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munication directe, plus courte et plus facile pour les arrivages de la mer à Paris.

-Un curé des environs de Nevers, dont nous ignorons le nom, s'étoit engagé le 7 du courant dans l'Allier, qu'il croyoit pouvoir passer à gué. Le banc de sable sur lequel il s'avançoit se déroba tout à coup sous ses pieds, et il tomba dans une excavation profonde, creusée par le courant très-rapide en cet endroit. Cet ecclésiastique se noyoit, lorsqu'un marinier qui avoit aperçu să soutane flotter sur l'eau se précipita à son secours ct parvint à le ramener à terré. Le curé reconnoissant voulut donner sa bourse à son libérateur; mais celui-ci la refusa, en lui disant que le petit service qu'il venoit de lui rendre n'étoit rien en comparaison de ceux des prêtres, et qu'il lui demandoit seulement de prier pour les mariniers.

La corvette l'Agathe, ayant à bord madame la duchesse de Berry, a mouillé le 4 juillet sur la rade de Palerme. Tous les passagers étoient en bonne santé. La nouvelle en a été transmise de suite à Toulon par le brick l'Acteon.

On lit dans quelques journaux que M. le comte Hector de Luchesi-Palli est arrivé le 30 juin à Naples, d'où il s'est rendu à Palerme.

· Le bill de juridictions locales, qui introduisoit des améliorations dans l'administration de la justice, a été rejeté à la troisième lecture par la chambre des pairs d'Angleterre à la majorité de 12 voix, au moyen des votes par procuration. Cette décision est regardée comme uu acte d'hostilité prononcée contre le ministère.

Le marquis de Londonderry s'est plaint le 9 juillet, à la chambre des lords, de la prodigalité avec laquelle les ministres puisent dans le trésor public pour faire réussir leurs plans de politique étrangère, sans que l'Angleterre en retire ni profit ni honneur. Il a conclu en demandant un compte détaillé des dépenses publiques et secrètes, faites à ce sujet depuis plusieurs années. Sa motion a été adoptée. Le même jour M. Fergusson a fait à la chambre des communes une motion en faveur des Polonais. Il s'est élevé contre l'indifférence qu'ont montrée pour la Pologne l'Angleterre et la France, et il a demandé que le gouvernement anglais ne souffrît pas que l'empereur de Russie violât le traité de Vienne. Lord Palmerston a rendu justice aux intentions de l'orateur, et n'a combattu la motion que comme étant de nature à compromettre la paix de l'Europe. Il est convenu que les événemens de 1831 n'avoient donné à la Russie aucun droit de s'écarter des stipulations du traité de Vienne, relativement à l'indépendance et à la constitution de la Pologne; mais la conduite de la Russie n'étoit pas un cas de guerre, c'est à quoi le ministre a réduit la question pour l'Angleterre. Après une courte discussion dans laquelle il a été admis, par tous les orateurs, que l'état actuel de la Pologne étoit une violation des traités, la motion a été écartée, d'après les considérations du ministère, à la majorité de 177 contre 95.

On doute plus que jamais de l'adoption du bill de la réforme de l'église irlandaise à la chambre des lords. Ce bill a été combattu vigoureusement, le 11, le duc de Wellington, qui a soutenu que la mesure étoit en opposition directe

par

avec le serment prêté par le roi, lors de son couronnement. Lord Grey a répliqué avec chaleur. La seconde lecture a été ensuite ajournée au 17.

com

Le même jour, M. Bulwer a demandé, à la chambre des communes munication des pièces relatives aux dernières affaires du Levant et à l'intervention des Russes. Il s'est beaucoup élevé contre l'inaction de l'Angleterre dans cette circonstance. Lord Palmerston a avoué que le gouvernement anglais avoit refusé du secours à la Porte ottomane; mais il ignoroit que les événemens marcheroient ensuite aussi vite. Au reste, la Russie donna alors l'assurance qu'elle n'avoit dans son intervention aucun projet d'agrandissement; et, à l'heure qu'il est, les troupes

russes ont évacué le territoire ottoman. Jamais, a ajouté le ministre, on ne souffrira le démembrement de cet empire. M. Bulwer a retiré sa motion d'après l'assurance, donnée par le ministre, que les Russes étoient partis de la Turquie.

- On n'a pas reçu de nouvelles du Portugal depuis celles données par les journaux anglais en faveur de l'expédition pédriste contre Lisbonne. Quatre baleaux à vapeur viennent d'être achetés en Angleterre pour don Miguel. Le premier est parti avec 300 marins recrutés pour ce prince.

- Le général Voirol, commandant en chef, par interim, l'armée d'Afrique, et M. Genty de Bassy, intendant civil de la régence d'Alger, ont pris un arrêté qui réduit à cinq le nombre des juges composant la cour criminelle d'Alger, mais qui exige la majorité de quatre voix pour motiver une condamnation.

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Le général Goblet, ministre des affaires étrangères en Belgique, est parti”“ le za en mission pour Londres. C'est M. de Mérode qui est chargé de son portefeuille pendant son absence.

-Le défaut d'harmonie continue entre la seconde chambre du grand-duché de Bade et le gouverneur de ce pays. Par un rescrit en date du 7 juillet, le grandduc Léopold s'est plaint amèrement de ce que cette chambre avoit converti ́en résolution la motion d'un député tendant à ce qu'on réformât la législation sur la presse. La chambre, après avoir reçu communication du rescrit, a passé tout simplement à l'ordre du jour.

Le navire français le Magellan, du Havre, expédié pour la pêche de la baleine, a naufragé dans la nuit du 11 au 12 janvier dans la baie de Saledad, îlesTM Malouïnes. L'équipage est parvenu à se sauver.

La Liberté, poëme en quatre chants.

On ne sait pourquoi l'auteur de ce petit poëme a cru devoir garder l'anonyme car il est difficile de n'y pas reconnoître la muse originale et spirituelle qui a tant égayé les connoisseurs par ses charmans badinages sur les Grecs et les Romains, et par d'autres productions légères qui ont eu dans le temps un prodigieux succès. Quoi qu'il en soit, respectons son secret, puisqu'il le veut, et contentons-nous de

dire que, dans cette occasion encore, il s'est proposé de dérider le front de ses lecteurs, sauf à les laisser revenir ensuite, comme il l'observe lui-même, à la politique chagrine qui absorbe leurs tristes pensées. « Il sera toujours temps, dit-il, de se remettre à frémir avec la nouvelle littérature, qui nous a enrichis de crimes et d'horreurs de toute espèce, pour nous former l'esprit et le cœur. »

L'auteur a vu naître la liberté, il y a quarante et quelques années, et il l'a constamment` suivie depuis lors dans tous ses développemens. Il raconte de la manière la plus gaie et la plus piquante ce qu'elle lui a rapporté d'agrémens pour sa part, et comment, après l'avoir promené d'accidens en accidens, elle a fini par le conduire sous les verroux de Sainte-Pélagie, où il profite de ses loisirs pour la chanter dans son poëme.

Il l'a classée en quatre époques, qui lui ont fourni chacune un chant. La première comprend les promesses de la révolution de 89, la chute du despotisme et de la Bastille, le règne de la république et de la fraternité. On commença, dit-il, par l'affranchir de ses redevances seigneuriales pour le mettre en goût, et lui monter l'esprit contre les impôts. Ainsi qu'il l'observe, on ne pouvoit mieux s'y prendre que de tomber d'abord sur ces vilaines redevances,

Puisqu'elles montoient quelquefois

A cinq ou six deniers tournois.

Quant à ses autres contributions, on lui annonça qu'un homme libre comme lui ne devoit plus rien aux rats de caves, ni à personne :

Vos vins, libres de tout affront,

Dans nos cités arriveront.

Le sel.... Oh! parbleu, l'onde amère
Vous appartiendra toute entière.

Ainsi le voilà gagné de prime abord, et enchanté de l'ère nouvelle qui s'ouvroit pour lui et pour ses heureux concitoyens. Un jour qu'il dansoit de joie avec eux sur la pelouse de son village, dix gendarmes s'approchent pour lui signifier qu'il ait à les suivre en vertu des lois sur la réquisition. Ils s'emparent de sa personne au nom de la république, qui lui fait déclarer qu'elle a besoin de lui pour la servir sur les frontières. On dit à l'homme libre, après l'avoir délivré des rats de caves et de sa redevance de cinq ou six sous tournois ;

Toute résistance étant vaine,
Acceptez au cou cette chaîne,
Pour voler ainsi garrotté

Au secours de la Liberté.

Notre réquisitionnaire commence à réfléchir et à trouver que tout n'est pas profit dans l'âge d'or où il est entré. Il se surprend à regretter que la Bastille ne soit pas encore debout, et que l'usage de l'onde amère ne lui ait été rendu qu'à se prix. Mais il n'y a point à raisonner; la Liberté est là qui vous le pousse, le

sabre dans les reins, du côté de la Meuse, et il faut absolument dire adieu au elocher.

Toutefois, il s'est assez bien tiré d'affaire jusqu'à la fin de la république. On lui annonce un nouvel ordre de choses; c'est l'empire, et il espère bien que celui-là va réaliser les promesses de liberté qu'on ne cesse de lui faire depuis dix ans. Point du tout; les gendarmes reviennent le mettre en réquisition pour le service du nouveau maître, car il a le malheur d'ètre devenu brave à la guerre, et ce sont précisément des braves qu'ou cherche pour Buonaparte. Il s'avise de vouloir esquiver le service militaire, et d'aller se cacher dans les montagnes de son pays; mais la Liberté ne laisse point échapper son monde, et elle le fait garrotter de nouveau pour le reconduire sous ses drapeaux.

Enfin ce second régime expire, et celui de la restauration vient le remplacer. Chose incroyable! c'est le règne de l'absolutisme et le pouvoir de droit divin, comme on l'appelle, qui délivre notre malheureux poète des serres de la Liberté. Il respire pour la première fois depuis 25 ans, et c'est sous l'affreuse tyrannie des Bourbons que cela lui arrive! Ses lecteurs lui pardonneront sans doute l'espèce d'abandon de joie auquel il se livre dans le troisième chant de son poëme. Si l'on veut savoir après cela comment il est retombé dans ses anciennes mésaventures sous l'empire de la Charte-vérité, voici un aperçu de sa narration. Le gouvernement des Bourbons l'avoit un peu gâté en fait de repos et de liberté; il croyoit avoir payé sa dette au service militaire, lorsque la révolution de juillet est venue le remettre en réquisition comme garde national, au nom de l'ordre public. Il n'a pas pris la chose de bonne grâce, et il lui est souvent arrivé de manquer aux appels de sa compagnie. A force de négliger ses billets de garde et les règles de la discipline, il a fini par être suspect et par s'attirer des visites domiciliaires. On a profité de l'état de siége pour examiner ses manuscrits; son sergent a cru y remarquer des vers mal-sonnans contre la Charte-vérité, si bien qu'il s'est vu un beau matin écrouer à Sainte-Pélagie en qualité de carliste, et qu'il ne sait plus que penser ni de la liberté de 89, ni de celle de 1830, ni de la prise da la Bastille, ni des barricades, ni du programme de l'Hôtel-de-Ville. Seulement, il soutient que la restauration est la seule des quatre époques de sa vie où il n'ait pas été dupe des charlatans et des fausses promessses.

B.

Le Gérant, Adrien Le Clere.

COURS DES EFFETS PUBLICS.—Bourse du 15 juillet 1833.

Trois pour 100, jouissance du 22 déc., ouvert à 77 fr. 35 c. et fermé à 77 fr. 20 c. Cinq pour 100, jouiss. du 22 mars, ouvert à 104 fr. 25 c. et fermé à 104 fr. 00 c. Actions de la Banque.

1760 fr. 00 c.

IMPRIMERIE D'AD, LE GLERE ET COMP.

JEUDI 48 JUILLET 1833.

(N° 2129.)

Sur le cours de M. l'abbé Frere en

L'HOMME DÉCHU. (Suite.) Effets de la désobéissance

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les trok

piscences, 2o la tache originelle transmise, 3o la rupere desioniz de l'homme avec Dieu, et les résultats de cette violatio

(Résumé des Leçons des 11, 18 et 25 avril.)

D'après ce que nous avons dit, nous connoissons les causes du péché : le démon, en poussant l'homme à la désobéissance, l'a jeté dans les sens, selon l'expression de Bossuet. Maintenant considérons la superbe de l'homme ainsi dévié; son premier résultat est la concupiscence, laquelle se manifeste triple dans notre nature dégradée : la vaine gloire, la convoitise des sens, ou la volupté, et enfin l'avidité des choses créées, ou l'avarice. Tels sont les fruits de l'amour-propre, ce retour sur soi-même, l'amour de soi, affranchi, indépendant de Dieu. Revoyons le texte sacré: Eve se complait dans l'idée de ressembler à des dieux, eritis sicut dii: n'est-ce pas la vaine gloire? Puis elle voit la beauté de ce fruit, elle désire en manger: voilà le plaisir, la volupté. Enfin elle cède, elle cueille ce fruit, ce bien dont elle se croit privée; Adam et elle le mangent: ne voilà-t-il pas la troisième concupiscence? L'amour-propre est un chef à trois têtes d'abord il porte l'homme à s'isoler de Dieu; Adam ne pense plus qu'à lui, il ne voit les créatures que pour lui seul : de là l'égoïsme, première branche de l'amour-propre. Ensuite l'homme ne fait plus servir ses organes qu'à recueillir des sensations de jouissances, de volupté; deuxième branche de la superbe. Enfin, dans cette jouissance des sens, il est insatiable; il dit toujours encore.... De là la cupidité, l'avarice; troisième branche de l'amour-propre. Telle est la triple concupiscence qui nous pousse vers tant de maux.

Encore n'est-ce pas tout! Adam, ainsi pécheur déréglé, corrompu, engendre des êtres semblables à lui; et cela, dit Bossuet, d'après les conventions que Dieu avoit comme faites avec lui en le revêtant de tous les priviléges attachés à son inno

Tome LXXVI. L'Ami de la Religion.

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