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autres, méritent-ils beaucoup de l'avoir pour eux-mêmes? ou plutôt Lout ne prouve-t-il pas que ce n'est pas de la liberté des cultes qu'il s'agit ici?

➡La paroisse de Saint-Germain-des-Prés vient de faire une perte sensible daus la personne de M. Sébastien - Nicolas Louaintier. prêtre administrateur, mort le mercredi 24 avril. M. Louaintier étoit né le 12 septembre 1762 à Courcy, diocèse de Coutances, et fut ordonné prêtre dans cette ville en 1786. Il vint la même année à Paris où il étoit appelé par un oncle, s'attacha à ce diocèse et y fut nommé vicaire. Bientôt les orages de la révolution dispersèrent le clergé. Beaucoup de prêtres cherchèrent un asile sur des terres étrangères, d'autres restèrent pour consoler et soutenir les fidèles, et furent obligés de se cacher. M. Louaintier fut du nombre de ces derniers. Il étoit peu connu à Paris, et imagina d'entrer comme portier dans un hôtel garni où logeoient des conventionnels. Il passa ainsi les temps les plus mauvais, et trouva moyen d'exercer son ministère en secret. Toutefois, après la terreur, fatigué de vivre au milieu d'alarmes continuelles, il passa en Angleterre, puis en Hollande où il resta jusqu'au rétablissement de l'ordre. De retour à l'époque du concordat, il s'attacha à la paroisse Saint-Germain-des-Prés. C'est-là que le vertueux prêtre exerça le ministère pendant trente-et-un ans. Ses confrères le regardoient comme leur ami et leur modèle. Un grand nombre de fidèles lui avoient donné leur confiance et toute la paroisse le respectoit. Les malheureux surtout voyoient en lui un père. Sa modestie, sa régularité parfaite, sa vie pauvre et retirée, son exactitude à suivre les saintes règles de l'esprit sacerdotal, le rendoient une prédication vivante. Il a succombé à une courte maladie, et cette ame forte et détachée de la terre a vu sans frayeur arriver le moment du fatal passage, auquel elle s'étoit préparée de longue

main.

D'après le mandement de M. l'évêque d'Evreux, le jubilé s'ouvrira dans le diocèse le dimanche 12 mai. Le jeûne devra avoir lieu dans la première semaine. Le mandement renferme en eutier les lettres apostoliques du 2 décembre. Le prélat a joint de salutaires avis:

«C'est par un conseil profond de sa providence que le Seigneur a permis qu'elles se multipliassent, dans ces jours mauvais, ces grandes époques des expiations générales, si salutaires au peuple chrétien; tandis que, pour les lui procurer, il exposoit l'Eglise à de plus périlleuses épreuves, et que la viduité à laquelle il la condamncit à des intervalles si rapprochés, faisoit espérer à l'infidèle devoir enfin les promesses mensongères et leur vertu anéantie. Ah! an lien de former des vœux aussi impies qu'impuissans, et de se livrer à des espérances aussi criminelles qu'insensées, qu'il reconnoisse plutôt que la barque du pêcheur, qui a résisté

pendant près de deux mille ans à la fureur de la mer et à toute la violence des tempêtes, ne peut périr; que Jésus-Christ, quoique invisible, y est encore porté avec son apôtre, et en tient encore avec lui le gouvernail; que, si quelquefois il semble sommeiller et l'abandonner aux hasards des écueils, s'il permet aux flots de se mutiner contre elle et de devenir menaçans, il est toujours prêt à entendre le cri de détresse de ceux qui l'invoquent avec confiance, et à commander - aux vents et à la mer, par une de ces paroles puissantes auxquelles tous les élémens ont appris à obéir.

» Pour vous, N. T. C. F., qui jouissez du bienfait de la miraculeuse protection de Dien sur la nacelle de Pierre; vous, à qui il a été donné d'être reçus dans l'arche hospitalière et sacrée, et mis ainsi à l'abri de ce déluge d'un genre nouveau qui désole la terre; vous, qui sous la conduite d'un guide habile et expérimenté, pouvez espérer d'arriver heureusement au port: non, vous ne serez point ingrats. Chaque jour, au tribut d'amour et de reconnoissance que vous acquitterez envers le ciel pour cette faveur signalée, vous joindrez l'hommage de votre reconnoissance et de votre amour pour celui qui répoudra devant Jésus-Christ du salut de vos ames; et vous vous plairez à multiplier à son égard les preuves de votre respect et de votre attachement par une docilité parfaite et une obéissance sans bornes.

-La ville de Puiseaux, chef-lieu de canton, diocèse d'Orléans, se croyoit redevable à la protection de saint Roch, dont on a des reliques à la paroisse, d'avoir été préservée du choléra lors des ravages qu'il a faits l'année dernière dans le département. M. le curé a eu l'idée de rendre grâces à Dieu de ce bienfait par quelque cérémonie générale, et les habitans ont accueilli ce projet avec empressement. Des paroisses voisines ont demandé à s'adjoindre à ce témoignage de reconnoissance; et M. l'évêque d'Orléans, consulté à cet égard, a permis une procession, en recommandant de s'entendre avec les autorités. La procession a eu lieu le dimanche du bon Pasteur, et le rapport en a été fait à M. l'évêque par M. le curé de Puiseaux. Ce rapport a été cité dans l'Orléanais du 5 mai. Il en résulte que la procession, qui a duré cinq heures, s'est passée constamment avec beaucoup d'ordre et de calme. Vingt-trois paroisses, tant du diocèse d'Orléans que de la portion du diocèse de Meaux qui est contiguë, s'y étoient jointes. Environ quinze mille ames accompagnoient la procession, dont six mille ont pu tenir dans l'église. Malgré un tel concours, il n'y a eu ni accident ni insulte. M. le curé, qui a traversé la procession dans tous les sens, n'a rien vu ni entendu qui l'ait blessé. Il a trouvé partout la foule en silence et respectueuse. C'étoit un fort beau spectacle: les rues étoient tendues comme pour la Fête-Dieu, les tambours battoient au champ au passage de la procession et les postes présentoient les armes. Les autorités ont concouru au maintien de l'ordre. Le juge de paix et le chef de bataillon ont fait eux-mêmes la quête pendant

les deux messes. La châsse étoit portée, tour à tour, par douze pères de famille, membres de la confrérie de saint Roch.

-Les journaux de la révolution parlèrent l'hiver dernier de troubles à Velaux, diocèse d'Aix. M. l'archevêque avoit cru devoir faire passer le curé de cette paroisse à un autre poste. Les habitans réclamèrent. Le maire, l'adjoint et les membres de la fabrique se rendirent auprès du prélat qui avoient sans doute eu ses raisons pour déplacer le curé, et qui ne se rendit point aux instances qui lui furent faites. Une supplique qui lui fut présentée n'eut pas plus de succès. M. l'archevêque ordonna au curé de se rendre au nouveau poste qui lui avoit été assigné. Au moment du départ, on arrête le curé, on le fait rentrer au presbytère et on met une garde pour l'empêcher de sortir. Cependant, quelques jours après, on consent à le laisser aller, mais on déclare qu'on ne recevra pas d'autre prêtre envoyé par l'autorité diocésaine. Une pétition fut adressée à Châtel pour lui demander un prêtre. Leprimat se hâta de répondre favorablement. Mais dans l'intervalle les choses changèrent de face. M. l'archevêque avoit nommé un desservant à Velaux; celui-ci vint sur les lieux et occupa le presbytère. Les habitans les plus sages, et même quelques-uns de. ceux qui avoient pris parti pour l'ancien curé, se rendirent aux offices et aux instructions du nouveau pasteur. Le maire, qui vouloit avoir un prêtre de Châtel, ayant convoqué les habitans pour lui répondre, peu se rendirent à sa convocation. Il fallut donc renoncer à avoir un prêtre de l'église Châtel. Ce fut un grand désappointement pour ceux qui avoient suscité cette affaire dont le secret nous est révélé dans une lettre d'un sieur Roman, avocat, datée d'Aix le 7 février dernier, et adressée à Châtel qui l'a publiée dans son journal. Le sieur Roman convient qu'il avoit pris une part assez active à ce qui s'est passé à Velaux, et il regrette que les habitans n'apprécient point l'honneur qui rejailliroit sur eux, s'ils étoient les premiers à secouer le fanatisme et l'intolérance du clergé romain pour suivre les vrais principes de la religion chrétienne. Il paroît qu'il y a à Velaux deux protestans aisés, et on peat soupçonner qu'ils sont pour quelque chose dans cette tentative de schisme. M. l'avocat Roman, qui joue ici un rôle, est digne d'être le parent de M. Roman, de Lourmalin, qui fit tant de bruit en 1819 pour ne pas tendre sa porte devant le saint Sacrement. On doit se féliciter à Velaux de n'avoir pas suivi l'exemple de Lèves, où le schisme a produit en si peu de temps la révolte.

-Pendant que des conseils municipaux, cédant à l'impulsion des passions du moment, ferment les écoles de Frères, leur retirent toute allocation, ou les fatiguent de tracasseries, le conseil municipal de Rodès a voté 4,000 fr. pour les écoles des Frères. On aime à citer un tel exemple, qui prouve que la contagion de l'esprit de

parti n'a pas encore pénétré partout, et qu'il est des corps qui savent s'en défendre.

- M. l'abbé Félix, ecclésiastique français établi en Belgique, avoit beaucoup trop fait parler de lui en 1826 pour un sermon prêché le 15 janvier dans l'église de Sainte-Gudule à Bruxelles. Ce discours étoit à la fois une apologie du gouvernement de ce temps-là, et une satyre contre le clergé des Pays-Bas. L'auteur s'étoit déclaré en faveur du collége philosophique qu'on venoit d'établir malgré les réclamations du clergé et des fidèles. Il fut interdit par M. l'archevêque de Malines; mais son protecteur, Gouban, l'en dédommagea en lai procurant une pension. M. Félix irrité s'oublia tout-à-fait ; il publia une seconde édition de son sermon avec un supplément plein d'emportement; de plus, il mit au jour une allocution sur son anathème. Nous avons rendu compte du sermon et de ces écrits, nos 1211 et 1259, tomes XLVII et XLIX du journal. Depuis les circonstances ont bien changé, les protecteurs de M. l'abbé Félix ne sont plus en Belgigue. Il a eu le temps regretter ses complaisances pour eux ; et, désenchanté de ses illusions, il s'est soumis à ses supérieurs, et a fait insérer dans les journaux une lettre où il exprime son repentir du passé. Puisque nous avons fait connoître ses torts, il est juste que nous montrions comment il les a réparés. Voici sa lettre aux rédacteurs de l'Union :

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Bruxelles, le 25 avril 1833.

Messieurs, frappé de différens passages des saints Pères et de l'Evangile, je viens de prendre le parti de me soumettre sans réserve à mes supérieurs ecclésiasiques, et comme le public religieux a dû être scandalisé de certains de mes précédens écrits, entre autres d'un passage d'un de mes sermons où j'envisageois comme une faveur accordée à mon pays l'établissement du college philosophique, en le comparant à une nouvelle aurore qui paroissoit sur notre horizon pour y dissiper les ténèbres, et ajoutant que désormais il n'y auroit plus de prêtres ignorans; et aussi de ce que mon nom parut en 1830 dans la brochure intitulée : M. C. Helsen vengé des poursuites honteuses de l'inquisition du 19 siècle, dont cependant j'ai toujours regardé le contenu comme contraire à la saine doctrine et à la soumission aux supérieurs légitimes; j'ose vous supplier, messieurs, de vouloir bien me fournir, par la publicité, le moyen de réparer la mauvaise édification qu'à cette époque je donnois à ma patrie encore si religieuse.

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Je dois aussi à la vérité, messieurs, encore plus qu'à ma propre réputation, de faire connoître au public que je ne suis nullement l'auteur de la brochure dans la quelle M. Helsen m'avoit engagé dernièrement à faire figurer mon nom; il m'assura lui-même, en termes exprès, qu'elle avoit été composée par quatre personnes différentes de ses connoissances; je désire encore que le public apprenne que mes supérieurs ecclésiastiques ignorent complètement la démarche que je fais en ce

moment.

» Je suis avec une considération respectueuse, messieurs, votre très-humble serviteur,

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F.-J. Félix, ex-confesseur à Sainte-Gudule. »

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Un malheur ne va jamais seul, dit-on. Il en est de même de toutes les mauvaises choses, surtout en matière de révolution. Pendant que l'émeute attaquoit le palais épiscopal de Chartres et l'église de Lèves, on travailloit dans la chambre des députés à porter deux autres coups à la religion. D'un côté, M. Bavoux reproduisoit son projet de loi sur le divorce; et de l'autre, on fermoit les portes de l'instruction publique à tout le clergé de France. C'étoit comme un accord préparé pour humilier le clergé et affoiblir la religion. Toutes ces choses-là n'arrivent point ensemble par l'effet du hasard ; et, tant que durera la cause révolutionnaire qui leur a donné l'impulsion, elles se reproduiront sous une forme ou sous une autre. La ruine de la religion est une des idées fixes de la révolution de juillet. L'orgueil humain est là pour répondre qu'une entreprise aussi chaudement commencée par lui ne sera point abandonnée. Le travail actuel ne sauroit être discontinué que quand on changera d'ouvriers; et, sous le rapport qui intéresse la religion, on peut assurer que la révolution de juillet ne s'en ira qu'avec la chambre des députés, qui a si fort contribué à augmenter le désordre moral que nous voyons.

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- Les journaux de l'opposition révolutionnaire gourmandent les députés de leur opinion qui perdent courage, et quittent la partie en donnant leurs démissions pour retourner chez eux. « Nous savons bien, leur disent les amis qui cherchent à les retenir, nous savons bien que la canse de la patrie est désespérée pour le moment, et que vous n'avez plus rien à faire ici pour elle. Mais n'oubliez pas que vous êtes les représentans de l'avenir. Rien n'indique non plus que MM. les députés démissionnaires ne se considèrent pas comme les représentans de l'avenir, et le parti qu'ils prennent ne prouve nullement qu'ils aient une autre manière d'envisager les choses. Seulement il leur paroît plus naturel d'aller attendre l'avenir chez eux que dans la chambre des députés; et nous trouvons qu'ils ont raison pour leur repos et pour le nôtre.

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Emeric-Joseph, duc Dalberg, neveu du feu prince primat de Ratisbonne, est mort dans ses terres en Allemagne, sur la rive gauche du Rhin. Il étoit né à Mayence en 1773, et étoit fils du baron Dalberg, intendant du théâtre de Man- › heim. Son éducation paroît avoir été assez frivole, et les acteurs y eurent autant de part que les maîtres. Le jeune Dalberg suivit pendant la révolution française la ligne politique de son oncle. Il obtint une place dans l'administration de Bavière, sous le nouvel électeur Maximilien, depuis roi, et, en 1803, le grand-duc de › Bade le nomma son ministre en France. Mais, en 1810, M. Dalberg renonça à l'Allemagne, et fut fait duc par Buonaparte. Sa liaison avec le prince de Taleyrand le fit admettre dans le gouvernement provisoire en 1814; choix assez singulier,,› puisque le duc étoit né allemand. Le duc suivit M. de Taleyrand au congrès de

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