait mettre sur pied des troupes depuis quatre jours. Le 7, à midi, quatre voitures remplies des instrumens nécessaires, et conduites par un grand nombre de jeunes gens, sont arrivées dans la ville pour cette manœuvre. La force armée a dispersé ces turbulens. Le soir, les exécuteurs du charivari sont revenus à la charge, et ils sont parvenus à commencer leur musique. Les patrouilles ont fait cesser le désordre; un coup de feu a été tiré dans la mêlée. M. Saglio s'est empressé de se réfugier à la campagne.

Le gouvernement a envoyé aux mines du Crenzot M. Beaunier, inspecteurgénéral des ponts-et-chaussées.

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Le ministre du commerce et des travaux publics a décerné une médaille d'argent au sous-officier polonais Blembocki, en dépôt à Bourges, pour avoir sauvé, le 4 mai, un militaire français qui se noyoit.

L'Indicateur, de Bordeaux, annonce que deux ministres viennent d'expédier plusieurs circulaires pour recommander administrativement les journaux rédigés sous l'influence des fonds secrets.

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