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MM. les archidiacres ont dû vous communiquer mes instructions à ce sujet. Jø vous transmets de nouveau moi-même, M. le curé, l'expression d'un désir que M. le préfet du département m'avoit précédemment manifesté; comme en 1831, je vous rappelle que vous aurez à faire célébrer à cette intention, le samedi 27 de ce mois, un service dans votre église paroissiale, et à vous concerter avec qui de droit, afin de donner à ce service la solennité convenable, La messe sera celle In anniversariis, les oraisons Pro pluribus Defunctis. »

-Des journaux se sont émus il y a quelques jours de la seule idée de rendre l'église Saint-Germain-'Auxerrois au culte. Des habitans de cette paroisse réclament depuis long-temps contre la privation de leur église. Dernièrement, dans une réunion de la garde nationale du 4o arrondissement, un adjoint de la mairie, M. Viguier, parla sur ce sujet; il dit que la fermeture de l'église étoit due à une émeute, et qu'il étoit dans l'intérêt comme dans le vœu da gouvernement de faire cesser cet état de choses. Il proposoit donc de faire une pétition pour demander que l'église fût rendue à sa destination. Des habitans du quartier ne sembloient pas devoir se refuser à ce qui est notoirement le vœu de leurs voisins, de leurs amis, de leurs familles. Pourquoi punir les paroissiens de SaintGermain-l'Auxerrois pour un fait auquel la plupart sont étrangers? Quoi une église sera éternellement fermée parce qu'on y a célébré un service pour un prince assassiné onze ans auparavant! Quelle loi autorise une telle vengeance? Ou plutôt n'est-ce pas là un acte arbitraire qui devroit faire honte aux amis de la légalité? Eh bien! MM. les gardes nationaux du 4° arrondissement ont, dit-on, rejeté unanimement la proposition de M. Viguier; il est vrai qu'ils n'étoient pas là en très-grand nombre. La réunion n'avoit pour but qu'une nomination d'officiers, et c'est une chose à Jaquelle bien des gardes nationaux prennent peu d'intérêt. Nul doute que si on eût su que la question de la restitution de l'église devoit être agitée ce jour-là, il se fût présenté à la mairie un bien plus grand nombre d'honnêtes et paisibles habitaus qui connoissent et partagent le vœu de la population. Le vœu émis dans la réunion n'est donc point celui de la majorité de la garde nationale de l'arrondissement. Encore moins faut-il croire qu'elle eût été de l'avis du sieur Durand-Brager, capitaine, et du sieur Fournier, qui ont dit que, si on rouvroit l'église, il seroit du devoir de tout bon citoyen d'en exiger la fermeture. Entendent-ils qu'il faudroit faire une émeute pour cela? Quels bons citoyens! quels singuliers défenseurs de l'ordre! quels plaisans amis de la tolérance!

Le clergé du diocèse du Mans vient de faire une perte sensible dans la personne de M. François-Jacques Bouleau, curé de Bouère, âgé seulement de 58 ans, mort le 23 juin 1833, après une courte maladie. Il étoit né à Gennes, près Château-Gontier, et finissoit ses humanités au collège de cette ville, lors

que commencèrent les troubles de la France. Il fut jeté dans le monde à l'âge le plus critique; au milieu des dangers qui entouroient les jeunes gens à cette époque, il conserva sa foi et sa piété, et demeura inébranlable dans la pratique des vertus auxquelles il avoit été formé. A peine les orages de la révolution étoient-ils calmés, il examina sérieusement sa vocation; et se croyant appelé aux redoutables fonctions du ministère sacré, il ne songea qu'à s'y préparer. Il n'y avoit encore de séminaire nulle part. M. l'évêque d'Angers recueillit quelques élèves de son diocèse dans son palais épiscopal, et leur donna pour directeurs d'anciens prêtres de la compagnie de Saint-Sulpice. M. Bouleau demanda et obtint d'être admis avec eux. Il sut se concilier la bienveillance de ses maîtres, l'affection de ses condisciples et l'estime de tous; il étoit surtout renommé pour la solidité de son jugement. Ordonné prêtre à Noël 1808, il fut nommé par M. de Pidoll, évêque du Mans; vicaire à Chantenay, où il resta cinq ans, il acquit une coufiance générale, et y laissa des regrets qui n'y sont pas encore effacés. Devenu curé de Bouère, grande et importante paroisse de la Mayenne, près Sablé, on a peine à comprendre tout ce qu'il a fait eu moins de vingt aus avec une fortune assez médiocre, mais qu'il administroit sagement. Il voyoit les choses en grand, et embrassoit, dans ses projets, l'avenir aussi-bien que le présent. Sa mort prématurée l'a empêché d'exécuter tout ce qu'il avoit conçu. Cependant il laisse une église bien réparée, une belle tribune distribuée de manière à y placer convenablement les enfans, une sacristie parfaitement pourvue, un établissement de Socurs de la Charité pour l'instruction des petites filles et la visite des pauvres infirmes, un autre établissement de deux Frères pour l'école des garçons; un domaine de sept journaux et demi de terre et deux prés pour ses successeurs, à qui il lègue pareillement sa bibliothèque ; les commencemens d'une bibliothèque catholique pour les fidèles de sa paroisse, et une reute annuelle pour l'entretenir et l'augmenter; pareille fondation avec une rente annuelle à Geunes, sa paroisse natale; une propriété au bureau de charité pour distribuer des secours aux pauvres malades ou infirmes de Bouère, et faire le commencement d'un hôpital qu'il avoit intention de bâtir et de doter, et dont il seroit venu à bout, s'il eût vécu encore quelques années; une rente de 50 francs au séminaire du Mans, une rente semblable au séminaire des Missions étrangères à Paris, plusieurs autres dons et rentes à ses domestiques et à quelques-uns de ses parens, et avec tout cela il laisse la plus grande partie du petit patrimoine qu'il avoit reçu de ses pères à sa famille. On est étonné qu'il ait pu faire tant de choses; mais il trouvoit des secours dans la générosité des personnes aisées dont il possédoit la confiance; il s'exécutoit le premier, et vivoit dans une vraie pauvreté, n'ayant jamais

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d'argent et se refusant tout. Sa garderobe étoit de nulle valeur, ses meubles simples et bornés au nécessaire. Cela ne l'empêchoit pas de recevoir honorablement chez lui les personnes qui venoient le voir; surtout ses confrères, qui de tous les côtés avoient recours à lui dans leurs difficultés, et ne se repentoient jamais d'avoir suivi ses avis. Son caractère gai, ouvert, franc et sincère, une cordialité peinte dans tout son extérieur, le rendoient cher à tous ceux qui le connoissoient. Aussi, à sa mort, ce n'a été qu'un cri de douleur dans le clergé et les fidèles. Il est impossible d'exciter des regrets plus universels ni plus sensiblement exprimés. Quoiqu'il fût mort je dimanche au matin, il ne fut enterré que le mardi après-midi, afin que les prêtres voisins, qui n'auroient pu venir le dimanche ni le jour de saint Jean, assistassent à la cérémonie funèbre. Pendant tout ce temps, les habitans de Bouère, dont la désolation étoit extrême, se succédoient sans cesse auprès de leur pasteur à qui ils faisoient les derniers adieux en versant des torrens de larmes. Le service du septième jour a eu lieu le 4 juillet; il s'y trouvoit près de soixante ecclésiastiques. L'église étoit pleine de fidèles, et l'affliction paroissoit la même que le premier jour. M. Bouvier, vicaire-général du diocèse, ami intime du défunt depuis le temps où ils avoient fait leur séminaire ensemble, a prononcé l'oraison funèbre.

-Sur l'invitation de M. l'évêque d'Augers, M. Choron s'est rendu en cette ville à l'effet d'y organiser un choeur de chant en sa cathédrale. Arrivé le dimanche matin, M. Chorou n'a pu commencer ses opérations que le lendemain à trois heures et demie de l'après-midi. Des circonstances locales l'ont obligé d'opérer séparément sur les deux corps de chanteurs, composés l'un de 130 à 140 voix d'hommes, l'autre de 190 à 200 voix d'enfans. Chacun de ces corps a exigé environ 50 minutes de préparation. A cinq heures trois quarts les deux corps, réunis dans la grande galerie du palais épiscopal, n'ont plus offert qu'un seul cœur d'environ 330 voix, qui ont exécuté avec un ensemble surprenant un motet à la sainte Vierge, à sept parties de quatre réelles. Le même motet a été exécuté, quelques instans après, dans le cœur de la cathédrale. Jeudi dernier, ce chœur, si nouvellement formé, a exécuté le salut; et le lundi, jour de la Saint-Jean, le même chœur a chanté tout l'office de la fête en musique ou en plain-chant à quatre parties, d'une manière qui a étonné et ravi tous les auditeurs. M. Choron est parti le jour même pour aller porter sa méthode en d'autres lieux.

Le 27 juin a eu lieu à Vauclusotte, diocèse de Besançon, une cérémonie aussi édifiante pour le grand nombre d'étrangers qui s'y étoient rendus, que consolante pour la paroisse. On a béni une belle église, commencée en 1829 et terminée à la fin de 1832. Pour rendre cette cérémonic, où assistoient une qua

rantaine d'ecclésiastiques, plus solennelle et en même temps plus glorieuse à la religion, les habitans de cette paroisse, non contens de contribuer par eux-mêmes à tout ce qui pouvoit la rendre plus imposante, avoient fait venir de Charquemont la musique de la garde nationale. Dès la veille on entendit tirer des boîtes placées au haut d'une montagne qui domine Vauclusotte. Vers les dix heures du matin du jour de la bénédiction, pendant que le clergé chantoit dans l'intérieur de l'église, à l'extérieur la garde nationale du lieu faisoit des décharges, et la musique exécutoit des pièces choisies pour cette cérémonie. Ensuite une messe solennelle fut célébrée par M. Guerrand, curé de Saint-Hippolyte, qui avoit auparavant fait les bénédictions nécessaires. M. Faivre, curé de Maiche, fit un sermon dont la force, capable de toucher les profanateurs d'églises, fit une grande sensation sur tous les auditeurs.

(G. de Franche-Comté.)

-M. Fenwick, évêque de Boston, aux Etats-Unis, vient d'acheter à Madison, dans l'état de Maine, un terrain où étoit autrefois une église pour les Indiens, et où fut tué, le 3 août 1724, le père Sébastien Rasles, jésuite et missionnaire français, par un parti d'Anglais et d'Indiens. M. l'évêque se propose d'élever un monument au pieux missionnaire et d'en poser la première pierre le 23 août prochain, et il invitera à la cérémonie les Indiens de Penobscot et de Passamaquody, descendans des Abénakis, dont le père Rasles fut autrefois l'apôtre. Cet hommage rendu au vénérable missionnaire est à la fois un acte de reconnoissance et de piété. Un journal américain donne quelques détails sur la vie et la mort du père Rasles. Nous trouvons, dans les Lettres curieuses et édifiantes, deux lettres du père Rasles à son neveu, écrites de Nanrantsouak, le 15 octobre 1722 et le 18 octobre 1723. Il y disoit qu'il vivoit depuis plus de trente ans avec les sauvages. Il étoit arrivé à Quebec en 1689, et avoit résidé successivement chez les Illinois, les Hurons, les Algonquins et les Abenakis. Mais c'est chez ces derniers qu'il fit un plus long séjour. Il étoit avec eux avant 1697, et leur avoit bâti une église. Sa résidence étoit Nanrantsouak, aujourd'hui Midgewock, à 30 lieues de la mer. Comme ce lieu étoit voisin des possessions anglaises et que les deux nations étoient souvent en guerre, il eut beaucoup à souffrir des Anglais qui tentèrent plusieurs fois de l'enlever et qui pillèrent son église et sa maison. Il prévoyoit son sort, mais il ne voulut jamais se séparer de son troupeau. Dans une irruption des Anglais, le courageux inissionnaire osa se présenter à eux peut-être pour donner à ses Indiens le temps de se reconnoître et favoriser leur fuite. Une décharge de mousqueterie le fit tomber mort au pied d'une grande croix qu'il avoit plantée au milieu du village; sept sauvages qui l'entouroient furent tués à ses côtés. Les Anglais pillèrent le village et brûlèrent l'église. Cela arriva le 23 août 1724. Après le départ

des Anglais, on enterra le corps du père Rasles. Il étoit âgé de 67 aus. On trouve dans les Lettres édifiantes une relation de sa mort dans une lettre du père de la Chasse, supérieur des missions du Canada. Il fait un grand éloge des vertus, du zèle et de la charité du généreux missionnaire. Honneur à M. l'évêque de Boston qui fait revivre la mémoire du saint prêtre! Une notice sur le père Rasles a paru dans le Recueil de la Société historique de l'état de Maine, aux Etats-Unis.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le changement qui vient d'avoir lieu à Prague a été amené par diverses circonstances qui remontent à quelques mois. Les deux sous-gouverneurs de M. le duc de Bordeaux étant successivement rentrés en France, et la santé de M. le baron de Damas ne lui permettant pas toujours la même assiduité dans ses fonctions, il avoit paru nécessaire de lui donner un coopérateur. M. le marquis de Foresta, homme estimable, religieux et dévoué, qui a été préfet sous la restauration, et qui, l'ànnée dernière, alla rejoindre la famille royale à Holyrood, fut choisi pour sous-gouverneur, et, en cette qualité, assistoit aux leçens du prince. Il est probable que M. de Barande le vit avec peine arriver à cette place, et qu'il fut particulièrement blessé de la présence et de l'assiduité du nouveau sous-gonverneur aux leçons : il crut voir là une marque de défiance injurieuse pour lui. Il y eut même, dit-on, des causes de refroidissement plus graves. Aussi, dėjà dès cet hiver il avoit été question d'appeler M. l'abbé de Maccarthy à Prague. Sa santé et ses travaux avoient retardé l'exécution de ce projet, que sa mort inopinée a renversé tout-à-fait. On doit le regretter : le nom et la réputation de l'éloquent orafeur eussent peut-être couvert, aux yeux d'un monde léger ou prévenu, le tort d'appartenir à un corps religieux. On a choisi pour le remplacer deux de ses confrères et de ses amis, tous deux dignes de la mission de confiance qui leur eșt donnée; ce sont M. Druidhet, qui a été supérieur de la maison de Saint-Acheul, et qui joint à un esprit très-aimable une intruction très - variée, et M. Deplace, qui a eté employé aussi dans l'enseignement, et qui s'est encore distingué comme orateur. Ils sont à Prague depuis un mois. Nous ne voyons pas ce que de tels choix ont de désolant et d'effrayant pour les royalistes. Il est vrai qu'on ne les a pas consultés ; c'est un tort qu'ils devroient excuser peut-être à raison de l'éloignement. Il est probable d'ailleurs qu'on eût eu de la peine à obtenir une unanimité complète des suffrages en faveur de tel ou tel choix. Dans cet embarras, Charles X et sa famille ont cru pouvoir user de la liberté dont jouit le particulier le plus obscur, celle de choisir les maîtres de ses enfans.

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y a tout lieu de croire que les journaux du ministère et du château ne sont pas chargés d'avoir la même répugnance pour la république que pour la branche aînée des Bourbons. Il ne faut qu'un mot prononcé un peu de travers, au sujet de celte dernière, pour leur donner des convulsions. Ils ne conçoivent

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