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vicaire de la paroisse Notre-Dame, mais vicaire de chœur, fonction beaucoup plus modeste; M. Cabias, qui n'est guère connu que par l'orgue qu'il a inventé, refuseroit, nous osors le croire, toute coopération à un journal tel que celui que nous avons signalé. Il n'y a point à St-Germain-l'Auxerrois de prétre du nom de M. Haut. Nous savons que M. Ruffay de Lusignan, qui est chef d'institution à Paris, n'a point signé l'écrit ci-dessus, et qu'il n'a ni le temps ni la volonté de coopérer au journal en question. Personne ne connoit M. l'abbé Vernet à Paris, et c'est encore une signature imaginaire. Quant à M. Gacher, il existe, et c'est peut-être au fond le seul qui ait consenti à se faire l'avocat du Journal des Connoissances utiles; mais, sans être trop sévère envers lui, on peut dire que ses lumières ne seront pas plus un puissant auxiliaire pour ce journal, que sa prudence ne sera une garantie rassurante pour les souscrip

teurs.

:

Cependant, ce ne sont pas encore là les seuls témoignages qu'on offre au clergé en faveur du Journal des Connoissances utiles M. l'abbé Juin apporte aussi le tribut de son zèle. M. l'abbé Juin est connu de nos lecteurs; c'est lui qui est auteur de cette belle lettre au clergé sur les refus de sépulture, dont nous avons rendu compte no 2003. M. l'abbé Juin est curé de Verberie (1), et, de plus, directeur des Etudes religieuses, journal qui paroit depuis quatre ou cinq mois. Ce n'est pas tout, car M. l'abbé Juin cumule un peu, il est secrétaire de la correspondance ecclésiastique du Journal des Connoissances utiles. Comment tout cela peut-il se concilier avec les devoirs d'un curé obligé à la résidence? C'est ce que nous ne déciderons pas. Quoi qu'il en soit, M. Juin a fait une réponse aux attaques du Moniteur, du moins c'est ainsi que sa lettre est intitulée. Du reste, cette réponse ne répond à rien. M. Juin s'étend sur les bienfaits de la religion et du clergé; mais il ne justifie point le Journal des Connoissances utiles sur les reproches qu'on lui a faits. Il nous donne son opinion; mais rien ne prouve que ce soit celle des rédacteurs. Il n'y a dans sa lettre pas un mot ni sur l'apologie du divorce, ni sur l'épithète de sacerdoce orgueilleux, ni sur le sarcasme de superstitions de paroisses, ni sur les autres traits contre le clergé. M. l'abbé

(1) On vient de nous assurer que M. Juin n'étoit plus curé de Verberie, et que ses pouvoirs étoient révoqués.

Juin regarde-t-il cela comme des bagatelles, et trouve-t-il bon, lui, curé, qu'on se moque du sacerdoce orgueilleux et des superstitions de paroisses? M. l'abbé Gacher a encore signé avec lui cette lettre.

Mais voici bien une autre autorité en faveur du Journal des Connoissances utiles, et ici ce n'est plus un homme ignoré, un étourdi, un écrivain sans conséquence; c'est un docteur, c'est un professeur d'éloquence sacrée, c'est plus que tout cela, c'est un évêque. On trouve, après les deux lettres ci-dessus, l'Opinion de M. l'évêque de Maroc sur le Journal des Connoissances utiles. Mais, nous le savons, M. l'évêque de Maroc a déclaré à plusieurs personnes qu'il n'avoit rien sigué de semblable. Il y a quelques années, M. Guillon avoit été prié de recommander, par son suffrage, un Journal de l'instruction publique, rédigé par un jeune homme auquel il s'intéressoit. Il donna donc sur cette entreprise une note favorable; c'est à ce qu'il paroit cette note, qu'on a changée et amplifiée, dont on a fait l'Opinion de M. l'évêque de Maroc sur le Journal des Connoissances utiles. Ce journal, M. l'évêque déclare qu'il ne le connoit point, qu'il n'en a pas lu une ligne, et qu'il n'a pu ni voulu le recommander. On nous assure que le prélat a même adressé une réclamation au journaliste pour désavouer sa signature, et pour se plaindre du procédé dont on avoit usé à son égard. Nous croyons entrer dans les vues de M. Guillon en faisant connoitre son désaveu. Un homme si instruit, qui est prêt à s'asseoir au rang des évêques, car il a reçu ses bulles pour Maroc et il ne lui manque plus que d'être sacré, un écrivain de ce mérite n'auroit pas voulu signaler son arrivée à l'épiscopat par une approbation aussi imprudente, aussi hasardée, aussi fâcheuse pour sa réputation.

Quant à Messieurs des Connoissances utiles, on appréciera leur véracité et leur loyauté dans ces actes, dans ces déclarations, dans ces signatures plus qu'équivoques. Le clergé jugera quelle confiance il peut avoir dans des témoignages si suspects, ou même si trompeurs, et dans ceux qui ne craignent pas de recourir à de tels procédés pour soutenir une entreprise hostile à la religion.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. De nouvelles instances ayant été faites auprès de M. Gualy, évêque de Saint-Flour, pour accepter l'archevêché d'Alby, le

prélat, qui avoit refusé d'abord, a fini par céder, quoiqu'à regret, et en exprimant sa peine de se séparer de son troupeau. Le Moni teur de samedi a annoncé sa nomination à Alby. On ne fait pas encore connoître les nominations à Montauban, à Tarbes, à Saint-Flour, ni même à Ajaccio, qui est vacant depuis si longtemps.

– M. l'évêque de Versailles, en continuant sa visite pastorale, a passé deux jours à Etampes, qui est la deuxième ville de son diocèse. La foule partout s'est portée sur son passage. Le prélat a visité les quatre paroisses, et y a ou célébré la messe ou prêché : dans chacune a régné le plus grand ordre, et là où il a offert le saint sacrifice, il y a eu beaucoup de communions. Les autorités de la ville ont accompagné M. l'évêque dans ces visites, et lui ont témoigné toute sorte d'égards. Les pieuses associations formées dans les paroisses ont fait aussi cortège au premier pasteur. Il a voulu voir l'Hôtel-Dieu, la maison des dames de la congrégation qui se livrent à l'instruction de la jeunesse, les écoles des Frères et le college. Partout le prélat a fait admirer sa modestie et sa douceur, en même temps que sa profonde piété, et la sagesse et l'onction de ses paroles ont frappé tous ceux qui ont eu le bonheur de l'entendre. Il est parti le samedi 4 au soir, laissant de précieux souvenirs dans toutes les classes.

-Châtel profite de la liberté qu'on lui laisse pour s'étendre. Il annonce qu'il va lui arriver une députation de Belgique pour établir sa réforme à Bruxelles. Il a reçu dans son église française le sieur Marche, intrus à Roches-sur-Rognon, et il doit aller dans ce village sans doute pour s'y faire reconnoître, et empêcher les bons effets de la visite qu'y a faite dernièrement M. l'évêque de Langres. Ce prélat y a dit la messe et prêché sur l'évangile du bon Pasteur. Puisse sa piété et son zèle ramener la portion égarée du troupeau et le malheureux qui a provoqué cet égarement! Châtel paroît aussi s'être affilié l'abbé Leloup, vicaire de Braine, diocèse de Soissons, qu'on dit avoir été interdit par son évêque. Ainsi son église va être le refuge des prêtres censurés par l'autorité ecclésiastique. Ainsi il pourroit se former dans plusieurs diocèses des foyers de troubles et d'émeutes comme à Lèves. Ce qui est arrivé dans ce village ne devroit-il pas être un avertissement pour le pouvoir? Le Moniteur annonçoit si bien des mesures de fermeté; où sont-elles? Comment laisse-t-on des misérables attiser le feu par leurs prédications, appeler la haine sur le clergé, provoquer de nouveaux excès? Comment ne craint-on pas l'effet de ces insultes et de ces déclamations sur une multitude ignorante et crédule? Ne vaut-il pas mieux empêcher le mal que d'avoir à le réprimer et à le punir? Attend-on qu'il se soit déclaré de nouvelles révoltes et qu'il se soit fait de nouveaux pillages?

Nous ne concevons rien à cette politique molle, imprudente et qui peut avoir de funestes suites.

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Le 13 janvier dernier, M. le curé d'Ommoy, diocèse de Séez, avoit recommandé dans son prône aux prières une royale et illustre captive: Prions Dieu, avoit-il dit, qu'il inspire à ses geóliers l'heureuse pensée de la rendre à la liberté. On a voulu voir dans ces paroles une censure du pouvoir et une excitation à la haine. M. le curé d'Ommoy a donc été traduit devant la cour d'assises de l'Orne. A l'audience du 23 avril, M. Levé a soutenu l'accusation pour le ministère public, mais il l'a fait avec modération. M. Verrier, avocat du curé, l'a défendu avec talent. Il a revendiqué le droit de la prière; la religion embrasse dans sa charité toutes les infortunes. Prier pour une captive, est-ce insulter le pouvoir? Pourroit-il regarder comme un outrage qu'on demandất au ciel de lui inspirer des sentimens d'humanité? Après un résumé impartial du président, M. Bertault, le jury a déclaré à une très forte majorité le curé non coupable, et il a été acquitté.

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Un jeune homme d'Aujols, canton de Labenque, diocèse de Cahors, vouloit se marier et ne vouloit pas faire publier ses bancs de mariage, peut-être par crainte de quelque opposition. Demander dispense, c'étoit long et coûteux. Il alla cousulter un homme de loi, qui, en sa triple qualité demaire, d'avocat et de notaire, ne pouvoit que lui donner de bons conseils. Celui-ci fut d'avis de faire assigner le curé d'Aujols; et en conséquence, le 16 février dernier, un huissier de Cahors remit à M. Barthée, curé d'Aujols, une assignation en forme pour marier le sieur Bouquet et la demoiselle Bra, déjà mariés civilement. On le sommoit de faire la cérémonie le 19; s'il ne se trouvoit pas ce jour-là à l'église à dix heures du matin, son absence seroit regardée comme un refus, et on se pourvoiroit devant qui de droit. Cet acte est curieux; on ne dit point quelles en ont été les suites. Au surplus, cela n'est pas plus ridicule que de sommer un curé par huissier d'administrer les sacremens à un malade, ainsi que cela s'est fait plus d'une fois dans le dernier siècle dans les beaux jours du jansénisme, et grâces à la bienveillante protection des parlemens.

Nous avions annoncé la mort de M. l'abbé Maccarty, d'après une lettre fort touchante que nous avions reçue de M. l'abbé SalJavuard, d'Annecy; nous en avons reçu une autre de M. l'abbé Martin, vicaire de Saint-Maurice dans la même ville. Nous ne doutons pas que l'on ne la voie avec intérêt, même après la pre

mière :

« M. l'abbé Maccarty vient de rendre sa belle ame à Dieu le 3 mai, à la suite d'une maladie qui a duré vingt-quatre jours. Déjà, depuis quelque temps, son état 'habituel de souffrance et d'infirmité avoit pris un caractère très-prononcé de dan

ger. Lorsqu'il arriva ici pour remplir la sation du carême, sur l'invitation pressante de M. Rey, il réclama publiquement le secours des prières de ses auditeurs, afin que le ciel daignât le soutenir jusqu'au bout de la carrière qu'il venoit de commencer, et qu'il craignoit de ne pouvoir parcourir entièrement. Trompé par l'ardeur de son zèle, ou plutôt victime volontaire de sa charité, il crut devoir céder au vif désir qu'on éprouvoit de l'entendre quatre fois par semaine, ce qui contribua à faire décliner rapidement ses forces physiques. Cependant, après avoir achevé la station du carême, il se disposoit à partir le mardi de Pâque pour Chambéry, où il étoit attendu le dimanche suivant, jour de l'ouverture du jubilé qu'il devoit prêcher dans l'église métropolitaine. Mais M. l'évêque, justement alarmé à la vue de sa foiblesse, fit retarder son départ. Bientôt le germe de sa maladie se développa d'une manière effrayante, malgré tous les soins et toute l'habileté des hommes de l'art. Il demanda avec la plus vive ardeur les secours de la religion, que le prélat s'empressa de lui accorder. La profonde émotion du vénérable évêque sembloit répéter au malade ces paroles de saint François de Sales, dans une lettre où il consoloit l'évêque de Belley sur la mort de son père : Oh! si les afflictions devenvient moindres à mesure qu'elles sont répandues dans le cœur de plusieurs, que vous en auriez bon marché, ayant tant de personnes, et autour de vous, et bien loin de vous, qui vous honorent et aiment bien sincèrement!

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Lorsque ses ardens désirs eurent été satisfaits, le malade fit entendre ċes paroles à ceux qui l'environuoient : Maintenant, ne me parlez plus des affaires de ce monde, mais de celles de l'éternité. Dès-lors, il n'offrit plus que le touchant spectacle du héros chrétien en présence de la mort. Sa foi, son humilité et sa résignation attendrissoient jusqu'aux larmes ceux qui avoient le bonheur d'ètre autour de lui. Notre illustre évêque, dont le cœur étoit pénétré de douleur, le recommanda aux prières des fidèles de sa ville épiscopale, du haut de la chaire où, peu de temps auparavant, M. l'abbé Maccarty avoit tracé le tableau ravissant des derniers momens du juste. Oh! qu'il est grand sur son lit de mort! s'écria M. Rey; chacune de ses paroles est un éclair de la foi... Combien il est plus grand que dans ces momens où son génie s'élevoit à une hauteur si extraordinaire dans la chaire sacrée ! Mais les prières les plus ferventes ne devoient pas différer davantage la fin de son exil. Quand le bruit de sa mort se répandit dans la ville, on s'empressa d'aller prier autour du lit funèbre sur lequel il fut exposé, et l'on entendoit les fidèles exprimer les sentimens qui les animoient, en disant: C'est un saint.

» Ce célèbre prédicateur a terminé son brillant ministère de la parole sainte le jour de Pâque : i! prêcha sur l'immortalité. Hélas! nous ne pensions pas alors qu'il en iroit sitôt recevoir les glorieuses palmes daus le ciel. L'église de St-Maurice d'Annecy a eu le douloureux privilége d'entendre son enceinte retentir des derniers accens d'un orateur dont les pensées étoient si profondes, si sublimes et si animées par la foi, dont la logique étoit si lumineuse et si pressante, dont le style étoit si pur, si éloquent et si enchanteur, dont l'action oratoire étoit si grave et si pleine de dignité,

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