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ceux qui me sont chers, puisqu'il est à la veille de me rejoindre dans l'éternelle paix? Ses dernières paroles furent : Je pardonne à mes ennemis. L'abbé Fortini, son ami d'enfance, pieux ecclésiastique, lui ferma les yeux.

On permit à un religieux augustin, le père Baptiste, de venir tous les mois visiter les prisonniers. M. Pellico en parle comme d'un ange de douceur;, ses manières étoient distinguées, ses exhortations persuasives. Il apportoit des livres aux prisonniers, car cette faveur leur fut accordée quelque temps. Il causoit avec eux et les consoloit. A cette occasion, l'auteur des Mémoires s'étend sur les avantages de la confession, et plaint ceux qui ne peuvent en jouir. M. l'abbé Paulowich (1), prêtre dalmate, qui fut envoyé de Vienne, et qui devint évêque quelques années après, succéda au père Baptiste. C'est à lui que les prisonniers durent d'avoir la messe, qui jusque-là leur avoit été refusée. Un capucin venoit la célébrer, et ne la terminoit jamais sans y joindre une oraison pour les prisonniers.

M. Maroncelli, compagnon de prisón de M. Pellico, étant devenu infirme, obtint de pouvoir sortir dans la prison pour prendre l'air. M. Pellico partageoit cet avantage, et les derniers temps de sa captivité furent moins rudes. Un nouveau confesseur venoit les visiter; c'étoit M. l'abbé Wrba, professeur d'Ecriture sainte à Brunn, et élève d'un Institut fondé à Vienne par le célèbre Frint, alors curé de la cour. L'abbé Wrba, demeurant à Brunn, pouvoit voir plus souvent les prisonniers. Il causoit volontiers avec Pellico, qui se félicitoit beaucoup de ses entretiens, et qui en profita sous le rapport spirituel. L'abbé Wrba, étant tombé malade en 1829, fut remplacé par l'abbé Ziak, vicaire, qui aussi étoit un prêtre éclairé et excellent. Il est remarquable que, sur cinq prêtres allemands qu'a vus l'auteur des Mémoires, il n'en ait trouvé aucun dont il ne fasse l'éloge pour leur zèle, leur savoir et leur

sagesse.

Enfin, le dimanche 1er août 1830, les prisonniers Pellico, Maroncelli et Tonelli eurent leur grâce ils partirent peu après pour l'Italie. Pellico rejoignit sa famille à Turin le 17 septembre. Il termine ainsi ses Mémoires: Ah! de tous les malheurs passés et de toute la joie présente, comme de

(1) Son véritable nom est Étienne-Paulovich Imrich; il a été fait en 1818 évêque de Cattaro, en Dalmatie, et occupe encore ce siège.

tout le bien et de tout le mal qui m'est réservé, bénie soit la Providence dont les hommes et les choses sont d'admirables instrumens qu'elle sait faire servir, qu'ils le veulent ou non, à des fins dignes d'elle.

Nous aurions eu plaisir à citer quelque chose de ces Mémoires, si déjà cet article n'étoit fort étendu. Il y a des passages pleins de sens et de raison sur la religion. Nous osons dire qu'il est peu de livres plus attachans et où règne plus de candeur, de simplicité et de tout ce qui fait aimer un écrivain.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le lundi 15 au matin, le saint Père tint au Vatican un consistoire secret, dans lequel l'office du vice-chancelier de l'église romaine fut conféré à M. le 'cardinal Odescalchi. Ensuite S. S. remplit les églises vacantes ainsi qu'il suit :

A Sabine, M. le cardinal Odescalchi; à Naples, M. Philippe Giudice Caracciolo, de la famille des ducs de Gesso, transféré de Molfetta; à Palerme, M. Gaëtan-Marie Trigona, transféré de Caltagirone; à Sassari, en Sardaigne, M. Jean-Antoine Giannotti, chanoine primicier à Turin;

A Rimini, M. Francois Gentilini, transféré d'Amycles in part. à Calahorra et Calzada, M. Paul Abella, transféré de Tibériopolis in part. ; à Orviete, le père Antoine-François Orioli, vicairegénéral de l'ordre des mineurs conventuels; à Urbania et SaintAnge in vado, Laurent Parigini, chanoine de Nocera ; à Savone et Noli, Augustin-Marie de Mari, prêtre génois ; à Tortone, Jean Negri, chanoine penitencier de Verceil; à Alexandrie, en Piémont, Denis-André Pasio, prêtre de Turin ; à Ampurias et Civita, Diégue Cepece, chanoine de Cagliari; à Caltagirone, Benoît Dente, bénédictin du Mont-Cassin; à Ratisbonne, François-Xavier Schwebl, chanoine de Munich; à Namur, Jean-Arnold Barrett, vicaire général de Liége ; à Barcelonne, Pierre-Martinez de San Martin, chanoine-trésorier de Burgos; à Fogaras, du rit grec-uni en Transylvanie, Jean Lemeny, vicaire capitulaire et chanoine de la cathédrale; à Huesca, Laurent Ramo de San Blas, général de la congrégation de la Mère de Dieu des écoles pies; à Lerida, Julien Alonzo, ancien général de l'ordre de Prémontré pour l'Espagne;

Et aux évéchés in part. suivans, de Gerra, M. François Zoppi, précédemment évêque de Massa di Carrara; de Maximianopolis, Gaëtan de Kowalski, chanoine de Gnesne, nommé suffragant du diocèse; et de Tricomie, Joseph de Chelkowski, chanoine de Posen, nommé suffragant de ce diocèse.

Après une courte allocution, S. S. déclara cardinaux de l'ordre

des prêtres, M. François Serra, des dûcs de Cassano, archevêque de Capoue, né à Naples le 21 février 1783, réservé in petto dans le consistoire du 30 septembre 1831; M. Laurent, des ducs Mattei, patriarche d'Antioche, secrétaire de la congrégation de la visite apostolique, né à Rome le 29 mai 1748; et M. Castruccio Castracane des Antelminelli, secrétaire de la Propagande, né à Urbin le 21 septembre 1779.

M. le cardinal del Drago, au nom de M. le cardinal d'Isoard, se démit du titre de Saint-Pierre-ès-Liens, et opta celui de la Trinité au mont Pincius. La demande du pallium fut faite pour M. Thomas Kelly, archevêque d'Armagh en Irlande; et pour les archevêques de Naples, de Palerme et de Sassari.

Dans l'après-midi, les nouveaux cardinaux furent présentés au saint Père, qui leur donna la barrette. Le soir, ils reçurent les félicitations accoutumées, et les illuminations d'usage eurent lieu.

S. S. a nommé secrétaire de la visite M. Ferrarelli, évêque de Marronée; secrétaire de la propagande, M. Ange Mai, garde de la bibliothèque du Vatican; et, à cette dernière place, M. Joseph Auzzofante, examinateur des évêques.

PARSS. Le vendredi 25, M. l'archevêque a présidé la réunion annuelle pour les petits séminaires. L'assemblée se tenoit dans la chapelle du Calvaire, à Saint-Roch. M. le curé de Saint-Roch a prononcé un discours sur l'oeuvre, dont il a montré l'importance, surtout depuis que les petits séminaires ont perdu toutes leurs resSources. M. l'archevêque, qui a pris la parole ensuite, a félicité les dames de leur zèle, et a remarqué l'abondance des dons qui proviennent de la charité pour tous les besoins. L'assemblée étoit nombreuse, et, outre la collecte des paroisses, dont il a été rendu compte, il a été fait une autre petite collecte dans la chapelle.

La fête et l'octave de l'Invention de la Sainte-Croix seront célébrées, comme à l'ordinaire, à Saint-Roch, et différentes paroisses s'y rendront chaque jour. Il y aura office, sermon et stations. Le pélerinage du Calvaire est aussi établi à Montmartre. La fête de l'Invention y sera célébrée les dimanches 5 et 12 mai. Les stations seront prêchées par M. l'abbé Desmares, et se feront dans l'église. Tous les jours de l'octave il y aura office à dix heures du matin et stations à sept heures du soir.

Nous avons reçu de nouveaux détails sur l'émeute arrivée dimanche dernier à Lèves et à Chartres. L'autorité civile avoit senti elle-même la nécessité de faire cesser le schisme de Lèves. Le préfet et le général s'y rendirent accompagnés de trois cents cavaliers; ils essayèrent d'abord des moyens de douceur qui ne firent que donner plus d'audace aux mutins. Des barricades se formèrent, et derrière ces barricades les hommes et les femmes jetoient des pierres à la troupe qui a été forcée d'abandonner la

partie. Mais, en revenant, elle a oublié de ramener l'ecclésiastique qui avoit consenti à accepter ce poste périlleux. M. l'abbé Dalbier est resté entre les mains d'une populace ameutée qui l'a outragé et maltraité. On l'a promené dans les rues de Chartres escorté de deux mégères qui l'abreuvoient d'insultes. Les femmes ont joué up triste rôle dans cette affaire. Les gens de Lèves exaltés d'une manière effroyable sont arrivés à Chartres pendant qu'on, chantoit les vêpres à la cathédrale. Ils ont forcé l'entrée, escaladé la grille, brisé carreaux, meubles, tableaux, glaces. Tout cela n'a pas duré plus d'un quart d'heure; et, si la garde ne fût montée, promptement à cheval, tout l'évêché auroit été mis absolument dans le même état que l'archevêché de Paris. M. l'évêque étoit alors à l'église, et cela est fort heureux; car, dans la fureur qui animoit les assaillans, il est fort à craindre qu'on n'eût eu un grand crime à déplorer. On arrêta onze des plus mutins, mais on les relâcha ensuite sur le soir. On ne se croyoit pas apparemment assez fort pour les garder au milieu des cris d'une populace fort échauffée, et qui rassemblée à la grille menaçoit de se porter à de nouveaux excès. On a fait partir des troupes pour Chartres, où la garde nationale ne s'est pas portée toute entière, il s'en faut, pour réprimer le désordre. Le lundi tout étoit tranquille. Le Nouvelliste dit que les habitans de Lèves ont fait savoir qu'ils étoient prêts à rendre les clés de l'église, et à se soumettre. Déjà, cependant, des misérables avoient commencé à démolir l'église. On y a envoyé de la gendarmerie et cent cinquante hommes. A leur approche, les démolisseurs se sont enfuis; une gardé a été établie autour de l'église. Actuellement que va faire le pouvoir ? Cette leçon sera-t-elle perdue? Réalisera-t-on les mesures de vigueur que sembloit annoncer le Nouvelliste de lundi, lorsqu'après avoir raconté la révolte de Lèves, il ajoutoit :

Après avoir pourvu à la répression de ces désordres, le gouvernement aura à en rechercher les causes. Il est temps de se rendre compte de scènes de scandale dont l'ensemble forme un système, système d'intolérance et de persécution, qui n'a plus rien à reprocher au prosélytisme des sectes les plus fanatiques. L'afe, faire de Lèves ne sauroit être considérée comme un fait isolé; c'est l'acte, médité d'une secte qui a sa discipline, sa direction, son primat, Des tentatives semblables ont en lien successivement sur plusieurs points. Il paroît que certains hommes entendent la liberté religieuse, comme toutes les autres libertés, toujours prêts à s'en attribuer le monopole, et à exercer sur les autres croyances, comme sur tous les droits, individuels, le despotisme plus insupportable, celui de la force brutale. Cela doit avoir un terme. Le gouvernement a prouvé sa tolérance, en laissant de ridicules théories, s'exercer à leur aise, tant qu'elles étoient inoffensives. Mais quand elles enfantent la sédition, le pillage et l'assassinat, il seroit coupable de couvrir du manteau de la liberté commune des attentats contre toutes les libertés publiques et privées. »

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-Les époux Ernest, des Batignolles, ont encore voulu dernièrement faire parler d'eux. Ils ont adressé à Châtel une lettre que celui-ci a publiée dans son journal. Ils y annoncent que leur fille cadette leur a écrit, dans une lettre datée du 3 février et timbrée› d'Angleterre, qu'elle avoit appris par la voie des journaux leur dénonciation contre M. l'abbé Heuqueville; elle déclare que cet ecclésiastique est innocent, qu'elle a fui de la maison paternelle pour n'être point gênée dans sa religion, qu'elle ne reparoîtra qu'à l'époque de sa majorité, et qu'on saura qu'elle a vécu honorablement. Là-dessus les parens promettent de la laisser parfaitement libre, à la seule condition d'établir que M. Heuqueville n'a pas été. le complice de sa fuite, que d'autres lui ont procuré les moyens de de passer en Angleterre, et que rien dans sa nouvelle position, ne peut blesser les principes de dignité et d'honneur. Il n'est pas vraisemblable que la fille Ernest se croie obligée de répondre à cette provocation qu'elle n'apprendra peut-être même pas; car elle a sans doute le malheur de ne pas lire le journal de l'abbé Châtel. Elle jugera que sa première déclaration suffit, et qu'une seconde ne convertiroit pas ses chers parens. Qui sait même si elle ne rira pas un peu toute seule des principes de dignité et d'honneur auxquels ils lui recommandent d'être fidèle? La dignité de la famille Ernest! Ils ajoutent que si leur fille se tait, M. Heuqueville est jugé. Et en quoi le silence de leur fille peut-il nuire à M. le curé des Batignolles? Son affaire a déjà été jugée; elle l'a été par l'opinion, elle F'a été par les magistrats, et à ces deux tribunaux les époux Ernest ont été jugés aussi, Enfin qui croiroit qu'ils ont ajouté à leur lettre une déclaration de leur fille, portant qu'ils avoient voulu la contraindre à abandonner sa foi? Admirons comment ils ont pris euxmêmes le soin de justifier la fuite de leur fille.

Le bien qu'a fait M. l'abbé Guyon à Marseille, le zèle et le talent qu'il a montrés, l'empressement qu'on avoit à l'entendre, les succès qu'il a obtenus, tout étoit une raison pour que ses prédications déplussent à certain parti. Le Messager de Marseille n'a pas manqué de l'attaquer: il a inséré une lettre d'un prétendu catholique qui dit avoir entendu l'orateur parler des protestans, avec le plus grand mépris, et appeler sur eux la haine de son auditoire. Nous savons qu'une lettre avoit été rédigée pour être envoyée au Messager; elle étoit attribuée à un protestant qui avoit suivi les discours de M. Guyon. On a renoncé ensuite à la faire imprimer, parce qu'on a cru que les déclamations du Messager ne méritoient aucune réponse. Le prédicateur n'a rien dit de semblable à ce qu'on lui prête, et on pourroit à cet égard invoquer le témoignage de tous ceux qui l'ont entendu. Il n'a eu que des paroles de paix et de charité; il n'a parlé de la réforme que par occasion, et toujours de la manière la plus générale. H a combattu les doctrines, sans jamais attaquer les personnes. Ses explications

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