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NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Les journaux qui font profession de disputer contre la révolution de juillet ne sont jamais plus heureux que quand ils peuvent la prendre dans quelque grosse contradiction avec ses antécédens : «Vous avez fait telle chose à telle époque, disent-ils à leurs adversaires; vous avez écrit cela tel jour; voici vos paroles. Eh bien! convenez-vous du moins que vous voilà pris sur le fait, et qu'on vous tient à ne pouvoir plus vous défendre... ? » Mon Dieu, non, Messieurs; vous ne tenez rien; vos adversaires ont plus d'esprit que vous. Ils ont vidé leur conscience d'un seul coup par une bonne confession générale, en disant : Nous étions des comédiens. Avec cela, tout est fini pour la polémique et l'argumentation. Vous n'avez plus de rapprochemens à faire, ni de contradictions à chercher. Une fois qu'on est conveņu franchement que le passé n'étoit que de la comédie, vous n'avez plus de reprises à exercer contre lui; toute votre ressource est de vous rabattre, s'il y a lieu, sur les inconséquences actuelles. Mais prenez garde de faire pis maintenant, à votre tour, que les anciens comédiens. Vous avez beaucoup chicanné le Constitutionnel sur ses jésuites et son parti-prétre. M. Dupin et M. de Montlosier vous ont aussi passé par les mains à ce sujet, et vous les avez souvent déclarés atteints de monomanie; c'étoit très-bien alors de votre part, et, quand vos adversaires ne seroient pas venus vous déclarer depuis qu'ils rétractoient leurs accusations contre Montrouge et Saint-Acheul, vous auriez encore eu raison de soutenir la thèse que vous souteniez précédemment en faveur des révérends pères du parti-prêtre. Mais, faites-y bien attention; si vous venez aujourd'hui soutenir la thèse contraire, vous serez également pris en contradiction, et vous n'aurez d'autre ressource, pour sortir de là, que de vous reconnoître pour comédiens, comme Messieurs vos adversaires. Seulement, ils vous prieront de leur dire si c'est à présent que vous l'êtes, ou si c'étoit auparavant que vous l'étiez.

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On lit dans le Journal des Débats du 26 un ordre du jour de la Société des Droits de l'Homme, relatif aux fêtes de juillet. Après quelques recommandations de soumission au comité, ou déclare dans cette circulaire que la Société des Droits de l'Homme et du Citoyen sera en permanence pendant les trois jours. Ou invite les sectionnaires à se grouper autour de leur chef respectif dans les lieux qui seront ultérieurement fixés. Les sections ont ordre de se réunir samedi soir ou dimanche matin, chacun dans son local habituel, pour recevoir de nouvelles instructions du comité par l'organe des commissaires. Ce comité, dit la circulaire, s'est mis en rapport avec tous les comités des autres sociétés démocratiques; il n'agit qu'avec leur concours. Les mesures qu'il a prises ont pour but de rendre les sections prêtes à tout évènement. Voilà, ce semble, une organisation bien complète et assez peu rassurante pour ceux qui redoutent un peu la république.

Lors de l'incendie qui a eu lieu à Saint-Jean-d'Angely dans la nit du 15 au 16 juillet, bien des gens se sont rappelé que, dans une occasion sem

blable, le petit séminaire avoit été d'un grand secours, et qu'on avoit vu les élèves, et, à leur tête, leur supérieur, M. l'abbé Mareschal, aujourd'hui grandvicaire, donner l'exemple de l'ardeur et du courage. Maintenant que cette maison a changé de possesseurs, et, qu'au lieu d'être un petit séminaire, elle est 'devenue college universitaire; on paroit y être beaucoup plus prudent; on ne se jette point étourdiment dans le danger. Pas un seul individu du collége, dit la Gazette de l'Ouest, n'a daigné répondre aux cris d'alarme ni ne s'est dérangé pour aider aux travailleurs. Il paroît que cette indifférence a fait un mau, vais effet dans la ville.

Samedi 27 juillet, premier jour anniversaire de la révolution, des salves d'artillerie ont été tirées au lever du soleil, tant à l'hôtel des Invalides qu'à l'Hòtel-de-Ville et au vaisseau construit au port d'Orsay, auquel on avoit mis des sigues de deuil. Un coup de canon a été ensuite tiré d'heure en heure aux mèmes endroits jusqu'au coucher du soleil. A dix heures il y a eu dans les églises, pour les différentes victimes des trois journées, un service auquel ont assisté les maires et les officiers de la garde nationale. Les tombes des patriotes ont été décorées, et il y a été placé un piquet de garde nationale et des musiciens qui ont exécuté des airs funèbres. Des oriflammes tricolores, avec les dates des 27, 28 et 29, ont été suspendues, pour les trois jours de fête, à trois mâts dressés sur le terre-plain du Pont-Neuf. Le pont d'Arcole et l'Hôtel-de-Ville ont été pavoisés; de grauds drapeaux ont été élevés sur les tours Notre-Dame, sur l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, etc.

Dimanche 28 juillet, Louis-Philippe a passé en revue, sur les boulevar!s, la garde nationale de Paris et de la banlieue, et les régimens qui se trouvent à Paris. Ces différens corps sont venus défiler ensuite devant ce prince, qui s'est placé au pied de la colonne de la place Vendôme, où l'on a découvert la statue de Buonaparte. La revue a commencé à dix heures du matin et s'est terminée à 7 heures du soir. Quelques cris: A bas les forts! se sont fait entendre dans différentes compagnies. Le soir, il y a eu, au jardin de Tuileries, un concert de 500 musiciens. A dix heures, une flotille a signalé l'attaque du vaisseau la Ville de Paris, et un feu d'artifice a été tiré sur le pont de la Concorde. Un autre feu étoit exécuté en même temps à la barrière du Trône. Les édifices publics ont été illuminés.

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L'on a, dit-on, à déplorer quelques accidens dans les journées anniversaires. Les principaux objets de la fête se trouvant réunis presque sur le mème point, une partie de la population pouvoit seule y tenir, et on n'a pu éviter les résultats d'un encombrement extraordinaire et de l'imprudence de quelques personnes. L'autorité avoit eu la précaution de faire élever, sur la place de la Concorde, uue tente sur laquelle étoit écrit secours aux blessés, et où stationnoient des officiers de santé. On parle principalement d'accidens arrivés auprès de la place Vendôme, par suite de la rigueur avec laquelle on a refoulé la multitude.

Pendant la journée du 27 juillet, consacrée au deuil des patriotes qui ont

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ans,

Succombé il y a trois les décorés de juillet, les républicains, et quelques gardes nationaux, se sont montrés avec un crèpe au bras. Il a été fait de nouvelles arrestations à domicile et dans les lieux publics.

La police a découvert, dans la nuit du 27 au 28, rue des Trois-Couronnes, chez le sieur Perardel, un dépôt secret d'armes et de munitions. Elle y a saisi, outre des armes nombreuses, un moule à balles encore chaud, où vingt balles peuvent être coulées à la fois; deux caisses de poudre fraîche en petits paquets; une immense quantité de balles et de petits lingots de plomb qui devoient servir à en faire d'autres. Le sieur Perardel a été arrêté sur-le-champ.

- Six élèves de l'Ecole Polytechnique ont été arrêtés le 27 juillet dans un mai son de la Vieille-Rue du Temple, où ils étoient occupés à faire des cartouches.

- M. le vice-amiral Willaumez est nommé inspecteur général des ports pour l'année 1834.

Les militaires de la garnison de Paris, qui étoient retenus pour causes disciplinaires à la salle de police, ont été mis en liberté la veille des fêtes.

M. le contre-amiral Hamelin est nommé directeur général du dépôt des cartes et plans de la marine, en remplacement de M. de Gourdon, décédé.

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Tous les postes des tuileries ont été occupés les 27 et 28 par la troupe de ligne. La Tribune rentarque que Louis XVIII et Charles X se faisoient garder, le jour anniversaire de leur rentrée, par la garde nationale seule.

Quelques journaux avoient annoncé que le ministre des affaires étrangères avoit eu une attaque de choléra. Cette nouvelle est inexacte.

Les sieurs Trouillet, Lecomte et Mercier, impliqués dans l'affaire des troubles de Clichy, occasionnés par l'intrus Auzou, avoient été retenus en prison sur la prévention d'avoir outragé l'adjoint du maire de cette commune. Ce fonctionnaire les ayant excusés à l'audience, ils ont été définitivement acquittés.

On a fait venir de Cherbourg douze mousses pour les manoeuvres du vaisseau construit sur pilotis dans le bassin du quai d'Orsay.

- Quelques journaux persistent à assurer que l'on continue de travailler aux

forts détachés : un avis officiel donne un nouveau démenti à cette assertion. La question des fortifications de Paris et du système à adopter pour une défense natiouale, ajoute cet avis, demeure toute entière pour être soumise aux chambres à la session prochaine.

— Il n'y a pas eu, depuis quelques jours, de nouveaux cas de choléra parmi les hommes de l'équipage de la frégate la Melpomène, revenue de Lisbonne à Toulon. Le conseil de santé avoit résolu que cette frégate seroit coulée; mais le gouvernement a donné contre-ordre.

Comme à Tours, c'est aux royalistes que l'on doit principalement l'établissement qui vient d'avoir lieu d'une caisse d'épargnes à Poitiers. La première liste de souscripteurs est remplie de noms d'anciens fonctionnaires, magistrats et offi

ciers. M. le vicomte de Curzay, ancien préfet et ancien député, figure le premier sur cette liste.

Le conseil municipal de Metz a arrêté que le nom de place Napoléon seroit restituée à la place de l'Hôtel-de-Ville.

- La naissance du fils du roi des Belges a été annoncée à Bruxelles par 101 coups de canon. Le jeune prince recevra les noms de Léopold-Louis-Philippe-VictorErnest. Il sera baptisé dans les premiers jours d'août, à l'église de Sainte-Gudule. Le parrain et la marraine seront le roi et la reine des Français. Louis-Philippe sera représenté par le duc de Nemours, qui va se rendre à Bruxelles avec sa mère, aussitôt après les fètes.

- Des journaux de Berlin, de Londres et de Bruxelles, sont remplis de réflexions sur le rétablissement de la statue de Buonaparte et sur le projet de forts autour de Paris.

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M. Tennysson a développé le 23 juillet sa motion tendant à ce que la chambre des communes ne fût élue que pour cinq ans, au lieu de l'être pour sept. M. Hume a appuyé cette motion, en regrettant même que son collèguen'eût pas proposé de réduire les pouvoirs à trois ans. La discussion s'est prolongée. Lord Althorp s'est opposé à la prise en considération, par le motif qu'il ne convenoit pas de traiter une matière aussi délicate et aussi importante lorsque la session est déjà avancée. La motion a été rejetée à la majorité de 213 voix contre 164.

M. O'Connell a proposé le 25 juillet, à la chambre des communes, de traduire à la barre les propriétaires et éditeurs du Morning-Chronicle, du Times, du Morning-Herald et du Morning-Post, comme rendant un compte inexact des débats de la chambre, et supprimant à dessein des parties de discours. Cette motion, qui a été combattue par lord Althorp, n'ayant pas été appuyée, M. O'Connell l'a retirée.

Dans le cours de la discussion des articles du bill de la réforme de l'église d'Irlande, lord Wellington avoit présenté un amendement tendant à conserver les évêchés que le bill veut supprimer, en donnant la faculté au rui de les attribuer aux évêques titulaires des autres siéges. Lord Grey a combattu cet amendement comme détruisant le principe du bill; il n'a été rejeté qu'à la majorité de 14 voix,

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La chambre des lords a adopté le 25 jusqu'à la 116 clause du bill de la réforme de l'église d'Irlande. L'archevêque de Cantorbéry a alors proposé un amendement tendant à ce que les revenus, provenant des bénifices suspendus, fussent appliqués, par les commissaires, à la construction et à la réparation des églises du lieu, ou réunis aux fonds généraux. Le comte Grey et le ministre de Lansdown ont soutenu que les commissaires devoient avoir un pouvoir illimité. L'amendement mis aux voix a passé à la majorité de a suffrages. Lord Grey a demandé aussitôt l'ajournement, afin que le gouvernement avisât au parti à prendre. Le lendemain ce ministre a prononcé un discours pour exprimer son regret

de la résolution qui avoit été prise, et en faire sentir les inconvéniens. Il a prié l'assemblée d'adopter un amendement modificatif de celui de la veille, et qui consistoit à admettre les prélats dans les réunions de commissaires répartiteurs. Cette disposition a passé sans opposition.

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La ville qui doit servir de résidence au gouvernement grec s'appellera Othonville, et sera construite sur l'isthme de Corinthe. Le jour de l'anniversaire de sa naissance, le roi de la Grèce a amnistié les palicares, et a créé un ordre de Saint-Sauveur pour les défenseurs de la patrie, les artistes, les industriels et les fonctionnaires publics.

La commission, pour l'organisation ecclésiastique en Grèce, s'occupe d'un projet, ayant pour but de séparer entièrement l'Eglise grecque, et de ne plus reconnoître le patriarche de Constantinople. Le clergé dépendroit à l'avenir d'un synode dans le genre de celui qui dirige les affaires ecclésiastiques en Russie.

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Nouvelle Bibliothèque catholique de Lille; deuxième et troisième livraisons" de 1833. (1)

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Nous avons rendu compte, n° 2087, de la première livraison de 1833. La seconde et la troisième livraisons ont paru depuis. La livraison d'avril contient trois ouvrages: Les Vacances, ou Lettres de quelques jeunes personnes, 2 vol.; les Amis de régiment, 2 vol.; et la Foi, 1 vol. Le premier de ces ouvrages renferme la correspondance de quelques jeunes personnes avec leur maîtresse, madame de Sainte-Thérèse, religieuse ursuline. On fait entendre que cette correspondance n'est point une fiction; seulement on a déguisé les noms. Le but de l'ouvrage est de donner des avis à quelques jeunes personnes pour se conduire dans le monde quand leur éducation est terminée. Les conseils de l'institutrice sont tels qu'on peut l'attendre d'une femme sage et expérimentée, qui s'étoit occupée longtemps de l'éducation de la jeunesse, et qui avoit à cœur de la préserver des sé→ ductions du monde. Les Amis de régiment sont l'histoire de deux militaires qui allient la piété avec la bravoure, et qui, par leur conduite ferme et prudente, s'attirent l'estime de leurs chefs et l'amitié de leurs camarades. Ces militaires sont placés quelquefois dans des circonstances fort délicates, et s'en tirent avec honneur. La Foi, par M. L. B., est une instruction chrétienne sur la foi, sur les vérités qui en sont l'objet, sur les motifs sur lesquels elle repose, sur les qualités de la foi, sur la nécessité d'y joindre les œuvres. L'ouvrage est solidé et bien écrit.

La livraison de juillet renferme quatre ouvrages: Les charmes de la Société

(1) Par an, 120 volumes in-18; prix: 6 fr., et 9 fr. franc de port. Chaque volume séparément 35 c., et 50 c. franc de port. On peut se procurer au xmêmes conditions toutes les années antérieures depuis 1827 inclusivement. Paris, chez Ad. Le Clere et C2, au bureau de ce journal, et à Lille chez Lefort.

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