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Lettres sur le Déluge, par M. T. Passot (1).

L'anteur examine la possibilité d'accorder le récit de Moïse avec les faits constatés par l'observation et les principes de la physique. Il traite deux points principaux, les bancs de coquillages et la quantité nécessaire d'eau pour le déluge. On avoit cru jusqu'à ces derniers temps que les débris de coquillages trouvés sur les montagnes et dans l'intérieur de la terre prouvoient l'existence du déluge; máis des géologues ont prétendu que ces grands bancs demandoient une inondation beaucoup plus longue que celle de Moïse. Ils admettent plusieurs déluges, comme si ces baucs de coquillages n'avoient pas pu être amoncelés et transportés subitement par les flots. La mer est remplie de débris de corps solides qui ne vont pas même au fond, et qui sont constamment poussés et repoussés par le mouvement intérieur et l'agitation de ses eaux. Est-il bien difficile de supposer que, lors du déluge, de semblables masses aient été déposées sur la terre, et recouvertes ensuite de terre ou d'autres débris ?

Mais d'où a pu venir la quantité d'eau nécessaire pour porter l'inondation jusqu'à quinze condées au-dessus des plus hautes montagues? L'auteur croit qu'on peut l'expliquer naturellement par la condensation des vapeurs répandues dans l'atmo-, sphère, et il répond aux objections qu'on peut faire à cet égard. Son explication nous a paru très-plausible; elle est à la fois conforme au récit de la Génèse, aux lois de la physique et aux observations des géologues. M, Passot paroît avoir étudié avec soin les sciences naturelles, et son zèle à concilier les observations et les découvertes modernes avec nos livres saints mérite des encouragemens et des éloges.

La nouvelle édition des Vies des Saints, en 20 volumes in-8° et in-12, annoncée par M. Lefort, imprimeur-libraire à Lille, a été retardée jusqu'à ce jour par un travail qui a pour but de réunir toutes les améliorations dont cet ouvrage est susceptible. Nous pouvons annoncer que les matériaux sont prêts, et nous aurons sous peu à rendre compte des premiers volumes qui seront mis en vente.

(1) In-8°, prix, afr. A Paris, chez Bricon, rue du Vieux-Colombier, et au bureau de ce journal.

Le Gérant, Adrien Le Clere.

COURS DES EFFETS PUBLICS.

·Bourse du 10 mai 1833.

Trois pour 100, jouissance du 22 déc., ouvert à 77 fr. 80 c. et fermé à 77 fr. 75 c. Cinq pour 100, jouiss. du 22 mars, ouvert à 102 fr. 85 c. et fermé à 102 fr. 80 c. Actions de la Banque. .1 . 1760 fr.00 0.

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IMPRIMERIE D'AD, LE CLERE ET COMP".

MARDI 44 MAI 1833.

3001.)

Sur des déclarations en faveur du Journal des Connoisnoissances utiles.

Nous crûmes, il y a quelques mois, devoir faire connoitre l'esprit qui a présidé à la rédaction du Journal des Connoissances utiles. Nous n'y fumes déterminé par aucune prévention et par aucun sentiment de partialité : nous jugeȧmes ce journal d'après son contenu, d'après des articles que nous avons cités. Ainsi, nous lui avons reproché d'avoir émis le vœu que l'on supprimât le traitement du clergé; nous lui avons reproché d'avoir calomnié les premiers chrétiens, et d'avoir dit qu'aujourd'hui il n'est permis à personne d'attaquer la religion, tandis que tant d'attaques et d'insultes restent impunies; nous lui avons reproché d'avoir plaidé en faveur du divorce, si formellement réprouvé par l'Evangile; enfin, nous lui avons reproché ses sorties contre le sacerdoce orgueilleux et contre les superstitions de paroisses, et nous lui avons demandé quel est ce sacerdoce orgueilleux qu'il accuse d'avoir effacé la doctrine de l'Evangile, et quelles sont ces superstitions de paroisses qu'il travaille à éteindre. Ce fut l'objet des deux articles que nous avons donnés au mois de novembre dernier, Nos 2026 et 2028.

On n'y a point répondu; il n'y avoit guère moyen de nier les passages que nous avions cités, ni de contester le sens qu'ils présentoient. On a cherché un autre adversaire plus incommode que nous, qui ne pouvons avoir rien de commun avec le Journal des Connoissances utiles, attendu que son plan et le nôtre sont essentiellement différens. Mais il est né depuis quelques mois un journal du même genre que le sien, un journal tout-à-fait étranger à la politique, qui ne donne aucune nouvelle, et où on se propose d'éclairer le peuple sur ses devoirs religieux, en même temps qu'on lui donne des conseils sur ses intérêts matériels. Cette entreprise a porté ombrage au Journal des Connoissances utiles, qui a cru nécessaire de publier son apologie. Il vient de faire paroître trois lettres qui sont imprimées en tête de la table des années 1831 et 1832. Ces lettres sont peut-être moins

Tome LXXVI. L'Ami de la Religion.

F

remarquables en elles-mêmes que par le caractère de ceux qui y ont apposé leurs signatures. Mais cette dernière circonstance ne nous permet pas de passer sous silence ces espèces de factums.

Dans la première lettre, on reproche au Moniteur des villes et des campagnes d'avoir eu le triste courage de prétendre que le Journal des Connoissances utiles travaille avec une infatigable activité à matérialiser tout l'homme, sous prétexte d'éclairer les intelligences. Qu'il y ait des journaux et des écrits qui travaillent à matérialiser tout l'homme, c'est ce qui n'est point douteux : nous n'en avons que trop la preuve dans des systèmes et des productions qui ont pour but avoué ou secret d'éliminer Dieu de la société, d'étouffer la religion, de ne considérer dans l'homme que ses intérêts matériels. Ce projet, le Journal des Connoissances utiles l'a-t-il? Voilà la question. Il parle souvent des devoirs, des droits, des intérêts de l'homme, mais jamais sous le rapport religieux : d'où beaucoup de lecteurs seront peut-être tentés de conclure que l'homme n'a point, sous ce rapport, de devoirs à remplir. On nous déclare aujourd'hui que « ce journal a toujours été convaincu que, s'il fut jamais un système fécond en désastres, et capable de bouleverser le monde, ce seroit celui de briser tous les liens qui nous unissent à la divinité, de chercher ailleurs que dans les principes religieux la source de l'ordre et de la vertu sur la terre, et de vouloir reconstituer la société sans la religion; qu'effacer les sentimens religieux du cœur des peuples, ce seroit déchaîner toutes les passions, et mettre dans le corps social le principe le plus actif de dissolution et de

mort. >>>

Voilà une belle profession de foi; mais pourquoi est-elle si vague et si générale? Il y a des déistes qui leur parlent de leurs principes religieux, de sentimens religieux, mais qui les bornent à des théories sans application. Il n'auroit été pas mal que le Journal des Connoissances utiles nous eût dit quelque chose de plus précis, qu'il eût nommé formellement le christianisme ou la religion catholique. De plus, ce ne sont pas même les rédacteurs ordinaires du journal qui parlent ici : ils ont laissé à d'autres le soin de faire leur profession de foi. Il s'est trouvé cinq ecclésiastiques qui ont bien voulu revêtir cet acte de leurs signatures. Ils l'adressent au clergé, ils font un grand éloge des rédacteurs; ils les présentent comme animés du meilleur

esprit, et comme rivalisant de zèle pour aplanir la route qui mène à la religion. On ne s'en seroit pas douté. Les cinq signataires s'attachèrent à venger les rédacteurs des reproches qu'on leur a faits:

«On a prétendu, disent-ils, que le Journal des Connoissances utiles avoit fait l'apologie du divorce. Ce fait, le seul qu'on lui reproche, est controuvé. Parmi les extraits de toutes les lois présentées aux chambres, ce journal a inséré un résumé du rapport fait à la chambre des députés sur le divorce; mais il a décliné formellement la responsabilité de la doctrine qu'il citoit. Or, exposer une doctrine, est-ce la défendre? est-ce matérialiser les masses? .

D'abord, l'apologie du divorce n'est pas la seule chose qu'on ait reproché à ce journal; ensuite, ce reproche n'est point controuvé. Le Journal des Connoissances utiles n'a décliné en aucune manière la responsabilité de la doctrine qu'il citoi!; il l'a si peu déclinée qu'il a ajouté au résumé du rapport un article tout en faveur du divorce. Cet article se trouve dans le cahier de janvier de l'année dernière. Nous l'avons déjà cité, nous le citerons encore. Immédiatement après le rapport, on trouve, sous le titre d'Observation utile, les

réflexions suivantes :

« Les empereurs les plus vénérés par leur piété, les Constantin, les Théodose, les Justinien, ont porté des lois en faveur du divorce. Ce n'est que depuis le concile de Trente que la doctrine de l'Eglise sur le divorce a été fixée. Les Pères y lancèrent l'anathème contre quiconque soutiendroit que la violation de la for conjugale, de la part d'un des conjoints, pouvoit entraîner la dissolution de leur lien. Mais ils sont en opposition manifeste avec l'Evangile, qui l'autorise précisément en ce cas. L'autorité du concile de Trente est grande sans doute; mais ne pourrions-nous rappeler que ses décrets n'ont jamais été reçus en France, parce qu'ils blessoient trop nos libertés gallicanes... (1)

Hé bien! est-ce là décliner formellement la responsabilité de la doctrine favorable au divorce? Est-il possible, au contraire, de défendre plus formellement cette doctrine? Et on ose dire que c'est un fait controuvé que le Journal des Con

(1) Il est à remarquer que le Journal des Connoissances utiles, ayant acquis successivement de nouveaux abonnés, ou a été obligé, après coup, de réimprimer les premiers Numéros de cette année. Le Numéro de janvier 1832 a donc

noissances utiles ait fait l'apologie du divorce! Tous les lecteurs de ce journal peuvent vérifier cux mêmes ce fait. Nous les prenons tous à témoin de l'exactitude de notre citation, et ils jugeront tous quelle confiance mérite le démenti qu'on a

voulu nous donner.

On demandera sans doute quels sont ces bons et honnêtes ecclésiastiques qui ont consenti à prêter ainsi leurs noms au Journal des Connoissances utiles; ils ont signé en toutes lettres au bas de l'espèce de factum que nous examinons: ce sont MM. Cabias, vicaire de Notre-Dame de Paris; Haut, prêtre de St-Germain-l'Auxerrois; Ruffay de Lusignan, chef d'institution à Paris; l'abbé Vernet, l'abbé Gacher. Ces Messieurs se sont empressés, dit-on, d'offrir leur assistance au journal en question. Cette commission d'ecclésiastiques sera adjointe au comité consultatif, et MM. les curés sout invités à s'y adresser pour tous les renseignemens qu'ils auront à demander. Nous avons pris d'ailleurs des informations sur ces ecclésiastiques, qui ne paroissent pas devoir apporter beaucoup de lustre au Journal des Connoissances utiles; il ne paroit même pas que ces Messieurs aient signé tous l'écrit au bas duquel leurs noms se trouvent. M. Cabias, qui d'ailleurs n'est point

été réimprimé; dans cette réimpression, on a fait quelques changemens. Ainsi, à la fin de l'Observation ìtile ci-dessus, on a ajouté : en examinant cette question sous le point de vue religieux, notre intention n'a été nullement de nous prononcer : nous n'avons voulu démontrer qu'une seule chose, c'est que l'Eglise catholique n'a pas toujours empêché de convoler en secondes noces du vivant de l'époux dont on s'étoit séparé. Cette addition, qui n'existoit pas, autant que nous pouvons nous le rappeler, daus la première édition du journal, que nous avions sous les yeux en novembre dernier; cette addition, par laquelle on a voulu atténuer un peu l'Observation utile, contient encore cependant une erreur en disant que l'Eglise catholique n'a pas toujours empêché de passer en secondes noces du vivant de l'époux dont on étoit séparé. Ainsi, tout en disant qu'il ne veut pas se prononcer, le rédacteur confirme de plus en plus ce qu'il avoit dit nouvelle preuve que le reproche d'avoir fait l'apologie du divorce n'est pas controuvé.

:

Nous remarquons encore que, dans le Numéro de janvier, réimprimé, ne se trouve plus l'Apologie des prolétaires, que nous avions signalée comme aussi injuste que passionnée. Nous n'avions donc pas eu tort de relever cet article déclamatoire et tout-à-fait propre à aigrir une classe nombreuse contre la classe des propriétaires.

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