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le même temps M. l'évêque fut obligé de quitter la ville, et quarante curés furent expulsés du diocèse. Au mois de février 1831, on pilla le séminaire, et on brûla en place publique des ornemens d'église. Depuis ce temps le séminaire étoit devenu caserne, et toutes les démarches pour le recouvrer avoient été inutiles. Les élèves étoient dispersés partie à Carcassonne, partie à Prades. Enfin, les militaires ont eu ordre d'évacuer le séminaire, qui est actuellement à la disposition de M. l'évêque. On espère que les élèves pourront y habiter après les vacances. Le prélat a repris l'exercice de ses fonctions comme autrefois. Il a donné plusieurs fois la confirmation à Perpignan, il a présidé à la distribution des prix du petit-séminaire, et il fait en ce moment une visite pastorale dans le diocèse.

La Gazette de Picardie contient l'article suivant, en réponse à des déclamations de la Sentinelle picarde, sur une croix plantée à Vron, arrondissement d'Abbeville :

« Une croix a été plantée sur une propriété privée; une paroisse fait une procession. Ces deux événemens bien simples ne trouvent pas grâce devant la Sentinelle picarde. Elle fait à ce sujet de mauvaises plaisanteries, et des raisonnemens qui ne sont pas meilleurs. Il suffira de répondre à ceux-ci. On va exhumer une loi révolutionnaire de l'an iv, qui proscrit l'exposition publique d'un signe religieux. Pourquoi ne pas citer une foule de lois qui proscrivirent les hommes et les choses, et opprimèrent la conscience elle-même au nom de la liberté? Il est bon nombre de ces lois d'une horrible tyrannie qui n'ont pas été formellement révoquées. Celle de l'an IV l'a été implicitement par le concordat, et encore plus par l'usage, le meilleur interprète des actes législatifs. Il n'est aucune de nos 40,000 communes où l'on n'ait rétabli, depuis 1802, une ou plusieurs croix. Celle de Vron étoit dans une position plus favorable que les autres, puisque l'on ne pouvoit s'opposer à sa plantation sans méconnoître le droit de propriété. Quant aux processions, l'article 45 de la loi organique suppose évidemment qu'elles sont autorisées partout ailleurs que dans les villes qui ont un temple protestant. Un décret du 13 juillet 1804 va plus loin, et prescrit de rendre les honneurs militaires au saint Sacrement porté en procession. La Sentinelle avoit à choisir entre une loi oppressive et une loi de liberté, entre une loi tombée en désuétude et une loi universellement pratiquée. Elle n'a pas hésité à se prononcer pour la première, uniquement parce qu'elie est anti-religieuse. Voilà la tolérance libérale ! »

En moins de dix-huit mois la mort a frappé les principales têtes du diocèse de Besançon. M. Vernier, supérieur des missionnaires de Beaupré, est mort le 24 mai dernier, à l'âge de 73 ans. C'étoit le seul qui restât des anciens missionnaires de ce nom. Héritier des anciennes traditions du diocèse, il n'étoit pas moins distingué par son savoir que par sa piété, et avoit toute la confiance du clergé du diocèse. Ce fut lui qui, aussitôt après la per

sécution il y a plus de trente ans, ressuscita secrètement l'enseignement théologique dans le diocèse. Dans ces temps difficiles il forma plusieurs élèves qui ont servi utilement l'église. On lui doit quelques ouvrages, entre autres celui qui a pour titre : Theologia practica sub titulis sacramentorum; 1829, 2 vol. in-8°. Nous avons parlé, no 1529, de cette Théologie qui se recommande par l'ordre, la méthode et la précision. L'auteur, qui avoit long-temps professé la théologie, a voulu consigner dans cet ouvrage le résumé de son expérience. Sans afficher le rigorisme, il redoutoit les progrès du relâchement. Le cardinal de Rohan l'avoit nommé grand-vicaire honoraire. Nous aurions souhaité recevoir une notice plus étendue sur ce digne prêtre, mais nous n'en remercions pas moins la personne qui a bien voulu nous transmettre quelques renseignemens à cet égard. La Gazette de Franche-Comté n'en avoit donné qu'une idée très-imparfaite.

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L'Album catholique, de Toulon, annonce qu'il s'est formé à Castelnaudary une Association chrétienne pour répandre partout la connoissance de notre Seigneur Jésus-Christ, et que cette Association a bientôt étendu sa correspondance dans tout le Languedoc. Les membres reçoivent chaque année vingt-quatre cahiers in-12, qui forment à la fin de l'année 2 vol. L'un traite du dogme, l'autre de la morale catholique. L'éditeur de l'Album dit avoir lu plusieurs des cahiers publiés par l'Association, et il en parle avec éloges. Comme ce recueil est dans un bon esprit, nous nous en rapportons volontiers à son témoignage. L'Album déclare d'ailleurs qu'il a sous les yeux les autorisations accordées à l'Association par MM. les évêques de Montpellier et de Pamiers. Il ajoute que M. l'évêque de Carcassonne a vu avec intérêt cette œuvre, et qu'on assure que M. l'archevêque de Toulouse y a applaudi. De telles autorités seroient d'un bien grand poids en faveur de l'Association chrétienne; nous en parlerons plus au long, si nous obtenons des renseignemens plus précis sur le but qu'elle se propose, et sur les moyens qu'elle emploie pour l'atteindre.

L'école des Frères établie à Hières, comme nous l'avons raconté No 2116, a déplu à M. le maire, quoiqu'elle ne coûtât rien à la ville, et qu'elle n'eût été fondée que par des dons particuliers. Il en fait fermer les portes par un arrêté arbitraire, en alléguant que cet établissement portoit la désharmonie dans les autres écoles. C'est joindre le ridicule à l'arbitraire, et la moquerie à l'illégalité. Seroit-il possible qu'on ne fit point droit aux réclamations des habitans? Quel nouveau crime introduit dans notre législation, la désharmonie? M. le maire d'Hières devroit bien se persuader que c'est lui qui est en désharmonie avec l'esprit de la population. M. Adam, maire de Boulogne, Pas-de-Calais, suit aussi son plan contre les Frères des écoles chrétiennes. Il vient de leur faire

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retirer les 300 fr. que le conseil municipal allouoit annuellement pour procurer aux enfans pauvres qui fréquentent leurs classes les livres, le papier et l'encre dont ils ont besoin. Une souscription a été ouverte dans la ville pour réparer le tort que fait à ̄la classe pauvre une mesure assurément fort illibérale.

Il paroît à Philadelphie, depuis le commencement de cette année, un nouveau journal catholique, sous le titre de Catholic herald. Ce journal paroît tous les jeudis, en grand format. Il fait connoître les événemens relatifs à l'état de la religion soit dans les Etats-Unis, soit ailleurs; donne des notices biographiques sur les pieux personnages, rend compte des ouvrages qui ont la religion pour objet, présente des réflexions sur le même sujet, répond aux autres journaux. Du reste, il promet de s'abstenir de tout débat politique et de toute provocation contre les sectes existantes en Amérique. Son prospectus est rédigé avec sagesse et talent. L'auteur déplore les préjugés qui règnent en Amérique sur l'église catholique et les progrès de l'indifférence, et il se propose de combattre ce double fléau. Pour cela, il cite souvent des passages des apologistes de la religion; il rend compte avec étendue de la controverse qui s'est élevée entre M. Hughes, prêtre catholique, et M. Breckinridge, ministre protestant; controverse que nous avons annoncée, et dont nous donnerons plus tard les détails. L'éditeur du Catholic Herald est M. Nicolas O'Donnell, un des ecclésiastiques de Philadelphie. Il a bien voulu nous envoyer plusieurs numéros de son journal qui nous paroît tout-à-fait digne de l'estime des lecteurs religieux.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Il paroît bien difficile de tirer de vraies fêtes et des joies publiques d'une commémoration de guerre civile et d'une source de deuil. On dit que bon sang ne ment point. Mais, avec autant de raison, on peut dire la même chose du mauvais. Ce qui a des massacres et des jours néfastes pour origine ne se prète aux réjouissances qu'en forçant nature. Ce sont des célébrations contraintes qui tombent d'elles-mêmes aussitôt que les peuples rentrent dans leur bon sens. Aussi voyez comme on a déjà de la peine à organiser les anniversaires de juiilet! Les ordonnateurs de ces fètes ne savent comment s'y prendre, ni à quelles précautions recourir pour effacer la tache originelle de ces commémorations, qui est du deuil et du sang. Il ne leur faut rien moins que cinquante mille hommes de troupes pour les rassurer contre l'espèce de malédiction naturellement attachée à des joies néfastes. Encore ces cinquante mille hommes ne suffisent-ils pas pour empêcher les rumeurs sinistres, et arrêter le départ de beaucoup de gens paisibles, auxquels il paroît plus naturel de s'alarmer que de se réjouir. Tel est

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l'ordre des idées qu'on se fait là-dessus qué les journaux les plus affectueux pour la révolution et le trône de juillet vont jusqu'à rêver de nouvelles ides de mars, et à jeter de noires prévisions dans les esprits, au sujet des têtes les plus éminentes de l'Etat. Et c'est pour nous faire des jours si sereins; c'est pour nous offrir de si riantes images qu'on se croit obligé de dépenser tant d'argent, et de se montrer à la multitude avec des visages épanouis de bonheur !..... Vit-on jamais fêtes plus forcées, et joies plus menteuses ?

A entendre les patriotes, on diroit que le gouvernement de juillet a perdu jusqu'au souvenir de son origine, et qu'il ne lui reste plus de sympathies révo lutionnaires pour personne. Il nous semble que ce reproche est quelquefois bien injuste de leur part; et nous ne serions pas embarrassés pour citer chaque jour vingt faits qui prouveroient le contraire. Il en est un, entre autres, qui ne cesse de se reproduire depuis deux ans, et qui suffiroit à lui seul pour décharger le gouvernement de toute accusation d'ingratitude et d'oubli de lui-même : c'est l'exemple de ce qui sè passe à l'égard des réfugiés italiens et polonais. Quand on songe à l'argent qu'on dépense pour eux, et aux peines qu'on est obligé de se donner pour le leur faire manger un peu tranquillement, sans causer des tapages et des scènes révolutionnaires partout où ils passent, vraiment il paroît impossible de porter la patience et la sympathie patriotique plus loin qu'on ne les porte à leur égard. Vous n'entendez parler que d'Italiens et de Polonais qui s'agitent et agitent les autres, qui se plaignent dans les journaux, qui veulent faire la loi et la police partout. C'est à tel point qu'on ne sait comment s'y prendre pour obtenir un peu de paix avec eux en échange des millions et de l'hospitalité qu'on leur accorde. A coup sûr M. Barthe et M. d'Argout n'en endureroient pas autant de la part des royalistes de France et surtout du parti-prêtre.

La révolution de juillet continue à se débattre vivement contre les forts détachés, et à s'étonner qu'on ose la mettre au régime des suspects; elle ne veut point absolument qu'on la fortifie. D'un autre côté, elle ne veut pas non plus qu'on la garde, et elle voit du plus mauvais œil les nombreux corps de troupes entassés dans les murs et hors des murs de Paris. Elle les compte les uns après les autres, comme pour juger si le gouvernement qu'elle a élevé la traite avec autant de confiance que celui qu'elle a renversé, et elle est furieuse de voir que non; cela cependant auroit dû lui être bien facile à prévoir. Les héros de juillet ont donné de l'esprit pour 200 ans aux nouveaux maîtres qu'ils ont choisi, et on peut leur assurer qu'ils ont bien fait de prendre de la gloire pendant qu'ils y étoient; car, selon toute apparence, le peuple souverain est tombé de son trône, de façon à ne plus savoir quand il pourra y remonter. Au moins paroît-il évident que cenx auxquels il l'a cédé pour des pensions et des rubans bleus, ne le lui rendront maintenant qu'à bonnes enseignes. Il est bon, du reste, qu'il arrive de temps en temps de ces choses-là pour faire marcher la raison publique; sans cela le monde n'auroit jamais d'esprit.

La Suisse est en ce moment fort agitée par la question de la révision dù

pacte fédéral. Déjà cette question a donné lieu à une scission dans la diète helvétique, dont se sont séparés les cantons d'Uri, d'Underwald, de Zug, de Bâle (la ville), de Schwitz et de Neufchâtel. Ces cantons forment une diète dissidente, qui n'admet point de changement, et qui est désignée sous le nom de Conférence de Sarnem. Pour donner une idée de la tolérance et de l'aménité des patrioles suisses, il suffit de citer la Gazette de Lausanne, qui dit que le canton de Vaud est seul capable de réduire en poudre la Conférence de Sarnem. Le parti ultrà libéral veut absolument changer l'ordre de choses actuel; il trouve que l'esprit révolutionnaire ne va pas encore assez vite. Peut-être qu'après trois révolutions il y a encore quelques restes d'aristocratie à détruire, quelques écoles à bouleverser, quelques églises à dépouiller; on travaille en conséquence à remettre partout le pouvoir aux mains de quelques meneurs. Il faut, dit-on, un gouvernement unique et central, qui, étant confié à ces meneurs, anéantiroit tous les droits partiels, toutes les oppositions cantonnales, et laisseroit à une loge de francs-maçons les moyens de régner absolument sur la Suisse. Voilà où aboutissent ces beaux rêves de liberté dont on amuse le peuple! C'est pour satisfaire quelques ambitions privées que tout ce bruit se fait.

Le Moniteur du 24 contient la première instruction administrative, envoyée par M. Guizot aux préfets, pour assurer l'exécution de la loi du 28 juin sur l'instruction primaire. Le ministre s'attache à établir la distinction des attributions des préfets et des recteurs dans cette matière.

Le préfet de la Seine a procédé le 23, en présence de trois membres du conseil municipal, à la réception des soumissions ayant pour objet l'adjudication des entrepôts de Paris. Une seule soumission a été présentée pour chaque entrepôt. MM. Thomas et Co ont été déclarés adjudicataires de celui qui est à établir place des Marais, auprès du 'canal Saint-Martin, moyennant une concession de quatre-vingt-un ans. La soumission de M. Alary, pour l'entrepôt du Gros-Caillou, renfermant des restrictions et réserves à l'égard du cahier des charges, a été écartée comme extraconditionnelle.

Les contrats de mariage des seize couples dotés par la ville à l'occasion de l'anniversaire de la révolution de juillet ont été signés le 24, dans la salle du trône, à l'Hôtel-de-Ville. Les ministres de l'intérieur et du commerce y ont apposé leur signature, avec le préfet de la Seine, en présence des colonels de légion, des sous-préfets de Saint-Denis et de Sceaux. M. de Rambuteau a prononcé un discours. Il y a un couple pour chacun des douze arrondissemens de Paris et deux dans chacun des arrondissemens ruraux. C'est M. Thiers qui a fait le choix parmi les candidats. Les mariages ont été proclamés le 25 dans les mairies des arrondissemens de Paris, et dans celles des Batignolles, de Pantin, de Bercy et de Clamart. La célébration religieuse a eu lieu ensuite dans les églises.

Le concert qui aura lieu aux Tuileries, le 28 juillet, sur l'emplacement du premier bassin, sera composé, sous la direction de M. Habeneck, de 500 musi

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