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vint leur administrer le Sacrement. La cérémonie, qui avoit com mencé à neuf heures et demie, ne finit qu'à trois heures. Malgré l'affluence, l'ordre ne fut aucunement troublé, et au dehors comme au dedans la religion se vit partout entourée d'hommages. Le soir, il y eut un grand salut à Saint-Pierre; soixante-dix musiciens de l'école de cavalerie exécutèrent plusieurs morceaux composés exprès. Dans le nombre étoient cinquante élèvestrompettes qui avoient fait leur première communion le matin et avoient été confirmés. On a été édifié de leur bonne tenue. Le lendemain, M. l'évêque ayant parcouru à pied plusieurs quartiers de la ville rencontra partout des témoignages de respect. L'aspect qu'a présenté Saumur pendant ces deux jours est un nouveau démenti donné à ceux qui prétendent que la religion a perdu toute son influence sur l'esprit du peuple.

On a reçu à l'île Bourbon la confirmation de la nouvelle de la mort de M. l'abbé de Solages, préfet apostolique de la colonie. C'est le 8 décembre qu'il est mort à Tamatave, dans l'île de Madagascar; et le gouverneur du pays, en annonçant cette nouvelle au gouverneur de l'île Bourbon, lui a envoyé les effets du défunt, L'ardeur du zèle de M. de Solages lui avoit suscité à Bourbon des contradictions qui avoient nui au succès de son ministère. On espère que le bon accord va être rétabli. La colonie manque de prêtres, et il est à désirer que l'on puisse en envoyer prochainement. Le séminaire du Saint-Esprit, qui est chargé de fournir aux besoins de nos colonies, y a envoyé douze sujets depuis la révolution de juillet, quoiqu'on lui ait retiré tous les secours qu'il recevoit du ministère de la marine. Il se dispose en ce moment à faire partir cinq missionnaires pour diverses colonies.

Dans la nuit da 18 avril on est entré dans la cathédrale de Baltimore, et on y a volé trois grands chandeliers de bronze doré, douze autres d'argent plaqué, quatre petits, deux crucifix d'argent plaqué et un petit reliquaire d'argent. Les grands chandeliers ont été enlevés par morceaux, après les avoir dévissés. Les trustees ou marguilliers de l'église, ont fait publier dans les journaux qu'ils donneroient une récompense de cent dollars, moitié pour faire prendre le voleur, moitié pour recouvrer les objets volés. Il est encore heureux que les vases sacrés n'aient point été pris. Il y a lieu de croire que les voleurs n'ont pu pénétrer dans la sacristie.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Les journaux continuent à disserter sur ce qui s'est passé en dernier lieu à Prague. Quelques-uns nient la nouvelle du remplacement de M. Barande, quoiqu'il paroisse que, si M. Barande est encore à Prague, il n'est plus auprès du

jeune prince; la mesure qui vient d'être prise étoit projetée depuis plusieurs mois. Il seroit assez étrange qu'à 300 lieues de Prague on voulût condamner ce qui a été fait, sans connoître rien des motifs qui ont pu déterminer la famille exilée. Il seroit assez étrange qu'on voulût lui dicter des choix, non- seulement sur les affaires de la politique, mais sår des choses d'intérieur et de famille. Il seroit assez plaisant qu'on lui dît implicitement : « Nous ne voulons point que vous retiriez votre confiance à cet instituteur, parce qu'il a la nôtre, ni que vous la donniez à un autre, parce qu'il nous est suspect. » Quelques-uns se flattent que madame la duchesse de Berry fera changer la détermination. Mais il a toujours été d'usage, dans la famille royale de France, que ce fût le chef de la famille qui présidât à l'éducation de l'héritier présomptif. Ainsi, ce fut Charles X qui nomma, il y a quelques années, les trois gouverneurs et le précepteur du jeune prince. Charles X, en abdiquant comme roi, n'a pas abdiqué ses droits de père. Madame la duchesse de Berry, qui est éloignée de ses enfans depuis deux ans, ne peut connoître parfaitement tout ce qui a pu se passer à Pragué dans cet intervale, et il est à croire qu'à la distance où elle se trouve, toute sorte de raisons la porteront à ne point essayer de contrarier ce qui auroit été fait par sa famille.

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Les journaux révolutionnaires ne se lassent pas de dénoncer le clergé de France comme suspect de ne point aimer le nouvel ordre de choses, et de garder une vive rancune au fond du cœur, non-seulement à la révolution, mais à la royauté de juillet. Une chose qui étonne, c'est que les feuilles républicaines ne lui fassent pas grâce du moins de la moitié de cette accusation; car, en vérité, il ne leur convient guère de signaler les autres comme ennemis du gouvernement. Il nous semble que, s'il excite des antipathies, elles en prennent bien leur part, et qu'elles devroient se montrer un peu indulgentes sur ce point. Il est vrai qu'elles sont bien embarrassées. Elles ont deux haines égales à conduire de front; l'une contre la religiou, l'autre contre la royauté. Dans cette position, il faut jouer de ruse, et s'adresser à celle des deux qui est la plus forte, pour lui demander justice de l'autre, en attendant qu'on puisse la faire soi-même de l'ennemi qui restera. La tactique est bonne; mais le clergé est mal choisi pour l'attaque et l'accusation. Outre que sa conduite n'y prête point, ses sentimens présumés n'y prêtent pas non plus. Car pourquoi en voudroit-il tant à la révolution de juillet? Elle n'a fait du bien qu'à lui; elle n'a honoré que lui, élevé que lui. C'est à elle qu'il a l'obligation d'avoir pu se montrer si supérieur aux passions de ce petit monde de boue et de misère, qui périt faute de principes pour le diriger. C'est elle enfin qui a procuré au clergé catholique une nouvelle occasion de s'exercer à la patience, aux vertus et aux souffrances qui font sa force et son élément. Quelles raisons auroit-il donc pour hair ce qui lui fait tant de bien et d'honneur ?

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Nous ne connoissons personue au monde qui ait autant de soucis que le Constitutionnel. Tout est pour lui sujet d'alarmes et de sollicitude. Il ne se passe rien en France, dans la moindre église de village, sans qu'il s'en inquiète

c'est

et en rêve quinze jours. Il veut savoir de quelle manière s'administrent parlout les sacremens et s'enterrent les morts; de quelle couleur sont les bannières des confréries et les chasubles des prêtres qui disent la messe. Dans ce moment, une niche de saint qui l'occupe. Il a découvert dans une paroisse de la Bretagne une ancienne statue de saint Louis, dont les préfets de la révolution de juillet ont négligé de faire enlever le manteau. Or, ce manteau, comme bien vous pensez, se ressent de l'époque où il a été fait. Le règne des trois couleurs n'étoit point encore commencé, et les horribles emblèmes de ce temps-là sont restés sur les épaules du saint. Vous figurez-vous les inquiétudes du Constitutionnel! il déclare qu'il ne dormira pas que tout cela n'ait été barbouillé par un peintre de village. Il tire de là d'ailleurs les conséquences les plus sinistres. Il y voit un commencement d'entreprise du parti-prêtre pour en revenir jusqu'aux missions. Jusqu'aux missions, grand Dieu! autant vaudroit-il annoncer la fin du monde au Constitutionnel.

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Nous avons annoncé la mort de M. le marquis de Lagrange, lieutenantgénéral; nous devons ajouter que cet officier-général est mort dans les plus vifs sentimens de religion. M. François-Adélaïde-Blaise Le Lièvre, marquis de Lagrange, étoit né en 1766, et servit sous le gouvernement impérial. Il perdit un bras à la Guadeloupe, où il a été employé. En 1814, Louis XVIII le nomma capitaine-lieutenant des mousquetaires noirs. M. de Lagrange suivit les princes à Béthune en mars 1815, et y licencia son corps d'après les ordres qu'il reçut. Il ne prit point de service sous Buonaparte, ce qui ne l'empêcha point d'éprouver des désagrémens au second retour du Roi. Mais Louis XVIII lui rendit justice, et le fit gouverneur de la 20 division militaire. M. de Lagrange étoit retiré du service depuis long-temps, et faisoit profession d'attachement à la religiou. Il est mort le 3 juillet en son château de Viarmes (Seine-et-Õise).

- M. Lacoudrais, commissaire général de la marine, maître des requêtes, chef de division au ministère de la marine, est nommé directeur de la comptabilité des fonds et invalides au ministère.

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Le duc d'Elchingen, second fils du maréchal Ney et capitaine au 1" régiment de carabiniers, est nommé officier d'ordonnance du duc d'Orléans.

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- M. Mayet-Térengy est nommé président du tribunal de Bourges, et M. Bazauerye procureur du roi au même siége. M. Raynal est nommé substitut du procureur - général à la cour royale de Bourges. M. Grosbois, substitut à Ségré, y devient procureur du roi.

- Louis-Philippe a visité samedi dernier les travaux de l'église de la Madeleine. Il étoit accompagné de M. Thiers, ministre des travaux publics, et du général Athalin.

Par ordonnance du 12 juillet, Louis - Philippe a sanctionné la décision du conseil-d'état portant qu'il n'y a pas lieu d'accepter la fondation faite par son bienaimé oncle le duc de Bourbon, pour un établissement au château d'Ecouen en

faveur des enfans et descendans des officiers et soldats des armées de Condé et de la Vendée.

M. Delaporte, banquier et fabricant, est nommé adjoint au maire du 5o arrondissement de Paris.

Décidément, trois jours seront consacrés à l'anniversaire de la révolution de juillet, comme en 1831. Le premier est destiné à la mémoire des patriotes qui ont succombé dans l'insurrection. Le 27, on décorera les lieux où ils ont été enterrés; il y aura un service funèbre dans les églises; le vaisseau construit sur la Seine tirerą, en signe de deuil, des coups de canon de quart d'heure en quart d'heure. Le 28, aura lieu la revue de la garde nationale ; le soir, un orchestre de 500 musiciens exécutera des morceaux d'harmonie dans le jardin des Tuileries, et le vaisseau du port d'Orsay sera attaqué par une flotille chargée d'artillerie et de fusées. Le 29, les seize couples mariés et dotés par la ville de Paris seront conviés à un grand banquet, auquel assisteront tous les fonctionnaires et même les miDistres, et ce repas sera suivi d'une fête à laquelle seront invités 2,000 personnes. Dans la journée, il y aura une joûte sur la Seine, et l'on découvrira les deux obélisques provisoires élevés place de la Concorde et au rond-point des ChampsElysées. Le soir, trois mats, élevés sur le terre-plain du Pont-Neuf, porteront les fameuses dates, 27, 28, 29, en illuminations.

La cour de cassation a décidé qu'il n'y a pas d'incompatibilité entre les fonctions d'officier de la garde nationale et celles de membre du conseil municipal.

· La cour royale a réduit à un mois l'emprisonnement de deux mois prononcé contre M. Delisle, pour avoir continué de faire paroître sans cautionnement le Bridoison.

Après une longue instruction, la chambre des mises en accusation de la cour royale a renvoyé devant les assises les sieurs Robert et Bastien, comme auteurs de l'assassinat commis il y a douze ans rue de Vaugirard. La femme Robert a été mise hors de cause.

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M. Sarrans jeune, homme de lettres, vient de déposer au parquet de la cour royale une plainte en abus de pouvoir, violation de domicile et détention en charte privée, contre le commissaire de police Adams qui l'a arrêté, et contre M. Gisquet, préfet de police, qui a décerné le mandat. Par un acte postérieur, M. Sarrans s'est porté partie civile contre ces deux fonctionnaires. L'affaire devra donc suivre son cours devant les tribunaux. Il paroîtroit qu'il y a eu un quiproquo, et que c'est à M. Sarran, écrivain légitimiste, qu'on en vouloit.

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M. le baron de Saint-Clair, qui, après la révolution de juillet, a été condamné à un an de prison pour diffamation, vient d'être arrêté de nouveau.

Le garde-des-sceaux vient d'attacher, à la commission de liquidation de l'ancienne liste civile, dix-huit auditeurs au conseil-d'Etat.

- M. de Rambuteau, préfet de la Seine, s'étant avisé d'aller visiter les fondemens des forts voisins de Paris, a été salué sur son passage par les cris: A bas les

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forts! à bas les bastilles ! Dans une tournée qu'il avoit faite précédemment aux barrières de l'octroi, les cris à bas les droits réunis lui ont été adressés.

-En plusieurs lieux, on voit écrits sur les murs de Paris ces mots, toujours effacés par les agens de police, et toujours reparoissant: Point de Bastilles! Ils ont été crayonnés jusque sur les guérites des Tuileries.

On vient de décharger sur le quai du Louvre 2 ou 300 obus, de huit à neuf pouces de diamètre, provenant des fonderies de Dunkerque, et destinées au château de Vincennes.

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Un rassemblement de cinq à six cents personnes s'est formé rue Duphot dans la matinée du 11 juillet, par suite d'une arrestation. Une jeune personne de dix-sept ans entretenoit des liaisons criminelles avec un employé du ministère des finances. Le père obtint de M. le président Debelleyme, d'après la loi, l'autorisation de la faire placer pendant trois mois dans une maison de correction. Lorsque les agens de l'autorité vinrent la chercher, l'employé entra en fureur, et frappa les agens. Il fallut appeler la garde nationale pour mettre le mandat à exécution. On a arrêté cet individu, ainsi que la jeune fille.

M. Guerin, condamné à cinq ans d'emprisonnement pour l'affaire de la rue des Prouvaires, s'est évadé d'une maison de santé, où il avoit été transféré. M. Faultrier, directeur de cette maison, a été traduit à ce sujet devant le tribunal correctionnel, et il a été condamné à trois jours d'emprisonnement.

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· La Gazette des Tribunaux rapporte qu'au moment où la cour d'assises` des Deux-Sèvres alloit juger les chouans Vié et Gerin, dont la condamnation à mort paroissoit probable, M. le conseiller Delavaut, l'un des membres de la cour s'est retiré ; qu'une sommation lui ayant été faite de reprendre séance, il s'excusa sur l'indisposition de son père, quoique l'on présumât qu'il n'étoit mu que par ses opinions légitimistes; qu'enfin, après une longue indécision, le président fit part aux jurés de ce qui s'étoit passé, et appela un juge pour remplacer M. Delavaut. Les deux accusés ont été condamnés à mort, et le garde-dessceaux a ordonné des poursuites disciplinaires contre M. Delavaut.

Une ordonnance du 21 juin modifie l'organisation du conseil des prud'hommes de la fabrique des étoffes de soie à Lyon. Il y aura neuf membres titulaires et huit suppléans. Ils seront pris moitié parmi les fabricans et moitié parmi les chefs d'atelier.

Le désordre s'est renouvelé le 8 au soir dans la rue qu'habite à Strasbourg M. Saglio, député ministériel. La présence de la garnison et de la garde nationale ont été nécessaires pour rétablir la tranquillité. Après les trois sommations, on a fait des charges et des arrestations. Le préfet s'est rendu lui-même sur le théàtre du désordre, et le maire a publié une proclamation.

Louis-Philippe a donné sur la caisse de son domaine privé 10,000 fr. pour achever la route de Paris à Tréport par Aumale. Cette route établira une coin

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